Si vous faites trois pas sur le web, vous trouverez sans mal une littérature abondante sur la série Doctor Who. Ou du moins sur la nouvelle série, lancée en 2005. En langue française, la série classique (1963-1989, 679 épisodes) est très peu traitée. Mon but n’est pas de tenter une approche exhaustive, loin de là, de toute façon il est désormais impossible de voir tous les anciens épisodes, certains ayant été perdus. Non, plus simplement, j’aimerais conseiller quelques visionnages aux amateurs de la série contemporaine qui voudraient savoir d’où cet univers foisonnant prend sa source.
Premier point essentiel : la série classique n’est pas la série de 2005. C’est très bête à dire, mais c’est important. Aux yeux des fans actuels, l’ère classique paraîtra le plus souvent extrêmement datée, naïve et fauchée. Le rythme est lent, tout respire le carton-pâte et les petits budgets. Même les meilleures histoires ne peuvent que rarement rivaliser avec la période Davies/Tennant, clairement le sommet de l’ensemble des deux séries. Néanmoins, outre un intérêt purement historique, certains épisodes possèdent beaucoup de qualités et de charme.
Une précision s'impose : la série classique de Doctor Who n'est pas éditée en DVD en France, pour la découvrir il faut passer par les DVD britanniques édités par la BBC. Pas de version française (Dieu soit loué), mais pas de sous-titres français non plus. Si des sous-titres anglais sont présents pour aider, ce problème rebutera probablement certains d'entre vous. |
Premier Docteur : William Hartnell (1963-1966)
Il serait logique de commencer par le commencement dans le cadre du visionnage de la série classique. C’est pourtant relativement à déconseiller, tant le choc risque d’être rude si vous passez sans palier de décompression de la frénésie de l’ère Smith/Moffat à cette préhistoire rouillée. Oui, An Unearthly Child revêt une importance indéniable, c’est la première aventure. Ici apparaissent de nombreux éléments toujours en vigueur : le thème musical, le Tardis en forme de police box, le son qui fait « whooosh whoooosh », les compagnons, le voyage dans le temps, le découpage en mini épisodes s’achevant sur des cliffhangers. Tout est déjà présent. Mais pour le reste… Dans un noir et blanc télévisuel baveux, An Unearthly Child avance au ralenti au fil de situations et de dialogues interprétés par des comédiens pour le moins médiocres. Le premier Docteur fait de la figuration et sa personnalité hautaine et acariâtre paraîtra peu attachante. L’aspect SF se limite à deux cavernes en carton et à une poignée de figurants en peaux de bêtes. C’est répétitif et pour tout avouer vraiment mauvais. Le public ne s’y est pas trompé, boudant ces débuts qui faillirent déjà coûter la vie à ce qui deviendra la plus longue série de SF de l’histoire de la télévision.
Heureusement arrivèrent les Daleks. Après tout, que serait Doctor Who sans ses méchants emblématiques ? Les poivrières à ventouse, les plus improbables conquérants de l’univers, en panne devant les escaliers, les Daleks, qui débarquent dès la seconde histoire de la série. Même si les défauts précédemment cités, en particulier la lenteur insoutenable de l’intrigue, l’interprétation catastrophique et l’aspect ridiculement cheap, sont omniprésents, la présence des Daleks vient bouleverser la donne. Avec leurs hurlements électriques, leur absence d’émotions et leur design impossible, les Daleks s’inscrivaient dans la lignée des robots maléfiques des années 50. Mais avec de petites touches d’originalité que les futures saisons sauraient exploiter au mieux. Il faut donc s’arrêter par The Daleks et The Dalek Invasion of Earth. Dans ce dernier, les créatures prennent d’assaut Londres et la série gagne en ampleur au moment où sa popularité explose. Le mythe est né. |
Second Docteur : Patrick Troughton (1966-1969)
C’est la grande tragédie de la série classique. A l’époque, la BBC avait l’habitude de réutiliser, par mesure d’économie, certaines bandes magnétiques, en effaçant ce qui se trouvait dessus. La majorité des épisodes du second Docteur ont ainsi été perdus. Pour certains, il ne reste que les pistes audio, ou les récits adaptés en romans. Par là même, la première régénération n’existe plus, il ne reste qu’une vague photo de tournage et quelques bruitages. De cet événement majeur, qui assurera la continuité jusqu’à nos jours, surgira Patrick Troughton, l’un des Docteurs les plus aimés. Il faut dire qu’après l’austérité et le grand âge d’Hartnell, la fantaisie de Troughton est un bain de jouvence. Il est le premier à transformer le Docteur en lutin hyperactif, drôle, bondissant, mais tout autant malin et protecteur. Son interprétation marque le véritable acte de naissance de la série. Même si la forme reste très datée (N&B, budgets riquiquis, rythme fort lent), certains épisodes sont recommandés.
The Tomb of The Cybermen, qui ouvre la saison 5, est souvent cité parmi les meilleures histoires de la série classique. Il faut avouer qu’entre sa durée assez brève, la description pertinente des Cybermen et une ambiance inquiétante, on est ici dans le haut du panier de la préhistoire du Docteur. La cruauté, une des marques de fabrique de la série, n’est pas en reste, et les seconds couteaux tombent comme des mouches. N’en espérez pas des montagnes, ceci dit. Je le répète, ce n’est pas la série de 2005, très loin de là. Même si dans les mimiques et l’énergie de Troughton, on reconnaît déjà le Docteur d’aujourd’hui.
Naviguons entre les épisodes perdus et arrivons à The Mind Robber. Une histoire qui divise les fans de la série classique, mais particulièrement intéressante dans son approche fantaisiste. De surcroît, le trio formé par le second Docteur, Jaimie et Zoé est l’une des meilleures formations, toute époque confondue. Surréaliste, un peu bordélique, pas toujours passionnant, mais plein de bonnes idées, The Mind Robber annonce certaines des aventures les plus originales qui ponctueront les décennies suivantes. Comme toujours c’est très fauché, et je vais d’ailleurs cesser de le répéter. Toute la série classique est peuplée d’effets spéciaux bricolés, de décors chancelants et de monstres en caoutchouc, voilà, au moins vous le savez. On peut poursuivre.
The Invasion est souvent apprécié des amateurs de l’ère classique. Il est pourtant difficile d’accrocher à un récit particulièrement arthritique, qui ne prend vraiment son essor que dans son dernier tiers. L’intérêt principal réside dans l’édition DVD où les chapitres effacés à l’époque ont été reconstitués en dessins animés avec la bande son d’origine. Le procédé est très convaincant et permettra peut-être un jour de découvrir dans de bonnes conditions l’intégralité des épisodes perdus.
La première célébrité de The War Games provient de sa durée. En 10 chapitres étendus sur pas moins de 250 minutes, il s’agit de la plus longue histoire jamais racontée en continuité dans Doctor Who. Reconnaissons-le, cette durée dantesque ne se justifie que par les problèmes de production rencontrés à l’époque. Le rythme est lent et les situations se répètent. Néanmoins, c’est un indispensable. L’histoire est intéressante, et elle servira, ainsi qu’une partie du design, comme base à la récente adaptation cinématographique de Hunger Games, similitudes troublantes à l’appui. Par ailleurs il s’agit de la dernière aventure du second Docteur et de la première apparition des TimeLords. C’est donc un moment-clef dans la mythologie de la série. |
Troisième Docteur : Jon Pertwee (1970-1974)
Le troisième Docteur amène avec lui de nombreuses révolutions. Doctor Who passe enfin à la couleur, augmente son budget et secoue ses oripeaux. Durant cinq saisons, la série va entrer dans sa phase moderne, préparant l’apogée de la période Tom Baker. Pour le moment c’est Jon Pertwee qui s’y colle, avec une incarnation plus virile et distante que la version Troughton. Volontiers donneur de leçons, le Troisième prendra peu à peu ses marques.
Spearhead from Space est principalement marquant pour l’arrivée de la couleur, de Pertwee et des Autons. On notera aussi la place majeure accordée au personnage du Brigadier Lethbridge-Stewart, déjà apparu du temps du deuxième Docteur, et qui deviendra le second couteau le plus présent et le plus populaire de toute la série classique. Jamais à proprement parler un compagnon, le Brigadier ne quitte quasiment jamais le troisième Docteur, bloqué sur Terre pendant une bonne partie de son règne.
Inferno est fréquemment considéré comme la meilleure aventure de Jon Pertwee. Ou du moins la plus accessible pour les audiences d’aujourd’hui. L’influence de James Bond est indéniable, mais, après un début un peu poussif, l’aspect SF prend le dessus avec une belle plongée dans un monde parallèle. L’interprétation très physique de Pertwee fait des merveilles et il s’agit d’un excellent opus.
La saison 8 voit l’introduction d’un des principaux méchants de la série, The Master. Ses maléfices occupent l’intégralité de la saison et on peut globalement tout conseiller si vous appréciez le personnage (moins déjanté que dans sa réapparition face à David Tennant, ceci dit). Sinon vous pouvez vous contenter de Terror of The Autons, épisode correct pour présenter le vilain TimeLord.
La période Pertwee est assez équilibrée, avec des épisodes plus ou moins marquants (on conseillera par exemple The Daemons, The Curse of Peladon ou l’amusant Carnival of Monsters). Nous retiendrons en priorité The Three Doctors, histoire célébrant les dix ans de la série et permettant pour la première fois le retour d’anciennes incarnations du Docteur. Malade, Hartnell ne fait que de la figuration, mais le duo Troughton/Pertwee fonctionne à merveille et c’est un bonheur de retrouver le toujours adorable second Docteur. Le méchant mis en scène, Omega, s’avère aussi important pour qui s’intéresse un peu à la continuité de cet univers.
La dernière saison du troisième Docteur marque l’entrée en scène du compagnon préféré d’à peu près tout le monde, Sarah Jane Smith. Attachante, dynamique, nuancée, elle sera au côté du Docteur pendant un peu plus de trois saisons. Elle marque aussi l’entrée de la série dans sa période la plus réputée. Elle est témoin du passage de flambeau entre Pertwee et Baker et sera au cœur de quelques-uns des meilleurs épisodes. On conseillera donc The Time Warrior, qui marque son arrivée, ainsi que la première apparition d’un guerrier Sontaran.
Pour faire plaisir aux arachnophobes, ne faisons pas l’impasse sur la régénération du troisième Docteur lors de Planet of the Spiders. Les effets spéciaux rudimentaires rendent la chose plus comique qu’effrayante, même si le chant éthéré des araignées géantes est une scène aussi grotesque qu’un peu inquiétante. Pour la première fois on sent le Docteur conscient de sa propre fin et la conclusion de l’épisode est assez touchante. |
Quatrième Docteur : Tom Baker (1974-1981)
Tom Baker fait son entrée et tout change. Incarnation idéale du Docteur, Baker est aussi le comédien au plus long règne dans le rôle, pas moins de sept saisons. Son look, avec chapeau et écharpe interminable, est devenu l’apparence la plus connue du Docteur. Lorsqu’on pense à Doctor Who, du moins à la série classique, c’est Baker qui vient à l’esprit. Est-il le meilleur Docteur ? Cela se discute, même si beaucoup le pensent, Baker en premier, bien qu’il ait récemment reconnu que David Tennant lui avait volé la couronne.
La première moitié de la période Baker, jusqu’à l’intervention des familles choquées et à l’adoucissement des thèmes et de la violence, est fortement conseillée. Néanmoins, on retiendra quelques épisodes remarquables. Le premier d’entre eux a été élu par les fans comme le meilleur de toute l’ère classique. Rien que ça. Il s’agit du célèbre et célébré Genesis of the Daleks. Sa réputation n’est pas usurpée. Pour les fans de la série de 2005, c’est probablement la première histoire de la série classique qui leur semblera à peu près à la hauteur de ce qu’ils connaissent. Très sombre, ce récit de la création des Daleks, première apparition de Davros, trace un parallèle évident avec le nazisme et tous les totalitarismes eugénistes en général. Cruelle, oppressante, c’est une histoire où l’humour habituel de la série est mis de côté. Tout est au top, du visuel à l’interprétation, et même si le rythme est toujours très loin des standards actuels, il est impossible de prétendre connaître Doctor Who sans avoir vu Genesis of the Daleks. Recommandation maximale.
Toujours pas réédité en DVD, Terror of the Zygons est pourtant l’une des histoires les plus connues de la série classique. C’est dire si son aura est importante. Classés parmi les monstres préférés des spectateurs, les Zygons sont aussi parmi les plus effrayants. Et il faudra attendre l’invention des Weeping Angels et du Silence pour trouver des équivalents. Créature polymorphe à la voix sifflante, les Zygons ont marqué une génération de mômes terrifiés derrière leur canapé. On notera aussi l’intervention d’un monstre du Loch Ness assez comique.
Tout est bon dans la saison 13, du vrai-faux remake de Planète Interdite aux décors magnifiques (Planet of Evil) en passant par l’étrange Pyramids of Mars. Mais arrêtons-nous sur la saison 14, souvent considérée comme la meilleure de la série classique. The Hand of Fear marque le départ de Sarah Jane Smith et le point pivot de l’ère Baker. Grâce à l’interprétation exemplaire de la regrettée Elizabeth Sladen, cet adieu demeure l’un des changements de compagnon les plus marquants. On notera aussi l’excellent design de la créature Elrad, un vrai suspens et un rythme soutenu.
The Deadly Assassin est un incontournable à plus d’un titre. C’est la seule aventure de toute l’histoire de Doctor Who où le Docteur n’a pas de compagnon quel qu’il soit. Intégralement situé sur Gallifrey, la planète natale des TimeLords, l’épisode marque le retour du Master, plus psychopathe que jamais. The Deadly Assassin, et son titre redondant qui fit beaucoup rire, provoqua l’ire des censeurs britanniques et marqua le point limite de la violence représentée dans la série classique. Il faut dire qu’étant une série pour les enfants, diffusée le samedi soir, Doctor Who n’hésitait pas à aller assez loin dans l’effroi et les situations morbides. La production leva par la suite un peu le pied, avec de temps en temps quelques incartades mémorables dont nous parlerons plus loin.
Sorte d’Agatha Christie dans l’espace, The Robots of Death fait honneur à la méchanceté habituelle de la série. C’est un vrai jeu de massacre dont peu réchapperont et où la paranoïa est à l’honneur. Le design est kitsch au possible, mais l’ambiance est à la hauteur. L’arrivée de l’amazone Leela comme compagnon ayant la rude tâche de succéder à Sarah Jane ne déçoit pas et prouve encore la qualité de cette saison 14.
Mieux encore, The Talons of Weng-Chiang conclue l’année sur une note majeure. C’est du Doctor Who qui flirte avec Sherlock Holmes. Moins de SF, davantage de mystères victoriens, mais aussi beaucoup d’humour et de fantaisie. Adoré par beaucoup, l’épisode souffre quand même des excès de certains des personnages secondaires et d’un rythme pépère. On le recommande souvent à ceux qui ne connaissent pas du tout Doctor Who. Pour la série classique, ça se discute, mais pour le Docteur dans toute sa continuité, n’échangez pas Blink, Midnight ou The Girl in the Fireplace comme introductions conseillées.
On l’a compris, la période Tom Baker plaira à beaucoup. Faisons brièvement une pause sur City of Death pour différentes raisons. D’une part parce qu’il s’agit, encore aujourd’hui, du record d’audience de la série en Angleterre. La principale cause étant la grève de chaînes concurrentes à la BBC, certes, mais pas seulement, car on est là dans la période la plus populaire de la série classique. Enfin diffusé un peu partout dans le monde, Doctor Who est au sommet. L’épisode en lui-même n’est pas franchement mémorable, à l’exception des extérieurs tournés à Paris. On appréciera aussi la fraîcheur de Romana, le compagnon du moment, ainsi que la présence de Julian Glover (le Bellock des Aventuriers de l’Arche Perdue) en méchant très méchant.
La fin de règne de Tom Baker marque aussi le début de la décadence de l’ère classique qui sombrera peu à peu au fil de 8 saisons supplémentaires, avec des hauts très hauts et des bas abyssaux. Baker est à son aise mais semble un peu en bout de course lors de la saison 18. Les histoires sont plus traditionnelles et les coupes budgétaires débutent. La trilogie The Keeper of Traken, Logopolis et Castrovalva demeure intéressante pour assister à une passation de pouvoir des plus historiques. Il faudra un peu de patience et d’indulgence mais le jeu en vaut la chandelle. L’arrivée de Peter Davison dans le rôle du Docteur, très discutée à l’époque, ne cesse d’être réévaluée aujourd’hui. |
Cinquième Docteur : Peter Davison (1982-1984)
Plus jeune, plus fragile, plus hésitant, mais tout autant attendrissant et humain, le cinquième Docteur eut une existence brève mais marquante. Dans une période où tout le monde ne jurait que par Star Wars, mais aussi par des productions enfantines plus sombres, Davison fut pris dans la schizophrénie de plus en plus marquée de la série. Pour exemple, Earthshock, où l’influence de Star Wars se fait sentir à chaque minute. Néanmoins, le très bon visuel et la fin inoubliable en font un passage essentiel dans l’évolution de Doctor Who.
La saison 20 marque déjà la fin du cinquième Docteur en même temps que son heure de gloire. Resurrection of the Daleks est probablement l’histoire la plus brutale impliquant les antagonistes emblématiques de la série. Morts en cascade, trahisons à foison, sacrifices à tous les étages, avec en prime un Davros de plus en plus fou, du Doctor Who classique à son top du top.
Mais tout cela ne faisait qu’annoncer ce qui reste à mes yeux comme le meilleur épisode de la série classique (et je suis loin d’être le seul à penser cela), The Caves of Androzani. Alors, ce n’est pas le Docteur drôle et primesautier, nous sommes ici dans le recoin le plus ténébreux des tribulations du TimeLord. C’est un récit de régénération, la mort est partout et tout le monde (ou presque) y passera. Au fond des cavernes où tout n’est que profit et folie, on n’est clairement pas là pour plaisanter. A part un monstre des cavernes à peine digne de Bioman, tout est parfait. En particulier Sharaz Jek, l’un des adversaires les plus inquiétants et pathétiques de la série. Avec ses allures sadomasochistes et une interprétation magnétique, Sharaz Jek entraîne Doctor Who dans des territoires qu’on ne retrouvera qu’après la renaissance de 2005. S’il s’agit probablement du sommet de la série classique, il marque aussi le vrai début de la fin. |
Sixième Docteur : Colin Baker (1984-1986)
Des pages et des pages de haine ont été noircies au sujet de Colin Baker, le sixième Docteur que tout le monde déteste. Il faut reconnaître que ce n’est pas totalement la faute du comédien qui ne fait qu’interpréter ce qu’on lui propose. La schizophrénie dont je parlais plus haut est ici à son maximum, car derrière ses allures de clown, le sixième Docteur est de loin le plus antipathique. D’une méchanceté totale (il commence par essayer d’étrangler Peri, la compagne héritée du cinquième Docteur), méprisant et sûr de lui, il est censé incarner la règle selon laquelle chaque nouveau Docteur doit plus ou moins être l’antithèse du précédent. L’échec est total, surtout après l’attachant Peter Davison. De surcroît, et c’est sans doute le principal problème, la qualité d’écriture chute terriblement, les budgets s’effondrent et le public fuit en masse. La saison 22 faillit être la dernière et la saison 23 tenta péniblement de remonter la pente. Mais il était déjà bien trop tard. |
Septième Docteur : Sylvester McCoy (1987-1989)
Il ne restait plus grand monde pour assister aux trois saisons écourtées menées par Sylvester McCoy. A tort, car le comédien se révèle excellent et se débat de son mieux au fil d’épisodes inégaux. Passant d’une diffusion traditionnelle le samedi soir au lundi, puis au mercredi, Doctor Who connait une chute pour le moins tragique. Plus sombre, le règne du septième Docteur mérite clairement la réhabilitation. On conseillera le très réussi The Curse of Fenric avec sa ribambelle de monstres et de mysticisme. Malgré plein de petits défauts, c’est une histoire de haute tenue, en particulier grâce à sa caractérisation relativement subtile. Bref, le Docteur pouvait encore longtemps explorer l’univers, mais la saison 26 marqua, en 1989, la fin de la série classique. |
Huitième Docteur : Paul McGann (1996)
La rétrospective serait incomplète sans la mention du téléfilm de 1996 qui s’inscrit dans la continuité de la saga. Produit en partie par Universal et des fonds américains, ce pilote d’une nouvelle série avortée ménage ainsi le meilleur et le pire. On retrouve ainsi Eric Roberts, nul en Master ricanant, ainsi que des compagnons peu intéressants. L’américanisation de l’univers du Docteur est globalement catastrophique et elle rappelle le sort réservé à Torchwood et son effroyable saison 4. Alors que la télévision vit à l’époque au rythme de la série Urgences, on nous inflige de nombreuses scènes d’hôpitaux parfaitement incongrues. Bref, ce n’est pas brillant. Et pourtant. Pourtant il y a Paul McGann, qui en à peine une heure de présence, campe un huitième Docteur très prometteur. Il y aussi de vrais moyens qui permettent l’élaboration du Tardis le plus luxueux de l’histoire de la série. La salle de contrôle est une splendeur. L’histoire en elle-même n’est pas mauvaise non plus. Enfin, il y a Sylvester McCoy qui vole la vedette à tout le monde le temps d’une résurrection émouvante. C’est donc un tort d’essayer de mettre de côté cette brève apparition du huitième Docteur.
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Après ce retour raté, l’avenir de Doctor Who semblait bien sombre. Mais une telle institution télévisuelle, un nom aussi fameux, pouvait difficilement demeurer dans les cartons. Grâce à Russell T. Davies, Julie Gardner et Mal Young, le nouveau millénaire vit la renaissance du Docteur. Le reste fait toujours partie de notre quotidien. Vous êtes certainement plus familiers de la série contemporaine et si ce n’est pas le cas vous passez à côté de ce qui se fait de mieux à la télévision. Vous pouvez commencer par la première saison et vous ne pourrez probablement plus vous en passer. Pour ce qui est de la série classique, tentez l’expérience avec les épisodes que je vous conseille. Si cela vous plaît, si un Docteur vous touche plus qu’un autre, vous pouvez poursuivre votre exploration. |
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