Edwood Vous Parle de

 

 

L’improbable

 

 

 

Des métros, pourquoi faire ? Avec une tête au-dessus de la masse écrasée, il suffit de respirer l’air pur des sommets. Plus bas, cela se presse, cela surchauffe, cela souffle théâtralement ou s’endort sans conviction. Ensemble, tout devient possible. Coupure de courant sur la ligne 1, un étudiant a rencontré un rail. Une petite étape vers le progrès social ? Ensemble, tout devient plus sombre. Quelques instants dans le train-train fantôme du matin. Des silhouettes électriques et tristes. Des câbles pendent des oreilles, des corps se voutent sous le poids du temps qui ne passe pas. Ensemble, tout devient difficile.

 

Ca monte, ça ne descend pas, ça ne peut plus monter, ça monte quand même, ça ne peut plus descendre. Il fait loin dans le train-train fantôme du matin. Des mains s’accrochent où elles le peuvent, promiscuité pour tous, mais pas d’égalité des chances. De là haut, il fait moins chaud, on a une belle vue sur la France d’en-bas, celle qui respire avec peine entre les bras, les manteaux et les sacs à dos. Ensemble, tout devient moins clair. La grande communion du peuple des ténèbres. Ca tangue et ça vacille, on se retient dans le tas, ivres de rien.

 

Fusion animale dans le gros mélange des parfums, senteurs, odeurs et autres phéromones. Ca vire à l’opaque olfactif. On ne sait plus trop qui est qui et qui communique quoi. C’est la globalisation. Entre deux grincements, un téléphone pleure. On s’évade de quelques centimètres, entrainé par l’inertie. On translate. On vogue au millimètre, au gré des mini-rencontres. On entre en symbiose avec des partenaires hautement improbables.

 

Ensemble, c’est comme ça. On en sourit. On s’excuse. On traverse la masse compacte, tel un général de péplum, ou un leader syndicaliste. On fuit à deux images par seconde. Escaliers, murs, escaliers, murs, escaliers, murs. Un ciel d’hiver en automne. Des véloooooos. Des accidents rigolos, entre vélos. Ensemble, ça roule moyennement bien. On fait ce qu’on pneu.

 

L’air frais des rues où l’on passe. Des rencontres d’un regard. Il est improbable d’être ici, maintenant. Mais c’est ainsi.

 

 

Edward D. Wood Jr. ("It comes and goes")