Elle nous vient du nord, vous savez, la Norvège, l'autre pays de la musique couverte de sucre glacé. Elle est un peu bizarre et adore créer sa propre légende. Elle n'a pourtant pas froid aux yeux, n'hésite jamais à laisse aller son ego et à sampler Madonna avec désinvolture. Elle, c'est Annie, la nouvelle égérie pop des esthètes. L'objet du délit, c'est Anniemal, le hold-up musical doux-amer de l'année.
Un véritable coffre aux trésors, où brillent une dizaine de joyaux, jonglant entre l'évidence mélodique la plus charmante (le single Chewing Gum, Me Plus One, Greatest Hit), des méandres plus nuancés et inattendus (Always Too Late, Happy Without You) et surtout la fusion idéale entre cette pop la plus vivifiante et des tonalités résolument matures (Heartbeat, sans doute le délice de 2004, l'euphorisant Anniemal, Come Together qui rendrait Kylie Minogue verte de jalousie).
D'ailleurs, avec ce premier album, Annie donne un terrible coup de vieux à toutes les bimbos des dancefloors. Même notre chère Britney obtient un aller simple pour la maison de retraite. La musique pop, en particulier cette "bubble pop" dont la Annie de Chewing Gum se revendique explicitement, est un univers où l'on ne peut pas espérer rester longtemps au sommet. Une saison, parfois deux... Puis on tente des come-backs plus ou moins réussis, avec un succès généralement décroissant. Le seul espoir étant de se faire une petite place culte dans le coeur de certains auditeurs. Avec Anniemal, Annie a déjà accompli admirablement cette tâche si délicate. On ne l'oubliera pas.
C’était l’Arlésienne de 2009. Le retour d’Anne Lilia Berge Strand, plus connue sous le diminutif d’Annie, s’envisageait comme une extase. Depuis 2005, et son premier album Anniemal, la Norvégienne était devenue notre idéal pop. Une poignée de chanson parfaite (Heartbeat, Me Plus One, Greatest Hit, Come Together) et cela nous suffisait à être fou amoureux de la miss. Peu importait que l’album soit très inégal, les réussites effaçaient les creux et les bosses.
Don’t stop fut achevé dans la douleur, au fil d’un parcours chaotique que je ne vais pas vous détailler ici. Retardé, repoussé, piraté, retouché, l’album s’était perdu dans les limbes. En attendant, Annie livrait deux singles (I Know UR Girlfriend Hates Me et Anthonio), sympathiques mais mineurs. Ils sont absents de Don’t stop, c’est sans gravité, car dès le morceau d’ouverture, l’attente est mille fois récompensée.
Hey Annie reprend les choses là où Anniemal les avait laissées. Toujours égocentrique, toujours conquérante, avec sa voix de gamine libertine, Annie se met en scène. La star c’est elle, et on ne parlera que d’elle. « Do you want more ? Do you want more ? », mais vous ne la méritez pas, c’est son mot d’ordre, sa litanie. Elle est la plus belle, la plus cool, la plus séduisante, la plus douée, ce n’est pas moi qui le dit, c’est Annie. Elle le répète, le martèle. En soi, cette approche originale, qu’on ne connaissait que dans le rap, est étonnante, elle pourra exaspérer. Mais Annie a les armes pour faire passer son évangile.
Lesquelles ? Toujours les mêmes : des mélodies incroyables, des refrains immenses, une voix délicieuse. Sur Hey Annie, il y a tout : la demoiselle n’a jamais aussi bien chanté, la musique est un mélange entre des sonorités 80’s, 90’s et des années 2000, la progression est irrésistible. A cheval sur de multiples époques, Annie essaie toutes les pistes. Parfois cela fait totalement mouche comme sur Songs remind me of you, parfois c’est un coup dans l’eau (comme sur l’assez vilain The Breakfast Song ou l’anecdotique I Don’t Like Your Band).
Les sommets de Don’t Stop dépassent ceux d’Anniemal. C’est flagrant sur des perles telles que Bad Times (un bolide), Marie Cherie (craquant), When the Night (Heartbeat en descente) et Heaven and Hell (euphorisant au possible). Une moitié d’album géniale, pour une moitié flirtant entre le très bon et le plantage. C’est au moins trois fois plus que chez Lady Gaga ou que chez Lily Allen. Nouvelle victoire par KO pour la petite princesse scandinave !
|