C'est à peu près le même exercice que le cahier critique cinéma. Sauf que je n'ai pas de cahier et que je ne vais pas remonter dans le temps. J'écoute trop de disques, voyez-vous, c'est une addiction comme une autre. Plusieurs par jour, tous les jours, c'est normal. Des nouveautés, des découvertes, des choses anciennes et des choses récentes, j'écoute de tout, tout le temps ou presque. Donc, il m'est impossible d'être exhaustif. Et je suis loin d'avoir des choses à écrire sur tout, quoi qu'on en pense.
Ici, ce n'est pas pour les sorties récentes. Il peut y avoir des rattrapages de l'année précédente, mais les nouveautés pures et dures sont à retrouver ailleurs. Non, je vais vous parler de disques que j'écoute là, maintenant, en ce moment (et probablement il y a donc fort longtemps, au moment où vous lirez ces lignes) mais qui datent, un peu, beaucoup, ou pas. Allez, c'est parti.
ABBA - Arrival (1976)
Alors là on attaque un gros morceau, puisqu'il est désormais communément admis qu'ABBA est le plus grand groupe de l'histoire de la pop. [Oh, ça va les fans des Beatles/Beach Boys/Kinks/XTC/groupe au hasard, on ne va pas faire de manières et on va admettre avec moi.] Bref, comme je le disais avant d'être interrompu, si ABBA est bel et bien le plus grand groupe de pop, leur meilleur album serait le meilleur album de l'histoire de la pop. Fichtre, comment on escalade un tel monument ? Et bien, c'est simple, on ne le fait pas, car, d'une part Arrival n'est peut-être pas le meilleur album d'ABBA (ça serait The Visitors) et ensuite parce que c'est loin d'être un disque parfait (rien que la pochette tartignole, hein).
Pas parfait Arrival ? Certes non, mais franchement on n'est pas passé loin. La face A est irréprochable, oui, même Dum Dum Diddle qui a le bon goût de durer moins de trois minutes. C'est l'archétype de ce à quoi devrait ressembler l'entame d'un disque de pop. Un tube en ouverture (When I Kissed The Teacher), un truc dingue dont tu te dis que l'album ne devrait pas se relever et tu enchaînes sur un tube bien plus stratosphérique (Dancing Queen, probable que vous l'ayez déjà un peu entendu dans votre vie). One. Two. C'est fini, Arrival n'a plus rien à prouver et enchaîne les uppercuts : My Love My Life, Knowing Me Knowing You...
Parce que voilà, ABBA n'est pas le plus grand groupe de la pop que pour ses mélodies folles, ses refrains légendaires, cette interminable collection de tubes dont même les faces B font pleurer de jalousie la majorité des autres artistes du genre. La petite touche supplémentaire c'est que ce n'est pas lisse. Bien loin de ce qu'une certaine critique a voulu nous faire croire pendant quelques décennies, la musique d'ABBA est pleine d'aspérités. C'est déjà le cas au niveau sonore (la production stridente d'Arrival est à deux doigts de transformer Tiger en noise rock). C'est surtout le cas au niveau des thèmes. On le sait à présent, et je l'ai déjà aussi écrit sur ce site, les chansons d'ABBA sont fréquemment balayées par des instants de tristesse insondables. C'est évident dans SOS, The Winner Takes It All ou One of Us, mais on s'y attend moins quand on se le prend dans un morceau comme Happy New Year (le truc vicieux dont on reparlera un autre jour). ABBA, on y vient pour les mélodies, on y reste pour la mélancolie.
Arrival n'est pas le plus bouleversant des albums d'ABBA, mais il réserve des instants qui saisissent sans prévenir. Exemple sur la face B qui entame directement au même niveau que la face A avec Money, Money, Money et qui enchaîne avec une chanson méconnue, That's Me. L'héroïne du morceau, "Carrie, not-the-kind-of-girl-you'd-marry", est une des plus belles créations du groupe. Déjà la mélodie est trop jolie, faut pas se mentir, mais il y a quelque chose dans le texte aussi :"I don't believe in fairy tales, Sweet nothings in my ear, But I do believe in sympathy, That's me, you see". Le tout chanté avec une bienveillance un peu désenchantée, c'est un crève-coeur. Mais on peut danser sur ce morceau sans jamais réaliser ce qui s'y joue. C'est la puissance d'ABBA, te faire croire que tout cela est plus léger que des bulles de savon pour mieux te poignarder l'âme, tiens, voilà, paf !
Alors, on arrive à l'inévitable pêché de vanité des compositeurs, le morceau où surgissent les voix de Benny et Björn, on n'y échappe pas à chaque album et c'est le plus souvent les points faibles. Ici, c'est Why Did It Have To Be Me?, et ça ne loupe pas. Même si c'est mieux que sur d'autres disques du groupe, c'est quand même le moment le moins mémorable de l'album. C'est un peu trop balourd pour son propre bien.
Heureusement, il reste le Tiger que j'ai mentionné plus haut. C'est du ABBA dans sa version la plus "rock". Tout est relatif, hein, mais ça balance pas mal. Enfin, on termine par un instrumental, tout aussi strident, qui peut être un bon test pour vérifier si le diamant de votre platine doit être changée. Je parle d'expérience, si votre diamant a pris un coup de vieux, le morceau Arrival devient à peu près inécoutable à force de distorsions. Trêve de plaisanteries techniques, on a fait le tour d'Arrival, un monument qui n'en est pas vraiment un, car ce n'est pas le plus grand disque de l'histoire de la pop. Car, bien sûr, tout le monde le sait, le plus grand disque de l'histoire de la pop c'est ABBA Gold et ça ne souffre aucune discussion.
Un clip : When I Kissed The Teacher
Un morceau : That's Me
Youth Lagoon - The Year of Hibernation (2011)
Cet album là est auréolé d'une aura, méritée, d'œuvre culte. Succès critique en son temps, il a aisément trouvé un auditoire réceptif à son univers. A son origine, il y a Trevor Powers, dont l'anxiété généralisée et la peur panique de la mort rongeaient l'existence. The Year of Hibernation est évidemment un exorcisme qui a largement dépassé les humbles ambitions de ses origines. Enregistré à domicile, dans toutes les pièces de la maison, seul ou accompagné d'un guitariste, c'est un modèle de lo-fi sophistiqué. On sent que c'est bricolé et, en même temps, le son possède une ampleur souvent surprenante grâce à une ribambelle d'effets de réverbérations. La voix et le chant de Powers rappellent de surcroît ceux de Daniel Johnston, une des grandes figures du lo-fi (très) amateur mais débordant d'émotion. Ici, c'est quand même plus professionnel, tout en conservant une fraîcheur attendrissante. Pas besoin de partager les terreurs du musicien pour être touché par ses chansons ciselées avec une sincérité et un talent désarmants. Un mini classique qui a très bien vieilli.
Un clip : 17
Un morceau : Cannons
Garbage - Garbage (1995)
Je parlais dans une chronique précédente des points aveugles qui nous font passer à côté d'œuvres qu'on pourrait adorer, il y a bien pire. Il y a l'irrécupérable snobisme, généralement lié à nos jeunes années (mais il y a aussi plein de vieux cons et de vieilles connes) qui nous font détester et/ou moquer ce que, au fond, on aime. Un des exemples parfaits pour ma génération, c'est Garbage. Arrivant à la fin de la vague grunge, invitant inévitablement la comparaison à cause de la présence de Butch Vig (producteur de Nevermind de Nirvana), le groupe n'avait finalement que très, mais alors très peu à voir avec le grunge, sous-genre plus proche du métal que de la pop. Car Garbage, c'est du pop rock, de la "pop à guitares" comme j'aime la qualifier. Cette pop à guitares se pare de surcroît ici d'éléments électroniques (qui seront plus affirmés par la suite).
Et il y a Shirley Manson, chanteuse dont on ne savait pas trop à l'époque si elle était là pour son talent ou juste pour son image. Aujourd'hui, on sait que c'était pour les deux. Mais j'ai fait partie de ceux qui ont balayé un peu vite ce qui semblait surtout être un produit opportuniste de plus. Derrière les calculs commerciaux plus ou moins évidents, et inhérents à la majeure partie de la pop musique, il y avait déjà de belles promesses dans ce premier album. Le groupe apparaît, rétrospectivement un peu trop sage, n'osant pas encore tout à fait s'échapper des sentiers balisés et réticent à aller à fond dans la pop. Car c'est quand les refrains et les mélodies cavalent le plus librement que Garbage est au meilleur. L'exemple parfait c'est le single imparable, Only Happy When It Rains, une sorte de bubblepop pour ados marginaux. Le reste de l'album réserve tout plein d'autres grands moments, comme Stupid Girl, Supervixen, Queer et Milk. Le succès fut bien sûr au rendez-vous, car le grand public était fin près pour ce genre de crossover pop rock. Et le groupe n'en était qu'au commencement.
Un clip : Milk
Un morceau : Only Happy When It Rains
Garbage - Version 2.0 (1998)
Pas toujours facile de capter l'air du temps, encore plus dur de l'anticiper. Avec son deuxième album, Garbage avait réussi ce tour de force, réinventant un certain pop rock pour le nouveau millénaire. Version 2.0 est parfaitement de son époque, qu'il incarne follement, de sa pochette hideuse à ses clips perclus de tous les effets visuels tendances. C'est une capsule temporelle totale qui tient parfaitement la route aujourd'hui à la seule force d'une avalanche de chansons toutes plus géniales les unes que les autres. Les singles sont encore meilleurs que sur le premier album, avec en figure de proue l'incroyable I Think I'm Paranoid, une des chansons les plus exaltantes des années 90, en forme de refrain quasi non stop. Le morceau incarne parfaitement ce qu'est devenu le groupe et en particulier Shirley Manson : un modèle pour les gens qui se sentent en marge, mais pas trop. C'est du rock light, de la techno light, du goth light, du métal light, de la pop qui scintille fort tout en gardant des petites aspérités bien aigues.
Pour qui se veut un puriste de tous les genres que je viens de citer, il y a de quoi perdre ses nerfs. Mais on embête les puristes et la grande tambouille de Version 2.0 est une recette modèle. Oui, c'est comme cela qu'on fait un blockbuster pop, accessible sans être de la soupe, fédérateur sans être niais. La musique fait l'essentiel du travail, ne l'oublions pas, parce que Shirley semble voler la vedette en permanence. Oui, elle fait beaucoup, je ne vais pas le nier. Au contraire, je profite de ces lignes pour m'excuser rétrospectivement auprès d'elle. Pendant une poignée d'années, j'ai jugé sévèrement une chanteuse que je ne connaissais décidément pas. J'ai adoré Version 2.0 trois ans après sa sortie, une révélation. Depuis je défends Garbage et surtout Shirley Manson comme un sacerdoce, une manière d'expier la faute d'un post-ado snob qui faisait son malin en moquant une chanteuse qui avait tout pour me plaire. En 1998, Shirley était une alternative idéale au girl power des Spice Girls (auxquelles je présenterais aussi des excuses dans pas longtemps, ne vous inquiétez pas). 25 ans plus tard, elle reste une figure incontournable du pop rock de qualité (No Gods No Masters, sorti en 2021, en est un excellent exemple). Pour résumé, Version 2.0 c'était génial à l'époque et ça le reste aujourd'hui. Des premières mesures de Temptation Waits aux derniers instants du magnifique You Look So Fine, ce ne sont que des perles. Même le très moqué Wicked Ways paraît bien meilleur aujourd'hui. Bref, vous pouvez y retourner sans crainte, c'est que du bon.
Un clip : Push It
Un morceau : I Think I'm Paranoid
The Incredible String Band - The Hangman's Beautiful Daughter (1968)
Comme, à la base, mes lectrices et mes lecteurs sont souvent avant tout des cinéphiles, pour vous présenter le style de cet album, je vais utiliser une comparaison qui va sans doute vous parler : la musique de The Wicker-Man. Là, voilà, ça a dû titiller vos souvenirs plus ou moins lointains. The Incredible String Band, en particulier avec The Hangman's Beautiful Daughter, aisément leur chef-d'œuvre, est un jalon du folk psychédélique et une référence incontournable pour ceux qui s'intéressent aux marginaux de la musique folk. A la fois bien ancré dans son époque (y a plein de sitar) et totalement ailleurs, The Hangman's Beautiful Daughter incarne parfaitement ce qu'on peut réclamer d'une folk quintessentielle. C'est-à-dire qui donne autant d'importance aux histoires contées (drôles, étranges, triviales, philosophiques) qu'à la musique (une avalanche d'instruments piochés tout autour du monde). Cette abondance d'instruments plus ou moins exotiques donnent à l'album une sonorité unique, qu'on pense toujours parvenir apprivoiser sans jamais pouvoir la déterminer vraiment. Oui, c'est de la folk britannique, on s'accroche à ce qu'on reconnaît, mais ce n'est pas The Fairport Convention, c'est définitivement trop excentrique, trop inquiétant. Le petit univers créé par Robin Williamson et Mike Heron ne rentre dans aucune case.
L'influence du disque est immense, de Robert Plant le citant comme modèle pour le premier album de Led Zeppelin, jusqu'à la figure de proue de la folk expérimentale contemporaine, Richard Dawson (j'y reviendrai). Il suffit d'écouter la pierre angulaire de l'album, les 13 minutes de A Very Cellular Song, pour reconnaître tout ou parties de ce qui donnera le revival de freak folk dans les années 2000. Il y a ici aussi bien Devendra Banhart que les Fleet Foxes, Animal Collective et Joanna Newsom. Oui, la folk expérimentale a d'autres jalons, et je vais probablement vous en parler un peu plus à l'occasion, mais celui-là continue de fasciner, d'influencer et de diviser. Je ne vous le cache pas, si c'est plus ou moins votre premier contact avec le genre, ça peut être une écoute difficile. Tous les éléments sont familiers, mais ils sont agencés pour créer une forme de malaise, pour perturber l'auditeur. En cela, j'y reviens, les musiciens capturent parfaitement les fondamentaux de la musique folklorique, avec ses origines moyenâgeuses, voire encore plus lointaines.
Des dissonances primitives naviguent ici. Des harmonies disharmonieuses évoquent des temps oubliés, des fêtes païennes qu'on nous a appris à mépriser. Bien entendu, il y a aussi un aspect plus contemporain, qui donne parfois l'impression d'entrer dans un pub où tout le monde est un peu ivre et chante faux sur un accompagnement musical brinquebalant. The Hangman's Beautiful Daughter titille notre inconscient collectif en rajeunissant des échos culturels qui vacillent sur le bord de notre mémoire. Les éléments qui datent l'album, dont on comprend sans mal qu'il a été enregistré en 1967, sont vite engloutis dans cette grande potée musicale. La musique finit par sonner intemporelle, immémoriale et ultra moderne, indispensable dans toutes les discothèques qui se veulent un peu exhaustives.
Un morceau : A Very Cellular Song
Shakespears Sister - Hormonally Yours (1992)
Un des chefs-d'oeuvre de la pop des années 90, largement oublié par l'histoire officielle malgré un grand succès public et critique à l'époque. L'album est un peu écrasé par son tube, le fantastibuleux Stay, mais il vaut bien davantage. L'histoire qui l'entoure est savoureuse et vous pouvez sans doute la lire en détail ailleurs. Si je résume : une des trois chanteuses du groupe Bananarama, Siobhan Fahey, écoeurée par la tournure commerciale du trio, est partie en solo pour tailler son chemin plus rock. Ca reste très pop, mais moins clinquant, beaucoup moins plastifié. Pour offrir un contrepoint à sa voix grave, elle a recruté la voix haute perchée de Marcella Detroit. La collaboration, toute en tension, entre les deux chanteuses durera quatre ans et accouchera de cette merveille, mais fera ensuite long-feu. Siobhan vivant plutôt mal de se faire voler la vedette. Shakespears Sister continue jusqu'à ce jour sous la forme d'un projet solo, pas inintéressant au demeurant. Mais, avant tout, il y a cette folie douce qu'est Hormonally Yours, vague concept-album inspiré par la série B des années 50 Cat-Women of the Moon. Beaucoup de grands moments, à peu près tous les morceaux, si vous voulez mon avis. Au milieu, bien sûr, il y a Stay, dont le clip me provoquait tout plein d'émotions inavouables et reprouvées par la morale, à l'époque où il passait en boucle à la télévision. Tout autour, il n'y a que des perles et un final épique avec cette ballade magique qu'est Hello (Turn Your Radio On). C'est un peu rock, un peu goth, piochant partout, ultra girl power et avant tout très pop ; avec un peu de guitares et des mélodies et des voix virtuoses qui en mettent plein les oreilles.
Un clip : Stay
Un morceau : Emotional Thing
Jessie Ware - What's your pleasure? - The Platinum Edition (2021)
On a tous des zones aveugles, vous le savez. Au niveau culturel, on a beau essayer de bien faire, ce n'est jamais parfait. C'est à la fois triste et enthousiasmant de savoir qu'on passe sans cesse à côté de choses qu'on pourrait/devrait adorer. C'est triste, parce que, même si on ne les connaît pas encore, on vivrait sans doute un petit peu, voire beaucoup, mieux avec ces oeuvres dans notre existence. Et c'est enthousiasmant, parce qu'on peut être sûr qu'il nous restera toujours des choses fantastiques à (re)découvrir. Si vous aviez besoin de trouver un sens à la vie, celui-ci est tout à fait respectable.
Très bon exemple avec le dernier album en date de Jessie Ware, que j'ai écouté, sans doute distraitement à sa sortie, sans y prêter vraiment attention. Une erreur comme il m'en arrive tout le temps. L'important dans cette histoire qui se termine bien, c'est que plus d'un an après, je suis retombé sur What's your pleasure? et la lumière fut. C'est un chef-d'oeuvre, la perfection du disco, qu'il soit post, néo, ou je ne sais quel disco. C'est "juste" du disco, mais quel disco ! Que des chansons qui accrochent et ne lâchent plus.
Tour de force encore plus fou, je suis revenu à ce disque par sa version platinum, sans être capable de différencier à quel moment s'arrêtait l'album d'origine et où commençaient les titres bonus. Cela fait donc pas moins de 20 chansons, toute du même niveau, et donc pas loin de 90 minutes de musique qui filent en un clin d'oeil et qu'on peut se passer en boucle.
Un clip : Remember Where You Are
Un morceau : What's Your Pleasure?
Jessie Ware - Devotion (2012)
Tant qu'à redécouvrir le dernier album en date, j'ai profité du 10e anniversaire du premier album solo de Jessie Ware pour y refaire un tour aussi. C'est très intéressant, ne serait-ce que pour constater le chemin parcouru et la progression d'une artiste. L'album est bon, très bon dans son genre, mais aussi beaucoup plus "convenu" que What's your pleasure. Il y a des hauts très hauts, mais aussi des morceaux plus anodins. Il manque la flamme et la folie qui peuplent les oeuvres plus récentes de la chanteuse. C'est du r'n'b sophistiqué, un peu electro, un peu soul, plein de grâce. Très recommandable.
Un clip : Wildest Moments
Un morceau : Night Light
Ash - Teenage Wildlife (2020)
Le (maxi) best of du groupe de power pop britannique Ash. Généralement, on se souvient surtout de l'album 1977 et de son tube en or Kung Fu. Mais Ash c'est bien davantage pour qui aime sa pop avec de grosses guitares et des refrains encore plus gros. Cette compilation, couvrant 25 années bien remplies, rappelle que, comme beaucoup de groupes anglo-saxons ayant connu leur heure de gloire internationale pendant la période de la Britpop, Ash n'a pas du tout baissé les armes au tournant des années 2000. Les albums sont restés majoritairement bons et les tubes imparables. Qu'on écoute, par exemple, Arcadia (sortie en 2009), Cocoon (en 2015) ou Buzzkill (en 2018) pour comprendre qu'il n'y a pas que Girl From Mars et Goldfinger (rien à voir avec le James Bond) dans la discographie du groupe. Si on peut fortement conseiller d'avoir au moins 1977 dans sa discothèque, il me semble que le minimum pour à peu près tout le monde, et surtout pour les amateurs de pop rock étincelant, c'est cette compilation.
Un clip : Angel Interceptor
Un morceau : Darkest Hour of the Night
American Football - American Football (1999)
On a tous nos lubies, une des miennes en ce moment c'est de m'intéresser sérieusement au mouvement "emo". Détourné par les moqueries, les parodies et les scandales qui ont terni une musique née sous de très bons auspices (Rites of Spring c'est génial), j'ai souvent mis de côté tout ce qui mettait en avant cette étiquette. Comme je suis taquin, le premier disque dont je parle est vraiment très marginal au sein du genre. Il s'en rapproche surtout dans les thèmes abordées, mais très peu dans la musique. Le premier (et longtemps unique) album d'American Football c'est avant tout du rock indépendant subtil, finement composé et interprété. C'est si sophistiqué que c'est parfois classé dans le math rock et le post-rock (y a de la trompette). Franchement, ça a une classe totale, mais ça ne correspond pas du tout, au niveau sonore en tout cas, à l'essentiel de l'emo qui se rapproche davantage du post-hardcore. Malgré tout, le disque aura une certaine influence sur beaucoup d'autres groupes du genre. C'est un superbe album de crépuscule, un disque d'introspection, une invitation à la rêverie solitaire. Recommandation maximale pour tout le monde.
Un clip : Never Meant
Un morceau : Honestly?
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