Le Seigneur des Anneaux - La Communauté de l'Anneau

Le film originel - Le film somme

 

LE Seigneur des Anneaux

 

 

        Alors ça y est, il est arrivé, il est là, non ce n'est pas le Père-Noël et ce n'est pas non plus Zoolander. C'est le "plus grand film de tous les temps" de Peter "je suis le nouveau Stanley Kubrick" Jackson, adaptation du "plus grand roman d'Heroic Fantasy de tous les temps de partout" avec Liv "vous m'avez vu sur MTV en petite culotte" Tyler, mais je m'égare. Ca donne une idée de l'enjeu. Trois films, trois ans, trois heures par film, 300 millions de dollars, et un anneau unique pour les lier dans les ténèbres. Bah c'est pas de la ptite bière mes enfants. On parle donc du Seigneur des Anneaux de prof Tolkien, du Peter Jackson de Heavenly Creatures (le plus grand film de tous les temps sorti en France en 1996) et de l'événement cinématographique de ce début de millénaire (que même que l'Attaque des Clowns du père Lucas ne nous dit plus rien (si tant est que cela nous ait dit quelque chose un jour)). Au final ça donne quoi ?

 

la Brrrrrume

 

        Ce n'est pas le plus grand film de tous les temps. Mais c'est difficile de faire le plus grand film de tous les temps avec seulement un tiers de plus grand film de tous les temps. Ce n'est pas parfait. Parfois la musique c'est Titanic et parfois c'est n'importe quoi. Mais alors, qu'est-ce que c'est bien. Tout simplement. C'est bien. C'est grandiose. C'est écrasant. C'est amusant. C'est beau. On y retrouve tout ce que l'on aime dans le cinéma épique, dans le cinéma tout court. Il y a tous les clichés du genre, mais c'est bien normal, vu que le Seigneur des Anneaux est le livre qui a inspiré tous les films du genre (de Dark Crystal à Star Wars en passant par le 13e Guerrier). Alors oui, on a déjà vu tout cela vaguement quelque part (dans Excalibur, dans le 13e Guerrier (les combats se ressemblent parfois comme deux gouttes d'eau), dans Conan, etc...). C'est le livre originel, c'est le film somme.

 

Grandiose !

 

        Alors forcément on voudrait que tout soit aussi fort que ces instants incroyables qui donnent les larmes aux yeux par leur puissace évocatrice. Des exemples ? Le début du film, en particulier la première apparition de Gollum murmurant dans la pénombre "my preciousssss...". Les échanges entre Gandalf (Ian McKellen, impeccable) et Bilbo (Ian Holm, définitivement l'un des plus grands géants du cinéma (oui, je sais, c'est paradoxal dans ce cas précis). L'interprétation générale de Elijah Wood, qui frôle le génie à maintes reprises. Les Nazguls, aussi terrifiants que la Faucheuse de The Frighteners (leurs hurlements vont vous hanter). Christopher Lee, qui nous fait Dracula avec une grande barbe blanche (aussi impressionnant que franchement drôle). Orlando Bloom, plus que parfait en Legolas ; lisez toutes les critiques, de la plus positive à la plus négative, tout le monde est d'accord, Orlando Bloom est sublime. Tout le passage dans la Moria, hénaurme à mourir sur place. Et le final avec les Orques, qui effleure la puissance des climax d'Excalibur et du 13e Guerrier (c'est dire si c'est bien !). Ah ça fait beaucoup de points positifs, ça, ma bonne Dame.

 

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        Alors qu'est-ce qu'il ne va pas ? Plein de petites choses. Le rythme, qui par moments déconne un chouia. Ca va trop vite. Oui, tiens, ça va trop vite. Pour sûr on n'a pas le temps de s'ennuyer, mais on ne voit pas trop passer certaines choses. Si l'on sait fort bien que Gimli et Legolas vont avoir leurs heures de gloire dans les suites, le pauvre Boromir n'aura définitivement pas eu toute l'importance qu'il méritait (même si, comme on le remarque souvent, son personnage est beaucoup plus émouvant que dans le roman). Par contre on trouvera fort pertinentes les présentations de Gollum (qui fait de la figuration pour trois plans) et de Sam (qui joue les troisièmes rôles) lorsque l'on connaît l'importance qu'ils prendront dans les prochains épisodes. Certes c'est reconnaître le talent de Jackson "par anticipation", mais on peut se le permettre, zut alors ! Le musique, hum, les fans de Cronenberg auront beaucoup, mais alors beaucoup de mal à reconnaître leur compositeur fétiche. Jamais on ne peut deviner la présence d'Howard Shore, et pourtant on ne "voit" que la musique dans bien des moments du Seigneur des Anneaux. Rien de grave pour celui qui aime le Wagner d'Excalibur ou le Goldsmith du 13e Guerrier, mais pour les réfractaires aux grandes envolées bien pompières, pleines de chœurs et cordes, ça va faire mal, très mal. Et c'est dommage, car à côté de cela il y a de jolies choses chantées en elfe par Liz "Cocteau Twins" Fraser et par Enya et surtout un sublime thème "sombre" pour l'anneau (que l'on entend que dans les dernières secondes de The Great River sur la BO, hurlons à l'arnaque !).

 

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        Le casting elfe (le merveillissime Orlando mis à part) est involontairement (?) à côté de la plaque. Hugo Weaving (notre grande Priscilla à nous, mais aussi le Man In Black de Matrix) est un Elrond plus rigolo qu'impressionnant ("j'ai plus de 3000 ans", de marche avec des talons aiguilles ??). Liv Tyler est supportable, mais bon, c'est Liv Tyler (3 minutes d'apparition et on ne voit qu'elle dans les journaux), vite ! une interview d'Orlando ! Et Cate Blanchett ne fait rien, sauf dans une séquence pétée dans sa cafetière où elle se transforme en spectre échappée de la première scène (mythique) de Ghostbusters, et on hésite entre un "c'est génial" et un "c'est ridicule". Le reste du casting se comporte bien. Et Peter Jackson se fait de gros plaisirs avec des orques bien crados-gores issus d'une série Z post-apocalyptique. Sinon les décors sont très grands, et parfois ils nous assassinent autant (et même plus) que les visions délirantes de Final Fantasy (le film). Le montage tient la route (même si parfois ça part un peu en sucettes). Et si vous voulez en savoir plus vous avez qu'à lire le dernier Mad Movies où Rafik "magic" Djoumi parle de tout cela bien mieux que moi. 

 

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        Au final ? Diantre ! Fichtre ! Mazette ! Quel film ! Un chef-d'œuvre ? Sans l'ombre d'un doute si l'on considère l'ensemble des trois films. Pris à part, la Communauté de l'Anneau est un tiers de chef-d'œuvre absolu, ce qui n'est pas si mal. Et les points positifs sont largement supérieurs aux points négatifs. Alors oui, un film aussi hénaurme est peut-être le tombeau du 7e art qui se meurt (j'suis désolé, mais c'est vrai et c'est un cinéphile intégriste qui vous le dit, mais bon, il a de beaux restes (le cinéma et le cinéphile intégriste). Et puis zut ! De toute façon vous l'avez tous vu au moins une fois et vous avez compris l'essentiel : c'est le plus grand divertissement aperçu sur un écran depuis des siècles. J'avais placé l'année 2001 sous le signe cinématographique et musical de la mort du cynisme et du retour à la sincérité. Et bien le Seigneur des Anneaux est l'équivalent cinématographique du We Love Life de Pulp. Une déclaration d'amour à un idéal de vie et de spectacle. Dans ses instants de grâce, le Seigneur des Anneaux nous donnent les mêmes frissons que Wickerman et Sunrise (marrant, ce sont aussi des titres de très grands films). Alors on ne se pose pas de questions et on aime ce film pour ce qu'il est : un pur divertissement qui explose les limites et qui nous montre ce que l'on n'avait jamais vu, ce que l'on avait à peine imaginé. On gardera toujours les livres de Tolkien près de soi (car le film en est quand même très loin, en particulier au niveau de l'ambiance), mais le Seigneur des Anneaux est déjà, et ça j'enfonce des portes ouvertes, l'une des plus grandes œuvres de l'histoire du cinéma. Et puis il y a Legolas et Gollum, alors, merde, enfin, les enfants, faut-il vraiment que j'ajoute quelque chose ? Hein ? Hein ? L'œil de Sauron vous regarde, retournez-y !!!

 

Le seigneur des anneaux

 

L'aube d'une nouvelle ère ou le crépuscule du cinéma ?

 

Edward D. Wood Jr. (pas du tout amoureux d'Orlando, mais non, mais non...)