Février 2003 

        Je me suis vu obligé en ce début d'année 2003 d'enchaîner deux Edwood VS La Musique. L'actualité m'appelle, en bien (parfois), en mal (souvent), mais il se passe des choses et j'ai envie d'en dire un mot (merde) voire deux mots (voilà, voilà). Aller, on y retourne, et dans la joie et la bonne humeur !

liam-lynch.jpg (19897 octets)     - Liam Lynch : United States of Whatever

        On débute avec le meilleur single de la période ainsi que la meilleure surprise de ce début d'année (t.a.t.u hors concours). Liam Lynch est anglais, sa chanson dure 90 secondes, il est le chaînon manquant entre les Buzzcocks et les Streets. On retrouve à la fois l'urgence punk débile et l'attitude cool un peu ska de Mike Skinner. Son United States of Whatever est drôle et efficace, le machin punk-pop le plus impeccable depuis le premier Supergrass. Si, si, non, non, je vous jure. C'est vraiment bien. Alors bien sûr, on a un peu peur de l'album (qui pourrait au bas mot atteindre les 25 minutes), mais là, dans le cadre du single, voyez-vous, c'est quand même autre chose que tous ces groupes à la con sur lesquels je ne taris pas d'insultes (Vines, Hives, Strokes, Libertines, WhatFor...), Liam Lynch, lui, au moins, il a retrouvé la formule magique. Même si ce n'est pas très original. Oh et puis, peu importe.

massive-attack-cases.jpg (19751 octets)    - Massive Attack : Special Cases

        Perdu dans un espace-temps qui n'est vraisemblablement pas le nôtre, les gens de Massive Attack se croient toujours en 1995 et essaient de sortir ce qui pourrait bien être l'album de l'année. Sauf que depuis 1995 beaucoup d'eau a passé sous de très nombreux ponts. Alors, ils refont quasi exactement le même single qu'à l'époque (déjà que Mezzanine c'était dix fois la même chanson), ainsi que le même clip en moins bien (en gros Teardrops, mais sans les effets spéciaux et l'ambiance angoissante). Ils parviennent même à faire chanter l'éternelle revenante Sinead O'Connor, comme un mélange entre Nicolette et Liz Fraser. Un grand coup de nostalgie pour ceux qui étaient déjà là en ces temps mous du genou. Si vous avez aimé à l'époque, vous allez aimer encore aujourd'hui, enfin, peut-être, c'est tellement rassurant, ces choses qui ne changent pas. Mais bon, c'est encore moins renversant que le dernier Sigur Ros, c'est dire si ça pionce. Les Dead Can Dance de notre époque et déjà les Yes des générations futures. Massive ne nous arnaque pas cette fois, 100th Windows sera notre nouveau valium, ouf, on a faillit en manquer.

zwan-single.jpg (15745 octets)    - Zwan : Honestly

        Pris d'une nostalgie coupable pour les Smashing Pumpkins (et en particulier pour Adore et Machina II), j'attendais plein de bonnes choses de la nouvelle carrière de Billy Corgan. La déception n'en est que plus grande. L'album de Zwan est un flan que même Cure aurait refusé à l'époque poussiéreuse de Wild Mood Swings. De la pop FM américaine plutôt bien fichue, mais sans grande âme. Peut-être qu'au fil des écoutes, l'impression première va aller en s'arrangeant. Mais bon. Honestly est un single honnête et obsolète. De là à dire que Corgan se prépare une carrière à la Robert Smith, il n'y a qu'un pas qui peut être facilement franchi. Mignon, mais triste.

PS17.jpg (62146 octets)     - Jennifer Love Hewitt : Can I Go Now ?

        L'une de mes Scream Queens favorites revient à ses premières amours : la chanson. C'est nul. Aussi nul mais moins sympa que Souviens-toi l'Eté Dernier (rien à voir avec Soudain l'Eté Dernier, on en perd son latin). Jennifer Love Hewitt ne peut être qu'une bimbo de slashers, elle est conçue pour cela. Elle allie talent d'actrice limité, joli visage un peu naïf, physique fragile et une opulente poitrine prête à s'évader au moindre cri de terreur. Que demander de plus ? Rien, oui, non, rien. Le bonheur est là, et nulle part ailleurs. Et surtout pas dans ce Can I Go Now, mixe minable entre Avril Lavigne, un vieux Christina Aguilera et un truc façon Natalie Imbroglio. Aie aie aie. Oui, tu peux dégager maintenant, tu seras bien gentille.

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- Tahiti 80 : 1000 Times

        Ca marche pour eux, tant mieux pour eux. Leur clip est bien fait, leur musique va tourner. En fait c'est à chier, mais il me manque une rime en yeah. Alors tant pis, je m'enfuis.

- Linkin Park : j'ai oublié le titre comme d'habitude

        Le plus mauvais groupe de rock actuel n'en finit plus de se ridiculiser en offrant devant nos yeux endormis un clip en forme de démo pour jeu vidéo bourrin. C'est injouable et indigeste. On se croirait sur Game One. La musique est d'une nullité abyssale. On se perd en rêveries. Dans peu de temps, Linkin Park sera aussi drôle que Europe et Status Quo. Ah, il me tarde, il me tarde.

- RZA & Saian Supa Crew & Ghostface Killah

Casting solide pour rap costaud. C'est bien fichu, vous pouvez pas savoir à quel point. Un vrai blockbuster. A part ça, ça va.

- Saian Supa Crew : Soldats

        Avant d'être les chouchous de RZA, le Saian Supa Crew avait déjà beaucoup brillé sur la scène française. Comme on les aime bien chez Edwood VS La Musique, on rappelle aux gens qui pensent que le rap hexagonal ce n'est que Doc Gyneco, qu'il y aussi de bonnes choses en France.

aguilera-pic24.jpg (42220 octets)        - Christina Aguilera : Dirrrty

        A chaque fois que l'on repousse les limites de la décence dans un vidéo clip, je vous dis : vous allez voir, dans pas longtemps on va avoir droit à des scènes porno hard. Et bien ce n'est pas passé loin avec ce Dirrty particulièrement gratiné de la miss Christina Aguilera, monstre technologique désormais proche du hideux. De plus en plus brûlée au 56e degré par l'abus de maquillage et de mapping, Christina traîne sa frêle carcasse au milieu d'un décor post-Mad Max, post-Fight Club, post-90's. C'est bourrin, crado, méchant. Mais pas trop. Mais suffisamment. Suffisamment car la demoiselle, à peine habillée, ne cesse de se rouler dans la poussière, l'eau et les déjections diverses. Elle fait du strip-tease, de la boxe et des grands mouvements de bras pour bien nous faire comprendre que "ouais ! ouais ! ça pulse les amiches !". Sa chanson est nulle, mais ça elle ne peut pas s'en rendre compte. Il paraît que c'est une œuvre très personnelle. On imagine qu'elle a quelques problèmes à assumer sa sexualité naissante. Mais bon, on ne va pas le répéter. Christina écarte les cuisses, mime l'acte sexuel tant et plus, simule des cumshots, sort le grand jeu pour montrer que depuis Express Yourself on s'est un peu décoincé. Oui mais sur le terrain de la brutalité beurk, c'est encore la si vieille Ciccone qui a niqué les ptites jeunes, son Die Another Day est nettement plus brutal et jouissif. Crotte, alors ! Tant pis pour Christina qui aura quand même réussi à faire parler d'elle. On attend avec une impatience énorme la réponse de Bit-Bit. Le gros plan porno est peut-être pour le prochain épisode.

death-vegas-hands.jpg (19988 octets)    - Death In Vegas : Hands Around My Throat

        On entend très nettement la ligne de basse de Fade To Grey de Visage. Que de souvenirs d'enfance surgissent alors. "Devenir Gris... aaaaah aaaaah We Fade To Grey !" A part ça, Death In Vegas gardent la place chaude entre deux albums des Chemical Brothers. Ce n'est pas très palpitant et cela a pourtant un petit charme rétro, un peu vieillot, un peu Visage, quoi. Le clip, par contre, est assez intéressant. Une errance, comme tous les clips d'aujourd'hui, un peu glauque, un peu cochonne, mais plutôt bien faite. Un rien déviante, un rien chouette. Comme la chanson. Bref, ce n'est pas fantastique, mais c'est du bon travail. Mais bon, on regardera juste le clip, hein, on ne va tout de même pas acheter ça.

- Shania Twain : Gonna Getcha Good

        Un jour Johnny Halliday a dit de Shania Twain que c'était du "bon rock'n'roll". Des fois, on se demande s'il est bien nécessaire d'ajouter quelque chose. Mais on ne sait jamais, je ne pense pas qu'il y ait des fans de Johnny parmi vous, mais je préfère prévoir. Donc, le nouveau single de cette roulure de Shania est un immonde bidule pop-rock-dance-pouët-pouët d'une laideur à peine égalée par un clip en forme de démo pour PSone. Aussi bandant qu'un coup de burin rouillé là où ça fait mal.

- Eminem : Lose Yourself

        La bande annonce de "son" film, 8 Mile, est consternante. Ca sent le "grand sujet" pour les oscars, le truc pour émouvoir le bourgeois, quoi. Le mec, vous pouvez pas savoir, il a galéré, c'est dingue. Et puis il s'en est sorti tout seul, tu vois, terrible, l'histoire exemplaire d'une vie de misère, quoi, tu vois. Bref, c'est du Spike Lee pour les petits blancs qui veulent avoir bonne conscience. Quand Hollywood et le monde merveilleux des maisons de disques font du social, c'est sûr, Maurice Pialat se retourne déjà dans sa tombe. Bande son du même niveau, aussi fine qu'un 35 tonnes. Il doit y avoir une part de sincérité derrière tout cela, mais bon, il y a aussi de la sincérité chez Mariah Carey, si vous allez par là. 8 Mile, c'est Glitter, après tout. Faut garder la mesure de chaque chose, comme on dit.

suga56.jpg (38797 octets)     - Sugababes : Stronger

        Un titre de chanson qui nous rappelle Bit-Bit. Le morceau en lui-même par contre, là, ce sont plutôt les Spice Girls qui surgissent à notre mémoire. C'est la ballade de leur album, Angels With Dirty Faces, un bon disque, soit dit en passant. Ce n'est pas transcendant et cela ne renouvelle en rien le genre. Les ballades, c'est pas trop le truc des "groupes de filles". Mais parfois il y a des exceptions et je ne reviendrais pas sur la réussite mythique du Viva Forever des, bah tiens ! Spice Girls. Là, c'est correct, sans plus. On sent que l'on voudrait bien mettre des bruit bizarres, faire de l'électro-crado comme sur les autres tubes des Sugababes, mais ça ne passe pas. C'est bien fait, mais en même temps, c'est un chouia indigent. Dommage, on encourage, parce que, elles, au moins, elles font des efforts, merde alors !

lavigne-photo24.jpg (13197 octets)    - Avril Lavigne : Sk8er Boi

        Une qui ne fait aucun effort c'est l'ignoble Avril Lavigne. Mais bon, en toute sincérité, on pourrait me répliquer qu'elle ne s'adresse pas du tout à moi. Je suis trop vieux pour ce genre de choses. Oui, c'est ça, donc les Clash c'est trop vieux pour vous, bande de connards d'ados ? Hüsker Dü c'est vraiment trop tellement has-been, hein ? Ohlala, vous les ados vous n'écouteriez jamais un truc aussi trop ringard que les Feelies ou que les Buzzcocks. Mon Dieu c'est tellement viiiiieux ! Ouais, bah, après tout, le conflit des générations, c'est tellement ancré dans les esprits que l'on ne peut pas passer outre. Tant pis les mecs et les meufs, moi je retourne écouter Ikara Colt et Supergrass. Quant à Avril Lavigne, du haut de mon grand âge (vous pouvez même pas imaginer à quel point je suis vieux, j'ai vécu du temps où Kurt Cobain était encore debout, incredible, quoi), donc, quant à Avril Lavigne, je lui crache à la gueule, comme le bon vieux punk que je suis.

- Alphonse Brown : le Frunkp

        Ce qui se passe dans la tête de Michael Youn est un mystère de notre temps. Parfois le gars se dit fan d'Andy Kaufman, donc on se dit que ça sent l'arnaque à plein nez, que l'on a trouvé notre semeur de bordel national. Et en même temps, c'est trop propre pour être vrai. La Beuze est un nanar, le Frunkp ça craint. Alors, soit Michael Youn encule les djeunz profonds et il le fait rudement bien. Soit c'est un djeun lui-même et ça fait peur. Pour l'instant, le gars est partout, fait n'importe quoi, se contredit d'une interview à l'autre, se fout de la gueule du monde, travaille comme un dingue en donnant l'impression de ne pas en foutre une et d'emmerder les gens qui lui accordent un peu d'attention. Il pourrait aller loin comme ça. Directement dans le mur. Et c'est peut-être bien ce qu'il cherche. Et là je dis : bravo !

tatu147.jpg (29900 octets)     - t.a.t.u. : Not Gonna Get Us

        A l'heure où j'écris ces lignes, je ne sais toujours pas si le clip "européen" de Not Gonna Get Us sera le même que celui de la version russe. Si c'est le cas, avouons que les images collent parfaitement à la musique, tant ce morceau donne l'impression de se prendre un camion citerne dans la gueule. Le single pop le plus agressif depuis on ne sait plus combien de temps. Les lesbiennes barely legal ont la haine et vont vous plonger la tête dans la cuvette des toilettes jusqu'à ce que vous criez "Grâce !" (comme l'excellent single de Supergrass). Not Gonna Get Us est un viol musical, un hurlement primal, quatre minutes dans le tambour de la machine à laver. Certes, la musique, c'est du Prodigy, voire du Chemical Brothers d'il y a 7 ou 8 ans (Setting Sun, les enfants, ça vous dit quelque chose ?), mais les voix, mon Dieu, ces voix... De toute façon, il est trop tard, t.a.t.u. a déjà marqué son époque. Vous ne pouvez plus que suivre le mouvement, avec ou sans votre consentement. Alors c'est Frankie Goes To Hollywood encore une fois ? Et ouais ! Bon on en profite pour se remettre quelques photos, parce que bon, parce que quand même. Oui, je sais, Bit-Bit, c'est fini, voici venu le temps de Julia et Lena. Things Change.

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moloko20.jpg (96136 octets)     - Moloko : Familiar Feeling

        Et pour finir sur une note de bonheur extatique, comment ne pas évoquer le retour de Roisin Murphy sur nos petits écrans, mais surtout au coeur de nos conduits auditifs. Au fil d'un clip aussi classieux que la musique de Moloko (c'est dire s'il est classe), Roisin devient Debbie Harry le temps d'un soir. Bien sûr, c'est toujours un peu la même chanson, mais pour une fois, on va le dire tel qu'on le pense : on s'en fiche. C'est léger, dansant, agréable, simple et délicieux. C'est classe. Roisin est d'une beauté hallucinante, à se tomber par terre plusieurs fois de suite (de préférence sur une moquette ou un tapis, sinon ça fait quand même un peu mal). Moloko n'est pas seulement le grand groupe pop en apesanteur des années 2000, c'est aussi le meilleur groupe "pour danser". Et parfois, ça fait plaisir de danser. Nouvel album chef-d'œuvre, Statues, sortie le 03/03/03, la classe, quoi.

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Edward D. Wood Jr. ("the time is now", encore)

 
 
 
 
 
 
 
 
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