Edwood VS MTV 3
The Final Chapter Of The Last Nightmare n°6
Quitte à lasser le public et à étaler à la face du monde un goût certain et certifié pour la facilité, je remets le couvert. Il faut dire que je n'ai pas beaucoup le choix. Je passe quand même une bonne partie de mon temps, soit à lire des bouquins de philo (je peux aussi fait des compte-rendus marrants, mais ça virerait à la fois élitiste et crétin (enfin... encore plus crétin)), soit à dormir devant MTV. Donc, je vous livre mon petit journal intime à moi : les clips de MTV tels qu'on les aime. Mais le filon s'épuise rapidement et les mêmes constatations reviennent. Fort heureusement il reste la possibilité de traiter (ou maltraiter, comme ils disent) l'actualité musicale populaire. Quelle bonne idée ! (non ? mouais... mais quand même !)
Tant que je suis sur Ma Télé Vision, j'en profite pour noter l'absurdité de la ruée vers l'or de la TV sur le web. Certes la TV sur le web offre un poil d'interractivité en plus et une sorte de fonction magnétoscope intégrée, mais à part cela, l'un des intérêts principaux du web (le retour de l'écriture et une tentative (bien vaine) de niquer la gueule à la dictature de l'image) est déjà en train de se barrer en sucettes. Tout le monde veut du Flash, du Shockwave, du Streaming Vidéo, etc... Tout le monde veut MTV sur le web. Ce qui est stupide. Sur le web, on veut (enfin... je veux) du texte, à lire et relire sans subir l'attaque de l'image ou/et du son. Mais bon, je ne suis pas très "normal", il faut l'avouer. Où en étions-nous ? Ah oui, c'est vrai :
Part One : Oops... They Did It Again
- Britney Spears : Oops... I Did It Again
Avec Bit-Bit pas le temps de souffler. On en était encore à apprécier peu à peu son premier effort de "Bubble Pop" (la pop à bulles, bah voyons...) que la revoilà déjà, un an après son disque roseu, avec son grand album mature ("je ne suis pas si innocente", "ma solitude ne me tue plus", ce genre de choses...). C'est n'importe quoi. Et bizarrement, beaucoup de critiques aiment, et le public devient extatique (1.3 millions de disques vendus en une semaine, fichtre !). Rolling Stone, célèbre canard musical s'il en est, note le bidule avec 4 étoiles et demi, on frôle le chef-d'œuvre. Même si le temps adoucira le premier contact, comme d'habitude, il faut avouer que l'écoute de Oops (l'album) est effroyable. C'est pareil qu'avant, mais vraiment tout pareil, en moins bien, forcément. L'un des sommets, assez agréable, étant un titre co-écrit par Shania Twain. On voit le niveau. Sans parler d'une reprise de Satisfaction qui risque de provoquer des autodafés de Bit-Bit en carton. Franchement, c'est assez nase. Loin de faire son Like A Virgin à elle, Bit-Bit fait le remake quasi parfait de son premier album sorti il y a à peine un an. N'importe quoi, je vous le dis.
Pour en venir à la chanson titre et au clip, faisons un détour par l'ouverture visuelle de la chose qui surfe sur la vague des films "martiens". Problème, ils voulaient sans doute profiter du succès annoncé de Mission To Mars de De Palma. Et bah c'est raté et le symbole est de taille. Mission To Mars est un film ultra plagiaire, hyper maîtrisé, froid, explicite et niais. Jusqu'ici ça colle bien au nouveau Bit-Bit. Mais bon le De Palma a été un bide, alors que le disque de Bit-Bit... Enfin bon bref... Le clip en lui-même, donc, qui nous montre Bit-Bit en martienne lunatique en vynil rouge est d'une laideur à faire peur. Pire que les clips précédents, déjà très très moches. Et la pauvre Bit-Bit, toujours massacrée par une photographie odieuse, n'est ni sexy, ni charmante, elle est juste banale. Et réussir à être "banale" dans une combinaison en vynil, moi je vous le dis en connaisseur, il faut le faire ! Faut dire aussi que la chorégraphie débile (le mouvement de bras pour symboliser le cœur est une perle), n'arrange rien. Bit-Bit ressemble à une ado américaine moyenne qui essaie tant bien que mal de remporter le concours danse/chant de son lycée. Palpitant. A noter le gag du milieu en rapport avec Titanic, qui veut montrer combien Bit-Bit peut être cruelle avec les zentils garçons qui l'aiment. D'la balle... La chanson en elle-même, passée la première impression ("mais c'est exactement la même que l'autre fois !") arrive à gentiment faire son hold-up psychique ("mais bon, c'est aussi bien en fait."). Malgré une production à chier (des semelles de plomb pour la bubble pop...), le refrain est quand même plus léger que le quasi gothique Hit Me Baby One More Time. Mouais... c'est pas si mal. Mais comparé aux plus grands porte-paroles de la "bubble pop" actuels (style Aqua) ou de la génération précédente (style Kylie Minogue), c'est assez pathétique. Mais je sais que Britney peut faire mieux, elle a déjà fait mieux, elle fera mieux (même si en fait, elle, elle ne fait rien à part nous montrer son corps en plastique), ou alors ce sera deux paires de baffes et au lit sans dîner et sans Bible.
- Bon Jovi
Je ne connais ni le titre, ni même la chanson en fait. J'ai juste reconnu Jon Jon en train de brailler dans une photographie verte crados à la mode (la faute à Matrix, tout est la faute de Matrix de toute façon). Et j'ai zappé, vite, vite, viiiiiiite !!!!
- En Vogue : Riddle
Les déesses d'En Vogue, amputées d'une divinité depuis l'album précédent EV3 (pas si mauvais finalement, mais pas du tout à la hauteur des espérances immenses que l'on fonde à chaque fois sur le groupe), reviennent et elles ne sont pas contentes. J'espérais avec ferveur que la première génération de girls bands r'n'b créés de toute pièce par MTV allait venir mettre une bonne tannée aux morveuses actuelles. Que le Salt'n'Peppa de Let's Talk About Sex allait moucher les TLC pathétiques de No Scrubs, que les En Vogue de Free Your Mind s'apprêtaient à donner des leçons de baston à la hargneuse Kelis. Si l'on reste sans nouvelle des Salt'n'Peppa (sans doute honteuses de leur descendance indigne de chez TLC, qui finalement sont presque aussi vieilles, mais dont le succès et nettement plus tardif), Terry, Cindy et Maxine d'En Vogue sont sorties du caveau et je vous promets que ça dépote aux entournures.
Riddle, la chanson et le clip (avant d'en venir à Masterpiece Theatre, l'album), se présente de manière très didactique comme une leçon littéralement balancée en travers de la mignonne petite gueule de la nouvelle génération. C'est le choc des titans et la ptite Pink aura beau faire des cascades en moto et nous montrer presque toute sa sympathique anatomie, elle ne tiendra pas deux rounds. Armées de décolletés qui ne cachent rien et c'est tant mieux, ainsi que de poilants effets de mises en scène, qui les font passer de canons trompées en t-shirt Tati, en canons trompées super en colère en latex, en un éclair et un coup de ventilo, les trois diablesses nous font le truc éculé de la fille qui en a marre de son enculé de mec. Sauf que là, on a peur, encore plus que quand Kelis nous hurle "I hate you so much right now !!!". Les filles d'En Vogue, on le sait depuis toujours, elles ne sont pas commodes. Elles sont sublimes à regarder, mais on n'irait pas tendre notre main délicate pour essayer de toucher. Qu'on se souvienne du clip de Free Your Mind, monument brutal qui faisait et fait encore passer Metallica pour Christina Aguilera. Et Riddle, chanson qui circule dans deux versions différentes (mais je vais y revenir), est bien sûr à l'image des... images. Ca commence comme une comptine, ça se poursuit en montagnes russes, ça murmure, ça feule, ça s'endort, ça se réveille, ça fait peur. En particulier dans la version remixée, bourrée de cordes, grandiose. C'est produit comme du Michael Jackson, ça pète le dolby surround digital THX dans tous les coins. Le son rebondit dans tous les sens sur des images qu'on jurerait tirées d'un McTiernan minimaliste. Elles peuvent toujours essayer de la ramener les TLC avec leur volière, leurs papillons et leurs bonnes intentions, même la Kelis en camisole ne nous effraie plus. Les trois En Vogue, elles, sont en liberté, pas du tout enfermées derrière une vitre de protection. Les trois En Vogue n'ont pas besoin d'être accompagnées par une manif de féministes préhistoriques, les trois En Vogue exposent, ou plutôt s'exposent, avec luxe tout ce qui fait d'elles les numéro un du genre. C'est sexy, brutal, bien mis en scène, on pourra chipoter que le scénar n'est pas du tout crédible (qui oserait tromper une fille d'En Vogue ??), la musique est excellente, c'est du tout bon. Et l'album, dont il faudra que je reparle à l'occasion, se roule avec une pareille virulence dans le stupre, le mauvais goût et le talent, pour au final me réconcilier avec un genre que j'avais perdu de vue depuis belle lurette.
- No Doubt : Simple Kind Of Life
Toujours pas remise de sa rupture avec l'abruti de Bush (la pôôôvre, nous on s'est toujours pas remis de Bush tout simplement), Gwen pleurniche encore et encore. Après s'être enlaidie au-delà du raisonnable dans le clip précédent, on pense de prime abord que Gwen a tiré les leçons de cet échec esthétique effroyable. On la retrouve, bien coiffée, bien mignonne, ressemblant assez étrangement à une Debbie Harry du pauvre (on avait compris que No Doubt se prend pour Blondie, c'est comme Garbage ça, pas besoin de nous faire des dessins), malheureusement toujours en roseu. Et dieu sait que c'est laid ! Mais l'Horreur n'est jamais très loin et dès la scène suivante, Gwen nous apparaît en robe de mariée et avec la coiffure la plus poilante (ou odieuse, au choix) de l'année (au moins). Indéniablement elle ressemble à un caniche sortant du toiletteur. Un caniche teint en rose, vous savez, comme dans Babe 2 (pour les gens de bon goût qui ont vu cet excellent film). C'est monstrueux, intenable, en plus c'est un truc qui se veut sérieux, un peu comme le pathétique Don't Speak de sinistre mémoire. Et la chanson ? Elle est nulle, vraiment nulle, sans doute ce que No Doubt a fait de pire depuis leur accession à la notoriété. C'est dire...
Interlude : VJ Cat Deeley
Le top UK (Hitlist UK, à ne pas confondre avec le sublime Hitsville UK des Clash) possède deux intérêts majeurs qui en font l'un des programmes phares de MTV Europe (le programme phare, en fait, à part le très tardif Alternative Nation). Tout d'abord, on y voit des choses qu'on n'a pas l'habitude de voir autrement, car les anglais, même si en moyenne ils ont des goûts aussi à chier que leurs voisins, ont aussi le sens musical le plus développé d'Europe (rappel : les Clash et les Beatles n'étaient pas des espagnols). Donc, on y voit parfois de bons trucs et le plus souvent on voit des choses qu'on ne voit que dans cette émission et nulle part ailleurs. Mais ne nous le cachons pas, le principal intérêt du bidule c'est bien évidemment Cat Deeley. Elle est la quintessence du VJ, elle présente les clips avec un second degré permanent et un sens du gag bienvenu. Elle essaie tant bien que mal de nous faire croire que MTV est une chaîne vivante, où l'on peut improviser, déconner, se planter... Et le tour de force c'est que l'on se laisse prendre au jeu. Pour ce faire, Cat use et abuse de mimiques débiles et de murmures indécents, c'est bien évidemment ultra charmant. Et ainsi elle réussit presque à ressusciter l'inégalable talent de Maria G qui parvenait à nous rendre heureux en annonçant un clip de Bon Jovi. On ne profite jamais assez de ces rares instants d'humanité télévisuelle, que cette humanité soit réelle ou calculée, peu importe, hâtons-nous de les déguster de peur d'avoir à les regretter amèrement très bientôt.
Part Two : The Time Is Still Now
- Eagle Eye Cherry : Are You Still Having Fun
C'est un peu grandeur et décadence d'une famille modèle. Papa Don était bien dans son domaine. Neneh était pas si mal, au début, dans son truc à elle aussi. Le petit frère, Eagle Eye (?!?), lui, n'a jamais été quoi que ce soit, à part emmerdant (ce qui est déjà quelque chose, me direz-vous). Après deux tubes, dont un carrément insupportable (un clip en noir et blanc, pas si mal, je parle du clip pas de la chanson, atroce, elle), il revient avec quelque chose que, si vous ne faites pas attention, vous allez confondre avec le dernier Lenny Kravitz. Même clip qui se secoue n'importe comment, même "chanson" ou presque. Quelle mise en abîme ! Lenny, grand plagieur devant l'éternel, en train de se faire plagier en direct. Fort, très fort, on n'arrête plus le progrès (si, il y a aussi l'auto-plagiat instantané avec Bit-Bit). C'est tellement nul que l'on en reste coi.
- Alice Deejay : I Want You Back In My Life
MTV c'est toujours la 4e dimension. On ne sait jamais ce qui nous attend au prochain détour de la page de pubs. Dans le cas présent c'est carrément un phénomène surnaturel. Un clip d'eurodance, bon jusque là c'est le signe d'une série Z d'épouvante, mais un très beau clip d'eurodance. On va me dire que c'est antinomique. Et bien non, la preuve. On apprend par les bulles data à la con que le clip a coûté la peau des fesses, indéniablement pour une fois ça se voit un peu à l'écran. Tourné sur les côtes de l'Islande (le pays des vaches et de Bjork), dans une photographie superbe et à grand renfort de mouvements de grue Peter Jacksoniens, ce clip est à peine massacré par quelques fautes de goût assez dérisoires en fait. La chorégraphie des danseuses perdues sur des falaises sublimes est un grand moment de surréalisme. La pseudo chanteuse (Judy, pour les besoins de "l'histoire") est un mannequin, oui, merci, ça se voit, c'est mignon, ça. Et fait tout simplement extraordinaire, les ralentis et autres effets Bit-Bitesques sont vraiment bien venus. Incroyable ! Et je crois que le pire (ou le meilleur) arrive pour la conclusion, hum... hum... le pire donc, c'est que j'ai trouvé le morceau très bien, allez comprendre... Ca fait peur...
- Moloko : The Time Is Now
Oui, je sais, j'en ai déjà parlé, mais j'en remets une couche. The Time Is Now est à la fois le meilleur single "grand public" sorti depuis le début de l'année et par la même occasion le plus beau clip depuis le début de cette même année. Pas besoin de vous faire un dessin, donc. De toute façon si vous avez bien suivis le film vous avez déjà sans aucun doute écouté puis acheté l'album qui va avec (Things To Make And Do), petit chef-d'œuvre pour l'été. Et vous ne pouvez déjà plus vous passer de Pure Pleasure Seeker et d'Indigo (here we go oh oh oh, rien à voir avec les Chemical Brothers...). Bon, The Time Is Now en images, tant qu'on y est quand même, c'est sublime, je ne m'en lasse pas !
- Destiny's Child : Say My Name
Cric Crac Clang Bling, ça grince dans les rouages des Destiny's Child. Leur chorégraphie est bien marrante et leur chanson exactement la même que les deux précédentes. Bon, là je vous raconte la fin (fantasmée) : les trois fantastiques d'En Vogue arrivent et démembrent les fillettes de la destinée sous les applaudissements de votre serviteur.
- Gabrielle : Rise
On ne peut qu'éprouver une immense sympathie pour Gabrielle, grande artiste en puissance qui stagne assez pathétiquement dans un bourbier mainstream qui ne lui réussit pas du tout. L'interprète des divins Dreams et Give Me A Little More Time (son unique vrai chef-d'œuvre, mais quel chef-d'œuvre !) revient avec un album pas nul, mais totalement tiédasse. C'est de la soupe, ne nous le cachons pas. Le clip, plein de boxeurs en gros plans, est une catastrophe. Quand on sait combien on avait adoré ses grands moments, on est encore plus triste pour Gabrielle que l'on sait capable de bien mieux. On zappe...
Interlude : BBC One - Top Of The Pop : spécial Kylie Minogue
Il n'y aurait aucun intérêt à faire un Edwood Vs Top Of The Pop, car le TOTP est depuis toujours et encore un bonheur. Surtout quand les vieux TOTP (les classics, les n°2, etc...) nous abreuvent de Human League, de Bronsky Beat et de Snap, miam miam miam. Je fais quand même un arrêt sur ce "spécial Kylie Minogue" au moins doublement utile. Utile à un premier niveau, car Kylie revient avec un nouvel album incessamment sous peu. Utile avant tout sur un autre niveau, celui de nous montrer qu'il y a eu une vie avant Bit-Bit. Et une vie d'une autre classe, quand même. On apprend donc ainsi que le premier album de Kylie Minogue fut le disque le plus vendu de l'année 1988. Qu'il contenait des tubes à faire pleurer toute la nouvelle génération de pisseuses en plastique. Parmi ces tubes, la Beeb nous gratifie de la performance speedée et poilante (et en play back, forcément, c'est le grand point noir du TOTP, quoique...) de The Locomotion ("everybody's doing a brand new dance, etc...") et du surréaliste et adorable Je Ne Sais Pas Pourquoi. On échappe à I Should Be So Lucky (lucky, lucky, lucky) et à Got To Be Certain et c'est bien dommage. Dès le départ le charme agit comme au bon vieux temps (12 ans, déjà, je suis si vieux que ça, moi ?). Ensuite on nous inflige le duo atroce avec Jason Donovan ; mais comme qui dirait, un malheur entraîne toujours un bien, (et là le bien est proportionnel au mal) car c'est ce tube affligeant qui inspira aux KLF le merveilleux Kylie Said To Jason. Un vrai moment d'Histoire de la musique, rien que pour nos yeux, donc. Et dans le TOTP, ils savent se rattraper aux branches avec classe, on enchaîne avec le meilleur morceau de Kylie période dance, Better The Devil You Know (25 décembre 1990, c'est beau), ça saute et ça rebondit dans tous les sens, en lorgnant méchamment sur DeeLite et en culminant sur un refrain gros comme un Boeing. Ensuite cela devient intégralement grandiose avec la meilleure chanson de Kylie en solo, Confide In Me, gorgée de cordes et de mélodies belles à pleurer. Grandiose. On continue dans le magique avec le sublime et drôle duo avec Nick Cave, Where The Wild Roses Grow, cultissime. Puis on retrouve les singles de l'excellent Impossible Princess, le meilleur album de Kylie, qui passa totalement inaperçu et qui fut son plus gros bide. Ca commence avec Some Kind Of Bliss, co-écrit par un Manic Street Preachers, et qui sonne effectivement très Manics, c'est très réussi. Ensuite c'est You Did It Again, qui passe quand même mieux avec son superbe clip. Et on finit avec Breathe, une conclusion pas vraiment à la hauteur de ce qui a précédé. En gros nous avons eu droit à un délicieux et instructif voyage dans le temps. 10 ans pour passer de la techno-pop la plus minimaliste à des projets plus ambitieux et voués à l'échec commercial. On notera qu'indéniablement Kylie est une bonne chanteuse et que sa musique est exactement à son image : drôle, charmante, légère, immédiatement sympathique et attachante. Kylie était une tentative tardive de clone australien de Madonna, la copie a, au final, écrasé l'original (sauf sur le plan des ventes, certes, mais qui s'en soucie ?).
Part Three : The Nightmare
- Bombfunk Mc's : Freestyler
Attention, ce Freestyler là n'a rien à voir avec le bon groupe du même nom. Nous parlons ici d'un groupe de pingos au nom gravement débile. Le morceau est une petite bouse inoffensive, dotée d'un clip laid à pleurer et con comme une valise sans poignée.
- Chicane & Bryan Adams : Don't Give Up
S'il y en a bien un que l'on rêve de voir "give uper" c'est bien Bryan. L'insupportable Bryan qui nous revient au moment où on le croyait vraiment mort, avec le pire truc techno-dance depuis... euh... Eiffel 65. C'est nul, tellement nul qu'on a du mal à y croire. En plus ça a fait un carton, comme quoi les gens sont des abrutis, ou alors j'ai rien compris (ce qui est possible, mais bon...). Le clip est aussi nul que le morceau, c'est dire, c'est inconcevable si on ne le voit pas de ses propres yeux et si on ne l'écoute pas de ses propres oreilles.
- Moby : Natural Blues
Encore un clip nul, mais un clip nul AVEC Fairuza Balk (!!!!) Enfin... Avec un tout petit bout de rien du tout de Fairuza Balk. Mais bon, vu la rareté des apparitions de la miss, on va pas se plaindre. Un petit bout de Fairuza Balk c'est toujours mieux que cinq merdes long-métrages avec Cameron Diaz en star. Fairuza passe, donc. Et à la fin c'est carrément Christina Ricci, qu'on aime bien aussi, qui (tré)passe avec le pire rôle de sa déjà longue carrière. Le clip, est bien évidemment à l'image de la musique de Moby, niais, bourré de clichés, faisant du vieux avec du vieux. C'est toc comme un film de Luc Besson. Un sample splendide de blues, un rythme Casio, deux plages de synthés volées à Jean-Mimi Jarre, et hop ! Le disque de l'année de plein de snobs à la con (je suis en train de me faire plein de potes, là, c'est super, coucou les amis !) Dans ce clip, Moby est un petit vieux qui bave, on voit que, quand même, il a conscience de son état...
- Eminem : The Real Slim Shady
Ah, lui, forcément, quelque part, je l'aime ! Non seulement il fait ce qui se fait de mieux en rap MTV à l'heure actuelle, mais en plus c'est un affreux, un vrai de vrai, qui devient (à l'inverse de tous les autres pseudo affreux style Marilyn Manson) de plus en plus affreux avec le temps. Son nouveau clip est un peu une resucée de son premier tube ("My Name Is") mais on en redemande. C'est ignoble. Moment phare digne d'une prod Troma : le gag éculé du serveur qui crache dans le burger, mais ici balancé à la puissance dix. C'est vraiment dégueulasse, si MTV ne censure pas ce clip, je ne comprends plus rien. D'autres moments forts précédent ce sommet de mauvais goût outrancier, notamment une pseudo reconstitution de MTV Awards avec Christina Aguilera en poupée gonflable et Bit-Bit en conne disproportionnée. Vous allez me dire que c'est quelque part le même humour ado que les connards de Blink 182. Oui, mais je vais vous répondre que Eminem, c'est une vraie ordure, et surtout, lui, il fait de la bonne musique il peut donc se permettre ce genre d'écarts aussi poilants que primitifs, un peu comme si l'esprit défunt du Métal débile ("shut up Beavis !") était enfin pleinement réincarné dans le rap. 20 ans après The Message et Rapper's Delight, le rap n'est décidément pas mort, même si la survie n'est jamais facile.
- Madison Avenue : Don't Call Me Baby
Il y a des trucs qui se vendent par camions entiers et dont on ne peut parfois pas du tout expliquer le succès, et ce, même avec la meilleure volonté du monde. C'est le cas ici avec ce bidule fadasse, qui ne possède ni refrain accrocheur ni gimmick pertinent. Rien ne vient sauver les meubles et le machin glisse par une oreille avant de ressortir immédiatement par l'autre.
- Christina Aguilera
Affreux, affreux, affreux. Comprenant bien que le succès de Bit-Bit résidait essentiellement dans ses parties customisées, Christina se lâche et se prend pour une image de synthèse. Blonde décolorée à outrance (c'est d'une laideur insoutenable), le visage plastifié, repassé, gommé, mappé, etc... et le regard bleu fluo (un peu comme certains E.T. de pub), Christina fait peur. Keith des Prodigy à côté c'est Pierre Perret. La chanson est une ballade baveuse qui ne tient pas la route une seule seconde face à Sometimes. Et on nous abreuve, on nous inonde de gros plans de Christina et c'est comme si on se prenait des coups de flash dans la gueule. Bon, même si les effets spéciaux sont impressionnants, elle est moins crédible que les raptors de Jurassic Park (et elle est beaucoup moins belle, enfin bon bref...). C'est fou tout ce que l'on peut faire avec les images de synthèse...
- Mandy Moore : Candy
Encore Christina ?!? Ah non, zut, c'est Mandy Moore, en quelque sorte le chaînon manquant entre Bit-Bit et Christina (et encore méfiez-vous, revoilà Billie Piper dans la dernière ligne droite). Elle a tout compris, Mandy, elle nous sert un clip moche à se jeter par la fenêtre du rez-de-chaussée. C'est plein de skateurs et de petites pisseuses. Ouais... bon... y a des limites...
- Him : Join Me
???!!!!?????!!!!!???? Je crois que nous tenons là un sérieux concurrent au prix très convoité du groupe le plus ridicule de l'année (voire de la décennie). HALLUCINANT, incroyable, inconcevable. Un pseudo Brian Molko au chant, un batteur de thrash métal (un échappé de Gwar, je crois), un guitariste redneck avec un chapeau texan, un bassiste néo grunge exalté, une imagerie qui est au gothique ce que Michel Jonasz est au jazz. La totale, c'est grandiose. La chanson est nulle, à tel point que c'en est presque émouvant. Impossible de ne pas penser à un gag, surtout que cela se prend méchamment au sérieux. C'est Surprise Sur Prise, non ? Hein ? Je vous ai reconnu ! On me la fait pas à moi ! Bon, elle est où la caméra ?
- Anouk : Darkmachinbidule
Oh ! Oh ! J'ai cru voir un Betelgeuse !
Interlude : M6 - Clips
Des clips. Français, madame ! Et bien ce n'est pas beau à voir. Croyez-moi. N'ayant pas plus envie que cela de tirer sur de telles ambulances, je ne vais pas insister. Bon, ici ce n'est pas la métaphysique qui est un champ de batailles, c'est bel et bien la chanson française. Pas un pour rattraper les autres. Les meilleurs français du lot, ce sont les Air, que l'on voit sur MTV et qui chante en anglais pour la BO de Virgin Suicides. Et ce n'est pas très luxueux pour autant (marrant, Air sont très très second degré, leur chanson ressemblant à s'y méprendre au vieux chewing gum mâché au bord de l'assiette...). Pour le reste ce ne sont qu'horreurs et malheurs ("ah ! mon nom est Belzebuth !"). Non, mais attendez, regardez moi ça ! La boudinesque Tina Arena qui reprend les Trois Cloches version Ophélie Winter, le très lucide Saez ("jeune et con", je cite) qui nous balance le machin le plus lourdingue depuis le dernier David Hallyday, et ainsi de suite... On touche le fond, c'est le Trou Noir, la lumière au bout du tunnel sera-t-elle celle du TGV Atlantique ?
Final Chapter : A Real New Hope
- Spice Girls : Viva Forever
Séquence nostalgie avec ce flash-back bien venu. Au moment où les Spice font presque toutes des carrières solo dénuées de fraîcheur et bien souvent carrément dénuées de mélodie, on ne peut que verser une larme sur les deux albums de l'équipe au complet. En plus, la chanson choisie ici est parfaite pour sortir les mouchoirs. C'est bien sûr le dernier single avec Geri, c'est un clip totalement surréaliste, kitsch et timbré, et c'est un morceau d'une beauté hallucinante qui n'est pas sans nous rappeler d'autres célèbres moments de grâce tels que The Winner Takes It All de Abba ou Live To Tell de la Ciccone. Il fut un temps où j'aimais me gausser des Spice Girls et de leur niaiserie baveuse (Mama), de leur fantasmes totalitaires sordides (Spice Up Your Life) ou de leur humour rustique (Stop), maintenant, quand une quasi génération de petits auditeurs est déjà passée, je redécouvre l'héritage Spicy avec bienveillance. En particulier ce deuxième album, Spiceworld, dont les qualités purement musicales étaient à l'époque totalement éclipsées par le phénomène de société qu'était devenu le groupe. Depuis l'explosion en vol, il ne reste que la nostalgie et les chansons. Et c'est du tout bon, du gracieux Too Much au grandiose Move Over (fameuse pub Pepsi s'il en est), Spiceworld est l'un des grands disques de pure pop des années 90. Et il fallait le dire. Quant à Viva Forever c'est tout simplement la meilleure chose chantée par les Spice Girls. C'est très "affecté" mais c'est surtout sublime.
- Offspring : The Kids Aren't Allright
On passera sur le jeu de mot débile du titre pour s'arrêter une fraction de seconde sur la "chanson", une sorte de worst of des pires clichés de ce que certains êtres de mauvaise compagnie appellent le punk. Je ne vais pas vous refaire mon speech habituel sur le fait que le punk n'a jamais été un mouvement musical clairement défini mais plutôt un branle-bas de combat social clairement situé dans le temps et dans l'espace (l'Angleterre pré-Thatcher). Et on sait que, dès les années 70 achevées, le punk n'existait plus, assassiné par le retour des conservateurs et par London Calling. Offspring ne fait pas du punk, donc, mais alors que font-ils ? (de la merde ? Ah oui... c'est vrai). Une sorte de hardcore pour fillettes, bourré jusqu'à la gueule de plans éculés jusqu'à l'overdose. C'est aussi révolté que du Tino Rossi ou que du Rage Against The Machine, c'est dire.... Du punk ils semblent avoir hérité (inconsciemment) le goût de la laideur et du pathétique. Malheureusement, le clip, bourré d'effets spéciaux, révèlent qu'ils n'ont décidément rien compris au film. Je ne vois même pas pourquoi j'insiste, c'est ignoble. Et la seule révolte provoquée est tournée bien légitiment contre ce groupe de pingos.
- Eels : Flyswatter
La 4e dimension, le retour. Daisies Of The Galaxy est (pour l'instant) le meilleur disque sorti cette année, et de loin, œuvre du meilleur groupe américain encore en activité. On ne s'attend donc plus à voir Eels fréquenter les eaux boueuses de MTV. Et bien on se trompe. E, cet artiste intégral qui revient pour sauver le monde de la musique, nous apparaît donc, brisé et drôle, au détour d'un clip décalé voire surréaliste. Une bonne sœur se remaquille avant de s'exposer en maillot de bain, un clown effectue une filature cheap en arrière-plan, un policier se roule dans l'herbe... C'est n'importe quoi et c'est bien chouette. Mais surtout, bien sûr, en fond sonore il y a Flyswatter, l'un des 15 chefs-d'œuvre absolus de Daisies Of The Galaxy. C'est génial, la meilleure chanson que vous puissiez croiser sur MTV (avec beaucoup de chance) en ce moment. Mais de toute façon, vous qui me lisez, vous avez déjà tous fait l'acquisition de l'album, chef-d'œuvre de l'an 2000, que vous vous êtes empressés de ranger aux côtés d'Electro-Shock Blues, chef-d'œuvre des années 90. Et comme je veux finir sur une happy end, nous allons nous arrêter ici, sur une note de Bonheur et de Joie. MTV peut donc aussi véhiculer la meilleure musique de la planète, ce qui revient à démontrer que le manichéisme n'est jamais de mise dans notre monde.