L’objectif de James Murphy avec LCD Soundsystem était clair depuis le tout premier morceau, Losing My Edge : créer une musique encyclopédique. En citant bon nombre de groupes essentiels en l’espace de 7 minutes, la chanson annonce un programme pour le moins ambitieux et chargé. Faire entrer toute la musique populaire de la seconde moitié du XXe siècle en trois albums. Pari réussi. En l’espace d’une décennie d’existence, LCD Soundsystem est devenu la bande son de toute une génération et du siècle naissant. A coup d’hymnes (Daft Punk is Playing at my House, Tribulations, Yeah, All My Friends, North American Scum, Dance Yr Self Clean, All I Want…), James Murphy a à la fois rendu hommage à ses idoles et a contribué à créer un son nouveau. Erudite mais accessible, son œuvre réconcilie les rockeurs et les raveurs, les punks et les danseurs, les intellos et les hipsters, les bourrins et les esthètes.
Fédéré pour mieux régner, c’est le mot d’ordre. Qu’on lorgne sur John Lennon (Never As Tired), sur le Velvet Underground (Drunk Girls), sur les Talking Heads (Pow Pow), sur Kraftwerk (à peu près partout), peu importe, l’important c’est le plaisir immédiat. En résulte une musique cérébrale mais qui peut s’apprécier comme pur divertissement. Surtout, le grand maelstrom ne peut que séduire. Passer d’une techno pur et dur (Beat Connection) à du hard rock psychédélique bruitiste (Tired) ne pose aucun problème à Murphy. Et si tout cela peut paraître parfois bien léger, l’émotion surgit au moment où on s’y attend le moins (Someone Great, All My Friends, I Can Change, Home). La musique de LCD Soundsystem a de l’humour et un cœur. Parfaite, donc ? Parfois épuisante, sans doute, parfois un peu longuette, mais toujours rattrapée par le gimmick ultime, le rythme qui tue ou le refrain génial (One Touch, Get Innocuous!, You Wanted a Hit). On peut mettre un certain temps à adhérer au travail de James Murphy (comme votre serviteur), mais une fois qu’on a compris et accepté le « truc », il y a de quoi s’amuser pendant des années. |