Jens Lekman – Night Falls Over Kortedala
Dès la première minute de And I Remember Every Kiss on comprend que Jens Lekman
vient d’atteindre son plein accomplissement. Il fallait à sa grâce de l’espace,
du grandiose, une galaxie sonore pour s’épanouir. En cela, Night Falls Over
Kortedala, associe le lyrisme d’une musique immense à l’affection de textes
apprêtés et sublimes. Véritable bible pour les garçons hypersensibles du nouveau
millénaire, l’album s’assume dans toutes ses exagérations. Bouleversante et
ridicule, la beauté selon Jens Lekman ne se chante pas en demi-mesure.
Infiniment sincère, bourré d’ironie, l’auteur suit son inspiration en ne
reculant jamais devant le concept du « trop ». Piochant dans toute la musique
populaire, Lekman amourache Scott Walker avec la Motown, puis y adjoint les
Smiths et Buddy Holly, remet une couche de samples et secoue bien fort avec des
idées qui lui sont uniques. Le résultat, évident, beau à en crever, drôle,
touchant, est sans égal. |
The Fiery Furnaces – Widow City
Ce n’est pas encore cette année que les Furnaces vont calmer le jeu. On disait
le frère et la sœur au bord de la brouille, surtout après une tournée en forme
de cataclysme. C’est sans doute vrai tant Widow City n’a rien d’apaisé et ne
propose même pas les quelques accalmies présentes sur Blueberry Boat et Bitter
Tea. La grande nouveauté c’est la présence de très grosses guitares qui viennent
cisailler les morceaux comme autrefois les sons électroniques rigolos (toujours
là cependant, mais en moindre nombre). Le mot d’ordre demeure la
déconstruction, comme sur le morceau d’ouverture, The Philadelphia Grand Jury,
qui déjoue toutes les attentes de l’auditeur. Jamais de break là où on le
croirait, des thèmes qui tournent en boucle deux fois de trop, une accélération
improbable, un hoquet mélodique, une faille, un plongeon, et une nouvelle
ascension. Le tout porté par un son qui n’a jamais été aussi puissant
(l’enchaînement Automatic Husband, Ex-Guru et le sommet Clear Signal From Cairo clouent littéralement au fauteuil). Le degré d’inventivité des Fiery Furnaces ne
faiblit pas et Widow City est un album qui ne sera jamais apprivoisé. Forcément,
il faudra y revenir. |
Siouxsie – Mantaray
Au début ils étaient 3, puis ils furent 2, enfin l’icône demeura seule.
Impossible de juger le premier album solo de Siouxsie, celui de la résurrection
et de la déification assumée, sans verser dans une nostalgie tendre qui me
ramène des décennies en arrière (ou presque). Surtout que Mantaray sonne comme
un best of, du moins de la période Creatures, plus électronique, moins punk. La
voix n’a jamais été aussi belle, avec un glamour appuyé même sur les morceaux
les plus énergiques. Mantaray est donc gorgé de pop, d’electro, de rock, mais
aussi d’errances vibrantes qui n’appartiennent qu’à la Sioux. Envoûtante,
éternellement moderne car définitivement « ailleurs », Siouxsie évolue
imperceptiblement, régnant sur son univers sans partage. |
Black Francis – Bluefinger
Cela devrait être la Révolution, Charles Thompson reprend son pseudonyme
pixisien et se remet à faire du rock. Certes, Bluefinger dégage bien plus les
oreilles que ses dernières productions country peinardes. Mais pour autant il
suffit de remonter à Black Letter Days et à Show Me Your Tears pour retrouver
des morceaux tout aussi vindicatifs que les deux premiers titres de Bluefinger.
Il ne s’agit pas non plus d’un retour en arrière, à la folie de Teenager of the
Year. Nous sommes au contraire en présence de ce que Charles Thompson fait le
plus aisément : le recueil de gros rocks qui tâchent. Bref, ça bastonne, sans
réelle surprise (à part pour quelques chœurs ici ou là) et c’est très efficace. |
The New Pornographers - Challengers
C'est avec une
douceur inattendue que débute le nouvel album du collectif miraculeux des New
Pornographers. My Rights Versus Yours dissimule sa nervosité et ses pulsions
conquérantes sous des allures pop à la fois immédiatement identifiables (la voix
de A.C. Newman, les chœurs de Neko Case, le sens incroyable de la
progression...) et avec des penchants aériens déjà aperçus dans les opus
précédents mais rarement aussi évidents. En quelques sortes, Challengers débute
là où s'achevait Twin Cinema et sur les élans de Stacked Crooked. Apaisés les
New Pornographers ? Oh que non, si la forme est moins électrique, elle ne masque
pas longtemps l'énergie qui habite All The Old Showstoppers.
Mais l'album
affirme sa beauté dès que Neko Case se penche sur le micro, la chanson éponyme
étant d'une grâce un peu écrasante, portée par l'organe sans équivalent de la
chanteuse canadienne. La surprise vient sans doute des trois contributions de
Dan Bejar, qui ne cesse de gagner en substance au fil de son œuvre (avec le
collectif ou en solo). Myriad Harbour, Entering White Cecilia et surtout le
final de The Spirit of Giving sont les morceaux les plus inventifs du disque,
ils lui apportent étrangeté, humour et émotion décalée. Les
rocks de Newman, tels que All the Things That Go to Make Heaven and Earth ou Mutiny I Promise You passent plus inaperçus. Heureusement il se rattrape
sur les chansons plus ambitieuses comme l'épique Unguided ou le festival Neko
Case qu'est Go Places.
Et peu avant la
fin, le compositeur nous offre les admirables Adventures in Solitude, qui viennent
fendre le cœur, avec une complexité si maîtrisée qu'elles créent l'évidence la plus
pure. C'est pourquoi je qualifiais le groupe de miraculeux au début de cette
chronique. Autant de personnalités fortes et de sensibilités différentes qui
viennent s'entrechoquer pour mieux donner naissance à une musique tendue mais
infiniment rassurante, agréable, nécessaire, c'est ici que se conçoit le
prodige. The New Pornographers et Challengers font du bien à l'être, forcément
rien n'est plus précieux. |
St. Vincent - Marry Me
L’internet bruite soudainement d’une rumeur aussi enthousiasmante
qu’inquiétante : Annie Clark, la démiurge se dissimulant sous le nom de St
Vincent, serait la nouvelle Kate Bush. Pas une énième imitation frelatée, non,
non, pas un clone atrophié façon Bjork, mais bien LA Kate réincarnée, avec la
classe, le mystère et la folie. On a beau savoir que la demoiselle a œuvré
pendant des années aux côtés de Sufjan Stevens et des Polyphonic Spree avant de
donner naissance à son premier album, on est dubitatif, pour le moins. Dès les
premiers instants de Now, Now, on se rassure doucement, la voix est belle,
agréable, charmante. On reconnaît les recherches harmoniques un peu bizarres
mais immédiatement plaisantes, on apprend que Annie Clark fait tout, joue de
tout, arrange tout, toute seule. Ca sent la mégalomanie et le génie. On ouvre
les digues. On est submergé.
Il y a du spectaculaire et de l’adorable dans Marry Me, beaucoup d’étrangeté et
tout autant de mélodies où se reposer. La chanteuse ne cherche jamais à
déconstruire juste pour impressionner l’auditeur, sa musique s’écoute avec
facilité et simplicité. Il y a des « pom pom pom pom » sur Jesus Saves I Spend,
un piano dingue sur Your Lips Are Red et même une ballade tout ce qu’il y a de
plus pure avec All My Stars Aligned. Une ballade si planante qu’elle ne peut que
se crasher dans les ténèbres dans sa conclusion. Car Marry Me est un sublime
disque d’amour réaliste, avec des rêves et des coups de poignard. Romantisme ?
Lâchons le terme et laissons-le exploser sur le Land Mines glissé peu avant la
conclusion de l’album.
Annie Clark sait rendre évidentes des chansons richement écrites, telles que les
perles Paris Is Burning et The Apocalypse Song. Elle mélange tout, remplit son
univers de gimmicks sans jamais entamer son atmosphère toujours plus envoûtante.
Pour l’auditeur, Marry Me devient rapidement une obsession, sans que l’on sache
exactement pourquoi. Car c’est un album qui dépasse la somme de ses parties en
un tout assez inexprimable et impossible à circonscrire dans quelques lignes.
Tant mieux, me direz-vous, on en reparlera, longtemps. |
The Long Blondes
Someone To Drive You Home
Un groupe qui vient de Sheffield (la ville de Pulp) et produit par un des
membres (de Pulp), tout de suite, ça inspire un peu de sympathie, voire de
confiance. La note d’intention qui mélange référence cinématographique et pop
énergique façon Blondie avec une grosse dose de punk joyeux fait même saliver.
Le résultat est à la hauteur des attentes : immense. Du rock carré, simple,
efficace, avec des guitares et une batterie qui cogne. Jamais de bruit, non,
juste une puissance qui ravit, fait bondir et enchante. On se retrouve tout
ronronnant de bonheur à l’écoute de perles telles que Once and Never Again ou Giddy Stratospheres. The Long Blondes c’est aussi la révélation d’une chanteuse
qui ira loin, Kate Jackson, qui offre griffes et sucreries avec générosité.
Lorsque l’ambiance se fait plus vindicative ou rétive, comme sur Only Lovers
Left Alive ou In The Company of Women, on tremble, il y a de la revanche chez la
demoiselle, une colère rentrée qui se cache sous les oripeaux de l’innocence.
Bon sang, c’est bien sûr, c’est une femme fatale ! Qui galope comme une gamine
sur Separated By Motorways avant de nous la jouer femme expérimentée et
désabusée, magnifique dans sa décadence sur le chef-d’œuvre du disque, Week-end
Without Make-up. Dans la grande tradition des rockeuses de charme, Kate Jackson
finit son show sur le très explicite Knife For The Girls. La révélation est
délicieuse, à force de se réjouir de la déconstruction et du grand retour de
l’épique, on avait presque oublié (à quelques Pipettes près) qu’on pouvait faire
élémentaire sans être sommaire. |
Nine Inch Nails – Year Zero
Un bon album de Nine Inch Nails, la perspective était devenue de plus en plus
improbable, tant les heures de gloire de Trent Reznor se faisaient lointaines.
Il aura ainsi fallu près d’une décennie pour que NIN évolue, un tout petit peu,
pas grand-chose, mais dans le bon sens. Dès la rythmique conquérante et les
grosses guitares synthétiques de Hyperpower, on se retrouve en terrain familier,
mais il y a du cœur à l’ouvrage, une puissance ressuscitée, mais surtout la
grande revanche du vice et de l’effroi. Ce qu’il fallait à Reznor, c’était un
bon concept pour faire tenir sa musique debout.
C’est chose faite avec le futur monstrueux de Year Zero et toute sa mythologie
d’une complexité obsessionnelle (à vous de lire le pourquoi du comment sur les
innombrables sites qui essaient de décrypter l’œuvre). Enfin mature, mais
toujours aussi romantique et dépressif, le chanteur semble maîtriser sa musique,
bien plus que dans le bordélique The Fragile. Year Zero est aussi un retour aux
sources, moins métallique et plus électronique. Les pièges sont plus efficaces,
et les perles plus nombreuses, du tortueux Vessel au final apocalyptique de The
Great Destroyer qui fera assurément verser une larme de nostalgie aux fans de la
première heure. Et même lorsque le chaos s’apaise, c’est avec classe, à l’image
de l’atmosphérique et brisé Zero Sum. Même si la révolution n’est pas totale, on
ne peut que saluer ce disque totalement inespéré. |
Panda Bear – Person Pitch
Panda Bear est un rejeton de Animal Collective (on savait qu’il y avait des
canards et des moutons dans le collectif, on ne se doutait pas du panda), mais
il n’y avait pas besoin de le préciser, dès le premier morceau on s’en serait
douté. Bref, Person Pitch ne brille pas par une originalité renversante, cela
fait bien 3 ou 4 ans que le genre est devenu une routine musicale. Du Beach Boys
bidouillé, Brian Wilson remixé, paumé dans les échos et les sonorités
agglomérées. Faut avouer, c’est mignon. Très limité, mais craquant. Il y a même
une chouette au début de Bro’s. Les morceaux se nomment Good Girl, Carrots ou Search for Delicious. Comme pour rappeler que chez les Beach Boys on en était à
écrire des hymnes aux légumes. L’imitation est parfois quasi parfaite, comme
avec la chanson d’ouverture Comfy in Nautica, une possible chute des Pet Sounds
sessions.
Le meilleur demeure le plutôt classique Take Pills, qui débute comme un hymne
baba cool, avec une intéressante boucle bricolée, avant de s’élancer sur un
merveilleux hommage à Phil Spector. Mais comme Animal Collective, Panda Bear
souffre de ne pas oser s’abandonner à un format raisonnable. Deux morceaux à 12
minutes, presque tout le reste au-dessus des 4 minutes. C’est trop long,
l’enthousiasme se délaye en lassitude. Dommage, car la musique de Panda Bear est
charmante et pourra, suivant les humeurs, accompagner des petits moments de
bonheur. |
LCD Soundsystem – Sound of Silver
Parmi les grands mystères musicaux restés obscurs aux oreilles de votre
serviteur, le culte qui accompagne la discographie de New Order reste l’un des
plus impénétrables. Croyez-bien que depuis 15 ans, au moins, j’ai essayé par
tous les moyens de comprendre pourquoi le minimalisme kitschouille des vestiges
de Joy Division provoquait l’hystérie de tous. Et je m’en suis payé des
migraines à l’écoute des abrutissants Power, Corruption & Lie et Low-Life. Des
sommets, qu’on me répète, des intouchables qu’on me crie, toute la musique
électronique est là, oublie donc ton Kraftwerk et abandonne-toi sur Bizarre Love
Triangle ! Non. Ah mais non. Non, non, non, non et non. Un morceau, ça va. Un
pas trop long. A part Blue Monday, qui, il est vrai, est un chef-d’œuvre. C’est
le plus connu, et pour une fois, ça tombe bien, il le mérite. Le reste ? Un
casse-tête, au premier sens du terme, une arme à perforer les neurones avec des
beats primitifs.
Mais M’sieur Wood, allez-vous me dire à présent, vous nous parlez de New Order
depuis le début de cette critique, et en fait, il paraît que c’est du dernier
LCD Soundsystem qu’il s’agit. Oui, et bien justement, Sound of Silver, c’est du
New Order. Pas mieux, pas moins. Les critiques sont en extase, mes oreilles sont
en effroi, même quand le groupe essaie de faire de la pop, pour faire genre.
Nous aussi, on sait en faire, de la pop, on sait aller au-delà de la répétition
de la même ligne de synthé pendant 6 minutes. Et bien ça ne vaut pas
grand-chose. Faites comme moi, achetez la compilation Substance de New Order,
nécessaire, suffisante. Et de temps en temps vous pourrez l’écouter, dans
l’espoir, de plus en plus vain, d’avoir votre vie sauvée par le DJ.
Quelques années plus tard, j'ai redécouvert la discographie de LCD Soundsystem avec un grand plaisir. Je n'aime pas tout, mais j'aime beaucoup. Il fallait laisser du temps au temps... |
Shining - Grindstone
Lorsque l’on choisit le patronyme Shining en affirmant clairement la référence
avec le film de Kubrick (davantage qu’avec le roman de King), il faut assurer et
assumer. Il y a deux ans, je chantais les louanges d’un Kingdom of Kitsch déjà
très dingue, mais avec ce Grindstone, le groupe laisse encore plus libre cours à
son inventivité et surtout à sa virulence. Dès le morceau d’ouverture, la force
de Shining est évidente, leur musique, déstructurée, ne tient que sur la
puissance d’une rythmique empruntée au métal. Mais ici tout échappe aux
étiquettes, on reconnaît des sons, des constructions, des gimmicks, mais ils
sont piratés, violentés, métamorphosés. Métal et Free Jazz, on sait que John
Zorn est déjà passé par là, mais Shining va plus loin, à la fois plus abordable
sans être moins exigeant. Le groupe joue avec le grotesque, l’inattendu,
l’effrayant et l’irrésistible. Ici un thème musical pour maison hantée de parc
d’attraction (Moonchild Mindgames), là un hard rock qui s’effondre dans la tombe
(Stalemate Longan Runner), ailleurs des interludes faussement innocents. Le cœur
du disque se trouve dans ce Psalm au-delà de la parodie, dont on ne sait s’il
faut en rire ou en être terrifié.
Mais tout le miracle de Shining se reconnaît là, ainsi que dans la conclusion
littéralement monstrueuse de Fight Dusk With Dawn, le groupe taille un opéra de
fin des temps, tellement plus inventif que le rock bruyant traditionnel,
tellement plus instable et fascinant. Bien sûr, la majorité des auditeurs
s’enfuira devant cette musique trop « extraordinaire », on leur pardonnera sans
mal. Pour ceux qui se laisseront emporter, comme par le Shining de Kubrick, Grindstone pourra devenir leur disque de chevet d’un printemps ectoplasmique. |
Arcade Fire - Neon Bible
Dès les premières mesures de Black Mirror, l’album Neon Bible est déjà une
confirmation : Arcade Fire est un groupe mythique, dès le second opus. Funeral s’était imposé dans le désert du rock sincère et épique, et voilà la
bande à Win Butler érigée en nouveau U2, en R.E.M. ressuscité, en égérie
générationnelle. Bien sûr les intégristes du « rock indépendant » vont grincer
des dents, eux dont les oreilles n’avaient pas remarqué les élans pop et les
sonorités taillées pour les stades qui parcouraient Funeral. Arcade Fire
conçoit l’intimisme à grande échelle, soit quand le deuil personnel s’entoure
d’oripeaux flamboyants, soit, avec ce Neon Bible, quand les questions
universelles se drapent dans un éclat humble.
Moins évidentes que les chansons du premier album, celles de Neon Bible font
preuve de davantage de rage et de ténèbres. Parfois de manière excessive, comme
sur la maladroite conclusion de My Body is a Cage, qui s’avère trop gothique
pour être honnête. Mais le plus souvent la patte du groupe fait mouche et les
perles sont légions. D’ailleurs Arcade Fire est ici meilleur lorsqu’il
laisse les chœurs et les grandes orgues au vestiaire et qu’il laisse les
méandres de leur son s’épanouir. Cela donne de vrais petits chefs-d’œuvre, comme
le diptyque apocalyptique Black Waves / Bad Vibrations ou le formidable Antichrist Television Blues. L’écriture raffinée de Ocean of Noise et l’énergie
de The Well and the Lighthouse voisinent sans mal avec les grandes heures de
Funeral.
Paradoxalement, aussi grandioses qu’ils soient, les hymnes pourront paraître un
peu trop outrés, à l’image du symbolique Intervention, écrasé sous les orgues.
Mais ce serait justement jouer les pisse-froid que de nier le plaisir pris à
l’écoute de ces difformités décomplexées. Plus personne, finalement, n’ose faire
du rock aussi naïf et magnifique que la relecture écrasante de No Cars Go. Ici
se trouve l’essence de Arcade Fire, toute l’ambiguïté et le charme du
groupe : leur musique est un secret hurlé aux oreilles du monde entier. Et rien
ne peut entraver l’exaltation simple, adolescente, bienheureuse qui traverse la
noirceur de Neon Bible. |
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