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Bonnie 'Prince' Billy
The Letting Go
The Letting Go porte fort bien son patronyme. En effet, Bonnie ‘Prince’ Billy,
le pseudonyme derrière lequel se dissimule fréquemment le très productif Will
Oldham, n’a jamais délivré un album aussi apaisé et aérien. Si la grâce a
toujours été à ses côtés, elle était fréquemment plongée dans les ténèbres, en
particulier dans son chef-d’œuvre le poignant I See a Darkness. Il reste bien
ici des vestiges de ses tourments et de sa peur de la mort, comme sur les
saisissants Cursed Sleep et The Seedling. Mais l’humeur générale est à la
rêverie ou à la douceur, voire à l’élégie, aux intonations magiques, comme sur
la chanson Then The Letting Go. Et on serait presque étonné d’entendre les
chœurs féminins devenir des « dames blanches », par exemple sur God’s Small
Song, si on ne se souvenait pas que lesdits ectoplasmes se révèlent être les
annonciatrices de la mort. Toujours hanté Will Oldham ? Indéniablement. La
majorité de The Letting Go peut se composer de ballades murmurées et de faibles
rayons de soleil sur l’immensité d’un lac de montagne, il ne faut pas oublier
qu’au crépuscule les brumes maléfiques envahissent les lieux… |