Louise Brooks
La question qui se pose au moment de parler de Louise Brooks et à l'approche des bilans du siècle c'est : a-t-on vu Star plus parfaite depuis ? Louise Brooks avait tout : la beauté phénoménale, la modernité, le talent, le glamour, le mystère, la magie et surtout elle a fait le choix de tourner avec Pabst. Ce qui allait donner en particulier (et évidemment), ce Loulou, véritable chef-d'œuvre, un des plus grands films de la première période du Cinéma et qui demeure encore aujourd'hui une œuvre phare et incroyablement en avance sur toutes les modes (hors du temps, en fait). Un film culte, une retraite à 32 ans, une aura jamais diminuée, un "look" mille fois imité mais jamais égalé, Louise Brooks est une figure mythique pour toujours, une des rares actrices dont on se souviendra et dont les cinéphiles seront les éternels amoureux transis.
Judy Garland
Il y a donc bel et bien une chose que je partage avec David Lynch, ma fascination pour Judy Garland. Héroïne mythique de l'un des plus beaux films du monde, Le Magicien d'Oz, Judy Garland ne pouvait que devenir une immense star, avec tout le faste et toute la déchéance que cela suppose. Si elle reste encore aujourd'hui si légendaire, c'est sans doute parce que son parcours tient du mélodrame hollywoodien. Et en ultime coup de génie, cette destinée hors norme est synthétisée dans un autre chef-d'œuvre, A Star Is Born, film bilan du rêve hollywoodien, film testament de l'une des plus talentueuses actrices de la capitale du cinéma. Pour ne pas retenir que l'aspect tragique, voir et revoir ses nombreuses comédies musicales dont au moins une est un pur chef-d'oeuvre : Meet Me in St Louis.
Katharine Hepburn
A la question quelle est la plus grande actrice de l'histoire du cinéma ? Il est facile de répondre Katharine Hepburn, c'est un peu un cliché. Oh, il y a des concurentes crédibles, que je ne vais pas énumérer ici, mais la reine Katharine a tendance à avoir le dernier mot. Pourquoi ? Parce qu'elle est aussi extraordinaire dans la comédie burlesque que dans le drame déchirant, qu'elle fait rire ou pleurer avec le même naturel désarmant. C'est sur son modèle que d'autres grandes actrices contemporaines se fondent (de Meryl Streep à Kate Winslet). La liste de ses grands rôles est en fait quasi identique à la liste de ses films. On ne peut pas vraiment se tromper avec Katharine Hepburn, les chefs-d'oeuvre reconnus en sont bien (Bringing Up Baby, The Philadelphia Story The African Queen The Lion in Winter...), les méconnus (Holiday, Woman of the Year) en sont aussi et les oeuvres mineures sont transcendées par son interprétation.
Grace Kelly
Grace Kelly était très talentueuse, elle a tourné dans seulement 11 films mais la plupart sont de bons voire de grands films, elle était divinement belle, elle a épousé un prince, elle n'a jamais rien perdu de son aura ni de sa dignité, elle est morte tragiquement... Certes son prince n'était pas celui de Blanche-Neige, certes sa descendance n'a rien de la classe de Grace, certes il y aura toujours les regrets d'une carrière cinématographique inachevée (et dire qu'elle aurait pu tourner dans Vertigo, là, oui, cela aurait été le plus beau film du monde), mais il reste des perles comme Le Train Sifflera Trois Fois, Mogambo, Fenêtre sur Cour, Le Crime Etait Presque Parfait, The Swan, High Society...
Veronica Lake
Trop belle, trop peste, trop vite, trop fort, Veronica Lake fut une étoile filante qui brille encore aujourd'hui malgré une carrière fort brève. Son mélange de glamour absolu, de malice adolescente et de vagues menaces de femme fatale lui offre une aura unique. Etait-ce une grande actrice ? Peu importe, c'est avant tout une icône (bien davantage qu'une simple coupe de cheveux) et, fort heureusement, quelques grands films jalonnent son parcours (Les Voyages de Sullivan, The Glass Key, The Blue Dahlia). Elle parvient même à rendre des oeuvres mineures absolument indispensables, à l'image de I Married a Witch de René Clair. Le concept de cette comédie adorable n'a d'ailleurs rien de surprenant, une créature telle que Veronica Lake ne pouvait être que surnaturelle.
Romy Schneider
Une star européenne, voilà qui change agréablement du mythe Hollywoodien. Surtout que Romy Schneider n'a pas grand chose d'une starlette américaine. De la Star, with a big S, elle possède le charisme, le talent, la beauté, le destin tragique. De ses débuts cinématographiques dans de gentillets mélodrames dont les Sissi demeurent les emblèmes, jusqu'aux œuvres tourmentées des années 70, elle fut une actrice des plus complètes, abordant tous les rôles possibles avec une magie indéniable. Car c'est bien de magie dont il s'agit, une magie décalée de ses premiers films en français, une magie très physique, très dramatique de ses plus beaux rôles. Romy Schneider brillait d'une beauté triste accentuée par une diction française au fort pouvoir de fascination et surtout d'un jeu très passionnel. C'est pourquoi on retiendra avant tout de sa carrière ses multiples drames psychologiques, parfois caricaturaux, parfois franchement ratés, parfois de purs chefs-d'œuvre, mais qui furent toujours transcendés par sa présence unique. Les exemples sont légions, des Choses de La Vie à Max et les Ferrailleurs, du sublime Ludwig au Vieux Fusil en passant par la merveille de Zulawski, L'Important C'est d'Aimer, sa très riche filmographie contient suffisamment de grands films pour assurer son statut de star immortelle.
Barbara Steele
Barbara Steele est une Star du cinéma bis, du bon vieux cinéma d'épouvante période Hammer et Roger Corman au top du top. Donc forcément c'est une actrice culte qui a tourné aussi bien sous la direction de Mario Bava qu'aux côtés de Vincent Price. Si aujourd'hui elle est en semi-retraite, son nom n'a certainement pas été oublié par ses fans (fans de tous les âges d'ailleurs et ce n'est (j'espère) pas près de s'achever). On l'a admiré aussi bien dans la merveille de Bava, Le Masque du Démon, que en figurante dans le 8 1/2 de Fellini. Admirable dans The Pit And The Pendulum de Roger Corman (l'un des films les plus cultes de Tim Burton et on le comprend), elle est apparue aussi à la fin des années 70 dans deux premiers films de jeunes metteurs en scène fort prometteurs, David Cronenberg (Frissons) et Joe Dante (Piranha). Comme toute star qui se respecte, Barbara Steele est surtout connue pour un ou deux rôles très cultes, et c'est tant mieux.
Gene Tierney
Que reste-t-il de Gene Tierney aujourd'hui ? Sans doute la même image si troublante, si onirique, qui obsède Dana Andrews dans Laura. L'image d'une beauté parfaite, fantomatique et mystérieuse. Gene Tierney était une ombre lumineuse, une star qui de part son statut ne pouvait pas faire une longue carrière et bien sûr son destin personnel fut empli de drames et de dépressions. Trop sublime, sans doute trop talentueuse, Gene Tierney n'eut certainement pas la filmographie qu'elle méritait, si l'on peut noter, outre Laura, de grandes réussites comme Le Ciel Peut Attendre et The Ghost And Mrs Muir, c'est encore une fois une Star à jamais vivante grâce à un rôle mythique, une beauté hors norme (que Sherilyn Fenn essaie tant bien que mal d'égaler, malheureusement ces goujats de réalisateurs hollywoodiens ne lui ont toujours pas donné son rôle légendaire rien qu'à elle), une (l)aura de mystère teinté de tragédie...