Top 50 français
Semaine du 10 janvier 2011
De retour sous la pression populaire d’une dizaine de lecteurs sado-masochistes, Edwood VS La Musique entame un tour d’horizon du champ de bataille de la musique (très) populaire du début de l’année 2011. Débutons par le plus terrifiant, c’est-à-dire le top 50 français des ventes de singles. Désormais disponible sur le site de MCM, il va probablement nuire à notre santé mentale et à nos maigres espoirs envers nos semblables. Mais il le faut.
Une des plus vieilles scies de l’histoire de la chanson populaire. Ici dans sa version publicité pour une banque quelconque. Ou pour un gel douche. Ou des couches culotes. Ou des assureurs militants. Va savoir. Le clip, kitsch comme un site de Ségolène Royal, nous explique que le chanteur est un patapouf hawaïen, ou un truc comme ça. Il est gros, donc. Terrible. Sans doute l’inspiration d’un autre tube que nous découvrirons plus bas et qui implique… euh… une taupe qui voit clair en plein jour. On commence sur les chapeaux de roue, donc. Mais, tu vois, le gros, comme pas mal de gros et de grosses, pardon, comme pas mal de gens très biens et en surpoids, il a une voix démentielle. Et en plus, avec ses petits bras boudinés, il gratte vachement bien le ukulélé. Mais il y a une morale à l’histoire. A 38 ans, ayant atteint les 350 kg, le brave Israel est mort. De surpoids. Tu comprends ça, le jeune, et le moins jeune aussi. C’est ça que tu devrais retenir. Que « l’obèse exploitation », ça détruit des vies. T’achète son disque, c’est pas sa mémoire que tu honores, c’est un ptit gros que tu encourages, quelque part, dans le monde. Un ptit gros qui va s’acheter un ukulélé, un kazoo, un djembé, un peigne musical. Et qui va reprendre Over The Rainbow, ou White Christmas, ou Hallelujah, ou Big Bisous. Et qui va vendre des disques. Te vendre des disques. Hardcore, quoi. Mais on a l’habitude.
Les temps sont durs pour miss boing-boing. La voilà obligée de triompher dans le top 50 français pour assurer sa pérennité. Notez que je n’ai fondamentalement rien contre Shakira qui peut, à l’occasion, emballer des chansons correctes, en particulier sur She Wolf. Mais là ce n’est pas She Wolf, c’est une bonne grosse soupe bien ringarde et caricaturale. Mais on ne pouvait pas imaginer un morceau un peu créatif aussi haut placé dans le top 50. Niveau clip on a rapidement un peu honte pour la pauvre Shakira qui ne sait visiblement pas trop quoi faire pour occuper les trois minutes réglementaires (elle se met à plat ventre sur le trottoir sale, fait de la moto avec des Hell's Angels sympas, batifole dans une fontaine avec 20 cm d’eau…). C’est aussi sexy qu’un dentier de Jeanne Moreau. Déjà une sorte de record et on débute à peine.
Souvenez-vous. Edwood VS la Musique, juin 2003. J’y évoquais « J’ai pas 20 ans » d’Alizée. Paroles de Mylène Farmer : « Alizée est le symbole d'une génération. Le porte-parole de la génération qui "n'aime rien". En effet, Alizée c'est toujours : "j'aime pas ceci, j'ai pas cela, j'en ai marre de ça, c'est pas ma faute à moi, je préfère rester toute seul (ah non, ça c'est une autre), etc..." Bref, la génération "tête à claques" dans toute son horreur. » Et bien, vous savez quoi ? Rien n’a changé. Sauf qu’Alizée a été lâchée par Mylène et que la vieille gueuse a repris sa place unique et privilégiée de chieuse en chef. Au début, comme le clip veut se la jouer Lady Gaga période Bad Romance, on se dit que la Farmer va au moins faire l’effort de suivre la tendance. Ca va donc dépoter un minimum et avec le côté bien revanchard propre à l’autre monstruosité. Oui… mais non ! Pensez-vous ! Faut pas perturber les fans, paraît-il nombreux, monomaniaques et agressifs. Faut dire qu’il y a de quoi devenir aigri, à être fan de Mylène Farmer. Déjà on se moque de vous tout le temps, du soir au matin. Et en plus il y a cette désagréable petite voix, là, tout au fond de votre cerveau, qui ne cesse de vous répéter : « Mais tu le sais bien que c’est la honte, tu le sais bien que c’est de la merde, tu aimais ça quand tu avais huit ans, mais il serait temps de grandir un peu. » Et franchement c’est dur de vivre ainsi. On pardonne donc beaucoup aux fans de Mylène. Pour eux, c’est pas facile. Car leur idole ne fait rien pour les aider. Nouvelle preuve avec ce single ébouriffant dotée d’une musique d’auto-tamponneuses et d’une mélodie scandée de cour de récrée. T’as 4 ans, tu te trémousses avec tes copains et tes copines lors de la boum la plus réussie de la maternelle. En même temps, quand tu regardes le top 50 français, tu te demandes si les acheteurs de musique en France ont plus de 4 ans…
Alors quand on nomme sa chanson de la même manière que l’un des plus grands singles des dix dernières années (Heartbeat d’Annie) et presque comme le Heartbeats de The Knife, faut être à la hauteur. En plus en invitée très spéciale il y a Machine des Pussycat Dolls, mais si, vous l’avez déjà vue, celle qui est toute en plastique. Non pas Victoria Beckham, ça c’était les Spice Girls ! Vous êtes trop vieux pour lire cette page, je crois. Et non, pas Fergie, l’abomination lovecraftienne des Black Eyed Peas (mais on y viendra peut-être plus tard). Non, Machine. Nicole Schwarzenegger. Voilà. Donc, ils ont fait une ballade électro. Pour l’occasion les deux zigotos se sont transformés en lava lamps humaines. C’est hideux, d’accord, mais moins que les passages dans le hall des miroirs, où les apparitions sans retouches des deux protagonistes provoquent effroi et légères commotions cérébrales.
5- René la Taupe – Tu parles trop
Y a pas de clip. En tout cas pas sur le site du Top 50. J’ai complètement raté René la Taupe dont on a m’a dit qu’elle était le nouveau Bébé Charly (KKOQ, souvenez-vous, formidable) voire carrément le nouveau Vincent Lagaf de la chanson française. On va laisser son cas en suspend pour l’instant, mais je crois que c’est du lourd. Du puissant. Du Rocky IV, pas moins.
J’essaie, quoi, j’essaie. J’ai envie de comprendre. Alors je lui redonne sa chance. Elle est là-haut, sur la colline. On entend un effet spécial de vent qui fait très bien « wooooooosh » dans les cheveux. On se dit que c’est bruité à la bouche. Elle se fait attaquer par des filtres fous. Des trucs de malades. Des comme dans le coucher de soleil sur la proue du Titanic. Avec même plus de mauve. Et de jaune. On dirait un poster Nature et Découverte. La musique démarre, et hop, on ferme les yeux, c’est Kylie. Kylie en 2001. Kylie qui fait « la la la lalala », tout ça. OK, le degré zéro. Et vlan balance tes grosses saturations de synthés sur le pré-refrain, et vas-y gueule donc, plus fort, hop, en avant ! Et boum boum boum ! Et re-boum boum boum ! Faut être sérieux deux minutes, c’est carrément de l’Eurodance de 1992. Et je sais de quoi je parle, j’étais au collège. Putain, on en est là. Pardon, je suis vulgaire. Mais il paraît que Rihanna, quoi, c’est pas si mal. Et là, j’entends quoi ? 2 Unlimited. Culture Beat. Coronna, même. Je vous jure. Je n’in-ven-te-rien. On va dire : oh le con, il est exagère ! Déjà, le « con » c’est un peu familier. Ensuite, non, je n’exabuse en rien, je vous le dis. Boum boum boum, et vas-y que ça hurle. En même temps à la fin Rihanna sautille sous un arbre rose qui clignote. Bon. Arrivé à ce niveau, si vous ne regardez pas le clip, vous allez probablement penser que je me fous de votre gueule depuis le début. Dans l’absolu je préférerai que cela soit cette solution, vous savez…
Ohlala, du tube conçu pour l’export. C'est-à-dire avec le plus petit dénominateur commun possible. Là un seul truc : « ooouh ooouh ooouh oooouhoooouh ». Voilà. C’est tout. Tu emballes ça dans un clip qui ressemble à une pub pour téléphone portable. Genre : New York c’est le monde entier en résumé. Avec des gens qui dansent qui rient, qui sont gros, maigres, petits, beaux, moches. Mais tous heureux, ouais, « united colors of bande de cons » comme disaient les Inconnus. C’est atroce.
Ah.
Là.
C’est…
Lawl...
euh...
Wut ?
#epicfail #boomheadshot #wtf #ImInUrMuzicShittinEvryware
Les mots me manquent.
Y a du putain de créatifs chez Universal Mobile.
Hein.
C’est…
#youdointitwrong #stopmakingthese #therewillberape #nukeitfromorbit #killitwithfire #ronfle
Toute société a les tubes qu’elle mérite.
N’est-ce pas ?
Cela va probablement devenir culte. En kitsch. Même si ça a plus de 10 ans de retard sur le mythique Terriblement efficace. Après, on va me dire que cela ne s’adresse pas, mais alors pas du tout à moi. Que je ne suis pas le cœur de cible. C’est comme si je jugeais de l’efficacité d’une nouvelle marque de serviettes hygiéniques. Ce genre. C’est pas faux. Y a du vrai. En même temps, c’est aussi un devoir de se pencher sur la manière dont la société médiatique et consumériste abreuve les jeunes consciences. Le tout publicitaire n’est pas nouveau, mais son cynisme repousse sans cesse de nouvelles limites. Prendre le minimum de l’air du temps. L’emballer dans le vide facilement identifiable. Et le vendre. Le suremballer. Le revendre. Faire tourner le cycle. Jusqu’à l’essorage complet. Et monnayer ainsi l’impression de faire partie du monde, d’être un parmi les autres. Exister. Tout simplement. Par le biais des signes distinctifs choisis et marketés pour vous, pour nous. Ne te moque pas, toi le geek, toi le gothique, toi le punk, toi le hip-hopeur. Ne te moque pas la littéraire, le matheux, la nerd. Ni toi le catholique, toi la musulmane, toi le juif et toi le bouddhiste. Ne vous moquez pas, vous êtes tous et toutes marketés. Bien rangés. Dans les bonnes boutiques, avec les bonnes fringues, les bons disques, les bons lieux où sortir. Les bonnes choses à penser. A vendre. Et à acheter. Il est marrant le clip de Génération T.E.X.T.O., non ? #flawlessvictory
Aller, on revient à des choses plus légères avec la nouvelle parodie rigolote de Jonathan Lambert. Cette fois il nous fait l’emo torturé parce qu’il n’y a plus de Nutella. Faut avouer que c’est très réussi et extrêmement drôle. Ca fait du bien. Un peu de recul. Eyeliner, coupe de cheveux improbable, chaîne en or qui brille et manucure impeccable, c’est suffisamment exagéré pour qu’on comprenne que c’est une blague. Après il y a la musique, toute aussi renversante d’humour, avec son gros refrain dégueu que personne n’ose plus depuis 1999. Et puis le gars a l’air tout triste. Dans son appartement à 5 millions de dollars et dans sa limousine cernée par les groupies en chaleur. C’pas une vie, quoi. Merde alors. Lui qui préférerait vendre des contenus de sacs à mains sous les ponts du périphérique à Montreuil. Hein. Mince, quoi.
Ah ?
On me dit que c’est pas Jonathan… Mais Adam Lambert.
Mais c’est une blague quand même, non ?
Non ?...
Ah, mais que serait-on sans les archives de l’Ina ? Grâce à elles, on voyage dans le temps en quelques instants. Là, par exemple, à la 10e place avec 10 Minutes, nous voici 10 ans en arrière. L’époque où quand on n’avait pas de chansons, pas de clip, rien, quoi, oooooh, le né-aaaant. Et bien on mettait une bimbasse devant la caméra et on lui disait : « vas-y bouge, gourgandine, vas-y fais onduler les courbes de ton corps de femelle et ramène-nous du pognon ». Et bien voilà. Ce coup-là, c’est Inna qui s’y colle. Et puis elle le fait bien. Attention. C’est de la jument de première bourre, ça. Probablement une actrice de cul en reconversion ou en devenir (d’ailleurs elle est roumaine). Mais j’extrapole et risque le procès en diffamation. Donc. Inna move. Inna bouge. Inna tortille tout ce qu’elle peut tortiller. Et envoie même le maxi Wonderbra push-up force 5, celui qui transforme les bonnets B+ en bonnets D-. C’est vous dire si on est dans la contrefaçon. Et vas-y que ça se secoue, que ça claque des talons. La gélatine tremble à tous les étages. C’est aussi érotique que passer la soirée par terre lors d’une fête de la bière (y en a qui aime, attention, ne jugeons pas). Le clip pourrait s’appeller « There Will Be Pétasses » qu’on n’y verrait rien à redire.
Avec Bob Sinclar en guest star. Les papys DJ font de la résistance. Le clip est rigolo, enfin, on fait ce qu’on peut, vu ce qu’on se tape depuis le début, là. Mais alors la chanson, encore un truc pour l’anniversaire de ta petite cousine qui fête, ouais, son arrivée à l’âge de raison. Tu vois, cousine, à 7 ans, faut arrêter d’écouter de la merde vendue par Universal Music. Comprends, cousine, il n’est jamais trop tôt pour bien faire. Bien sûr, tu attendras peut-être tes 17 ans pour découvrir l’existence de LCD Soundsystem. Et à 34 ans, tu te diras que, ah, bah, ça alors, Scott Walker c’est vachement bien. Mais il y a aussi de très fortes chances que cela n’arrive jamais. Alors il faut commencer maintenant, cousine. Faut faire comme avec le sparadrap, d’un coup sec. Hop. Alors on jette René la Taupe, oui, je sais, c’est dur. Mais aussi tes David Guetta, tes Coldplay et ton best of de Mylène Farmer, hein, mince, qui t’a offert ça à part ta conne de mère qui avait 12 ans en 1987 ? Hein ? Bref. Maintenant tu files dans ta chambre et tu écoutes en boucle le disque que tonton Edwood vient de te donner. Oui, il y a une pochette rigolote avec des bonshommes qui ont des têtes de piafs. The Knife, ça se pronnonce Ze Naïfeuh. Toumaurrowe virgule inne euh yiiireuh. Et on dit merci à tonton Edwood. Voilà. De rien, c’est plaisir.
Déjà, rien que le nom, y a de quoi se méfier. Je ne fais pas du délit de sale patronyme. Mais bon. Un peu quand même. Et de toute façon, en 30 secondes c’est le drame. Ricky Martin pas mort. Tu vois. N’y a-t-il que les gosses et les beaufs qui achètent des disques en France ? Sérieusement, faisons le point, là. Parce que je ne vais pas tenir jusqu’à la 50e place, hein. Je préviens tout de suite. Qui peut acheter ça ? Je ne connais personne capable d’acheter ça. Pourtant, attention, je connais du monde. J’ai un métier de relationnel, attention. Mais bon. Aller, j’en vois peut-être un ou deux. Et encore. Qui donc ? La France de tout en bas ? La France de la province. Celle qui ne sort jamais de sa tour de banlieue nord ? Non. Même pas. Enfin, je ne sais pas. Serait-ce un grand complot ? Des maisons de disques ? Enfin. Qui ? Comment ? Pourquoi ?
16- René la Taupe – Mignon, mignon
On commence à sauter des places, je vous épargne les têtes de schtroumpfs qui se la jouent sexys tourmentés trop cool. Et les succédanés de l’Eurodance. En partie. Du moins. Mais alors, je veux savoir. Au péril de ma santé mentale et parce que si c’est pas moi qui le fais, ce ne sera pas vous, bande de planqué(e)s. René la Taupe, c’est quoi ? On m’a dit : une sonnerie de portable qui a été numéro un du top 50 presque aussi longtemps que Jordy. Je me dis : il doit bien y avoir là matière à une réflexion sociologico-philosophique sur la condition misérable de nos arts et de nos âmes (étant étroitement liés, bien sûr).
Et bien c’est pire que tout ce que je pouvais imaginer. On passe sur la laideur de la chose, sur l’indigence, sur la vulgarité. Mais en creux, ou en bosses, on y décèlerait presque une forme de bienveillance à l’égard de l’obésité, terrible maux de nos mondes en déliquescence (ça a même tué un hawaïen, là). C’est merveilleux. Dans une sorte de pureté de l’Horreur. Un peu comme les Aliens, dans la série de films. On est comme Ash, le scientifique du premier opus. Fasciné par la perfection dégoûtante de cette machine à pirater le temps de cerveau disponible. On vous répétera que c’est pour les enfants. Ce qui n’est pas une excuse, mais bien pire encore. Comme si on devait abreuver les mômes de merde sous prétexte que ça les fait dodeliner de la tête. Je ne suis pas un bon exemple, mais pour en arriver à mon degré de pédanterie actuelle, j’ai été élevé à Beethoven et à Brahms. Voyez-vous. Pourtant je viens d’une famille plus que modeste, de province, des gens simples, nés à la campagne. Comprenez. Ca n’a rien à voir avec le milieu social, l’argent ou les bonnes écoles, je ne sais pas. C’est qu’à un moment. Très tôt. Il faut choisir. Le nivèlement par le bas, but avoué du monde du spectacle, des médias et de la consommation en général, est la solution la plus facile. Celle qui ne demande aucun effort. Aucune réflexion. Tout est mâché, il y a juste à débourser. Choisissez cette voie, aucun problème à cela. Mais en toute connaissance de causes et d’effets. Et ne venez pas pleurer ensuite. Sur l’échec scolaire, la bêtise, la délinquance et que sais-je encore ? Mais ce que je dis est faux, bien sûr. Regardez Alex dans Orange Mécanique. Fan de Beethoven et pire pourriture qu’on puisse concevoir. En même temps, vaut-il mieux être une ordure qui écoute du classique ou une merdouille humaine qui écoute René la Taupe ?
Pour prouver que je ne suis pas qu’un millénariste fou qui prêche l’Apocalypse en écoutant le Top 50, je vais faire preuve de nuance. Tenez, là nous avons un vieux groupe de Los Angeles qui essaie de bouffer dans la grosse gamelle des Black Eyed Peas. Bref, les mecs galèrent depuis des années et viennent de décrocher enfin la timbale avec ce single. Attention, c’est vilain. Je ne dis pas le contraire. On nous sort même une métisse américano-coréenne (ou un truc dans le genre) avec des seins en plastique. Vous dire si ça a du mal. Mais il y a un truc. C’est que cela se veut festif, alors que la musique ne l’est pas du tout. Le pouêt-pouêt de derrière aplatit tout. Il ne manque presque rien au refrain en mode mineur pour tomber dans une sorte d’hymne « downer ». Mais je dis ça, c’est sans doute parce que ma raison commence à vaciller.
La Compagnie Créole va bien. On va leur accorder un bon de passage, parce que je ne veux pas non plus priver le monde de musique pour fin de banquets. Tant qu’il y aura des mariages, des communions, des surprise partys, des anniversaires de ma petite cousine, il faudra des chansons comme ça. Voilà. En plus c’est toujours la même rengaine. Depuis 30 ans. Au moins. C’est moins bien que Zouk Machine, mais en même temps les différences sont marginales. Je ne vais pas me lancer dans une critique comparative. Pas aujourd’hui en tout cas.
24- Caroline Costa – Qui je suis
Encore Inna, encore plus loin dans le domaine du rinçage d’œil en mode porno soft. Rien ne changera jamais. Déjà-vu ? Et ironique avec ça.
Putain de hippies
Quand j’étais môme, dans les boums il y avait La Chenille et La Danse des Canards. C’était moins bien foutu. En fait. Parce que là, y a de l’efficacité. Attention, c’est puissant. T’entends ça une fois, tu l’as dans la tête pendant une semaine. Les mecs qui font ça sont dangereux. Ils pourraient gagner des guerres. D’ailleurs c’est ce qu’ils font. Par ailleurs, je rectifie, au moins La Chenille avait une certaine puissance punk. Tout du moins lors du final de La Rosière de Pessac 1979 de Jean Eustache, probablement le plus pur instant de rock'n'roll de l'histoire du cinéma français.
OK. Voilà. Maintenant on sait. Il n’y a QUE les enfants qui achètent des singles en France. Voilà. C’est un générique de dessin animé. C’est Avril Lavigne en VF. Un truc dans le genre. C’est affreux, mais d’une puissance inimaginable. Avec un gros néologisme dégueu comme titre. Et je n’ai même plus la force d’être révolté. Comprenez. C’est pour les petits. Qui je suis pour aller péter les jouets des mômes avec mes grosses bottes ?
Ah, Katy. Dans un autre temps, elle aurait probablement été une égérie beurk d’Edwood VS MTV. Surexposée jusqu’à l’absurde, la demoiselle essaie d’être partout, quitte à se transformer en personnage de cartoon à peine humain. Cette catholique intégriste (ou du moins revendiquée comme telle) ne fait en grande partie carrière que sur un seul point : un Wonderbra force 3. Oui, seulement force 3, car, même si on voit que c’est truqué, elle a de gros atouts. A la base. Avant trucage. Gros, pas immenses, attention. Donc, voilà. Et on en oublie tout le reste. La laideur, la nullité, Snoop Dogg qui, la même année, cachetonne aussi bien ici que chez Gorillaz ou chez Robyn (le mec est sans foi ni loi et très malin). La musique de Katy Perry est affreuse, bien plus que celle de Lady Gaga, par exemple. Ici, rien ne nous aide. Ni la voix, intolérable, ni la musique, infâme bouillasse et encore moins le clip qui devrait permettre à tous ceux qui ont bavé leur fiel sur le Alice de Tim Burton de relativiser un peu. Mais voilà, rien ne change. Grosse présence médiatique + grosse capacité à l’auto-humiliation + gros nichons = succès interplanétaire…
40- Sufjan Stevens – All Delighted People
! ?
On parle bien des 12 minutes là ? De Sufjan Stevens. Attendez. Euh… Attendez, y a une explication rationnelle.
On va dire que le mini-album, pré-Age of Adz, est considéré comme un single. Admettons. Mais qu’il fasse une apparition à la 40e place du Top 50.
Soit : il se vend des brouettes de Sufjan Stevens en France. Pourquoi pas ?
Soit : il se vend très peu de singles en France (à part pour les 20 premières places, disons).
Ou alors, tout le monde a cru que c’était une chanson de Noël. Erreur compréhensible.
On boucle la boucle et je finis sur les rotules avec Shakira et un hymne de foot. Euh… Un hymne pour la coupe du monde de foot. En Afrique du Sud. Euh… Celle de juillet… Euh… de juillet… 2010 ?!? D’un coup j’ai un doute affreux. Je me suis tapé le top 50 de quelle période ? Non. C’est bien celui de cette semaine. Avec dedans l’hymne de la coupe du monde de foot de juillet dernier (qui est une nouvelle entrée) et Petit Papa Noël. Et René la Taupe. Et Mylène Farmer. Et Génération T.E.X.T.O. Et Over The Rainbow. Et Bébé Lilly. Cela pourrait être celui d’il y a 5 ans. D’il y a 10 ans… Ma raison sombre…. L’abîme s’ouvre. On me fait signe.
Oui ?
Quoi ?
Il n’y a pas eu Evanescence.
Oui.
Il n’y a pas eu Evanescence.
Il reste donc…
Du bon…
En eux…
Je le sens.
Il y a du bon.
En eux…
La prochaine fois nous traverserons la Manche, pour prendre la température du Top of the Pops. On croise les doigts, ça devrait être un peu moins terrible… Enfin… J’espère… Car je commence à être trop trop trop vieux pour ces bêtises… |
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