On a bien tous quelques disques que l'on cache dans le tiroir du bas ou sur l'étagère trop haute. Quelques vieilleries, quelques tubes d'un instant que l'on a acquis en suivant la mode et dont on n'a jamais pris la décision de se séparer. La fameuse discothèque dont on ne se vante pas, que l'on cache, que l'on réécoute discrètement quand il n'y a personne alentour. Cette discothèque que finalement on aime bien, qui nous rend nostalgique ou hilare, cette concession au temps qui passe et qui prend toute sa dimension après des années et des années de mûrissement sous la poussière. C'est de cette discothèque là dont j'aimerais parler. D'une part parce que je m'épanche largement sur mes disques favoris et que je ne vois pas pourquoi je ne m'attarderais pas sur la face obscure du "musicophage", d'autre part parce que finalement je n'ai pas si honte de ma discothèque honteuse et qu'il y a de quoi rappeler à certains que, eux aussi, ont un jour écouté, apprécié voire même acheté ces disques que l'on a tant voulu oublier depuis.

Frankie Goes To Hollywood : Bang !

        C'est carrément la compilation suprême du grand gag du génial Trevor Horn (qui se dissimule aussi derrière Buggles, Art Of Noise, ABC et T.A.T.U.). On cache FGTH parce que c'est quand même l'un des symboles des années 80 triomphantes. Pourtant ce groupe est plus enthousiasmant que vraiment gênant. Il suffit de revoir les clips hallucinants qui accompagnaient leurs tubes plaqués or. C'est du gay agressif, du SM explicite, voire même une petite pointe de zoophilie bien venue. Bref ça garde un charme indéniable. Et Welcome To The Pleasuredome, Relax, Two Tribes et la reprise de Born To Run se réécoutent avec un plaisir impossible à dissimuler C'est honteux mais qu'est-ce que c'est bon. Perversion quand tu nous tiens.

Eurythmics : Greatest Hits

        On reste dans les années 80 synthétiques et classiques avec ce groupe que l'on aime détester et que l'on hait adorer. Pourtant le duo Lennox/Stewart a écrit au moins 5 ou 6 superbes chansons, ce qui n'est déjà pas si mal pour un produit formaté. Donc sur le Greatest Hits, on sélectionne en vitesse l'historique Sweet Dreams, le sublime Here Comes The Rain Again, le génial There Must Be An Angel, le bien joli Angel et le ringardissiment indispensable Would I Lie To You et on passe un bon moment.

Madonna : The Immaculate Collection

        J'aimerais tout de suite m'élever contre un intolérable scandale qui empêche cette compilation d'être LE disque de référence absolue de la Ciccone, MAIS OU EST TRUE BLUE (la chanson, bien sûr) ??? Non mais c'est vrai, c'est honteux d'avoir oublié True Blue qui est sans doute l'apogée de la carrière de Madonna (je parle aussi bien de la chanson que de l'album, là). D'ailleurs c'est assez simple, après cette compilation, la madonne pond son chef-d'oeuvre, qui vaut pour lui seul, son Street Hassle à elle, son disque trash et indispensable, Erotica. Puis disparaît dans les limbes de chansons chiantes, plombées, répétitives, sans presque aucune trace (à part auto-parodique) de la magie d'antan. Que reste-t-il à sauver sur Bedtime Stories (à part l'excellent Human Nature et à la limite la chanson titre) et sur Ray Of Light ? Sur Music ? Sur American Life ? Pas grand chose. Non, revenons en aux choses simples, aux refrains irrésistibles, à la voix de souris écrasée et à la nostalgie pure et dure. Sur The Immaculate Collection tout y est (ou presque, donc). C'est excellent (mais à très petites doses). Ca commence fort avec Holiday, ça continue un peu plus loin avec Like A Virgin. Puis c'est le quasi chef-d'oeuvre avec Material Girl. Et après c'est Into The Groove, Live To Tell, Papa Don't Preach, Open Your Heart, que des tubes monstrueux, n'en jetez plus, on est à la moitié du disque et on lève déjà le drapeau blanc, on overdose de refrains gros comme des 35 tonnes. Et là arrive LA perle, La Isla Bonita, THE bombe sonore, arme catégorie 15, le truc irrésistible qui peut vous pirater le cerveau pendant au moins 24 heures. Dangereux ce disque, c'est moi qui vous le dit. Et ce n'est pas fini ! Parce qu'il reste encore, le formidable Like A Prayer, le terrible Express Yourself, le monstrueux Vogue et le décadent Justify My Love. Pouce ! Pouce ! Seul le Abba Gold peut écraser ce best of effroyable.

Hole : Live Through This

        On était jeune, on était fan de Nirvana, on découvrait à peine les Pixies et les Clash et on était sur la lancée. On allait donc écouter ce fameux album de Courtney Love, ce disque "digne du groupe à son mari à elle". Et on y a cru, c'est clair, au moins deux mois, voire même trois, peut-être même six. C'est dire si on était aveuglé (enfin... assourdi). Il y avait les tubes, Violet, Miss World, Doll Parts. Il y avait le son Nirvana et la tragédie qui planait. Il y avait Courtney Love avant qu'on apprenne à mieux la connaître, avant qu'elle ne vire harpie touchante puis produit caricatural. Maintenant on n'écoute plus tout cela. Ca a vieilli trop vite. Enfin, soit c'est le disque soit c'est moi, mais il y a quelque chose qui ne tourne plus rond. Pourtant In Utero ça reste un chef-d'oeuvre, mais là, Live Through This, c'est... redondant.

T.a.t.u. - Dangerous & Moving

        La plupart d'entre vous n'imaginait certainement pas que mes chouchoutes de l'année 2003 allaient passer l'hiver, voire même plusieurs, pour mieux nous (me) revenir avec un flamboyant nouvel album, largement supérieur à leur déjà grandiose premier opus. Rappelons à ceux qui n'ont rien suivi au feuilleton à multiples rebondissements : T.a.t.u. sont deux jeunes damoiselles russes, vraies fausses lesbiennes mais phénoménales provocatrices, véhiculant une imagerie à la limite de la pornographie et d'une rare agressivité, au rythme d'une musique techno-pop d'un lyrisme grandiloquent. L'univers des T.a.t.u. est glamour et décadent, violent et romantique, kitsch et magnifique. On y parle d'amour avec une sincérité et une simplicité qui conviennent idéalement à ces véritables cris du coeur, les sentiments s'expriment sans détour, en raz-de-marée continus. Les voix, puissantes et parfois tétanisantes (en particulier celle de Yulia, la brune punkette), excellent tout autant dans le hurlement que dans la caresse, les sommets de l'album pouvant aussi bien être le monstrueux single All About Us que le plus apaisé Sacrifice avec son refrain au bord du gouffre ou bien l'insidieux et juste sublime Perfect Enemy.

        Bien sûr, cette musique ne s'adresse pas à tous les auditeurs, il sera très facile de détester les voix, les arrangements pompiers qui feraient passer Britney Spears pour Georges Brassens, les textes naïfs, la férocité et la provocation qui font tout le prix de T.a.t.u. On comprendra fort bien les réticences face à une oeuvre aussi singulière, à la fois pensée pour le succès commercial mais aussi marginale. Une sorte de variété alternative, idéale pour les radios et néanmoins combative et sans concession. Le charme de T.a.t.u. est fait d'énergie et de soufre, d'érotisme trash et de tourments adolescents, de beauté tendre et repoussante. Et au coeur de cette musique un peu obsolète, presque déplaisante dans sa puissance, viennent se poser de superbes mélodies pop et quelques déclarations enflammées d'une justesse exaltante.

Genesis : Live / The Way We Walk

        On était encore plus jeune, on était innocent, on était manipulé par le top 50 sur Canal + (émission culte s'il en est), on ne savait pas trop ce qu'il fallait écouter. On achetait Genesis, Queen, Nirvana, U2 et Cure. On en a gardé un peu en chemin... un peu... Mais pas Genesis. Définitivement trop chiant dans les années 70, définitivement top ringard dans les années 80 et définitivement mort dans les années 90. Ce groupe fut une horreur sur toute sa longue carrière. Mais il faut bien l'avouer on a un jour bien apprécié Land Of Confusion, Jesus He Knows Me, That's All et Invisible Touch. C'était sympathique mais sans être l'extase. Le mystère étant quand même le pourquoi du succès d'un tel groupe, et pourquoi Phil Collins sévit-il toujours auprès d'un large public dans notre époque ? Des questions à jamais sans réponses, la science reste muette, les grands mystiques demeurent dans l'expectative.

Kylie Minogue : Greatest Hits

        La même époque, le tout début des années 90, quand on achetait n'importe quoi en recherchant désespérément les tubes qui avaient bercé notre enfance radiophonique (je parle de moi à la première personne du pluriel, là, c'est chouette). Donc on s'était dit que la petite Kylie était bien mignonne, qu'elle venait de pondre une chanson pas dégueu (Confide In Me) et que non, décidément, elle était bien trop mignonne pour : 1/être honnête 2/ne pas être un produit 3/pour ne pas avoir au moins une bonne chanson. L'une de ces affirmations est fausse dans la majorité des cas, je vous aide ce n'est pas l'une des deux premières. Mais dans le cas Minogue, on a été chanceux, il y avait des bonnes chansons, pas aussi bonnes que Kylie et c'est bien dommage, mais de sympathiques tubes quand même. I Should Be So Lucky, The Loco-motion, Tears On My Pillow (tout un programme), Give Me A Little More Time, Celebration. Que de la daube en fait, mais de la bonne daube 100% pure années 80, 100% cartoon, 100% pure nostalgie.

Britney Spears : In The Zone

        Dévorée par l'ambition, Britney Spears tente la vampirisation totale de la musique pop actuelle. Dans un mouvement que n'aurait pas renié le Michael Jackson de la grande époque, Britney se rêve en "Queen of the Pop". Pour se faire, elle se confronte, dès la première chanson de ce nouvel album, à la figure autoritaire incontournable, la Madonne herself. Le choc est brutal, humide, grinçant et déglingué. Me Against The Music a déjà été qualifié, par des personnes fort estimables, comme étant l'un des "10 plus horribles singles de l'histoire de la pop". C'est vous dire si on ne fait pas de prisonniers. Le morceau est aussi accrocheur que déplaisant. Aucune véritable mélodie sur laquelle se reposer, des brassées de gimmicks coupants qui semblent s'effondrer sur le passage de l'auditeur. Le morceau est follement entraînant, étrangement érotique et en même temps très antipathique. Au fil des écoutes on reste admiratif et, loin d'être un machin immonde, Me Against The Music fait honneur à son titre aussi ambitieux que vaniteux. Un massacre en règle qui nous transporte dans une autre dimension... The Zone. The Britney Zone (déjà présente depuis 1999 dans Lourdland sur ce même site !). Radicalement génial. Et que l'on ne s'y trompe pas, ce qui ressemble à un catch vocal entre la mère incestueuse et sa progéniture avide de liberté, se transforme bien vite en un remake musical de The Vampire Lovers.

        Et le reste de l'album vient emprunter cette voie tortueuse et étonnante, déjà à l'œuvre sur les Slave 4 U et Boys de l'album précédent. Sur In The Zone, il ne reste quasiment plus aucun vestige de l'ancienne Britney. Il n'y a plus de pop pyrotechnique à la manière de Trevor Horn, il n'y a plus de ballades gluantes co-signées par Shania Twain. Tout est adulte et agressif, et l'album finit par ne plus ressembler à rien de connu dans notre beau monde. Incroyablement radical, le nouveau Britney Spears ne cesse de surprendre. Comme par exemple avec le second morceau I Got That (Boom Boom), un machin de r'n'b/hip hop vicelard qui renvoie aux oubliettes le très médiocre album de Beyoncé (sauf le fabuleux single Crazy In Love, mais c'est une autre histoire). Britney ne veut plus être Bit-Bit, la petite fille sage un peu dévergondée, dont on avait du mal à prendre au sérieux les quelques incartades érotiques. Maintenant, c'est un autre film, une autre existence, une différente classe. Car la chanson suivante, Showdown persiste dans la veine sanglante du début de l'album. Tout n'est que murmures et production organique. Un vieux titre de film X surgit à notre esprit, In The Zone, c'est "l'Indécente aux Enfers" ! 

        Des gimmicks, il n'y a plus que cela chez Britney, des accroches oreilles et des braquages du cerveau. Mais la maligne emprunte à tout le monde. Au rock, à la pop, au rap, au r'n'b, à l'electro, au métal, au funk, chez Madonna, Michael Jackson, les Destiny's Child, Kylie Minogue... Kylie justement, ouvertement pillée sur Breathe (une chanson de Kylie porte le même nom !), dans un délire neo-disco parfaitement convaincant (bien plus que le nouvel album de la Minogue sus-citée). Britney l'a dit en ouverture de l'album : "All the people on the floor ! I want to see you dance !". Et elle y parviendra quel qu'en soit le prix. Elle veut fédérer, elle veut tout dominer par tous les moyens, même les plus triviaux. Elle se livre alors entièrement, nue et pornographique, sur un Early Mornin' orgasmique (et oui je sais que c'est l'ignominieux Moby qui produit... mais bon, ça pourrait être Charlie Oleg que ça ne changerait pas grand chose). Britney nous baille à la face. Elle ricane, nous soupire dans l'oreille. Et c'est pire que si elle se masturbait en public à Disneyland. Sa musique est désormais gorgée jusqu'au débordement de petits pièges, de sons étranges qui sortent de nulle part, de dissonances presque effrayantes. In The Zone devient par instant une BO perdue d'une scène coupée de Twin Peaks Fire Walk With Me.

        Arrivé au sixième morceau de l'album, le terrible Toxic, on se rend compte que Britney n'a pas baissé les armes une seule fois depuis le début. Toujours à l'attaque, travaillant au corps, elle nous vide de tout esprit critique. On aimerait avoir un peu de recul, pour se souvenir que Britney Spears est l'Antéchrist de la musique que l'on aime. Et que si on lui concédait certains charmes et une belle efficacité, on n'avait jamais vraiment imaginé aimer sa musique, être surpris, être charmé par la pimbêche à couettes, cette fillette américaine niaise et proche du degré zéro du glamour tel qu'on le rêve. Mais en écoutant l'effroyable Toxic, bombe pop inhumaine, qui accumule les effets irrésistibles comme on n'en a jamais vraiment entendu depuis que Michael Jackson a définitivement pété les câbles, on ne sait plus trop quoi penser. On ne voudrait pas aimer cela, et pourtant c'est génial. Le petit sample de violon là, le petit riff de guitare à la Ennio Morricone (ou à la Faye Wong (??!!)), la voix qui part dans les aigus en dissonant comme c'est interdit par la convention de Genève (comme si Mariah Carey rejoignait le côté obscur), tout cela nous plaît trop, on sait que c'est mal, mais on aime ça, et on aime d'autant plus que l'on sait que c'est mal.

        Sur Outrageous, Britney ne nous lâche pas, elle continue à nous étouffer dans un maelström sonore d'une sophistication synthétique effroyable. Ce n'est que sur le plus apaisé Touch of my Hand qu'elle consent à nous laisser souffler, tout en persistant à donner des petits coups de pieds mesquins au cadavre de Madonna (définitivement vidée de son fluide vital par Britney Carmilla). Mais In The Zone ne pouvait pas flirter ainsi avec les étoiles sans se brûler les ailes. C'est sur The Hook Up que Britney manque d'exploser en vol. Dans un bordel vaguement "ragga", elle s'égare. Le groove se prend les pieds dans le tapis, le procédé s'évente, la magie s'estompe, on reprend nos esprits, choqués de découvrir les incisives de Bit-Bit plantés dans notre cou. Mais l'intro ténébreuse de Shadow (c'est de circonstances), ses airs de "trip-hop" obsolète et les vibrations électriques de la voix de Britney pourraient nous faire replonger dans la torpeur. Mais le refrain, soudain, retrouve les accents pompiers des anciennes ballades de la demoiselle. On se heurte alors à nos vieilles réticences. Pourtant, la production résolument monumentale ne cesse de nous prendre à la gorge. Bit-Bit, qui nous a saigné à blanc avec toute la première moitié de l'album, Britney, si certaine de nous avoir conquis, ose la ballade à la Mariah Carey et parvient à sauver la mise. De justesse. 

        Et c'est avec la pop enjouée et carrée de Brave New Girl que la miss veut planter un pieu dans le cœur de la Madonne, elle qui n'a cessé de faire planer son ombre sur In The Zone. Alors ? Alors ? Brave New Girl est-il le nouveau Material Girl ? On serait tenté, ah, qu'on nous pardonne, de répondre par l'affirmative. Il y a le même côté irresponsable, horripilant et adorable que dans le tube fondateur de la Ciccone. Oh, vous allez être nombreux à trouver cela immonde, tant ce In The Zone n'est pas un album sympathique et ressemble souvent plus à une attaque au Napalm qu'à un disque de pop de bon goût. Mais voilà, c'est sur le tout dernier morceau, la seule véritable ballade, Everytime, que Britney remporte la mise et s'envole avec la banque. Car elle a réservé un petit espace délicat dans ce déballage indécent de puissance érotique. Un tel morceau aurait semblé immonde et démagogue, gluant, sur les autres oeuvres de Bit-Bit, et on ne pardonnerait cela à personne. On se méfierait. Mais là, bizarrement, magiquement, on est touché. Tout cela est formaté, pensé par des producteurs immondes, tout cela n'est ni pire ni meilleur que ce qu'aurait fait un Phil Spector ou un Trevor Horn en son temps... Chacun y trouvera ce que sa sensibilité voudra bien y amener. Que ce disque soit atroce aux oreilles de la plupart d'entre vous, cela ne me surprendra pas. Mais que ce soit un sommet de la pop de notre époque, cela ne me surprendrait pas non plus. Et loin d'avoir honte d'apprécier le dernier Britney Spears, on peut sans problème l'assumer. In The Zone est une bombe, une claque, une perle, un sortilège et comme je vous le disais déjà au tout début, on n'est pas près de se débarrasser de Britney. Tant mieux.

The Police : Greatest Hits

        Amusant de voir que l'on ne possède plus pour la plupart de ces groupes à la mode dans les années 80 que le best of ou l'album le plus connu. Faut dire que cela ne valait pas trop la peine de s'enfiler toute la discographie pour comprendre que l'on allait vite tourner en rond et qu'il ne fallait garder que les tubes. Et des tubes il y en a ici. Il y a même de bonnes chansons, c'est dire. Certes c'était un groupe de pingos (mattez la pochette !), certes c'est un peu (beaucoup) toujours la même chose, certes Sting est devenu un affront. Mais il y a Message In A Bottle, Walking On The Moon, Synchronicity II, Every Breath You Take (sympa mais malheureusement totalement inécoutable depuis l'horrible reprise de Puff Daddy, grand massacreur de classiques devant l'éternel (et Kashmir ? hein ? hein ?)), Wrapped Around Your Finger. Et même qu'il y a Roxanne et même que c'est un classique. Donc ce n'est pas si mal. Même si c'est assez inécoutable aujourd'hui. On connaît tout par cœur, c'est chiant, foulala, que c'est chiant.

Michael Jackson : Thriller & Dangerous

        Les puristes et les critiques vous hurleront : Off The Wall ! Et ils auront raison. Ceux qui furent "in" dans les 80's pourront vous dire : Bad. Et on leur pardonnera pour Man In The Mirror et surtout Smooth Criminal. Les gamins vous glisseront : Blood On The Dancefloor et il sera prié d'être indulgent. Moi je m'en fous, j'ai gardé mon beau Thriller et mon très beau Dangerous. Les deux classiques bourrés de tubes jusqu'à la gueule, usés jusqu'à la corde, connus dans leur moindre détail, adorés puis reniés puis réévalués puis rabaissés avant de trouver une petite place dans la discothèque nostalgique que chacun se doit de posséder. Thriller est peut-être le disque le plus vendu de tous les temps (record qui n'est pas prêt d'être battu), il est très mièvre. Il y a des horreurs du niveau de The Girl Is Mine et The Lady In My Life. Heureusement il y a... suspens...il y a... les tubes ! Wanna Be Startin' Somethin' est gavant mais pas très loin après (en zappant) il y a THE trilogie, le Star Wars de la variété internationale : Thriller (avec Vincent Price ! Cette chanson est géniale !), Beat It et Billie Jean. Là ça touche au merveilleux, c'est Disneyland chez soi pour pas (trop) cher. Billie Jean... ah... Billie Jean. Le reste de l'album on s'en fout, on a eu ce qu'on voulait. Dangerous est encore plus grandiose, c'est la big masterpiece. C'est plein de mégalomanie, de sucreries dégoulinantes, de riffs hilarants et d'auto-parodie complaisante et ça marche du feu de dieu. Rien à jeter, mais vraiment rien à jeter. Durant l'année qui a suivi la sortie de cette fresque hollywoodienne dédiée à l'Amérike triomphante, je l'ai écouté bien trop de fois. Alors bien sûr il y a des horreurs comme Gone Too Soon (la seule véritable horreur totale en fait). Mais bon sang de palsembleu de fichtregris, il y a Jam, In The Closet, Remember The Time, Can't Let Her Get Away, Will You Be There, Keep The Faith et la perle qui est peut-être la meilleure chanson jamais interprétée par Bambi, Who Is It. Who Is It qui est une merveille. Depuis, Michael Jackson est mort et cannonisé, Off The Wall est considéré comme un vrai classique, et même les albums suivants sont devenus fréquentables sans passer pour un adulte atteint du syndrome de Peter Pan. Tant mieux.

Scarlet : Naked

        Voilà qui est nettement plus récent et tout aussi indéfendable. Du moins tous ceux qui ont craqué sur le fameux Stay des Shakespear Sisters connaissent bien la formule. Deux filles, une production monstrueuse, des refrains gros comme des 50 tonnes (à ce niveau là c'est pire qu'un convoi exceptionnel), un emballage impeccable. Et puis il y a LE tube, en ouverture, directement, l'épastrouillant Independent Love Song, l'un des plus hénaurmes hymnes de pop épique des 90's. Ce n'était pas une si bonne idée de le mettre en premier car rien ensuite n'est aussi excellent. C'est toujours un peu la même formule, on dirait un disque des Manic Street Preachers (ce n'est pas si mal donc), mais il y a la voix de Cheryl Parker qui vaut carrément le déplacement. Ah oui, c'est autre chose qu'Alanisse Mauricette. Impossible de dire s'il y a de mauvaises chansons dans ce disque, tout s'écoute avec plaisir. Même que des fois c'est vraiment bien chouette, Virgin, Naked, Sirens Of Silence, Moonstruck. C'est du produit, mais du produit impeccable, voire même deuxpeccable quand on touche aux rives de cet Independent Love Song, tube d'un instant, garanti pure nostalgie.

Aqua : Aquarius

        Celui-là, je l'aime. Je l'ai défendu bec et ongles sur ce site depuis sa sortie. C'est un "cult classic", sans le moindre doute. Même si la moitié des morceaux pompe la mélodie de The Winner Takes It All d'Abba et même si la rythmique dance est insupportable, je suis toujours surpris par la qualité et l'ambition des chansons d'Aquarius. Le disque est dingue, drôle, riche en mélodie, en bidules bizarres et en arrangements splendides. Certains morceaux sont des perles (au hasard la très jolie chanson titre, le grandiose Back From Mars ou le déglingué Good Guys). Cet album est devenu aujourd'hui quasiment introuvable et disparaîtra peut-être totalement d'ici peu de temps. Il a donc tout pour devenir un bidule culte. Il fut aussi la bande son d'une heureuse période de mon existence. Peut-être embarrassant, certes, mais je ne suis pas près de m'en séparer.

Prodigy : The Fat Of The Land

        On avait bien accroché sur leur premier album, on avait adoré leur chef-d'œuvre, le déjà obsolète mais terriblement efficace Music For The Jilted Generation. Ce troisième effort, tant repoussé, anticipé, porté aux nues avant même sa sortie, annoncé par deux singles excellents, devait être le disque qui allait réconcilier techno et rock et ouvrir la route du renouveau. Arf, la bonne blague. Au même moment Atari Teenage Riot sortait The Future Of War et mettait tout le monde d'accord. Il ne restait rien aux Prodigy. Ce fameux big album lancé avec un marketing effroyable fut l'un des gros pétard mouillés des années 90. Pour sûr il y a Breathe (génial), Serial Thrilla (correct), Firestarter (impeccable) et Climbatize (délicieusement ringard). Mais alors, le reste. Beuh... Smack My Bitch Up c'est auto-parodique. Diesel Power c'est chiant. Funky Shit c'est... euh... rien. Mindfields c'est grotesque. Narayan c'est ignoble. Et la reprise de Fuel My Fire c'est l'horreur. Aller, 3 bons titres sur un tel album, ça fait pas lourd.

2 Unlimited : No Limits / Gina G : Fresh

        On en a gardé deux. Un classique et un plus récent. Un pour la nostalgie et un juste pour le plaisir. Deux disques d'eurodance dont on ne se vante pas des masses, c'est clair. On fera chier son petit monde avec ses maxis hyper rares d'Aphex Twin mais on n'ira pas présenter l'album de Gina G à n'importe qui. Et pourtant. Et pourtant ça vaut son pesant de cacahuètes tout ça. Il y a d'abord le fameux 2 Unlimited que beaucoup de gens de ma génération (oui comme dans les Who) essaient tant bien que mal d'oublier, de revendre ou de cacher. Pourtant c'est presque un album fondateur ce disque. Certes il y en avait d'autres avant eux, certes il ne faut pas oublier Snap (I've Got The Power ! zim zimzimzim) et autres Technotronic (Pump up the jam !). Mais avec Two Unlimited c'est bel et bien la bonne grosse Eurodance de méga daube horreur qui surgit en provoquant une panique indescriptible dans les rangs des fans des Smiths. Les premiers coups viennent des germains, les hollandais tapent durs, les allemands (avec U96 et Culture Beat) font encore plus forts. Les italiens et les espagnols, toujours en retard d'une rame (ce qui n'est pas pire que les français, en retard de 3 rames), guettent, ils vont bientôt pourrir l'Europe avec la pire musique du monde. Ca fait "pip pip", c'est plein de synthés pourris qui couinent tout seuls, y a deux filles en bikini qui s'agitent n'importe comment. C'est craignos mais ce n'est pas de cela dont on parle. On parle du premier 2 Unlimited (ils sont morts depuis, non ?). Et dessus il y a les hymnes qui sont à l'Eurodance ce que les chansons de Revolver sont à la Pop. No Limit, Tribal dance, Faces, Let The Beat Control Your Body. On n'irait pas réécouter ça aujourd'hui, mais on ne sait jamais...

     Et puis il y a Gina G, comment justifier ça ? Ca date d'il y a presque 15 ans, c'est dire si on ne sait pas comment parler de la chose. C'est pas moi monsieur l'agent, on me l'a offert à Noël, je ne pouvais pas refuser. Même pas vrai d'abord. Je l'ai acheté, en "mid price", et tout et tout. Dedans il n'y a que de l'or et des diamants. La bimbo Gina couine des refrains effroyables en visitant humblement toutes les figures imposés de l'album de l'été. On a droit au tube dance, le terrible Ooh Aah Just A Little Bit et à son remake I Belong To You. On a droit au bidule Ibiza, Fresh. On a droit au bidule romantique version World, Ti Amo. On a droit au bidule épileptique hilarant, Rythm Of My Life. Et puis on a droit à  la gargantuesque balade de conclusion, It Doesn't Mean Goodbye. Du produit délicieusement kitsch et affreux, du niveau de Wighfield (saturday night dadadilaladada) ou de Grace (it's not over, not over, not over, not over yet). Donc c'est de l'impeccable, mais dans son genre, évidemment.

 
 
 
 
 
 
 
 
Soutenez l'indépendance de
 
The Web's Worst Page :