Terminator - AlienS - Abyss

de James Cameron

        En attendant l'édition ultimate de Terminator 2 (on en pleure de bonheur à l'avance) et la réédition, enfin digne du film, de Titanic (qui est une merveille, je persiste et je signe), voilà de quoi nous occuper sur le cas James Cameron. Il est encore trop tôt pour avoir un avis clair et distinct sur l'œuvre et sur la place de ce réalisateur dans l'histoire du cinéma. Est-il le David Lean de notre époque ? Certains l'affirment, non sans raisons. D'autres crient au scandale, à la manipulation. Et pourtant, en revoyant ses chefs-d'œuvre, on ne peut nier le talent et la sincérité du bonhomme. Ce type se donne à fond dans ses films, il fait le cinéma dont il rêve, contre vents et marées. Et cela se voit à l'écran, bon sang, oui, cela se voit. Terminator, un budget de série Z qui nous donne l'un des films d'action les plus influents des années 80. AlienS, une suite très différente mais aussi géniale que l'original. Abyss, une folie mégalo dantesque qui est avant tout un drame intimiste poétique. Que peut-on ajouter à cela ? Les films parlent d'eux-mêmes.

        Les DVD ? Sublimes ! Terminator en édition spéciale, n'a jamais été aussi beau comme un camion repeint. Les bonus valent le déplacement, croyez-moi. AlienS en THX, c'est le Nirvana, juste pour prouver qu'il s'agit peut-être bien là du plus grand film d'action du cinéma occidental (pas très loin du Predator et du Die Hard de McTiernan, bien sûr). Abyss, dans un collector qui rappellera des souvenirs aux amateurs du Laserdisc (paix à son âme), bon bah c'est toujours un chef-d'œuvre, cela n'a pas changé depuis 1989, et cela reste le meilleur film de Cameron.

        En résumé : trois des plus grands films hollywoodiens des années 80 dans des éditions à tomber à la renverse. Impossible de ne pas les posséder dans sa DVDthèque. IMPOSSIBLE ! Terminator, pour Schwarzy en méchant mythique et pour la violence très Comics. AlienS, parce que l'on ne fera jamais mieux que cette bombe qui explose sans temps mort pendant 2h30 (!!!). Et Abyss, parce que l'immense Ed Harris en incarnation de toute la fragilité et de la grandeur de l'humanité c'est inestimable. INESTIMABLE !


Patlabor 1 & 2

de Mamoru Oshii

        Vous qui aimez Ghost In The Shell, ces DVD vous tendent les bras. Bon, déjà, si vous me lisez, vous aimez GITS et vous l'avez déjà sans doute acheté, soit en VHS chez HK, soit en DVD dans la même collection que nos Patlabor. Patlabor c'est quoi donc ? Ni plus ni moins que ce que l'équipe de Mamoru Oshii a accompli juste avant de s'atteler au fameux plus grand film de SF des années 90. Est-ce que c'est aussi bon que GITS, allez-vous me demander sans faire de détour ? Je réponds oui, sans hésitation. Le premier Patlabor vaut pour sa galerie de personnages terriblement attachants, pour son enquête policière très "Seven" avant Seven, pour son scénario complexe et diaboliquement touchant et bien sûr pour ses dernières 20 minutes. 20 minutes d'une scène d'action incroyable, la plus jouissive de toute l'œuvre d'Oshii. A ne pas manquer : le face à face final entre les Labors, au lever du jour, sur la tour de Babel détruite. Les larmes montent aux yeux, croyez-moi.

        Patlabor 2 est encore plus proche de GITS dans son refus de toute concession au cinéma de divertissement pur et dur. La moitié du métrage consiste en de longues scènes de dialogues qui servent la richesse incroyable d'un scénario de politique-fiction (sans doute le plus beau jamais mis en scène par l'équipe d'Oshii) et le développement de personnages de plus en plus émouvants. La moitié restante est dédiée aux sublimissimes scènes en apesanteur chères à Oshii, avec quand même quelques instants d'action très intenses (en particulier le combat dans la jungle en ouverture du métrage, la tétanisante explosion du missile sur le pont de Tokyo, le raid aérien des révolutionnaires et la confrontation finale dans les conduits inondés, quasi remake, en plus métaphysique, de celle du premier film).

        En résumé : deux chefs-d'œuvre absolus à posséder en priorité et à classer aux côtés de Ghost In The Shell et de Jin-Roh. Ce que l'anime adulte peut produire de meilleur et de plus bouleversant. Si le premier Patlabor possède encore des allures de grand film de SF jouissif piraté par l'univers cérébral et poétique d'Oshii, sa suite se place à égalité avec GITS (certains trouvent même Patlabor 2 supérieur au parcours prophétique et philosophique de Motoko). Des œuvres "grand public" transcendées par un auteur de génie, c'est dire si vous ne pouvez pas vous en priver.


Solaris

de Andréi Tarkovski

        Un DVD russe, oui msieurs dames ! Et ils ne se sont pas moqués de nous. Evénement franchement paradoxal, quand on pense à la censure qu'a subi Tarkovski du temps de la "grandeur" communiste. Et maintenant voilà le grand Andrei enfin considéré comme le génie du cinéma russe moderne. Pour preuve cette luxueuse édition double DVD (déjà épuisée !) de l'un de ses chefs-d'œuvre (mais on me fera remarquer que tous les Tarkovski sont des chefs-d'œuvre, et cela est vrai). Le film est en fait partagé sur les deux disques, avec un entracte abrupt en milieu de métrage. Parlons des bonus. Bandes annonces, biographies, filmographies, rien de bien original. Un documentaire sur l'acteur Donatas Banionis, instructif. Une interview de l'actrice principale, touchant. Et quelques mots de la sœur de Tarkovski, d'autant plus touchant. Mais l'essentiel demeure, bien sûr, le film. Dans une copie de toute beauté qui rend parfaitement justice aux tableaux (ce ne sont plus des plans à ce niveau de perfection) de Tarkovski. Les couleurs sont splendides, toutes les teintes sont parfaitement rendues, le film est définitivement intemporel à tous les niveaux. De même au niveau sonore, les détails sautent aux oreilles et le thème principal (du Bach, toujours du Bach) implante des frissons dans tout le corps.

        Le film ? La réponse de Tarkovski au 2001 de Kubrick. Un film très différent sur bien des points, mais tout aussi important dans son ensemble. Visuellement, Tarkovski a effacé l'aspect SF clinique au profit d'un univers plein de détails et d'imperfections qui annonce déjà Alien et le cinéma de Terry Gilliam. On notera quand même de nombreuses similitudes avec 2001. L'océan pensant extra-terrestre remplaçant le monolithe. Les deux entités/concepts ayant un rapport très similaire avec les humains. On peut, par exemple, considérer l'océan de Solaris comme égal des humains, en ce sens qu'il cherche avant tout à communiquer avec eux au travers de leur inconscient (en cela on pourra aussi rapprocher Solaris de Planète Interdite), et aussi de satisfaire les désirs comme un cadeau de bienvenue (au lieu d'offrir des bibelots, l'océan comble les pulsions et les traumatismes). Le cadeau est bien sûr à double tranchant et mène les hommes au bord de la folie. Mais voilà qui est bien réducteur, tant les très courtes 2h50 de métrage sont d'une richesse philosophique bouleversante. Réflexion sur ce qui fait l'humanité, d'une profondeur comparable à celles de Freaks, 2001, La Ligne Rouge ou Ghost In The Shell, Solaris fascine, émerveille, questionne. Au final on pense encore et toujours à Nietzsche : "quand vous regardez l'abîme, l'abîme regarde aussi en vous". On attend désormais avec impatience l'édition de Stalker prévue pour septembre 2001. Ainsi que celles du Miroir, d'Andréi Roublev (mieux que l'édition Criterion ??) et du Sacrifice.

        En résumé : La réputation de Tarkovski n'est pas usurpée. Immense cinéaste spinoziste et humaniste (non ce n'est pas contradictoire), Tarkovski offre avec Solaris sa vision pleine de doutes et de mélancolie du monde de la SF. Perdu au milieu de l'espace, essayant tant bien que mal de communiquer avec un autre esprit, l'homme ne pourra jamais se séparer de ce qui fait son essence : la mémoire et donc la culpabilité. On pourrait parler sans fin de ce film et surtout le comparer avec les autres œuvres de son auteur. Mais non, l'expérience du cinéma de Tarkovski ne se partage qu'avec des silences. Recherchez, dénichez, achetez tout ce que vous pouvez, vous ne le regretterez jamais.


Seven

de David Fincher

        Donc, voilà, il y avait eu une première édition très réussie, avec une image fidèle au chef-d'œuvre vu en salles et quelques bonus charmants. Mais bon, qui dit film culte dit "on va vous sucer jusqu'au dernier billet". Un an plus tard, bam, on ressert le couvert, avec une jaquette identique (mais cachée dans un bô boîtier noir, histoire de nous faire croire que c'est Fight Club). Pour le meilleur ? Presque... Parce que comme pour Massacre à la Tronçonneuse, le mieux est l'ennemi du bien. L'image est tellement retravaillée que Seven devient beau comme un hôpital. Kubrick ? Vous avez dit Kubrick ? Bah non, justement, vu comment Kubrick massacrait sciemment ses films pour les sorties vidéos, Fincher est à côté de la plaque pour le coup. Le gars David, d'ailleurs, qui aime beaucoup son joli thriller tout repeint. Et pour tout avouer, moi aussi je l'aime bien tel qu'il est là notre Seven. Parce que finalement on s'habitue très vite aux tous minuscules changements visuels. Et beaucoup d'entre vous ne remarqueront même pas la différence avec la copie cinéma. Surtout que le son est parfait (et Dieu sait que le son de Seven est formidable, hein, on n'est pas prêt de se lasser de la version Precursor du Closer de Nine Inch Nails, en générique de début). Il paraît que les pistes VO sont moins bien que les pistes VF (ah ? il existe une VF ?), mais alors là les enfants, moi j'en sais foutre rien, le 5.1, le 6.1, le DTS, le EX, le Matrix (sic !), je sais ce que c'est, rassurez-vous, mais je ne suis pas du tout équipé en conséquences. Je peux juste vous dire qu'en stéréo sur une bonne télé, ça envoûte du feu Divin (enfin... du feu Infernal, pardon...).

        Les bonus ? Tous excellents, aussi intéressants que sur le Fight Club collector. Trois commentaires audio, où Fincher fait toujours un numéro brillantissime. Je voudrais m'attarder sur le commentaire Fincher/Pitt/Freeman, franchement merveilleux. Fincher et Pitt ont fait leur visionnage ensemble et ils s'amusent comme des gosses, avec des anecdotes souvent très drôles. Morgan Freeman, de son côté, joue le rôle du vieux sage solitaire, une figure supérieure du Cinéma. Il parle un peu de Seven, mais avant tout de sa vision du 7e art et même de la vie en général, c'est superbe et justifie amplement l'acquisition de cette édition collector qui est tout sauf un gadget. En plus c'est sous-titré ! De passionnants mini-documentaires nous content la remasterisation du film, une étude du générique de début (façon Fight Club, encore) ravira les nerds, les scènes coupées sont agréables à (re)découvrir (on étudiera avec amusement le storyboard du final initial et on louera Fincher d'avoir tourné la conclusion que nous connaissons tous). Mais le clou de ces suppléments, dissimulé dans l'ombre, ce sont les photos. Et là je ne vous en dis pas plus.

        Le film ? Je radote, je radote, c'est pas possible ce que je radote, mais c'est encore et toujours un chef-d'œuvre. Les années passent et l'impact reste le même. On l'a vu, revu, rererevu, on le rerererevoit, et on est toujours autant secoué par cette ambiance admirable, par ce portrait ténébreux d'un Mal "idéalisé", d'un Mal impossible à saisir, un Mal qui nous dépasse et qui dépasse bien sûr John Doe. A noter que la réplique de Sommerset "si jamais un vaisseau spatial sort de sa tête, je veux que tu ais prévu ça." est plus chargée de sens qu'il n'y paraît de prime abord, tant John Doe ne semble être qu'une enveloppe faussement charnelle pour une puissance supérieure. On pensera à l'Exorciste, on pensera à Halloween, on pensera à The Thing, on pensera à l'Antre de la Folie (beaucoup de Carpenter, le spécialiste de l'abstraction du Mal). C'est pour cela que Seven est un film fantastique bien plus qu'un thriller ou un polar. Dans une ambiance gore (je parle de l'ambiance, hein, c'est gore comme Massacre à la Tronçonneuse, tout dans la suggestion), Pitt et Freeman (mais aussi le spectateur) sont écrasés par une histoire réglée dès le générique de début (tiens, mais c'est Patlabor, ça, à la différence que, ici, le Mal triomphe). Impossible de s'échapper de Seven, comme il est impossible de s'échapper de l'Armée des 12 Singes (l'autre grand film fantastique de 1996).

        En résumé : une édition collector luxueuse et indispensable. Seven n'a jamais autant brillé de sa fabuleuse lumière des ténèbres. Une perle de DVDthèque qui comblera tout le monde, du nerd au beauf en passant par le cinéphage, chacun y trouvera son compte. Seven est désormais un classique, et on le range aux côtés de la Mort Aux Trousses et de Bonnie And Clyde, sans en rougir.


La Prisonnière du Désert

de John Ford

        Le western des westerns ? Ah cela dépend de ce que vous demandez au western. Que vous soyez amateurs de grand spectacle, de divertissement, de réflexion sur le genre, de démystification... vous trouverez ici ou là votre "western" parfait. Pour certains ce sera La Chevauchée Fantastique, pour d'autres ce sera La Porte du Paradis, pour d'autres encore ce sera Rio Bravo, Il Etait Une Fois Dans l'Ouest, l'Homme Qui Tua Liberty Valance, La Horde Sauvage ou bien Impitoyable. Mais sans entrer dans des débats sans fin, il faut avouer que la Prisonnière du Désert peut combler toutes les exigences. A la fois super production hollywoodienne et monument d'intelligence et de finesse, cette splendeur de John Ford a marqué l'inconscient (enfin, plutôt la conscience) de plusieurs générations de cinéastes américains. John Wayne aura rarement été aussi humain et émouvant. Et on n'est pas prêt d'oublier l'image finale de la porte de la maison familiale se refermant lentement sur lui. Ainsi que la fameuse scène du pardon accordé à Natalie Wood, le moment clef de l'histoire du western où le cow boy bourré de principes laisse enfin parler son cœur sans retenue. The Searchers annonce la mélancolie, la désillusion et le crépuscule des westerns qui suivront. Les héros sont fatigués, les mythes sont blessés, les valeurs s'effondrent, des êtres tourmentés errent dans un monde qui change. Cimino et Eastwood donneront le coup de grâce à un genre qui aura bercé l'enfance de millions de personnes (dont moi, devant La Dernière Séance, bien sûr).

        Le DVD Warner (aie aie aie) est de bonne facture et rend justice aux images légendaires de Ford. Des plans d'une beauté irréelle dans un cinémascope affolant et un Technicolor transcendant. Halte aux superlatifs ! En bonus, une featurette d'époque (avec les pubs de l'époque aussi, très amusantes). Ce petit extra s'avère franchement réjouissant, et même assez touchant. Bravo à Warner Europe (pour une fois).

        En résumé : La Prisonnière du Désert est à la fois le résumé de 50 ans de westerns et l'annonce des 50 années qui vont le suivre. Une synthèse et l'ouverture vers le futur. Un classique réellement essentiel dans l'histoire du cinéma. De Spielberg à Scorsese, tous les grands cinéastes américains lui doivent beaucoup. Et plus simplement : c'est un chef-d'œuvre émouvant, impressionnant, divertissant, drôle, passionnant, intelligent. Dois-je ajouter quelque chose ?

 
 
 
 
 
 
 
 
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