Une semaine de zapping au mois de mars 2000
Bien, ai-je besoin de présenter MTV ? Précisons simplement que c'est de MTV Europe dont je parle. La dépendance "bien de chez nous" de MTV US (celle à qui nous devons Madonna, par exemple, des gens dangereux, donc...). MTV Europe, au début, était une succursale sympathique, un peu bancale, dynamisé par quelques émissions vraiment pertinentes, voire impertinentes (le Most Wanted de Ray Cokes restant le plus délicieux fleuron de cette époque, ceux qui ont eu la chance de vivre ces temps bénits s'en souviennent avec émotion, Goody Bags ! Goody Bags !).
Mais depuis au moins 3 ou 4 ans, MTV Europe est devenu un clone pur et simple de MTV US. Un robinet à clips à la mode, préformaté, prémaché, prédigeré, sans humanité, sans humour, une vitrine de l'uniformisation de la culture vers le bas. On a coutume de dire que dès qu'une chanson passe sur MTV, c'est de la merde (c'est mathématique), c'est presque vrai, mais c'est un poil abusif. Pour preuve, je zappe encore régulièrement sur MTV Europe, autant pour me tenir au courant de la décadence de la civilisation occidentale que dans l'espoir (sait-on jamais) de tomber sur une chanson sympathique (je n'ai pas dit une "bonne" chanson, un truc sympathique nous suffira).
Je me suis donc frotté à la figure de style dont le fameux eMpTyV demeure la référence incontournable. En gros, on zappe sur MTV et on essaie de porter un jugement sur ce que l'on est en train de subir. C'est assez amusant quelque part et puis ça donne l'occasion de dire du bien de ce que tout le monde déteste ou inversement. Alors bon, je me lance, vous n'êtes pas obligé de me suivre.
Britney Spears : I Was Born To Make You Happy
A tout seigneur (seigneuse ?) tout honneur, la nouvelle idole des djeunz débarque en premier sur l'écran de la TV. C'est un secret pour personne, Bit-Bit, moi, je l'aime. Sa musique, sa voix, ses clips, n'ont absolument rien d'extraordinaire en eux-mêmes, disons même que c'est de la soupe réchauffée. Mais il y a Bit-Bit, cette égérie post-moderne, néo-situationniste, une adolescente américaine clichée, mi-plastique mi-catholique intégriste, un produit de synthèse de Jeune et Jolie, une sorte d'aboutissement du processus d'uniformisation de la jeunesse occidentale. Bit-Bit c'est la progéniture de MTV, de la Bible, du Disney Club, de Nike et de Microsoft. Bit-Bit c'est la décadence par procuration. Il suffit de voir ce clip, I Was Born To Make You Happy, donc. Les paroles, incroyablement niaises à notre époque de féminisme terroriste, accompagnent des images encore plus surréalistes. En particulier le refrain, doté d'une chorégraphie grotesque et sublime, filmée avec tous les effets débiles à la mode (les mélanges avances-rapides / ralentis valent leur pesant de clowneries). Tout cela est court, c'est de la pop sous valium qui étrangement se révèle fort addictive à coups de production outrancière et de micro-mélodies insidieuses. Pendant tout le clip le spectateur est réduit à admirer les pseudo fantasmes de Bit-Bit/Barbie Girl (terriblement SM, elle fait une bataille de polochons avec son copain (que du platonique, évidemment)). C'est la niaiserie incarnée dans une gentille adolescente aux mensurations de Pamela Anderson (avant réduction... enfin bon bref). Bit-Bit, dans son ensemble, est une œuvre d'art pour surréalistes n'ayant pas froid aux yeux (pile poil pour moi, quoi) Tout cela est tellement agréable que l'on espère la croiser plus tard dans la semaine... A suivre, donc...
Aqua : Cartoon Heroes
Décidément, ça commence plutôt bien. Après Bit-Bit, voici les héros rigolos de l'eurodance qui est bien. Aqua, c'est un premier album aussi drôle que débile, aussi poppy que minimaliste. Pris d'une terrible crise d'ambition, Aqua se prend pour les Beatles et fait exploser les cordes, les chœurs et les mélodies. A l'aspect purement ridicule des voix (ces gens là connaissent le Rocky Horror Picture Show par cœur, c'est évident), répond la touche grandiose du morceau en lui-même. C'est Monty-Pythonesque ! Et on flirte avec le génial. J'anticipe sur une autre chronique, mais le reste de l'album est de ce niveau. Aqua sont les nouveaux Beatles, ça se confirme.
Robbie Williams : She's The One
Ca ne pouvait pas durer. Deux bons trucs à la suite, c'était trop pour MTV. Donc voici l'affreux Robbie. Le minet trash post-Take That. Pour moi, Robbie demeure le rigolo qui a montré ses fesses chez Ray Cokes. Et puis voilà... Mais c'est qu'il insiste le bougre. Il se prend pour un chanteur et tout et tout. Ballades avachies, rocks pathétiques, il nous aura tout fait (même James Bond, c'est dire l'imagination du gars...). Soyons honnêtes, She's The One, clip et chanson, est ce qu'il a fait de mieux depuis Back For Good (oui, je sais, ça ce n'était pas de lui, c'était de Gary...). Mais bon, c'est laxatif quand même...
Jennifer Lopez : Feelin' So Good
Oh bah tiens ! Revoilà Jennifer, décidément. Elle fait de la série B au cinéma mais aussi en musique (quoique là, c'est du Z). Bon, quoi de nouveau depuis Anaconda ? Elle chante des trucs horribles, OK, on ne lui en demandait pas plus. Elle surfe sur la vague latino à deux francs, OK. Elle est bandante, OK aussi, quoique dans ce clip-là, c'est pas vraiment ça. Quoi d'autre ? On fait une blague sur ses fesses ? Non, ça c'est aussi éculé (attention au terrible lapsus de circonstances !) que les blagues sur Bill Gates. La chanson ? Et bien elle a "invité" deux rappeurs gras et adipeux (sans doute parce que se trouvant trop bandante, Jennifer s'est dit qu'il fallait compenser...). C'est un pseudo r'n'b MTV, plat, lisse, froid, chiant à pleurer, insupportable. Je zappe avant la fin, parce qu'en plus c'est odieusement loooong. Jennifer, on la préfère sur les webcams cochonnes.
Backstreet Boys : Show Me The Meaning Of Being Lonely
On revient sur Music Television. Et là, bam ! Le pire du pire. Un Boys Band, un Boys Band prétentieux de surcroît ! Un Boys Band qui se la joue, un Boys Band qui se sent plus pisser sa "propre musique". Les déjà vieux gamins des Backstreet Boys sont un affront. Un point, c'est tout. Ah beurk, on s'enfuit aussi au bout de deux minutes...
Madonna : American Pie
En parlant de vieux, voilà une vraie vieille, qui ne s'assume pas. Madonna est morte, on le sait, on l'a vu, promis, juré, craché ! On a vu Madonna mourir à la fin du clip de Bad Girl, embrassée par notre ange de la mort favori, le grand Christopher Walken. Le symbole était évident, volontairement au-delà des limites de la pornographie. Au moment d'Erotica, la Ciccone était laminée, prise à son propre piège, pire qu'une pornstar, elle avait tout dit, tout montré, tout essayé, tout fait. Elle se rêvait suicidée, assassinée, sanctifiée du plus profond de son abîme. Et on lui donnait l'absolution sans peine. Celle qui avait été une sublime Material Girl (la Bit-Bit de l'époque), venait d'apporter de l'âme dans la machine. On avait cru la détester, on finissait par tout lui pardonner, on se repenchait sur le passé et on se rendait compte combien True Blue et La Isla Bonita était de belles chansons simples, de belles chansons d'un autre temps, snif... Madonna était morte et elle fut rapidement remplacée par un clone cybernétique sans âme, sans vie, sans talent, vide. Bedtime Stories n'était qu'une pâle copie d'Erotica, une copie aseptisée et maladroite, vulgaire mais sans panache. L'affreux Ray Of Light montrait une Ciccone définitivement robotisée, prétentieusement ridicule. Il ne reste rien de la magie décalée d'autrefois, il ne reste que des gimmicks infâmes comme sur l'insupportable Beautiful Stranger. American Pie est la meilleure chanson de feu Madonna, depuis presque 10 ans. Pas difficile, vu que c'est une reprise et que pour une fois il y a un semblant de mélodie dedans. Mélodie invariablement massacrée par un William Orbit qui ne cesse de repousser les limites du mauvais goût dans sa collaboration hyper médiatisée avec la Ciccone. Orbit + Madonna, ça fera bander les snobs, ça fera bien chier les amateurs de musique. Le clip en lui-même n'est pas si mal pour qui aime les vieilles idoles populaires pathétiques.
Smashing Pumpkins : Everlasting Glaze
Pfff... C'est mal barré. Après l'excellent Adore, on attendait de Corgan qu'il creuse la bonne voie et voilà qu'il nous refait Gish. C'est du métal un peu con-con, gentiment rétro, totalement inutile. Il va quand même falloir se pencher sur l'album, évidemment. Mais bon, là... En plus le clip n'arrange rien. Avec ses effets vidéos "indie" franchement éculés. Et que je te la joue néo-gothique pour faire vibrer les ados dépressifs, et que je te prends des pauses rocks à deux balles, etc... Mouais...
Will Smith : Freakin' It
Will Smith c'est le calendrier vivant du rap MTV. Quand c'est l'été il nous sort Miami, quand c'est le nouvel an il nous sort Will2K (purement et simplement une reprise massacrée du Rock The Casbah des Clash) et là c'est l'hiver donc il nous fait Philadelphie. On ne peut s'empêcher d'éprouver une sympathie coupable pour cet Eddie Murphy de la fin des années 90. Ses chansons sont pataudes, vulgaires. Son rap est limité à trois rimes et à quelques effets (toujours les mêmes). C'est aussi inutile qu'un distributeur de capotes sur Neptune... et encore...
Britney Spears : You Drive Me Crazy
Ah ! Je vous l'avais bien dit qu'on allait la revoir. Ce clip là est impeccable, d'ailleurs. Car en guest star il y a notre Sabrina à nous (enfin... je dis "à nous", je pourrais aussi bien dire "à moi" vu que Melissa Joan Hart est loin d'être une star en Europe). Donc c'est déjà hautement sympathique. Bit-Bit n'est vraiment pas gâtée par une photographie assez laide (comme à chaque fois, quoi) mais on en a quand même pour son argent. La chanson en elle-même est... bonne (je parle de la chanson, là, faut suivre un peu !). Voire même très bonne, du moins, elle a une capacité de piratage de cerveau tout à fait estimable. L'imagerie du clip est typiquement "teenage" à l'américaine, c'est donc dégueulasse, mais la présence de Bit-Bit en androïde décalée rend l'ensemble franchement surréaliste. Clip malade et chanson insidieuse, moi, je vous le dis, Bit-Bit, je l'aime.
Oasis : Go Let It Out
Tiens, revoilà la famille Pierrafeu ! Sur le cas d'Oasis je pourrais en faire 25 pages, alors on va faire court. On avait laissé les frangins pétards en pleine débâcle Be Here Now (tout le monde était ailleurs et plus tard, de toute façon). Ils nous reviennent, sérieusement amputés au niveau des membres d'origine (mais il est où le Bonehead ? Snif...), avec un rock à l'anglaise, toujours le même depuis Shakermaker. Si vous avez déjà un album d'Oasis à demeure, inutile de vous attarder sur le nouveau. Les changements ne sont que très très superficiels (voire totalement invisibles). Le son est toujours aussi nul et les mélodies se font étrangement de plus en plus rares. Le single, Go Let It Out, n'est pas totalement insupportable, mais il ne casse vraiment pas trois pattes à un Robbie Williams. Tiens, en parlant de Robbie, on attend toujours ce fameux combat Liam/Robbie, qu'on nous promet depuis quelques semaines.
No Doubt : Ex Girlfriend
Gwen Stefany se fringue comme une punkette MTV, oh mazette, ça fait peur mais peut-être pas dans le sens désiré. Que ne ferait-on pas pour flatter les ados lobotomisés ? No Doubt est un groupe ridicule, mais ça on le savait déjà. Tant qu'ils ne se prenaient pas au sérieux (l'espace de Just A Girl, après c'était déjà râpé), ça pouvait passer. Mais là, leur ska-pop-punk indigeste se prend étrangement au sérieux au travers d'un clip plein d'effets à la mode. La chanson se veut agressive, ce n'est que du sous-Garbage (eux-mêmes des sous-Blondie, on creuse, on creuse...). C'est malheureux à dire mais c'est antipathique au possible. Et puis zut, quoi, Gwen arrête de te faire des tronches de clowns !
S Club 7
Bon, pardonnez moi, j'ai oublié le titre. Ca doit avoir un rapport avec le refrain, très poilant au demeurant, qui fait "don't stop, never give up, till you reach the top...". Et je ne vous raconte même pas la chorégraphie, qui confine au sublime (les plus beaux mouvements de bras depuis... hum... Take That...). L'intérêt de la chose, outre son refrain assez monstrueux reconnaissons-le, c'est que c'est un crossover Boys/Girls Band. Un peu comme Steps, mais en moins Abbaesque. C'est très efficace, forcément. On repérera au passage une blonde très correcte et on zappera avant la fin, parce qu'on n'a pas que ça à faire.
Moloko : Sing It Back
Oh chic (le Freak) ! Il nous repasse le tube de l'été ! Et c'est du tout bon ! Le clip se la joue Abba, la chanson est excellente (dans le genre kitsch, bien sûr). Impeccable.
Destiny's Child : Bills Bills Bills
Un groupe de sous TLC dont le coup de génie (qui n'est pas d'elles de toute façon) est d'avoir samplé un morceau très connu dont j'ai oublié le nom (gag). Sur le refrain ça pète bien, mais bon c'est du 100224654 fois entendu, donc on dégage.
TLC : Unpretty
TLC, justement, les revoilà. Après l'insupportable No Scrubs qui cumulait toutes les tares possibles (mélodie nulle, prévisibilité maximum, paroles débiles, clip hideux...), on n'espérait plus rien de ce Girls Band pseudo r'n'b post-En Vogue/Salt'n'Peppa (deux groupes assez estimables au demeurant). Et il faut bien l'avouer, Unpretty est peut-être la meilleure chanson de TLC. Mais bon, ça ne va pas bien loin pour autant. En plus le clip est très didactique (acceptez-vous telles que vous êtes les filles ! Pas de chirurgie esthétique ! Et avec ça plus de Bit-Bit, c'est dire si ça serait triste...)
Eiffel 65 : Move Your Body
Je retire ce que j'ai dit à propos des Backstreet Boys, le pire du pire c'est Eiffel 65. Premièrement : comment peut-on oser en l'an 2000 sortir un morceau d'eurodance ultra-ringard qui aurait fait rigoler tout le monde en 1992 ? Deuxièmement : comment peut-on en l'an 2000 nous infliger un clip aussi mal fichu, aussi laid, piraté par les pires tronches de djeunz débiles qui soient (on me dit que c'est le groupe... foulala... le ridicule ne tue vraiment pas...). Troisièmement : comment peut-on en l'an 2000 permettre que ces gens passent à la radio et à la TV. Quatrièmement et principalement : qui peut écouter, voire acheter (!!!) ça en l'an 2000 ?? Quand on écoute The White Room de KLF en 1991, on a l'impression d'entendre un disque sorti 30 ans après Eiffel 65. Non, franchement, les enfants, d'une part ce n'est pas raisonnable, et surtout, ça devient VRAIMENT n'importe quoi cette histoire...
Shania Twain : Man I Feel Like A Woman
Shania Twain, à défaut de faire plaisir aux oreilles, assure toujours un agréable spectacle pour les yeux. Dans cette parodie du fameux Addicted To Love de Robert Palmer (c'est bien Robert, hein ?), les filles 80's à mort sont remplacées par des mecs bien moins souvent cadrés que les canons de l'original. En clair, si le Robert Palmer s'adressait aux hommes, et bien... euh... le Shania Twain s'adresse aussi aux hommes. Car ce que l'on retient essentiellement de la chose c'est que Shania fait un pseudo strip-tease, sans doute pour affirmer sa féminité (je ne sais pas si les femmes apprécient, mais moi, oui). Même si je préfère la Shania léopard de That Don't Impress Me Much, il faut avouer que ça se laisse gentiment regarder. La musique ? Oh fichtre ! Une horrible bouillie variétoche pleine d'effets ringards. Si ça c'est du country-rock, alors Frank Black fait de la gigue périgourdine.
Blink 182
Là encore j'ai oublié le titre, mais on s'en fout vu que c'est HORRIBLE. Ah beurk ! Beurk ! Du punk californien (tout est dit, ou presque vu que Greenday ce n'est pas si mal), pseudo provocateur (des parodies de clips de Bit-Bit, des Backstreet Boys, etc... ce genre de choses hautement subversives et intelligentes....), vraiment débile. Encore et toujours du Sham 69. C'est à cause de ce genre de groupes que le rock se meurt, bordel, merde, putain, c'est vrai quoi, je m'énerve mais si c'est pas moi qui le fait, qui c'est qui va le faire ? Allez, on tire la chasse en sortant.
Mariah Carey : Heartbreaker remix
Maria, toujours en sous-tifs, lave la grosse bagnole d'un rappeur connu. Non ce n'est pas Denise Richards dans Sex Crimes, mais pas loin. C'est aussi sexy qu'une soupière. Et dans la soupière il y a quoi ? La soupe ! Et bien c'est exactement cela. Mariah est une soupière qui fait de la soupe, la logique est respectée pour une fois. En tout cas, en voilà une qui mériterait au minimum une bonne tarte à la crème, au mieux une bonne paire de claques.
Red Hot Chili Peppers : Otherside
Faut pas s'emmerder ! On reprend les décors des classiques de Murnau et de Lang et on en fait un clip pour les californiens trisomiques des Red Hot. Je ne suis pas contre l'idée de l'hommage mais dans le cas présent c'est au service d'une chanson indigente pour un groupe devenu indigent par la force des choses. Inutile.
Christina Aguilera : What A Girl Wants
Il paraît que c'est la concurrente de Bit-Bit, et bien la Bit-Bit, elle peut dormir sur ses deux oreilles. Christina n'a rien, Bit-Bit a tout. Christina n'a pas : de mélodies, de production, d'attitude, de symbolisme surréaliste, de tour de poitrine... Rien ! Sa voix est indigente, ses clips sont laids, ses chansons sont plates, ses refrains sont endormis, c'est une tête à baffes comme des milliers d'autres têtes à baffes, en plus elle est agressivement blonde. Bit-Bit est une icône post-moderne. Christina est un produit délavé et obsolète. Nase.
R.E.M. : The Great Beyond
Ah. Ca devient intéressant (c'est pas trop tôt, me direz-vous...). Pour la BO du très attendu Man On The Moon (biographie filmée du grand comique surréaliste Andy Kauffman), R.E.M. a été logiquement choisi. Logiquement, car tout le monde se souvient du magnifique Man On The Moon d'Automatic For The People, dédié à Andy. Bon, ce Great Beyond ne vaut pas la chanson d'Automatic, le clip non plus. Mais c'est quand même mieux que ce que l'on a vu jusqu'à présent sur MTV. Le concept est marrant, les images du film tombent à point, c'est sympathique et musicalement très honorable. Il était temps.
Kim Lucas : All I Really Want
Et vlan ! La rechute. Enfin, c'est ce que l'on croit de prime abord. Non mais dites-moi, c'est Eiffel 65 qui a lancé la mode des clips pourris en images de synthèse ou quoi ? Je n'ai jamais vu des clips aussi mal foutus. Les inserts des personnages réels dans les décors sont tellement foireux que c'en est assez marrant. Kim Lucas, assez mignonne au demeurant, est donc ridicule du début à la fin (la chorégraphie finale repousse encore les limites du grotesque... décidément). Le refrain est bien, soyons honnêtes, ça tient plutôt correctement la route. Mais bon, avait-on vraiment besoin de ça ?!?
D'ailleurs je vais arrêter les frais ici pour cette fois. Non, je ne me suis pas tapé tout cela d'une traite, je ne suis pas une machine, quand même. Entre chaque séance, j'ai fait tourné le dernier Eels, évidemment, faut pas abuser non plus. Mais je prends un certain plaisir à regarder certaines horreurs de MTV, enfin... de temps en temps...
Alors voyons. Qu'est-ce qu'il y a eu de bien dans tout cela ? Pas grand chose (en gros et essentiellement, R.E.M., Aqua, Bit-Bit et à la limite les Smashing et Oasis (non, mais voyez à quoi on est réduit !). Nous sommes dans une période qui manque cruellement de Cardigans et même de Garbage (enfin... le groupe, quoi...). Et puis je ne vais pas enfoncer le clou, mais ça manque de la légèreté d'une Faye Wong (on rêve de voir passer le clip minimaliste et poétique de Chesspiece), de la puissance de NIN (relégué très tard le soir) et du génie des Creatures (aaaah, le clip de Prettiest Thing). En clair, MTV cumule : les clips sont laids et les chansons sont nulles. Ca fait beaucoup à la fois. Je sais que je tire sur une ambulance, mais il y en a vraiment marre de l'uniformisation des goûts musicaux. Beurk ! Beurk !
On me souffle dans l'oreillette que des chaînes françaises passent aussi des clips. M6, vous dites ? La dernières fois que j'ai aperçu des clips sur M6 c'était Florent Pagny enchaîné avec Zazie. Alors, bon, quand même, autant retourner à Kim Lucas... Oh et puis démerdez-vous tous seuls vous êtes bien assez grands pour choisir entre Eels et Eiffel 65.
"Une chanson est bonne quand elle convient au goût du public. Que ce goût soit discutable ou non, parce qu'il y a quand même des gens qui aiment le caviar et d'autres qui préfèrent les boîtes de conserve."
Georges Brassens