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The Fountain

 

   Jamais je n’aurais pu imaginer que l’une de mes têtes de turc préférées, l’autrefois lourdingue Darren Aronofsky, allait offrir l’un des films les plus beaux et délicats de 2006. Sans mettre de côté ses ambitions visuelles, le réalisateur les adapte à un récit romantico-métaphysique qui pourrait être aisément qualifié de prétentieux s’il n’était finalement aussi humble dans son approche. Mi-lyrique, mi-murmuré, cette histoire d’amour et de mort, qui cherche à revenir à l’essence même de ces concepts, est un crève-cœur qui ose se confronter à l’ombre de Kubrick et de Tarkovski. Transcendé par son sujet, Aronofsky affronte le ridicule, assume pleinement le kitsch de certaines de ses images, et désarme l’esprit critique par une sincérité rapidement bouleversante. La courte durée du film aidant à impliquer le spectateur, en un rêve permanent, d’un équilibre miraculeux, à la fois totalement évident et d’une rare profondeur.