Edwood in love with the Music
Trois ans et demi après le dernier Edwood VS la Musique, qui concluait la saga par un top des clips de Bit-Bit, il n’y avait plus rien à dire. Britney avait explosé en vol, devenant plus que jamais un sujet de thèses sociologiques, sans aucun rapport avec la musique. Dépossédé de sa mascotte Edwood VS la Musique n’avait plus vraiment de raison d’être. MTV était morte depuis longtemps, livrée en pâture à une génération de SMS et de R ‘n’B visqueux. Dire du mal était trop simple, trop évident, trop facile. A vaincre sans péril, Edwood triomphait sans gloire. Que faire alors si ce n’est retourner le concept pour mieux le détourner ?
Edwood ne se battait plus contre la musique, il allait lui déclarer son amour, en glorifiant les plus belles adéquations d’images et de sons de 2007. Ceci venant en complément des tops concoctés avec dévotion, où vous pouviez déjà découvrir la majorité des clips évoqués ci-dessous. Des milliers d’heures de musique, des centaines d’heures de clips, tout cela pour aboutir à une renaissance qui donne la larme à l’œil.
Voilà le clip de demain, interactif, en Flash et sous Dreamweaver. Certes, pour l’instant on ne peut pas faire grand-chose avec Win Butler, mais l’intention y est. Tripotez donc le gentil chanteur des nouveaux U2, vous allez voir, c’est rigolo.
A force de lui faire remarquer que le look « united world » la faisait ressembler à une rescapée d’un clip fluo des années 80, M.I.A. a décidé de nous sortir le grand jeu. Bienvenue au style sexy Bollywood, pour sa chanson la plus présentable. A vrai dire, c’est sans doute le tube qui fera d’elle la star interplanétaire qu’elle rêve d’être. De là à ce que cela l’assagisse, il y a encore beaucoup de chemin à faire. Heureusement.
The Fiery Furnaces – Navy Nurse
Eleanor en vacances dépressives. C’est forcément… bizarre. Normal pour les Friedbergers. Eleanor en mini short et en tongs, c’est perturbant. Puis elle est en maillot de bain. Elle prend le soleil. Puis elle nage. Longtemps. Au ralenti. Ca dure 6 minutes et 38 secondes. Et son frangin n’a pas voulu participer. La chanson, comme toujours, est géniale. L’expérience visuelle, quant à elle, est… bizarre. Tout est normal.
St Vincent – Jesus Saves, I Spend
Annie Clark est dingue, ça fait toujours plaisir à savoir. Surtout si elle veut s’imposer comme étant la nouvelle Kate Bush. Il y a encore du travail, mais torturer des scouts et faire chanter une chenille, c’est un bon début. La demoiselle a un charme étrange, des idées différentes et une musique qui fait plaisir aux oreilles. Ça va, ça se présente bien.
Jack et Meg ne sont jamais aussi bons que dans la déconne. On est servi avec ce Conquest déjà bien marrant sur disque mais carrément hilarant avec ce clip légèrement idiot mais très efficace. Un taureau qui fait des yeux de biche de dessin animé, ça fonctionne toujours. Dans le genre débile.
Attention, ça c’est du matériel de clip de l’année, comme disent nos amis anglophones. Ce n’est pas d’une originalité folle, le glauque décalé étant monnaie courante dans le domaine depuis Aphex Twin et Bjork. Il n’empêche que cela fonctionne formidablement ici, car la musique s’y prête à merveille (Bonefish !). On soulignera par ailleurs le design génial des deux héros, juste hideux et sexy comme il le faut.
C’est un peu le trésor le mieux caché de 2007. Bien plus que Jens, que tout le monde aime à présent. Dan Deacon, lui, tout le monde ne l’aimera pas. Il nous joue la musique la plus vivante et amusante du nouveau millénaire, mais il a aussi, sans doute, 20 ans d’avance. Car ce n’est pas facile de reprendre le cadavre de la techno qui fait danser pour lui coller les doigts dans la prise et dans la Game Boy. Oui, c’est de la musique de taré. C’est ça qui est bon.
Sophie Ellis-Bextor – Catch You
Quitte à tenter de ressusciter une carrière qui s’enfonce dans les profondeurs de l’oubli, la belle Sophie est allée se faire tuber par l’auteur de Toxic et de Can’t Get You Out Of My Head. Soit deux des plus grands singles de la décennie. Le résultat dégage bien aux entournures, sans atteindre les deux sommets précités. Peu importe, cela fait tellement plaisir de revoir Sophie aussi en forme que l’on en oublie le côté grotesque de son clip. Soutenir la Ellis-Bextor est une noble cause.
Ah… l’Amour…. Robyn c’est tout un poème. Voilà bientôt deux ans qu’elle réussit à faire parler (un peu) d’elle (un peu) partout, à la seule force de cet album éponyme largement loué en ces lieux. Les Etats-Unis découvrent l’excellent Be Mine, avec un clip juste correct. En Suède, ils ont droit à la version acoustique de ce même morceau, qui devient un truc déchirant à vous faire pleurer des rivières entières. Pour le reste de l’Europe, il y aura ce clip réjouissant de Konichiwa Bitches, qui offre à Robyn l’écrin sexy et rigolo dont elle avait besoin.
Bat For Lashes – What A Girl To Do ?
C’est un peu le triomphe minimaliste de 2007. Il n’y a rien dans ce clip, ou si peu. Mais le presque rien est fascinant. Pourquoi une chanteuse à vélo la nuit dans la forêt nous fait-elle irrésistiblement penser à Twin Peaks ? Bon sang mais c’est évident !
The Go ! Team – Doing It Right
C’est le même terrain que Dan Deacon, sauf que l’on a déjà l’habitude des aptitudes festive de cette Team. Néanmoins, résister à cette chanson hallucinante tient du tour de force surhumain. C’est impossible. Tout simplement impossible. Surtout avec un clip aussi… bêtement jouissif. Ca fonctionne comme du Tarantino. Quand le recyclage donne quelque chose de meilleur que l’original.
Certes, ça serait vachement moins bien si le morceau n’était pas un putain de chef-d’œuvre. Reste que le dispositif est un tour de force qui sert en tout point la musique. Purée, comment que ça cogne.
The New Pornographers – Challengers
C’est comme Pleasantville, mais en dégoulinant. Le paradoxe étant le sérieux imperturbable du groupe et le côté ridicule du clip. Du décalage nait une certaine beauté, renforcée par le chant logiquement hyper habité d’une Neko Case qui ne peut s’empêcher de faire trembler les plaques tectoniques à chaque syllabe.
The Long Blondes – Week end without make-up
Kate Jackson incarne avec tellement de classe l’ennui et l’indifférence hautaine qu’on ne serait pas étonné que ce soit là sa véritable nature. Ou alors c’est la personne la plus fun qui soit, comme tend à le prouver la musique des Long Blondes. Il n’empêche, qui peut se vanter d’être plus rock’n’roll que Kate Jackson en 2007 ? A star is born, comme ils disent.
On me dit que j’aime Kylie juste parce qu’elle me fait des choses plaisantes dans les terminaisons nerveuses. Certes. Et c’est une raison largement suffisante.
Jens Lekman – Sipping on the Sweet Nectar
Est-ce un oiseau ? Est-ce Superman ? Non, c’est Jens Lekman, le seul et unique super-héros de 2007. Planant des centaines de pieds au-dessus de la masse des mortels, il nous aura apporté sa musique trop belle pour être vraie. Heureusement que le coquin n’a pas (encore) osé éditer Shirin en single, sinon il eût été possible que j’en crève de bonheur. Comme ça. Clac. Sur mon clavier. C’eût été dommage.
Alors, voilà. Cela fait Presque 10 ans que je l’écris ici : Roisin Murphy c’est la plus grande star de la musique actuelle. En fait, il n’y a personne à son niveau. Ni Madonna, ni Beyoncé, ni Amy Winehouse. Pourquoi ? Mais comment osez-vous me demander pourquoi ! Qui, oui, qui ? Qui pourrait se balader dans ce costume là sans paraître irrémédiablement et éternellement ridicule ? Qui pourrait poser sa voix sur des effets synthétiques aussi simples tout en donnant l’impression de toucher les étoiles ? Personne. A part Roisin. Car la classe ultime c’est de poser mi-clown mi-arlequin sur la pochette de son nouvel album tout en restant la plus sublime de toutes. Et puis d’offrir une musique qui fait danser et qui émeut. Roisin Murphy, vous êtes immense. Grâce à vous, j’aime la musique.