L'un des plus importants chefs-d'œuvre du folk-rock-country, au même titre que Highway 61 Revisited (par exemple) et peut-être le chef-d'œuvre de Neil Young, mais de cela on pourrait discuter pendant des jours. Ce qui est sûr c'est que c'est album est une merveille du début (le gracieux Tell Me Why) jusqu'à la fin. Et on passe par le sublime After The Gold Rush, indéniablement l'une des plus belles chansons des années 70 (et dieu sait si Neil Young a délivré bon nombre des plus belles chansons des années 70 : A Man Needs A Maid, Heart Of Gold, Cortez The Killer, Tonight's The Night, Tired Eyes, My My Hey Hey, Powderfinger, etc...). Et aussi, sur cet album fondamental, le légendaire Southern Man, aux paroles légendaires. Un morceau brutal, vibrant, héroïque et d'une fabuleuse intensité musicale. Et en enchaînement, le très court, très entraînant et très lumineux Till The Morning Comes vient relancer le rythme de l'album. Et pour une pure ballade triste country-folk comme Oh Lonesome Me, Neil Young délivre en suivant le tendu Don't Let It Bring You Down. Et de nouveau une ballade bouleversante avec Birds. Puis un rock, puis une ballade (magique, I Believe In You) et un au revoir léger sous la forme de la minute trente de Cripple Creek Ferry. Encore plus que Everybody Knows This is Nowhere, c'est avec cet album que Neil Young a démontré que le terroir de la musique américaine pouvait en remontrer aux arrogants petits anglais.
Si Neil Young est un artiste mythique, On The Beach est indéniablement son album le plus culte. Tout d'abord parce qu'il a été "oublié" lors des rééditions CD de son œuvre. On sait que le Loner déteste le support CD et rêve depuis des années de "remasteriser" son catalogue pour le DVD, c'est ainsi qu'il justifie le plus souvent l'absence de versions CD pour cinq de ses disques des années 70 (dont American Stars'n'Bars qui contient la version originale de Like A Hurricane). Mais on peut aussi lire entre les lignes, Neil Young n'a pas vraiment envie de se retrouver face à face avec On The Beach, son album le plus personnel, le plus difficile, le plus réussi.
On The Beach a été conçu dans la grande période de doute de Young. Après le succès de ses premières œuvres solo et l'apothéose de After The Gold Rush et de Harvest, le monsieur doute. Dépassé par sa carrière, dépassé par la déchéance de ceux qui l'entourent, dépassé par un univers rongé par la drogue, les excès et la dépression, Neil Young ne sait plus, et s'enferme dans des crises existentielles et égocentriques sans fin. La délivrance viendra du sublime Tonight's The Night, dans lequel il osera affronter directement ses plus grandes peurs, ses plus grandes souffrances. Tonight's The Night, aussi sombre et douloureux qu'il soit, est un disque de renaissance, celui qui offrira à Young l'éternité, toutes ses œuvres suivantes découlent de cet album. Et On The Beach ? C'est le point limite avant la rupture, l'album au bord de la folie, déchirant à tout niveau, à vif, tout comme Tonight's The Night, mais sans espoir, misanthropique, au bord du précipice, la quintessence du désenchantement des années 70. On The Beach est un disque d'une violence émotionnelle surprenante, et en même temps d'une délicatesse bouleversante, synthèse de tout ce qui peut faire le génie du Loner.
Huit chansons, huit chefs-d'œuvre absolus. Une production proche du live, bourré de défauts et de merveilles. La voix tremblante de Young. Et des constats amères, déçus, perdus, en questionnement permanent. Le doute est partout, On The Beach est le grand album qui cherche, qui ne sait pas, qui hésite, qui constate, qui fait retour sur lui-même en une introspection sans résultat. Young s'attaque à tous ses sujets d'angoisse. La politique, le social (Revolution Blues, See The Sky About To Rain, Ambulance Blues...), la solitude (On The Beach, Motion Pictures...), les critiques, le passé (Walk On, Ambulance Blues...). Mais partout, c'est une souffrance égocentrique qui domine. Neil Young se replie sur lui-même, avec cynisme et agressivité (Vampire Blues). Et la conscience de cette fuite renforce le désespoir ("The world is turnin', I hope it don't turn away. All my pictures are fallin' from the wall where I placed them yesterday."). La solitude devient fatalité ("I need a crowd of people, but I can't face them day to day."). Et pour continuer à citer la chanson titre, peut-être la plus belle de la carrière de Young, il ne faut pas oublier cette ligne si simple mais qui dit tellement sur l'humanité : "Though my problems are meaningless, that don't make them go away." Album d'introspection douloureuse, On The Beach n'offre aucune porte de sortie, heureusement, il y a la musique.
Les compositions font partie des plus fabuleuses du Loner. De l'entraînant Walk On, au clavier céleste de See The Sky About To Rain, du riff monstrueux de Revolution Blues (l'un des 5 ou 6 plus terribles rocks de l'artiste), en passant par le minimalisme de For The Turnstiles, la guitare délicate de Vampire Blues, le lyrisme infini de On The Beach, la poésie triste de Motion Pictures, et le violon magique de Ambulance Blues, c'est la musique qui fait respirer l'album. On pourra bien sûr préférer des albums plus variés, plus révolutionnaires, plus ouverts vers le monde. Mais rarement on aura vu un artiste aller aussi loin dans le concept "Me VS The World". Car c'est bien de Neil Young contre le reste du monde dont il s'agit là. On The Beach est un disque étonnant, aussi antipathique que directement familier, amical, agréable. Je me souviens de ma première rencontre avec cet album, je venais de récupérer une copie en fin de journée, en ce mois de mai qui nous conduisait doucement vers l'été. La nuit s'avançait calmement, j'étais couché dans l'obscurité totale, incapable de dormir. J'ai mis On The Beach dans le lecteur, le casque sur mes oreilles, et non, je ne me suis pas assoupi du tout, je suis entré en symbiose totale, dès la première écoute, un moment inoubliable et indescriptible, mille et une émotions, comme un rêve, un songe aussi léger que cynique. Ambulance Blues est entré dans ma vie pour ne plus en sortir. "You're all just pissin' in the wind You don't know it but you are. And there ain't nothin' like a friend Who can tell you you're just pissin' in the wind." On The Beach est un petit miracle qui est surtout l'un des plus grands albums des années 70.
On The Beach est-il vraiment le chef-d'œuvre de Neil Young ? Impossible à dire ! Le monsieur a accumulé tant de merveilles au fil de la plus exemplaire carrière de l'histoire du rock, que, non, impossible de choisir un seul album à classer au-dessus de tous les autres. On pourra passer en boucles tous les After The Gold Rush, Harvest, On The Beach, Tonight's The Night, Rust Never Sleeps, Freedom, Ragged Glory et autres lives de la trempe de Live Rust et Weld, sans jamais se lasser, sans jamais épuiser la richesse musicale et émotionnelle de ces œuvres à l'aura unique. On The Beach est avant tout un album méconnu, une cathédrale engloutie. Sa force lyrique, la poésie de ses compositions, en font un sommet à redécouvrir absolument.
Mise à jour : en juillet 2003, On The Beach vient d'être édité en CD. Il n'y a désormais plus aucune raison pour ne pas posséder cet album chez soi. On peut vivre sans lui, mais on peut surtout vivre mieux avec lui.
"I guess I'll call it sickness gone It's hard to say the meaning of this song. An ambulance can only go so fast It's easy to get buried in the past When you try to make a good thing last "
Après ses chefs-d'œuvre du début des années 70 et surtout après Harvest en 1972, Neil Young semble atteindre une impasse artistique et personnelle. La drogue et forcément la mort rôdent dans son entourage. 3 années de chaos plus tard, Neil Young en rage contre le monde entier délivre un album monstre qui est, aujourd'hui encore, considéré comme un monument de la musique de la seconde moitié du 20e siècle. Le chantre du country-folk-rock, met une large dose d'électricité vengeresse dans ses compositions. Le résultat est aussi puissant et novateur que les meilleurs Lou Reed (Berlin et Street Hassle). Et cela dès l'ouverture avec l'hallucinant Tonight's The Night, dopé par une production démentielle (basse en avant, flux et reflux...) et la voix "habitée" d'un Neil Young que l'on ne connaissait pas ainsi. Speakin' Out est plus proche du pub rock que de la country et sur le grandiose World On A String, on réalise bien que cet album n'est pas de ceux que l'on peut considérer à la légère. Tonight's The Night, non seulement possède une charge émotionnelle rare, mais c'est aussi un disque novateur, riche, débordant d'idées et de... musique. Et on pourra dire ce que l'on voudra, on n'en croise pas si souvent que cela des comme ça. Non ? Borrowed Tune ce n'est pas magnifique ? Des chansons comme ça, à la fois bouleversantes et délicatement chaleureuses, qui vous touchent droit au cœur, on en trouve sur Nebraska ou sur Electro-Shock Blues, mais pas chez le commun des "musiciens". Le temps de verser une larme et voilà le maître étalon rock d'une époque : Come On Baby Let's Go Downtown. Encore une bonne occasion de s'extasier sur une production qui associe urgence et mélodie sans jamais faillir. Et sur Mellow My Mind, le grand Neil, la voix cassée, nous démontre, s'il le fallait encore, qu'il faut souffrir pour créer les chefs-d'œuvre émotionnels. Puis une ballade country comme au bon vieux temps, Roll Another Number. Sauf que ce n'est déjà plus le bon vieux temps, et à chaque instant les distorsions de la production et/ou de la voix de Young, viennent contrebalancer des arrangements somptueux (ceux pour guitares, mazette ! ceux pour piano, re-mazette !). Et on en profite pour régler le sort de la génération Woodstock une bonne fois pour toutes. En 1975, Neil Young, en poussant à son paroxysme la logique de Southern Man ou de The Needle And The Damage Is Done, secouait les (déjà) vieux os du rock pépère, encore tout embrouillé dans ses rêves de Flower Power, de Pure Pop et de Prog Rock. Neil Young, mais non ! ce n'est pas le parrain du grunge ! c'est l'oncle du punk et la bonne étoile du rock. Et sur ce Tonight's The Night, celui qui avait jadis posé sa voix sur l'une des plus belles chansons du monde (Expecting To Fly), nous transporte dans des moments rares de musique touchante, "présente", sensuelle même (quand tous les sens sont mis à contribution), comme l'incarne si bien Tired Eyes, morceau qui étonnera sans doute encore les gamins qui découvriront cet album dans 30 ans. Il faut avoir un cœur de pierre et bien peu de sensibilité pour ne pas s'agenouiller devant cet disque indétrônable, que je ne sais plus comment qualifier pour faire comprendre à tous ceux (encore bien trop nombreux) qui ne l'ont pas qu'ils doivent immédiatement courir chez un disquaire quelconque (virtuel ou non) et dépenser la somme "mid price" que mérite largement ce jalon de toute discothèque idéale (tant que vous y êtes, profitez-en pour acquérir les deux autres Neil Young présentés ci-dessus et ci-dessous...). Neil Young vous murmurant "tonight's the night" est un instant que vous n'êtes pas prêts d'oublier.
Comme il avait clôt les années 60 et ouvert la porte des années 70 avec After The Gold Rush, Neil Young met un terme aux années 70 avec cet incroyable album qui débute et s'achève sur l'une des plus grandes chansons de l'histoire du rock : My My Hey Hey (Out Of The Blue), la version acoustique et Hey Hey My My (Into The Black), la version terriblement électrique. Ce My My Hey Hey, qui non seulement fait la jonction musicale entre deux époques, mais mentionne aussi deux événements majeurs de la période, la mort du King (Elvis) et la comète Sex Pistols (Johnny Rotten, qui ne serait finalement pas une si grande icône aujourd'hui sans cet hommage du grand Neil). Et cette chanson (enfin... ces deux chansons) annonce aussi un autre événement clef de l'histoire du rock, le suicide de Kurt Cobain ("it's better to burn out than to fade away"). Et ce n'est pas fini ! Car il y a bien sûr cette ligne en forme de maxime : "Hey Hey My My, Rock'n'Roll Will Never Die". Simple, accrocheur, poétique, fondamental, sublime. Et le reste est de ce niveau. Que ce soit Trasher, Pocahontas ou Sail Away. Sans parler du grandiose Powderfinger et de la fin de l'album noyée sous l'électricité. On dit toujours de Neil Young que parmi tous les "anciens" c'est celui qui a toujours réussi à ne jamais vieillir. Et c'est fantastiquement vrai. A chaque fois qu'on le donnait fini, Neil Young renaissait de ces cendres. Après le début tonitruant du Buffalo Springfield, il signa une flopée de chefs-d'œuvre solo, quand on pense qu'il ne peut faire mieux que The Gold Rush et Harvest, il revient avec le déchirant Tonight's The Night, après la baisse de régime post-Zuma, il dynamite tout avec Rust Never Sleeps et sa tournée situationniste, si les années 80 ne furent pas toujours faciles, il ressuscite, encore ! avec Freedom et Ragged Glory en 1989 et 1990, et aussi avec Sleep With Angels et Mirror Ball, sans parler d'un Unplugged remarquable. De toutes les légendes du rock encore en activité, Neil Young est sans doute celui qui collectionne le plus de disques indispensables à toute bonne discothèque. On ne peut pas conseiller un seul album de Neil Young, on ne peut, au strict minimum, qu'en posséder une petite dizaine. Comme qui dirait : incroyable mais vrai ! Hey Hey My My, Rock'n'Roll Will NEVER Die !
Discographie sélective
- Buffalo Springfield
Trois albums et puis s'en vont. Le duo Stills/Young n'a jamais pu se supporter plus d'une semaine d'affilée de toute façon. Il faut bien l'avouer, ces trois disques (Buffalo Springfield, Again et Last Time Around) sont inégaux. Le premier album contient le mythique For What It's Worth de Stills et a plutôt bien supporté le poids des ans (nous sommes en 66, ne l'oublions pas) en offrant déjà de belles perspectives de mélanges entre les genres à la mode dans les 60's (pop, folk, country, rock...). Neil Young nous gratifie d'une pure perle : Out Of My Mind. Buffalo Springfield Again est encore plus réussi, c'est même à proprement parler le premier indispensable d'une discothèque Youngienne. Le futur loner ne compose que 3 titres, mais quels titres ! Placés en début, en milieu et en fin d'album, ils volent la vedette à tous les autres. Ouverture sur Mr. Soul (qu'on ne présente plus). Instant de grâce peu après avec l'une des plus belles chansons du monde (Expecting To Fly). Et final hallucinant avec les 6 minutes de Broken Arrow. Ces trois chansons sont presque une bande annonce de l'imminente carrière solo de Young. Les sept autres chansons, dont une poignée de perles, ne sont finalement que du "bonus". Ou comment un album se transforme en chef-d'œuvre pour à peine plus de 10 minutes extraordinaires. L'ultime album du groupe, qui n'en est déjà plus un, Last Time Around, n'est pas du tout du même niveau. Même si l'on y trouve son compte au final. Neil Young ne compose plus que deux titres (On The Way Home et I Am A Child), excellents au demeurant. Bref, celui-ci n'est pas un indispensable.
Buffalo Springfield (1966)
Again (1967)
Last Time Around (1968)
- Crosby, Stills, Nash and Young : Deja Vu (1970)
La carrière solo de Young est déjà entamée lorsqu'il rejoint Crosby, Stills & Nash pour cet album. Comme d'habitude, l'entente ne dura qu'un temps, mais le résultat de cette trêve est splendide (Everybody I Love, co-signée Stills & Young). Neil Young se fend du génial Helpless. Et le sommet de l'album revient au grand Crosby et à Deja Vu (la chanson), qui à elle seule justifie la place de l'album dans la discothèque Youngienne essentielle. Le live, Four Way Street, n'est pas à déconseiller, non plus, loin de là !
- Everybody Knows This Is Nowhere (1969)
Deuxième album solo et premier chef-d'œuvre absolu pour Neil Young. Que dire ? Tout est déjà là, en sept chansons et 40 minutes. La country est à son apogée avec Round and Round et The Losing End, mais cet album est surtout l'acte de naissance du rock "à la Young" avec les deux plats de résistance que sont Down By The River et surtout Cowgirl In The Sand. La formule magique est dévoilée, désormais le loner œuvrera dans les alentours de ce territoire. Un territoire, fort heureusement, immense et offrant toujours de nouvelles zones à défricher.
- After The Gold Rush (1970)
Chef-d'Œuvre absolu, vital à toutes les discothèques, After The Gold Rush est parfait d'un bout à l'autre. De Tell Me Why au délicat Cripple Creek Ferry, After The Gold Rush est l'un des points d'orgue de la musique de la seconde moitié du 20e siècle. Pour bien s'en convaincre on retiendra en particulier la sublime chanson titre, le clouant Southern Man, le tendu comme un arc Don't Let It Bring You Down et le magique Birds.
- Harvest (1972)
Bon, bien, celui-là tout le monde le connaît, tout le monde l'a. Tout le monde s'accorde aujourd'hui pour dire que ce n'est pas le chef-d'œuvre de Young, loin de là. C'est même plutôt la photocopie de After The Gold Rush, à la fois aussi bien et forcément moins intéressante. Mais bon, ne faisons pas la fine bouche, surtout pas ! Parce que sur Harvest, attention les yeux, il y a Heart Of Gold (le "tube"), The Needle and the Damage is Done (le sommet émotionnel) et les deux "masterpieces" orchestrés par le bras droit de Phil "Dieu le Père" Spector, Jack Nitzsche, A Man Needs A Maid et There's A World. Le vrai problème de Harvest étant effectivement la comparaison avec les deux albums qui le précédent et ceux qui vont bientôt le suivre (sans parler de textes pas fameux dans l'ensemble). Mouais... Mais la musique est au top.
- On The Beach (1974)
Après une compilation bizarre (Journey Through The Past) et un album-live encore plus bizarre (Time Fades Away, qui ouvrait la voie du son "live en studio" qui transcendera On The Beach et Tonight's The Night), Neil Young, au bord de la rupture, qui donnera naissance au monstrueux Tonight's The Night, délivre ce qui est, suivant les écoutes, peut-être son plus grand disque (trois fois rien, quoi...). Et paradoxalement, On The Beach n'a jamais été réédité en CD. Bien que tous ceux qui sont en possession du vinyle (ou d'une copie, au point où nous en sommes), s'accordent pour clamer que c'est au minimum l'un des plus grands chefs-d'œuvre de Young. Quitte à être cruel envers tous ceux qui en sont encore à chercher On The Beach (un conseil : utilisez le web au mieux de ses possibilités, votre calvaire ne devrait pas durer très longtemps), On The Beach n'usurpe pas sa réputation de pierre philosophale (transformant en or les conduits auditifs qu'elle touche). 8 chansons qui sont autant de monuments. Et les sommets sont à pleurer de bonheur. See The Sky About To Rain (divin), Revolution Blues (terrassant), Vampire Blues (je n'ai plus assez de superlatifs, écoutez moi cette guitare !), On The Beach (préparez les mouchoirs), Ambulance Blues (mythique). Et les autres chansons aussi, de toute façon, tout est génial, gigantesque, épastrouillant, l'un des disques favoris des gars de Mercury Rev (je ne sais pas pourquoi je dis ça, mais je le dis quand même), etc...
- Tonight's The Night (1975)
Cela ne pouvait pas durer. Il fallait que ça explose. On The Beach était un album dépressif, rongé par des tourments palpables. Il manquait juste un élément déclencheur pour que Neil Young plonge au plus profond du gouffre, soit pour y rester pour de bon et y perdre tout son génie, soit pour en ramener des diamants noirs comme personne n'en avait jamais aperçu. Confronté à la mort, et à une douloureuse prise de conscience de ses responsabilités face à la drogue et envers autrui. Neil Young enchaîne l'introspection de On The Beach avec un monument altruiste, entièrement dédié aux absents (Tonight's The Night) et aux auditeurs (Tired Eyes). Il pousse encore plus loin l'idée d'enregistrer en conditions "live" en studio, et les imperfections qui donnaient l'humanité troublante de On The Beach sont poussées à leur point limite (Young y reviendra avec Rust Never Sleeps, album "live" mais sur scène). Le résultat est tout simplement brutal, à tout niveau. Et pourtant les compositions sont parmi les plus riches de l'œuvre de Young (Roll Another Number, Tired Eyes...). Tonight's The Night est presque un "best of" ravagé par une guerre intérieure. Du rock au pub rock en passant par la ballade folk, tout Neil Young est dans Tonight's The Night. Mais ce raccourci passe par les bas quartiers, par les ruines, par les bars enfumés, par les territoires recouverts par les ténèbres. Le sommet émotionnel de la carrière de Young est un disque difficile d'accès (quoique...) mais qui une fois apprivoisé peut légitimement acquérir la place d'honneur de votre discothèque idéale Yougienne (en fait il faut les classer chronologiquement, Tonight's The Night entre On The Beach et Zuma, c'est parfait).
- Zuma (1975)
Zuma est le retour du Young de la ruée vers l'or et de la moisson. Tonight's The Night a exorcisé les peurs et les regrets (mais les enseignements sont présents, forcément) et revoici le loner en pleine forme avec un album certes prévisible mais surtout proche de la perfection. Toutes les chansons sont accrocheuses, elles ont toutes le petit truc qui les rend terriblement efficace. Et Zuma culmine sur le légendaire Cortez The Killer (vous savez, 1/3 d'intro, 2/3 de chanson en elle-même). Mais il ne faudrait pas oublier le bon vieux Pardon My Heart (ironique comme il le faut), l'entraînant Lookin' For A Love ou le splendide Through My Sails (avec Crosby, Nash ET Stills).
- Comes A Time (1978)
Après Zuma, Young creuse le même trou qui est (déjà) en passe de devenir son tombeau. Deux albums dispensables en résultent, Long May You Run et American Stars 'n' Bars (ce dernier cachant néanmoins en son sein le sublime Like A Hurricane que l'on retrouvera néanmoins magnifié dans les futurs concerts). Comes A Time peut être considéré comme une pause dans l'œuvre foisonante du Young des 70's. C'est un retour au country-rock des débuts. Sans surprises, mais impeccable, à recommander en particulier aux fans (nombreux) de Harvest.
- Rust Never Sleeps (1979)
Neil Young avait ouvert les années 70 avec une série de chefs-d'oevre, il va conclure la décennie avec de nouveau l'un de ses plus grands disques. Enregistré live, une face acoustique, une face électrique, un thème principal tournant autour des notions d'intégrité, d'engagement et d'art. Rust Never Sleeps est un monument qu'on visite encore aujourd'hui (et peut-être encore plus aujourd'hui) avec respect et admiration. Le mythe Neil Young doit beaucoup à ce disque et à la tournée qui l'a accompagné, et c'est grâce à cet album qu'il survivra aux années 80. Toutes les chansons sont des merveilles. Et si l'on retiendra en particulier les deux versions de My My Hey Hey, l'incroyable Thrasher, Pocahontas, le génial Powderfinger (qui prouve que tout ce que touche la voix de Young se transforme en or) et le brutal Sedan Delivery, c'est sans doute parce que ces chansons font partie des meilleures de l'œuvre du loner. Toute sa carrière est d'ailleurs résumée dans ce disque, de la perfection acoustique au déluge électrique en passant par les paroles engagées et un inimitable talent pour les petites phrases qui font les grands hymnes. Rust Never Sleeps est un album ambitieux et entièrement réussi, c'est dire s'il est primordial à toutes les discothèques.
- Live Rust (1979)
La bande son de la tournée Rust Never Sleeps vaut bien évidemment son pesant d'or et de diamants. Non seulement on retrouve les récents chefs-d'œuvre (Hey Hey My My, dans ses deux versions, Powderfinger, Sedan Delivery) mais aussi le parti-pris de séparer acoustique et électrique en deux sets distincts. La première partie du concert est donc centrée sur les merveilles country-folk. Et il y en a des perles ! I Am A Child, After The Gold Rush, When You Dance You Can Really Love, The Loner, The Needle... Et sur la face électrique c'est tout aussi épastrouillant avec notamment trois versions monstrueuses de trois de ses plus beaux hymnes : Cortez The Killer, Like A Hurricane et Tonight's The Night (en clôture). Plus de dix ans avant le triple live que constituera Weld + Unplugged (2 faces électriques / 1 face acoustique, en quelque sorte), ce Live Rust est un pur indispensable.
- Freedom (1989)
Si Harvest était une photocopie de After The Gold Rush, Freedom peut rappeler par instant Rust Never Sleeps (le son live, l'hymne acoustique en ouverture, électrique en conclusion, le mélange folk-hard rock, la rage et la délicatesse entremêlées). Mais on peut tout pardonner à Freedom, tout ! Car cet album nous venge enfin des années 80, période sombre pour Neil Young mais aussi pour la majorité des vieux de la vieilles. La même année c'est Lou Reed qui fait retour avec son New York, lui aussi après avoir vécu une décennie plus que creuse. Avouons-le, Neil Young s'en est toujours mieux sorti que le Lou, en particulier dans les moments difficiles. Non, c'est vrai, si aucun album de la période Geffen n'est un indispensable, ils sont dans l'ensemble écoutable (en particulier Old Ways) et la déchéance était déjà entamée chez Reprise (avec les pas très enthousiasmants Hawks & Doves et Re-Ac-Tor). Mais la résurrection est aussi annoncée avec le retour chez Reprise et le sous-estimé This Note's For You (à redécouvrir). Mais si dans l'ensemble on pouvait très bien s'attendre à ce retour en grâce, Freedom n'en est pas moins un disque hallucinant. Cela débute avec un hymne acoustique qui fait immédiatement penser à My My Hey Hey, Rockin' In The Free World. Tout de suite on est (re)conquis. Et avec la grande pièce narrative Crime In The City, on retrouve le Neil Young de Zuma et de Rust Never Sleeps. Mais c'est avec Don't Cry que Neil Young nous rappelle que sa longévité et la qualité de son œuvre tiennent avant tout à sa faculté de renouvellement. Don't Cry est un rock torturé, étrange, traversé par des éclairs de larsens violents et des bruitages industriels effrayants. Neil Young vient nous mettre une baffe du niveau de Cowgirl In The Sand ou de Tonight's The Night. Et on enchaîne sur une ballade acoustique sophistiquée, émouvante, légère et sublime, Hangin' On A Limb. Cette perle digne du Gold Rush s'offre des chœurs murmurés par Linda Rondstadt, rien que ça. En quatre chansons, Freedom est déjà un chef-d'œuvre et il fait oublier toute la discographie chancelante des années 80. Ah si, tant que j'y suis, il faut redécouvrir le vaste happening qu'est Everybody's Rockin', quand Neil Young se prend pour les Rutles et fait œuvre parodique pour emmerder Geffen et amuser la galerie (à écouter mais pas à investir, of course). Revenons à Freedom avec un morceau discutable, Eldorado. Excellente chanson, dotée d'une belle ambiance, mais qui sent un peu le procédé Southern Man/Alabama/Cortez The Killer. Mais ne chipotons pas, les recherches sonores aident à donner une vraie personnalité à Eldorado. La suite de l'album est toujours du niveau chef-d'œuvre (en particulier la reprise de On Broadway, monstrueuse, les magiques Wrecking Ball et Too Far Gone et le retour irrésistible de Rockin' In The Free World les doigts dans la prise). Il fallait le rappeler en détails, Freedom est l'un des plus grands disques de Neil Young. Ne vous fiez pas à sa pochette, ni à sa date de parution, ni même aux rumeurs stupides qualifiant l'album de "commercial", Freedom c'est du tout bon. Et c'est aussi l'un de ses disques les plus accessibles pour ceux que les grandes fresques telles que Tonight's The Night ou Ragged Glory effraient.
- Ragged Glory (1990)
Le grand Neil est de retour, il va montrer aux années 90 qui est le véritable "loner" (et accessoirement : montrer au "grunges" en devenir ce que l'on peut faire avec des guitares). Ragged Glory est un monument dédié aux guitares électriques. Nous sommes dans l'épique, le grandiose, voire le brutal (Fuckin' Up). Nous sommes dans une logique effectivement enragée qui trouvera son apogée avec Weld, le point de non retour du Young de nouveau (enfin) débordant de créativité et de virulence. Ragged Glory est un disque difficile, aussi riche qu'hermétique aux écoutes superficielles. Avec l'aide d'un Crazy Horse ressuscité, Young joue live, improvise, part dans tous les sens sans jamais se perdre, s'amuse avec le passé pour mieux appréhender le futur. L'échec artistique des tentatives techno-pop des années 80, lui prouve que le futur se situe dans sa six cordes et nulle part ailleurs. Le résultat est phénoménal et l'un des points d'orgue de la discographie idéale Yougienne (Ragged Glory est en particulier indispensable pour comprendre pourquoi Neil Young est toujours autant cité en référence et toujours aussi "crédible").
- Weld (1991)
Le double live accompagnant la rage retrouvée. Petits joueurs s'abstenir ! C'est du costaud, du heavy, de l'épique. Presque pas de morceau en dessous de 6 minutes, beaucoup flirtent avec les dix. Ca décanille, et il n'y a (presque) que des chefs-d'œuvre. Hey Hey My My (en ouverture, on annonce la couleur), Crime In The City, une reprise délirante de Blowin' In The Wind (le contexte de la guerre du Golfe a son importance), Love To Burn, Cinnamon Girl, une fin de premier disque sur Fuckin' Up et un début de second avec en enchaînement Cortez The Killer et Powderfinger (une paille...), un Rockin' In The Free World guerrier, 13 minutes de Like A Hurricane (lyrique), et un final sur Tonight's The Night et Roll Another Number tout simplement sublime. Bon, les intégristes du Young folk/country (ça existe, le loner a touché a tellement de style qu'il ne peut pas séduire tout le monde), passeront volontiers leur chemin. Les autres, tous les autres et en particulier les amateurs du Neil Young engagé et enragé, de ses solos de guitare de Ragged Glory et de la virulence de ses grands hymnes, tous ceux là, donc, se doivent impérativement de faire l'acquisition de ce Weld épastrouillant.
- Unplugged (1993)
Après l'explosion de violence et d'électricité de Ragged Glory et de Weld. Neil Young est revenu à la country-folk pour une suite/remake à Harvest, Harvest Moon, bon petit album un peu facile possédant quand même quelques bien jolis moments. Et chose merveilleuse, ces biens jolis moments se retrouvent sur cet Unplugged célèbre et célébré qui est un peu la réponse acoustique à Weld (comme ça tout le monde est content, en particulier les fans de toute l'œuvre de Young qui feront l'acquisition des deux). Il n'y a que des merveilles, et il y a surtout un étonnant voyage temporel avec quelques vieux et excellents morceaux (The Old Laughing Lady, Mr. Soul, Helpless) et les meilleurs instants de Harvest Moon (la chanson titre, Unknown Legend, From Hank To Hendrix). Avec aussi quelques vestiges plus ou moins oubliés d'albums plus ou moins dispensables (Stringman, Transformer Man, Long May You Run...). Et de grands classiques toujours aussi sublimes (World On A String, Pocahontas, The Needle et surtout l'hallucinante version de Like A Hurricane à l'orgue qui justifie à elle seule l'achat de ce disque). Oui, d'ailleurs ce sera la conclusion, sur cet Unplugged il y a Like A Hurricane et le reste c'est du bonus, il vous le faut, donc, évidemment.
- Sleeps With Angels (1994)
Neil Young est devenu le "parrain" du grunge. Pour le meilleur et surtout pour le pire. Kurt Cobain s'est suicidé en impliquant malheureusement le loner dans son acte (dans sa dernière lettre, une citation de My My Hey Hey, "it's better to burn out than to fade away"). En cela Cobain a surtout symbolisé ce que Young dénonçait dans Rust Never Sleeps, la manipulation de la musique par le business et la perte de l'innocence doublée de la perte de l'intégrité artistique. "Once you're gone you can never come back...". Mais "hey hey my my, rock'n'roll can never die !" Sleeps With Angels rappelle Tonight's The Night, évidemment. En moins riche cependant, et en moins violent émotionellement (sauf sur la chanson titre, tétanisante). Et une nouvelle fois Young réussit le mélange entre pub rock, folk, rock sans oublier les leçons des disques précédents et sans oublier non plus l'urgence du propos et des émotions. L'album s'écoute d'une traite (avec une rupture bien venue à la fin avec Piece Of Crap) et se savoure d'un bout à l'autre. Indéniablement, les années 90 furent aussi brillantes pour Young que le furent les années 70.
- Mirror Ball (1995)
Neil Young redevient violemment électrique, soit... Mais sans le Crazy Horse ??? Qui donc osera assurer l'intérim ? La réponse en a surpris plus d'un à l'époque. C'est Pearl Jam, groupe en marge de la scène "grunge", mal aimé depuis le succès monstrueux de Ten et de Vitalogy, qui s'y colle. On muselle Eddie Vedder (qui co-signe un titre amusant, Peace And Love), on joue "live en studio" comme d'habitude et on essaie de refaire Ragged Glory. Bon, c'est moins bien, même si le deuil par procuration qui habitait Sleeps With Angels plane aussi par instant sur ce grand disque électrique (What Happened Yesterday et la sublime minute de Fallen Angel). Le premier titre de l'album, le génial Song X, annonce la couleur, c'est un hymne de marin et c'est l'une des meilleures chansons de Young dans les années 90. Act Of Love est un rock très classique et très séduisant, mais c'est I'm The Ocean (encore la mer...) qui nous conquiert définitivement. A la fois entraînante, franchement hard tout en restant très gracieuse (la voix de Young fait beaucoup, comme d'habitude), cette chanson permet à l'album de prendre son essor. Et on n'est pas déçu, car un nouveau monument nous attend au tournant, Big Green Country, dopé par un refrain de toute beauté (gorgé d'écho de surcroît) et un solo de guitare digne de On The Beach, on est largement au niveau de Ragged Glory (sans en avoir l'originalité, certes). Truth Be Known est un rock lent, comme seul Young sait les réussir. Oui, on connaît déjà tout cela, mais dans le style on ne fait pas mieux. De même avec le bon gros rock de Downtown (pas le même que sur Tonight's The Night, celui de Mirror Ball est quand même nettement moins bien). Et la suite de l'album suit le bon chemin (en particulier Throw Your Hatred Down et le "guitar epic" Scenery) avant de s'achever, donc, sur Fallen Angel. Et c'est beau...
- Silver and Gold (2000)
S'il est encore un peu trop tôt pour juger cet album à sa vraie valeur, ce retour délicat au country-rock des débuts est un choix artistique aussi courageux que bien venu. Album introspectif mais sans la dépression de On The Beach ou le deuil de Sleeps With Angels, Silver and Gold rappelle After The Gold Rush mais 30 ans plus tard. Ce qui permet à Young de regarder le passé avec bienveillance (Buffalo Springfield Again) ou détachement (Daddy Went Walking) et d'appréhender le futur à la lumière de la sagesse (le sublime Silver and Gold). Musicalement c'est du tout bon, du classique, du carré, du poétique (The Great Divide, Red Sun, le magnifique Without Rings). On ne souhaite qu'une chose, si Young avait su capter la désillusion des années 70, l'explosion du punk et la violence des années 90, on espère que Silver and Gold annonce les années 2000 sous le signe d'un apaisement ne nuisant en rien à une création artistique, en particulier musicale, toujours dominée par un loner qui près de 35 ans après le début de sa carrière ne semble toujours pas prêt à perdre la moindre parcelle de son talent généreux et surprenant.
Neil Young est un enfant des années 60. Élevé à la protestation et à la contestation, il lui faut des polémiques et des drames pour que sa verve musicale atteigne des sommets. De la chanson Southern Man (qui s’en prenait au racisme ancré dans le Sud des Etats-Unis) à l’album Tonight’s The Night (qui évoquait les ravages de la drogue dans son entourage) en passant par Sleeps With Angels (autour du suicide de Kurt Cobain), l’artiste n’est jamais aussi inventif et touchant que lorsqu’il évoque un thème tragique. On se souviendra donc aussi de la tournée Weld du début des années 90, en pleine guerre du Golfe, où la rage du musicien vibrait comme jamais. Depuis une décennie, Neil Young s’était peu à peu trouvé à cours de sujets de révolte et délivrait des albums apaisés, peuplés de chansons fleuves, parfois très belles, parfois ennuyeuses, mais l’approchant toujours davantage de la retraite dorée qu’il avait bien mérité. Mais, à 60 ans passés, le chanteur s’est trouvé un nouveau cheval de bataille à la hauteur de sa vindicte : la politique désastreuse de George W. Bush Jr. Jamais depuis les heures noires du gouvernement Nixon l’Amérique n’avait connu une telle Némésis et comme au cinéma, quand le méchant est réussi, le reste suit.
Neil Young a donc enregistré son nouvel album en une semaine, avec un chœur plus ou moins improvisé de 120 personnes, avec une production rustre rappelant ses meilleurs disques des années 70. Le résultat déborde d’une sincérité brute, d’une urgence bienvenue, Living With War est direct (on entend des fausses notes, tout le monde n’est pas toujours en rythme), un peu naïf (des paroles un peu simplistes mais efficaces) et d’une puissance réjouissante. Le cœur du disque se nomme Let’s Impeach The President, hymne à la gloire de la destitution de M. Bush Jr., ponctué par des déclarations consternantes du bonhomme et scandé par un refrain irrésistible. Le « protest song » retrouve tout son lustre au fil de chansons telles que After The Garden, Shock and Awe ou Flags of Freedoom. Neil Young parle surtout de la guerre en Irak, avec des serrements dans la voix qui rappellent à quel point le traumatisme de la génération sacrifiée du Viet-Nam est encore présent à sa mémoire. Le mélange entre colère sans fard et sagesse de vieux routard de l’existence donne à cet album un impact d’autant plus salvateur. Le final sur la reprise de America The Beautiful s’avère particulièrement émouvant, et même si le disque ne pourra sans doute s’apprécier pleinement que dans le moment présent, sa force et son utilité le rendent indispensable. |