Edwood Vous Parle

 

 

Les Paradoxes de la Période des Fêtes

 

 

            Les fêtes de fin d'année colportent leur armada de clichés tenaces. Que ces idées soient pleinement justifiées ou non, n'altère en rien le fait qu'elles accompagnent les jours fatidiques aux côtés de leurs exacts contraires. Ainsi la période des fêtes est celle où l'on parle le plus des réunions familiales et des personnes solitaires. Des cadeaux et des enfants sans Noël. Des fêtes orgiaques et des suicides. Des dépenses de nouriture folles et des restos du coeur. Des retrouvailles et des séparations. Des naissances et des disparitions. Des traditions et des nouvelles technologies. De la fête planétaire et de la guerre mondiale. Du poison et du contre-poison. De la mauvaise conscience et de la bonne conscience. Des pays imaginaires et de la réalité bien sordide.

 

        La période des fêtes est donc un gargantuesque mélange de sentiments les plus opposés. D'un instant à l'autre, on passe de la joie à la tristesse, de l'euphorie aux larmes, de l'engagement à l'indifférence. Et ce quasi inévitable changement de notre quotidien, aussi bref soit-il, nous donne soudain l'impression qu'il se passe quelque chose. C'est l'heure des remises en question, des plans sur la comète, des chateaux en Espagne et des résolutions, bonnes de préférence.

 

        Cette années encore les traditions sont respectées. On parle de guerre, de morts célèbres ou non, de misère et de solitude. Et on cause tout autant de célébrations, de petites lumières rigolottes, de repas festifs, de téléphonie mobile et de jouets très très amusants. Pas de doute, c'est la fin de l'année. Maintenant l'Apocalypse n'est plus à la mode, pourtant elle n'a jamais semblé aussi envisageable. Mais tout cela fonctionne par cycles et le monde est passé à autre chose. Alors il nous reste le train-train des fêtes, désormais rythmées par le Seigneur des Anneaux, Harry Potter et les sales blagues de George W. Bush Jr.

 

        Comment ne pas se sentir extrêmement seul dans tout ce fatras ? Avant on mettait un album des Clash pour se remonter le moral. Mais cette année, putain, merde, on se sent encore plus triste en écoutant Lost In The Supermarket. Pourtant on est loin d'être malheureux. Certes on a droit à notre lot de séparations (provisoires) et de retrouvailles (provisoires), on a notre lot de cadeaux et de frustrations, notre lot de crises existencielles et d'engourdissements bienheureux auprès du feu de cheminée. On n'est ni SDF, ni irakien, ni totalement seul, ni totalement beauf. Non, on n'est pas à plaindre. On veut juste raconter quelques évidences pour dire et répéter à quelques personnes que la période des fêtes a eu, a et aura toujours ses bons et ses mauvais aspects et que le manichéisme, zut alors, n'est vraiment pas de mise dans notre monde.

 

 

Edward D. Wood Jr. (...and the silence makes me lonely...)