Edwood Vous Parle des
Aventures Extraordinaires
Des gratte-ciels qui tombent au ralenti. Ce n'est pas la fin de Fight Club, c'est bel et bien vrai. Et là, pas de Pixies, pas de répliques cultes, pas de gags, pas de pénis en image subliminale. C'est la réalité dans sa plus grande brutalité, celle qui nous ramène les pieds sur terre. Et ce sont surtout les fans de Matrix qui devraient en prendre de la graine. Ce n'est pas un jeu vidéo. Et lorsque que l'on est parti, on ne peut jamais revenir. Les attentats du 11 septembre 2001 vont changer notre monde, oui, notre monde, le mien et le votre aussi. Et chacun se souviendra de ce qu'il faisait le jour où le World Trade Center a chuté. Comme le dit très bien un journaliste, c'est "l'assassinat de Kennedy d'une génération".
Association d'idées, je pense à la très belle chanson de Lou Reed, The Day John Kennedy Died. Lou Reed, dont le nom a été évoqué n'importe comment (un peu comme Tati pour Amélie Poulain) à l'occasion de la sortie du premier album des Strokes, qui n'est même pas aussi bon que The Blue Mask. Lou Reed, toujours, dont je ressors le New York, l'incroyable chef-d'uvre de la rédemption. Et je le réécoute, comme un hommage dérisoire et presque choquant de naïveté à une ville défigurée à jamais. Et sur New York il y a Strawman. Et dans Strawman, Lou Reed nous demande : "does anybody need another million dollar movie, does anybody need another million dollar star ?" Et nous lance à la figure : "When you spit in the wind it comes right back at you." Et de penser à Neil Young, le Grand Ancien du rock, qui nous disait sur On The Beach : "You're just pissing in the wind." Et le monde continue de tourner. Et on espère toujours qu'il ne nous tournera pas le dos.
Monde ? Planète ? Planète des Singes. Je vois déjà fleurir ici et là sur le web des "récupérations" de mon interprétation métaphorique et spontanée du final du film. Franchement, on s'en fout un peu de "comprendre" la fin de la Planète des Singes. On était là pour se divertir non ? Pour oublier la réalité réelle. Et on y est parvenu non ? Que ceux qui se sont fait chier devant le dernier Tim Burton quittent immédiatement ce site. Sinon ça va pas aller. Ecoutez le dernier Eels, non, c'était juste pour dire. Ecoutez les vieux Eels, aussi, d'ailleurs. Enfin bon bref...
Le titre ? Quel titre ? Ah le titre de notre présent chapitre ! Vous autres, apôtres des 10 commandements du webmaster, allez me reprocher d'avoir choisi un titre trompeur, pas très clair, bizaaaarre, quoi. Et bien non, car ce sont bien là des aventures extraordinaires qui vous sont contées. Chaque instant de l'existence est une aventure extraordinaire. Et c'est ainsi et seulement ainsi que vous pourrez faire la vaisselle en chantant du Pulp, que vous pourrez faire la lessive en reconstruisant un film qui n'existe pas, que vous pourrez aller faire les courses comme si vous traversiez le Hyrule du nouveau Zelda (Zelda version cartoon Warner pour la GameCube, je ne suis pas perplexe, mais presque), etc...
Nous sommes le 12 septembre 2001, et la vie continue. Tout le monde semble un peu hagard (du Nord, elle est juste en bas de la rue, d'ailleurs), comme après une fête un peu trop festive. La gueule de bois, the day after the revolution. Mais non, la concierge distribue le courrier, les écoles sont (malheureusement) ouvertes, les poubelles sont ramassées (on dirait Mars Attacks !, d'ailleurs on est en plein dans Mars Attacks !, sauf que là ce n'est pas particulièrement vert et rose fluos). Et George W. Bush est peut-être un mix entre le Jim Carrey de Dumb et Dumber et le Jack Nicholson de Shining, il n'aura jamais la grâce de Jim ni le charisme de Jack. Oh, une révolution a eu lieu, vous n'aviez pas entendu ? Désolé de vous déranger, une si belle soirée...
Tout le monde s'inquiète, sans trop savoir comment il faut le faire. Tout paraît si loin, en particulier cette réalité dans laquelle nous vivons chaque jour. Sans y vivre. Et nous sommes tous des Jim de Empire du Soleil. Qui d'un instant à l'autre pouvons voir s'effondrer notre petit confort, nos petites certitudes, notre petite sécurité. Et dans la foule, on aura toujours peur de lâcher la main de notre maman.
Le jour d'après. Aimez ceux que vous aimez. Aimez ce que vous aimez. Allez marcher un petit peu, croiser les gens pendant qu'ils sont là. Regardez un peu autour de vous, les bâtiments, la nature. Oubliez-vous un instant, oubliez votre moi si encombrant, et vous (re)trouverez ce qui a été perdu. Si c'est pas une aventure extraordinaire ça ! Ne perdez jamais de vu que vous n'êtes pas seul, vous n'êtes pas tout petit dans un univers trop grand, vous n'êtes pas tout minuscule, écartelé entre désirs et réalités. Il y a plus que ça et vous le savez par cur.
Puisse le monde ne plus être comme avant, et que l'on ne s'agenouille plus devant le dernier glavouillis frustré de Michel Houellebecq (qui pourtant adore Neil Young, comme quoi...), et que l'on ne se précipite plus pour épancher sa mauvaise conscience devant le dernier machin de Hanneke. Oh, vous n'aviez pas entendu ? Le 21e siècle a commencé hier. En avance. Peut-être un peu trop en avance. Mais tout va si vite maintenant. Ce qui prenait 15 ans il y a encore un siècle, ne prend plus que quelques mois désormais. Et comme le dirait Edwood : "reconstruisons."
Extraordinaire du quotidien ordinaire marqué par l'imprévisible. La routine n'est qu'une illusion de l'esprit et la déprime n'est qu'une illusion du cur. La révolution a lieu chaque minute. Et libre à vous (libre ! libre) de réconcilier le cur, l'esprit et même ce qui se passe en dessous de la ceinture (non je ne parle pas du fléau que sont les ampoules aux pieds...). Bon, zut, ça ressemble à un billet d'humeur à la con, tout cela. Les aventures extraordinaires devraient plutôt évoquer le sort des vieux emballages de Kit-Kat et le scandale des plaques d'immatriculation illisibles. Mais finalement je n'ai pas que cela à faire.
Face aux aventures extraordinaires, nous sommes tous égaux. Le bonheur c'est un regard, une parole, une attention, un geste doux. Et le monde s'effondre. Mais depuis que je suis près de toi, je peux mourir ce soir que cela ne me ferait pas grand chose (cf Head On de Jesus & Mary Chain, repris par les Pixies sur Trompe Le Monde, le meilleur disque rock du monde, loin devant les Strokes). Que disais-je ? Ah oui ! Je voulais vous dire : il se passe de ces choses. Bientôt 20 ans que Brassens nous a quitté. Mais où va l'univers ? Vers son point de départ ou vers sa fin ? Peu importe. Une aventure extraordinaire reste une aventure extraordinaire.
Quand je suis arrivé avec mon petit texte pour les lecteurs et les lectrices, les traîtres en avaient déjà marre et avaient autre chose à penser, avec mon petit texte j'avais l'air d'un con, ma mère, avec mon petit texte j'avais l'air d'un con.
Edward D. Wood Jr. ("va comme hier, comme hier, si tu ne m'aimes pas, c'est moi qui t'aimeront, la vie c'est toujours les mêmes chansons")