Lorsque Supergrass surgit au milieu des années 90, un vent de fraîcheur souffle sur la pop britannique. En effet, les Oasis, les Suede et même les Blur sont en train de tourner en rond. Et ils manquaient sans aucun doute au paysage musical de l'époque des héritiers aux Kinks, aux Buzzcocks et aux Pixies. Ce furent les petits rigolos de Supergrass qui se dévouèrent et avec quel talent ! Leur premier album, I Should Coco, est un modèle d'énergie adolescente brute et de petites chansons défoulantes. On s'en prend plein la figure comme en 1967 ou en 1977. Grâce notamment à quelques perles fulgurantes telles que Caught By The Fuzz, Alright ou Strange Ones. L'album s'avère au final très varié, jamais ennuyeux, fun mais jamais idiot. Et on se trouvait alors en droit d'attendre beaucoup de la suite de leur carrière.
Et on ne fut pas déçu. Leur deuxième album, In It For The Money (titre en hommage à Frank Zappa), est supérieur à leur déjà impressionnant premier effort. L'énergie est toujours présente, mais les compositions deviennent de plus en plus complexes. Elles n'hésitent pas à virer au grandiose (In It For The Money), au bizarre (Sometimes I Make You Sad), à l'épique à guitares (le sublime Sun Hits The Sky), au mélancolique (Late in the Day), au quasi plagiat de Frank Black (Richard III)... Mais sans jamais rien perdre de leur qualité musicale. La deuxième moitié de l'album, en apparence moins aventureuse que la première partie, impressionne par la beauté de ses (petites) chansons. Going Out, It's Not Me, Cheepskate, You Can See Me et le désabusé Hollow Little Reign, forment un tout cohérent, prenant, réussi. Grand disque, encore aujourd'hui. Grand groupe. |