Claudine Longet ressuscitée ! Comme c'est Pâques à l'instant où je rédige ces lignes, j'avoue que la perspective est d'autant plus réjouissante. Mais, oui, oui, oui, Trish Keenan retrouve souvent des accents dignes de l'érotisme soupirant de Claudine Longet ou, bien sûr, des échos lointains de My Bloody Valentine. Rien que pour cela, on ne peut qu'adorer Broadcast. Même si leur premier album, The Noise Made By People m'avait laissé sur ma faim, j'ai tendu une oreille bienveillante vers Haha Sound. Et Dieu sait que je ne le regrette point ! Cet album regorge de chansons pop sublimes, tendues entre des mélodies fantastiques et des ruptures sonores étonnantes, qui ne cessent de surprendre, voire d'égarer. Et rien n'est plus ravissant que la pop la plus tendre, la plus douce, la plus fantaisiste, qui coupe à travers champs, qui ose briser les codes les plus établis, la pop à la manière des Beach Boys, de Love ou de Kate Bush, à la fois parfaite mais pleine de pièges, d'extravagances, de détours charmants et effrayants. Broadcast, au fil de Haha Sound, ne cesse d'errer, de rêvasser, de dissoner, de ravir et de griffer au sein des chansons les plus délicieuses, telles ces The Little Bell (comptine qui s'effondre doucement dans le chaos) ou Winter Now (une mélodie sublime sur des harmonies fausses). Sans évoquer l'ouverture magnifique de Colour Me In ou le "tube" que je ne peux qualifier sous peine de me faire encore reprocher de ne parler qu'en superlatifs, Before We Begin. Mais de superlatifs, j'ai besoin, énormément besoin, inévitablement besoin, si je veux vous convaincre d'acheter immédiatement Haha Sound. L'album est sorti il y a presque un an, mais il est loin d'être trop tard. Idéal comme bande son du printemps. Un disque aussi rassurant qu'aventureux, complexe, étrange, gracieux jusqu'à l'extase, qui unie électronique, cordes, rythmes quasi industriels, voix féerique dans une perfection pop qui enchante jusqu'aux larmes.
Finalement ce n'est pas compliqué de faire une musique sublime avec une vieille GameBoy et un sampler de vingt ans d'âge. Il suffit d'avoir sous la main l'une des plus belles voix de la pop actuelle (celle de Trish Keenan) et de lui faire raconter un peu n'importe quoi. Ajoutez à cette potion une bonne dose de mélodies plaisantes et de bruitages rigolos et vous obtenez le disque le plus bricolé et le plus adorable de l'année. Broadcast incarne le charme même lorsque le minimalisme atteint un niveau rarement entendu (juste quelques bips bips suffisent à emballer une chanson). Parvenir à composer une musique aussi gracieuse avec si peu de sons, c'est sans doute miraculeux et l'oeuvre de Broadcast ne cesse de surprendre.
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