Le Seigneur des Anneaux - La Communauté de l'Anneau
de Peter Jackson
Alors ça y est, il est arrivé, il est là, non ce n'est pas le Père-Noël et ce n'est pas non plus Zoolander. C'est le "plus grand film de tous les temps" de Peter "je suis le nouveau Stanley Kubrick" Jackson, adaptation du "plus grand roman d'Heroic Fantasy de tous les temps de partout" avec Liv "vous m'avez vu sur MTV en petite culotte" Tyler, mais je m'égare. Ca donne une idée de l'enjeu. Trois films, trois ans, trois heures par film, 300 millions de dollars, et un anneau unique pour les lier dans les ténèbres. Bah c'est pas de la ptite bière mes enfants. On parle donc du Seigneur des Anneaux de prof Tolkien, du Peter Jackson de Heavenly Creatures (le plus grand film de tous les temps sorti en France en 1996) et de l'événement cinématographique de ce début de millénaire (que même que l'Attaque des Clowns du père Lucas ne nous dit plus rien (si tant est que cela nous ait dit quelque chose un jour)). Au final ça donne quoi ?
Ce n'est pas le plus grand film de tous les temps. Mais c'est difficile de faire le plus grand film de tous les temps avec seulement un tiers de plus grand film de tous les temps. Ce n'est pas parfait. Parfois la musique c'est Titanic et parfois c'est n'importe quoi. Mais alors, qu'est-ce que c'est bien. Tout simplement. C'est bien. C'est grandiose. C'est écrasant. C'est amusant. C'est beau. On y retrouve tout ce que l'on aime dans le cinéma épique, dans le cinéma tout court. Il y a tous les clichés du genre, mais c'est bien normal, vu que le Seigneur des Anneaux est le livre qui a inspiré tous les films du genre (de Dark Crystal à Star Wars en passant par le 13e Guerrier). Alors oui, on a déjà vu tout cela vaguement quelque part (dans Excalibur, dans le 13e Guerrier (les combats se ressemblent parfois comme deux gouttes d'eau), dans Conan, etc...). C'est le livre originel, c'est le film somme.
Alors forcément on voudrait que tout soit aussi fort que ces instants incroyables qui donnent les larmes aux yeux par leur puissace évocatrice. Des exemples ? Le début du film, en particulier la première apparition de Gollum murmurant dans la pénombre "my preciousssss...". Les échanges entre Gandalf (Ian McKellen, impeccable) et Bilbo (Ian Holm, définitivement l'un des plus grands géants du cinéma (oui, je sais, c'est paradoxal dans ce cas précis). L'interprétation générale de Elijah Wood, qui frôle le génie à maintes reprises. Les Nazguls, aussi terrifiants que la Faucheuse de The Frighteners (leurs hurlements vont vous hanter). Christopher Lee, qui nous fait Dracula avec une grande barbe blanche (aussi impressionnant que franchement drôle). Orlando Bloom, plus que parfait en Legolas ; lisez toutes les critiques, de la plus positive à la plus négative, tout le monde est d'accord, Orlando Bloom est sublime. Tout le passage dans la Moria, hénaurme à mourir sur place. Et le final avec les Orques, qui effleure la puissance des climax d'Excalibur et du 13e Guerrier (c'est dire si c'est bien !). Ah ça fait beaucoup de points positifs, ça, ma bonne Dame.
Alors qu'est-ce qu'il ne va pas ? Plein de petites choses. Le rythme, qui par moments déconne un chouia. Ca va trop vite. Oui, tiens, ça va trop vite. Pour sûr on n'a pas le temps de s'ennuyer, mais on ne voit pas trop passer certaines choses. Si l'on sait fort bien que Gimli et Legolas vont avoir leurs heures de gloire dans les suites, le pauvre Boromir n'aura définitivement pas eu toute l'importance qu'il méritait (même si, comme on le remarque souvent, son personnage est beaucoup plus émouvant que dans le roman). Par contre on trouvera fort pertinentes les présentations de Gollum (qui fait de la figuration pour trois plans) et de Sam (qui joue les troisièmes rôles) lorsque l'on connaît l'importance qu'ils prendront dans les prochains épisodes. Certes c'est reconnaître le talent de Jackson "par anticipation", mais on peut se le permettre, zut alors ! Le musique, hum, les fans de Cronenberg auront beaucoup, mais alors beaucoup de mal à reconnaître leur compositeur fétiche. Jamais on ne peut deviner la présence d'Howard Shore, et pourtant on ne "voit" que la musique dans bien des moments du Seigneur des Anneaux. Rien de grave pour celui qui aime le Wagner d'Excalibur ou le Goldsmith du 13e Guerrier, mais pour les réfractaires aux grandes envolées bien pompières, pleines de chœurs et cordes, ça va faire mal, très mal. Et c'est dommage, car à côté de cela il y a de jolies choses chantées en elfe par Liz "Cocteau Twins" Fraser et par Enya et surtout un sublime thème "sombre" pour l'anneau (que l'on entend que dans les dernières secondes de The Great River sur la BO, hurlons à l'arnaque !).
Le casting elfe (le merveillissime Orlando mis à part) est involontairement (?) à côté de la plaque. Hugo Weaving (notre grande Priscilla à nous, mais aussi le Man In Black de Matrix) est un Elrond plus rigolo qu'impressionnant ("j'ai plus de 3000 ans", de marche avec des talons aiguilles ??). Liv Tyler est supportable, mais bon, c'est Liv Tyler (3 minutes d'apparition et on ne voit qu'elle dans les journaux), vite ! une interview d'Orlando ! Et Cate Blanchett ne fait rien, sauf dans une séquence pétée dans sa cafetière où elle se transforme en spectre échappée de la première scène (mythique) de Ghostbusters, et on hésite entre un "c'est génial" et un "c'est ridicule". Le reste du casting se comporte bien. Et Peter Jackson se fait de gros plaisirs avec des orques bien crados-gores issus d'une série Z post-apocalyptique. Sinon les décors sont très grands, et parfois ils nous assassinent autant (et même plus) que les visions délirantes de Final Fantasy (le film). Le montage tient la route (même si parfois ça part un peu en sucettes).
Au final ? Diantre ! Fichtre ! Mazette ! Quel film ! Un chef-d'œuvre ? Sans l'ombre d'un doute si l'on considère l'ensemble des trois films. Pris à part, la Communauté de l'Anneau est un tiers de chef-d'œuvre absolu, ce qui n'est pas si mal. Et les points positifs sont largement supérieurs aux points négatifs. Alors oui, un film aussi hénaurme est peut-être le tombeau du 7e art qui se meurt (j'suis désolé, mais c'est vrai et c'est un cinéphile intégriste qui vous le dit, mais bon, il a de beaux restes (le cinéma et le cinéphile intégriste). Et puis zut ! De toute façon vous l'avez tous vu au moins une fois et vous avez compris l'essentiel : c'est le plus grand divertissement aperçu sur un écran depuis des siècles. J'avais placé l'année 2001 sous le signe cinématographique et musical de la mort du cynisme et du retour à la sincérité. Et bien le Seigneur des Anneaux est l'équivalent cinématographique du We Love Life de Pulp. Une déclaration d'amour à un idéal de vie et de spectacle. Dans ses instants de grâce, le Seigneur des Anneaux nous donnent les mêmes frissons que Wickerman et Sunrise (marrant, ce sont aussi des titres de très grands films). Alors on ne se pose pas de questions et on aime ce film pour ce qu'il est : un pur divertissement qui explose les limites et qui nous montre ce que l'on n'avait jamais vu, ce que l'on avait à peine imaginé. On gardera toujours les livres de Tolkien près de soi (car le film en est quand même très loin, en particulier au niveau de l'ambiance), mais le Seigneur des Anneaux est déjà, et ça j'enfonce des portes ouvertes, l'une des plus grandes œuvres de l'histoire du cinéma. Et puis il y a Legolas et Gollum, alors, merde, enfin, les enfants, faut-il vraiment que j'ajoute quelque chose ? Hein ? Hein ? L'œil de Sauron vous regarde, retournez-y !
Final Fantasy : Les Créatures de l'Esprit
de Hironobu
Sakaguchi
Je l'ai déjà
dit et redit sur ce site, la série des Final Fantasy de Squaresoft est ce
qui se fait de plus génial en matière de jeux vidéos (à peu près à égalité avec
les Zelda de Nintendo). Tous les chanceux joueurs de bon goût qui se sont
aventurés dans les territoires de FFVI, FFVIII, FFIX et surtout FFVII (mon
favori, il faut bien l'avouer), ne sont pas près d'oublier leurs expériences
dans des univers et des histoires extraordinaires. Le seul problème des Final
Fantasy, c'est qu'ils en viennent à me faire admettre la supériorité
possible et sans doute probable des jeux vidéo sur le cinéma dans un avenir
proche. FFVII est une œuvre plus intense, émouvante, riche, passionnante,
originale que tous les films (ou presque, bien sûr) que l'on puisse voir.
Inutile donc de répéter à quel point on pouvait attendre énormément du film Final Fantasy. La grande question était : comment faire tenir la
magie de 60 heures de jeu en 1h30 de "cinématiques" ??
La réponse,
il faut bien l'avouer, c'est que la magie des jeux n'est que très brièvement
présente. Les meilleurs moments du film sont d'ailleurs directement issus des
jeux. Et le reste des Créatures de l'Esprit n'est finalement
qu'une succession d'emprunts extrêmement voyants aux plus grands classiques de
la SF (AlienS, Starship Troopers, The Thing...). On peut avoir
pires références, mais on demandait à Square de faire preuve d'un peu plus
d'originalité plutôt que d'essayer de flatter le public occidental (bien en
vain, le film a été un bide hénaurme aux USA). Donc ici, pas d'Aerith, pas de
Sephiroth, et même s'il y a une jolie histoire d'amour en apesanteur, ce ne sera
pas FF8. Les personnages ne brillent pas d'une grande complexité, tout est très
linéaire, prévisible. Lara Fabian chante à la fin (mais c'est pas trop grave).
Voilà, ça c'était pour les aspects négatifs. Maintenant voyons pourquoi Final Fantasy, Les Créatures de l'Esprit, est le film le plus
enthousiasmant de l'année.
Tout
simplement parce qu'il offre la possibilité de découvrir sur grand écran des
images, des monstres et des merveilles que nous n'avions jusqu'à présent
qu'entre-aperçus au détour des cinématiques de nos jeux favoris. Avec FF,
le dragon Vulcania de Zelda devient "réel", avec FF, la rivière de la vie
de FF7 est à portée de la main. Avec un budget hallucinant (plus de 150 millions
de dollars), des années de travail, une équipe passionnée, FF ne
pouvait pas faire dans la demi-mesure. Et c'est formidable. Tour à tour apaisé
comme un rêve devenu réalité et agressif comme le pire des cauchemars, Les
Créatures de l'Esprit nous donne à voir les songes, pour de vrai (ou
presque...). Et c'est cela qu'atteint cette œuvre hors normes, nous faire
toucher l'intensité du rêve comme rarement auparavant. Une expérience unique,
fulgurante, troublante, parfois éprouvante, toujours sublime.
On pourra
donc beaucoup pleurer sur un scénario qui aurait pu faire plus, mais ce sera
après la fin du film, bien après. Car pendant la projection, on se retrouvera
devant du jamais vu, émerveillé, fasciné, emporté. Et on se moquera bien que les
héros soient caricaturés à l'extrême et que décidément Starship Troopers,
ils ne s'en sont pas remis. Oui, on se moquera bien de tout cela. Et même plus !
On ira jusqu'à être ému par des scènes toutes simples et qui ont demandé un tel
travail qu'on pensera une nouvelle fois à monsieur Cameron nous offrant son Abyss. Car voilà, dans ses plus beaux instants, FF effleure certes une parcelle de l'émotion des jeux, mais surtout évoque le
chef-d'œuvre de James Cameron. Derrière un défi technologique affolant, derrière
un quitte ou double financier, derrière une machinerie monstrueuse, il y a la
grâce d'images vraiment en apesanteur (pour une fois c'est bien le cas de le
dire).
Final
Fantasy est donc une œuvre "d'expérience", et c'est en cela qu'elle
rejoint les jeux vidéos. Certes c'est une expérience moins émouvante que
purement sensorielle, mais cela reste un moment de cinéma comme on en vit très
rarement. Et c'est surtout le plus beau film de l'année, pour l'instant. Mais il
sera difficile de dépasser le choc visuel de ces "fantômes", de cette planète au
bord de la destruction, de ces images finales tétanisantes. FF est
même peut-être "trop" beau, il en vient à écraser le spectateur sous des tonnes
d'émerveillements, quand la moindre ombre, quand le plus petit détail nous fait
ouvrir la bouche en extase. 1h30, c'est trop court, mais c'est déjà tellement,
face à une richesse visuelle qui fera date. Non, ce n'est pas seulement une
belle succession de cinématiques. Et en attendant le Avalon d'Oshii, la révolution 2001 cinématographique c'est Final Fantasy, Les
Créatures de l'Esprit. Tout simplement.
Après la renaissance d'un Tim Burton plus grand que
jamais, le choc prévu et prévisible de l'été 2001 tient lui aussi toutes ses
promesses ou presque. On attendait une œuvre digne des jeux vidéos et ce n'est
pas vraiment le cas, du moins, pour ce qui est de l'histoire. Mais Final
Fantasy écrase toute réticence par sa splendeur visuelle, du jamais vu,
tout simplement. Et c'est de cette beauté que surgit l'émotion. Final
Fantasy atteint ainsi par moments la pureté et l'effroi du rêve. Un
événement à vivre ABSOLUMENT en salles. Comme le Burton, FF a
souffert du cynisme triomphant qui règne sur les critiques de cinéma et sur le
public qui a perdu la faculté de s'émerveiller. Le symbole est l'œil d'Aki, tout
est là. Final Fantasy invite à ouvrir les yeux. Et rien n'est plus
précieux que cela. |
Jurassic Park 3
de Joe Johnston
Jurassic Park 3 est un film important. Si, si, im-por-tant ! Car il
répond à une question essentielle à l'humanité contemporaine : pourquoi,
diantre, a-t-on inventé le téléphone portable ? Et bien, le très sympathique
film de Joe Johnston nous donne enfin la solution. Le téléphone portable existe
uniquement dans le but de créer quelques uns des gags les plus drôles vus sur un
écran ces dernières années. Et JP3 (Jurassic Park 3,
hein, pas Jean-Paul III (vous allez un peu vite en besogne, là, les enfants)),
donc, JP3 va même plus loin en justifiant les ignominieuses
sonneries de l'engin, qui font franchement exploser de rire dès leurs
apparitions dans le film. Le message est de surcroît émouvant, le portable a sa
place dans le parc jurassique. Même si bien sûr, d'un autre côté, c'est ce même
portable qui sauve la mise aux héros lors d'un final hilarant digne de Mars Attacks !
Car Jurassic
Park est, aux trois quarts, une parodie. Une parodie franchement réussie
des deux premiers opus, bien sûr. Mais aussi une parodie d'un genre : le
"survival". Très court, très rapide (sans être abrutissant, bien rythmé donc), Jurassic Park 3 ne s'embarrasse d'aucun développement de personnages, ni
d'aucun "grand discours" (les barbouillis écolos de tonton Steven sont oubliés).
En ce sens, le premier Jurassic Park serait l'un des chefs-d'œuvre
d'un genre et le 3 serait le "Bart Simpson" de ce chef-d'œuvre. Là où Spielberg
construisait de grandes séquences de suspens raffiné (l'attaque du T-Rex, les
raptors dans la cuisine, la fin...), Johnston désamorce presque toutes les
scènes spectaculaires avec des gags bien sentis et des références pour nerds
(donc pour nous) tout à fait jouissives (c'est moi ou les raptors ont des looks
de Gremlins ??). Ceux qui prenaient la série au sérieux (difficile après un Monde Perdu ridicule), vont détester. Ceux qui, dès le premier film,
ont pris JP pour une formidable machine à divertir, vont être aux
anges. Car niveau divertissement qui file à toute vitesse en déversant du
plaisir par tous les pores de la pellicule, JP3 rejoint la liste
des "supers séries B de l'été", liste où récemment nous avons croisé des petites
perles telles que Pitch Black ou La Momie.
On se fout un
peu de ce que raconte le film. Il faut juste noter que Sam Neil fait son grand
retour et c'est un bonheur qui nous ferait presque fondre en larmes. Tant
monsieur Neil est un formidable acteur, et surtout un merveilleux comique à ses
heures. Face à lui les autres ont du mal à exister, à part William H. Macy qui
se demande souvent ce qu'il fait dans cette galère (mais elle paye bien, la
galère). Laura Dern passe, aussi, et c'en est presque émouvant, aussi, là, il
fallait le dire. Ceux qui, comme moi, ont vécu le déferlement du premier JP et qui ont adoré le film en 93 (7 ans ? Putaing que le temps passe)
vont prendre un gentil coup de jeune pendant ces 1h30. Les images de Isla Sorna
accompagnée du thème très grandiose de John Williams, et hop, on se rend compte
combien Jurassic Park fait désormais partie de la mémoire du 7e
art.
Et ne vous
inquiétez surtout pas, vous aurez droit à votre lot de séquences "pan dans ta
figure, boum dans tes oreilles !". Notamment grâce à un Spinosaure en pleine
forme, mais moins bien exploité que les T-Rex des deux premiers volets. Dommage.
Les Raptors nous refont AlienS, c'en est troublant. Mais le bonus
de luxe, c'est une séquence de volière déjà mythique. Pour le reste, pas
vraiment le temps de s'ennuyer et on visite le film comme on va dans un musée.
Oh c'est beau ! Il est bô le dino ! Et bah oui, il est bô le dino et on ne
demande pas plus. Il faudra le revoir ce JP3, je l'avoue, ça doit
valoir la peine. On pourra, oui, je l'accorde, reprocher le fait que le
véritable héros du film ne soit ni le Spinosaure, ni Sam Neil, mais bien le
portable. On pourra me dire que certains gags, qui me font bien rire, sont en
fait involontaires. Mais oui, mais non. JP3, nous sommes d'accord,
c'est un blockbuster, une grande usine à divertir (à faire du fric ? Certes,
mais ça a coûté du fric aussi, depuis quand travaille-t-on à pertes ?). Et pour
être divertis, nous le sommes, et en grande quantité. Rapport durée, prix
d'entrée (20 balles de part chez moi), satisfaction à la sortie, c'est limite
luxueux. Joe Johnston (déjà responsable d'un amusant Jumanji) s'en
sort avec les honneurs, même si cela aurait pu être n'importe qui derrière la
caméra.
C'est le plus divertissant de la
série. Bien meilleur que Le Monde Perdu, moins sérieux que Jurassic Park, JP3 a tout pour plaire. Entre des gags
hilarants, un Sam Neil délicieux, quelques scènes formidables et un rythme
impeccable, voilà un film parfait pour oublier les aléas des vacances et du mois
d'août. En attendant les deux grands films avant la rentrée (Final Fantasy et La Planète des Singes) courrez visiter le Park. Vous ne verrez
plus les portables de la même façon. |
A
voir durant l'été et la rentrée 2001
Une révolution annoncée, Final Fantasy le film. Reste à savoir si le scénario sera à la
hauteur. En tout cas, pour bien apprécier la chose il faudra mettre dans un coin
de son esprit le souvenir pourtant indélébile des jeux vidéos du même nom. Et
non, ce n'est pas encore pour aujourd'hui que l'on aura droit à Final Fantasy VI
sur grand écran (quoique... Le Seigneur des Anneaux...) (15 août 2001)
Un Tim Burton ("ouaiiiiis !" hurle la foule en délire), La Planète
des Singes. Les critiques sont assassines, mais on commence à avoir
l'habitude. (22 août 2001)
Un blockbuster sympa en diable, Jurassic Park 3. 1h30 de
spectacle grandiose et poilant. Après la catastrophe d'Evolution, voilà
peut-être le S.O.S. Fantômes de l'an 2000. (8 août 2001)
Un Kitano rigolo, Getting Any.
Niveau prout-caca-vulgos, ça nous changera joyeusement de Hana-Bi. (15 août
2001)
Un Spielberg tellement ambitieux que c'en est indécent, A.I. Ce n'est pas parce que le thème est chanté par Lara Fabian et
que le look de Jude Law nous fait bien rire, qu'il faut déjà désespérer, enfin,
quand même, il y a 30 ans de recherches par monsieur Kubrick derrière tout cela. (septembre 2001)
Le nouveau Oshii, qui va bien
évidement sauver le monde, Avalon. Même si le tournage
live n'a pas dû lui être facile pour exprimer tout son univers en avance de 100
ans sur notre époque. (un jour sans doute)
Le nouveau Carpenter qui est
déjà la plus fabuleuse série B de 2001, Ghosts Of Mars.
Big John le dit lui-même, il a encore fait le même film. Cette fois c'est Assaut
qui s'y colle, et ça tombe bien vu que c'est l'un de ses plus grands
chefs-d'œuvre. La bande annonce est jouissive en diable. Ice Cube rules, comme
ils disent. (31 octobre 2001)
Un Disney, Atlantis, totalement
pompé chez Miyazaki (qui lui nous réserve un chef-d'œuvre absolu comme il en a
le secret). Pour Disney c'est pas nouveau, on se souvient du Roi Lion,
photocopie quasi conforme du Roi Léo japonais, photocopie juste sauvée du
naufrage par l'hallucinante musique de Hans Zimmer, dont on ne vantera jamais
suffisamment les mérites (surtout qu'il nous la ressert depuis à toutes les
sauces dès qu'on lui demande de sonoriser un blockbuster (cf Gladiator)). (28 novembre 2001)
Un David Lynch digne (paraît-il !!) de Fire Walk With Me
et Sailor et Lula (on s'en évanouit de bonheur à l'avance), Mulholland Drive. Qui nous revient de Cannes avec un prix de la
mise en scène, quand même. (21 novembre 2001)
From Hell,
l'adaptation de la très trèèèès fameuse BD de Alan Moore. Les frères Hughes s'y
collent et ils ont, semble-t-il, fait de leur mieux. Par contre, il faudra une
bonne dose d'audace/d'inconscience à la Fox pour sortir la chose telle qu'elle.
On croise les doigts très très fort. Surtout quand on sait que c'est mister
Johnny Depp himself qui part à la poursuite de Jack "l'inventeur du 20e siècle"
l'Eventreur. Juste pour préciser que les Watchmen par Gilliam, c'est un serpent
de mer de la taille du Catwoman de Tim Burton. Autant dire que l'on n'est pas
près de le voir. (14 novembre 2001)
Rollerball de John McTiernan.
Remake sans doute déjà supérieur à l'original du film top bab de Jewison. Même
si le film, repoussé à février 2002, vient de subir un remontage encore
plus ignoble que celui du 13e Guerrier. McTiernan est décidément le metteur en
scène le plus malmené de notre époque. Même Tarkovski, du temps du communisme
russe, n'était pas soumis à autant de pressions débiles...
Le nouveau Miyazaki, Sen To Chihiro No
Kamikakuchi, qui sera beau comme un ange. (2002)
En attendant, bien sûr, le film (les films, pardon) qui
vont changer l'histoire du 7e Art, les chefs-d'œuvre tellement annoncés que l'on
veut tout faire, sauf en parler. Dois-je préciser que j'évoque le
Seigneur des Anneaux de celui qui est désormais le nouveau Dieu du cinéma (Kubrick est mort, vive
Jackson) ? Bon je le précise quand même. (19 décembre 2001)
Mais ! Car il y a un mais ! Peter Jackson nouveau Dieu
du cinéma ? Peut-être... Mais du cinéma occidental alors. Car il ne faudrait pas
oublier le vrai Dieu du cinéma mondial et même universel, Tsui Hark. En
attendant de découvrir enfin Time & Tide, on bavera
devant la bande annonce de Zu 2 : Legend of Zu. Et on
pleurera de bonheur à l'évocation de Black Mask 2 avec notre Traci Lords à nous dans le rôle de la méchante. What a wonderful
world, c'est moi qui vous le dit. |
Le Pacte des Loups
Le cinéma français en 2001 ? Année faste ! Mais pas forcément dans le sens
attendu. Avec le Pacte des Loups (que je suis toujours tenté de
nommer le Ctepa des Loups tant le patronyme lui va si bien), la France
s'est vu offrir un nanar en diamant pur. Christophe Gans, dans sa passion et sa
sincérité infinies, nous a donné notre Flash Gordon. Et donc
essentiellement le film le plus poilant, le plus "too much", le plus généreux,
que l'hexagone ait connu depuis fort longtemps. Un Nanar, msieurs-dames, un vrai
de vrai, avec un big N. A noter aussi, le casting le plus raté depuis
l'invention du cinématographe (ou peu s'en faut). Il ne fallait pas manquer Le Pacte des Loups en salles, tant le culte qui va suivre cette folie
sur pellicule n'aura bientôt rien à envier à ceux de La Soupe aux Choux ou de Robot Monster. On attendait de Gans qu'il ressuscite
la série B made in France, il a fait mieux, il nous a offert le film le plus
jouissivement nul, le plus sympathiquement foireux de la première à la dernière
image, le plus sincèrement portnawak, le plus bourré de références timbrées
depuis des lustres. Merci monsieur Gans, moi, votre film, je l'adore.
Le Fabuleux
Destin d'Amélie Poulain
Amélie
Poulain ? Où ça Amélie Poulain ? Juste histoire de
remettre en place ceux qui citent Tati à tout bout de champ pour parler du
Jeunet. Euh... Ces gens là, fort mal intentionnés, feraient bien mieux de voir
au moins un film du grand Jacques (je n'ose même pas dire "comprendre") avant de
raconter de telles calembredaines. Faites un test, vous, tous, fans d'Amélie (qui n'avez donc jamais vu de films de Tati, ou du moins jamais "vraiment" vu de
films de Tati). Regardez Play Time et vous comprendrez tout.
Jacques Tati reste le meilleur metteur en scène que la France ait connu jusqu'à
présent. En lui se trouve déjà aussi bien Burton que Lynch, Gilliam que Jeunet,
et bien plus, mille fois plus. Amélie Poulain est une série Z
californienne face à seulement un quart d'heure de Play Time. Tati
était le génie du non-dit, de la finesse, de l'émotion simple, pudique, de la
poésie modeste, du bonheur délicatement triste, tous ses films pouvaient se
nommer "Le Sens de la Vie" sans rougir. Vérité vraie, nécessaire, universelle,
indubitable, inaltérable. Le sujet est clos. |
Babe, Le Cochon Dans la Ville
de George Miller
De tous les
films de mon top 10 de l'année 99, Babe 2 était le dernier que je n'avais pas
revu au moins une fois depuis sa sortie en salles. Film de début d'année, je
l'avais finalement un peu "oublié" pour les inévitables rétrospectives pré-2000.
On peut encore voir sur ce site que je l'avais classé 9e sur ma liste, ce qui
n'est pas une mauvaise place, loin de là. Mais là, en le revoyant, après avoir
eu l'occasion de me passer et de me repasser les autres chefs-d'œuvre de la
fastueuse année 99 (La Ligne Rouge, Le 13e Guerrier, Une Histoire Vraie,
Fight Club, Jin-Roh...), je me disais, pendant tout le métrage, dont je
gardais un souvenir fabuleux : "bon sang, fichtre, mais aaaaattendez, stoppez
les machines !" Je sais qu'à la sortie de la salle j'avais aussitôt qualifié Babe 2 de "meilleur film pour enfants de l'histoire du cinéma".
Affirmation affolante et bien sûr très fausse (il n'y a pas de meilleurs films
quels qu'ils soient), mais bien représentative de mon enthousiasme du moment.
En revoyant
le film, là, deux ans plus tard, dans d'excellentes conditions, et bien j'ai été
tout aussi impressionné, disons même que j'ai été encore plus impressionné. Qui,
par son originalité à tous niveaux (visuel, histoire, personnages...), est
peut-être, vraiment objectivement (le plus possible en fait), LE chef-d'œuvre de
l'année 99. Hein ? Babe 2 supérieur à La Ligne Rouge et à Fight Club ? En bien des points, oui. Car, et c'est ce que je
me disais à certains moments du film, il y a dans Babe 2 tout ce
qui fait de La Ligne Rouge et de Fight Club de si
grands films. Il y a la même humanité, la même force, oh certes, voilà, ce n'est
pas du tout le même traitement (déjà, on va me dire que La Ligne Rouge et Fight Club sont deux films que tout oppose en apparences...),
et justement, c'est cette différence de traitement pour aboutir au final à la
même puissance cinématographique et artistique qui fait que Babe 2 m'a impressionné encore plus que Fincher, Malick ou McTiernan.
Car ce que
j'affirmais à la sortie du film est toujours aussi vrai et même de plus en plus
vrai. Que Babe 2, une histoire avec des animaux qui parlent,
propose quelques uns des personnages de cinéma les plus saisissants de ces
dernières années (ne serait-ce que le singe Thelonius qui a lui seul fait du
film un chef-d'œuvre). Que Babe 2 se permet de créer une galerie
de seconds rôles comme il n'en existe nulle part ailleurs (La Ligne Rouge réussit à développer luxueusement 5 ou 6 caractères admirables, dans Babe il y a en plus d'une dizaine). Et surtout, surtout, et c'est là l'essentiel, Babe 2 est un film qui réussit à inscrire une vraie féérie dans le
monde le plus réel, le plus sombre qui soit. Ce tour de force, le premier film
l'avait déjà accomplit. Mais Babe 2 va encore plus loin. Dans une
représentation de la Métropole à la fois la plus poétique (toutes les capitales
en une) et la plus glauque (toutes les visions du monde extérieur à la ferme et
aux animaux sont d'une cruauté et d'un réalisme saisissant, les êtres humains
étant en quelques scènes catalogués comme des monstres sans âme), donc au cœur
de cette ville, Miller réussit le même exploit que le Burton d'Edward,
il va faire entrer le rêve, l'imaginaire, l'espoir, les valeurs auxquelles
l'humanité aspire le plus mais qui sont ainsi incarnées par des animaux. Si
c'est sublime ? Vous ne pouvez pas imaginer à quel point.
Le film se
permet d'être aussi drôle qu'émouvant, comme le plus grand des Tsui Hark, comme
un Muriel's Wedding, en juste 1h35, on se retrouve avec un
condensé de ce que le cinéma peut offrir de plus magique, de plus divertissant
et de plus intelligent. Le plus gros reproche que l'on a pu lire à l'encontre de
ce film c'est qu'il ne sait jamais à quel public s'adresser. Oui et non. Oui
parce que l'on pourra juger que pour les enfants ce film est d'une agressivité,
d'une violence, d'une cruauté, d'un réalisme, d'une philosophie très adultes. Et
non, parce que c'est bien là la force des plus grands contes d'être aussi
"adultes". On ne pourra pas nier la violence excessive d'un Petit Poucet ou d'un Hensel & Gretel. Et Babe 2, loin de la mièvrerie et
d'une quelconque niaiserie trouve toujours le ton juste. Et enchaîne les scènes
bouleversantes, bouleversantes pour les enfants mais aussi pour les adultes. Des
scènes incroyables, impensable dans un tel film. Entre deux moments de pure
comédie burlesque et parfois franchement noire (l'accident du fermier, les
déboires de la fermière, le numéro de clowns ratés, la parodie de Mad Max
3 en final), on se retrouve au cœur de sommets de génie
cinématographique. Avec comme cœur du film, justement placée en plein milieu, la
poursuite entre Babe et le Pitbull (chapitre 13). Une séquence qui vaut tout
l'or du monde, pour laquelle on échangerait volontiers tous les Disney (sauf Fantasia et Bambi). Une scène qui fait la liaison entre
"adulte" et "enfant", la scène la plus universelle que vous puissiez voir. Où
Miller se permet d'exploser les limites de l'intensité sur pellicule avec trois
fois rien (et l'aide du Humming Chorus de Puccini, le même qui
accompagnait la promenade finale de Heavenly Creatures, c'est pour
donner une idée...). Est-ce que l'on s'attendait à être bouleversé autant par un
"film pour mômes", bien sûr que non, Babe 2, encore plus que le
premier (qui reste aussi un choc indélébile), nous prend par surprise, ose,
invente, révolutionne, surprend, nous donne l'impression que l'on va au cinéma
pour la première fois. Et chaque vision nous fait revivre l'instant où l'on
s'est dit : "C'est ça le cinéma !".
Non seulement
le génial metteur en scène des Mad Max et des Sorcières
d'Eastwick signe là son meilleur film, mais il s'offre aussi une œuvre
qui sera bientôt encore plus culte que Mad Max. Car nulle doute
qu'une génération de kids entre 6 et 12 ans vient d'être traumatisée. Et que
année après année, Babe 2 va les poursuivre, pour le meilleur et
pour le pire. Et que arrivés à l'âge adulte, tous ces enfants reviendront vers Babe 2, comme d'autres générations sont revenues vers Fantasia, vers Dark Crystal, vers tous ces films pour
"enfants" qui sont en fait des liaisons parfaites entre toutes les générations.
On pourra me faire remarquer que dans la veine de Babe ; il y
aussi le très réussi La Souris, mais il n'atteint pas la cheville
de ce Babe 2 hallucinant. Qui, rétrospectivement, écrase, oui,
écrase, tous les Eyes Wide Shut de 99. Bon, déjà, si vous êtes
bourrés d'a priori, comme je le disais à l'époque du film, je me demande ce que
vous fichez à lire mon site, qui n'est définitivement pas pour vous. Je veux
dire, si vous n'aimez pas Babe 2, vous n'aimez pas Dark
Crystal, vous n'aimez pas Edward Aux Mains d'Argent, vous
n'aimez pas le Magicien d'Oz... Et bon, on n'est pas du tout sur
la même longueur d'ondes cinématographiques. Ensuite, vous n'avez pas vu le
film, ça c'est possible, et bah maintenant vous allez le voir. Je vous conseille
la VF (pour une fois !), presque effrayante de justesse par instant (la voix de
Thelonius par exemple), mais la VO lui reste quand même supérieur, bien sûr.
Je ne vous ai pas parlé de la photographie, de la mise
en scène, de la musique, des effets spéciaux, du travail avec les animaux, car
ils sont à ce point réussis que aucune parole ne pourra leur rendre justice. Babe 2 est un film parfait, vraiment parfait de la première à la
dernière image. Cela fait presque peur, en fait cela fait peur, mais avant tout
cela émerveille. Et voilà, c'est donc vrai, Babe 2 est un conte,
un conte au sens le plus noble du terme, au sens le plus fort. Et c'est ce qui
me permet de dire que c'est peut-être le film de l'année 99 dont on se
souviendra le plus longtemps. Regardez Babe 2, montrez Babe
2, offrez Babe 2, vous ne pouvez pas vivre sans Babe
2. |
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