Édition 2023
25th anniversary : Happy BirthdEd
Ah ! Edwood vs La Musique ! Une institution des débuts de ce site. Abandonnée il y a presque 10 ans, faute de temps et d'inspiration. A l'origine, c'était vraiment mon quart d'heure de la haine, un vaste énervement contre la musique populaire moderne. Avec le temps, l'aigreur a largement disparu. Avec l'âge je m'adoucis, j'aime davantage de choses, je réévalue, je trouve de bons aspects à presque tout. La musique récente m'enchante, mais il faut dire que je sélectionne drastiquement. Je ne m'approche que rarement de ce qu'écoute le grand public.
En revenant vers les classements actuels, je me rends surtout compte que peu de choses ont changé, on retrouve beaucoup de noms qui étaient déjà là il y a 10 ans et au niveau sonore ça n'a pas beaucoup évolué.
Bon, ça ne va pas être aussi violent et vulgaire qu'il y a 20 ans. Y a rien de pire qu'un vieux qui essaie d'imiter le style de sa jeunesse. C'est surtout l'occasion pour moi, et peut-être pour vous, de faire le point sur ce qu'écoute les jeunes d'aujourd'hui. On le rappelle, les tops représentent essentiellement ce qu'écoutent les gamins et les ados. Ce qu'ils écoutent en société, dehors, dans les fêtes. D'ailleurs, l'essentiel de ces morceaux sont assez inécoutables seul chez soi.
Comme sources, j'ai pioché dans le Hot 100 américain, le top 40 britannique et le top 100 français. A la manière de ce que je fais pour les temps préhistoriques dans mon voyage dans les tops singles. Je ne vais pas intégrer les vidéos Youtube directement sur la page, ça serait ingérable. Je mets juste le lien pour que vous puissiez épancher votre curiosité plus ou moins malsaine. Je ne vais pas non plus parler de TOUS les morceaux, parce que... euh... pas envie. De plus, je fais dans le désordre, si je veux. Enfin, cela correspond au classement de la dernière semaine du mois de mai 2023, voilà, voilà. On y va.
(n°1 au Royaume-Uni, n°30 en France)
On commence de manière "confortable" avec des vieux à la première place du top 40 britannique. Calvin Harris, c'est une relique de la période EDM et Ellie Goulding arpente la pop contemporaine depuis longtemps itou. Ça fait presque 10 ans que je n'ai pas fait Edwood vs la Musique et je reprends exactement avec la même zizique qu'à l'époque. Rien n'a changé. C'est de l'Eurodance de 1995 avec une pointe d'auto-tune dans la voix et puis voilà. Le drop de basses qui fait tounssss tounsss tounsss, le ptit piano, y a même un passage de rythmiques jungle squelettique à la fin. Bon point, ça ne dure que 3 minutes montre en main et le clip est... euh... regardable. L'appréciation globale est que c'est ringard, sans être agressivement nul. De la soupe à l'ancienne, bien insipide comme il faut.
(n°1 aux Etats-Unis)
Ohlala, je le sens pas, dès l'entame. Le ploinc-ploinc-ploinc de guitare, là, c'est pas bon signe. Ça s'aggrave très vite avec l'horripilante voix. 45 secondes et le morceau de 2 minutes 40 n'a toujours pas commencé. Au moins on va pas souffrir longtemps. Vlà la rythmique qui claque des doigts. La voix, misère, horreur, malheur, il a une voix à faire dérailler les trains ce Morgan Wallen. Là on est déjà au-delà de l'insipide musical. Deux minutes et on espère qu'il se passe enfin quelque chose, mais non, ça va se finir aussi nul que ça a commencé. Il doit y avoir une raison pour qu'il soit à la première place, mais je n'en sais rien et je m'en fous. C'est probablement le générique d'une série à la mode, sinon je vois pas.
(n°1 en France)
Je suis déjà fatigué, alors qu'on commence à peine. Ce morceau, combien de fois je l'ai entendu ces 15 dernières années ? Au niveau du ressenti, je l'ai entendu un million de fois. Alors, bon, une fois plus, hein, on n'est plus à ça près. Donc, quoi, c'est du rap français, minimal. On est dans le mumble, non ? C'est la génération Future/Young Thug. D'ailleurs, j'ai fait le test pour vérifier. Je suis allé réécouter With That de Young Thug et vous savez quoi ? C'est EXACTEMENT le même morceau. En tout cas la partie musicale, bah c'est la même, voilà. Je sais que c'est une des bases du rap contemporain, que la musique soit toujours la même d'un morceau à l'autre (à quelques exceptions notable près), mais là c'est un peu comique malgré tout. Après, on est là pour les textes, on n'est pas déçu. C'est très spécifique comme il faut, la rue, le gang, le deal, la violence, le racisme, la police, la citation de marques, quelques bonnes grosses grossièretés bien placées. On a tellement l'habitude de tout ça que je ne suis même pas sûr que ça provoque encore des paniques morales chez les réacs (à part s'ils viennent chanter dans une église, probablement). Alors, je ne dis pas, ça doit avoir une réalité pour les artistes et ça doit parler bien fort à tous ceux et toutes celles qui vivent cela au quotidien. Si c'est numéro 1 en France, c'est que ça parle à beaucoup de monde, même. C'est donc difficile de juger le message et sa sincérité, comme ça, à la débottée. Comme musicalement, y a pas grand-chose à dire et qu'on ne sait pas où s'arrête la vérité des créateurs et où commencent les clichés qui font vendre, je vais passer mon tour.
(n°2 au Royaume-Uni, n°23 en France)
Super, encore de la soupe, le petit piano, là, tu sens que tu va te prendre la balade de l'enfer. Bon point, la voix est correcte. T'as l'impression de commencer un morceau de The National. D'ailleurs y a de quoi se prendre un procès en plagiat là. Depuis qu'Aaron Dessner (de The National) a collaboré avec Taylor Swift, je sens que ce n'est pas tombé dans l'oreille de sourds. Parce que là c'est du Nationalcore. Je dis pas, hein, The National, c'est souvent bien, sauf que les derniers albums sont en roues plus ou moins libres et qu'ici Kushner ne réutilise que ce qu'il y a plus insignifiant dans le groupe. C'est effectivement mille fois entendu.
(n°2 aux Etats-Unis, n°17 au Royaume-Uni et n°5 en France)
Alors, techniquement parlant, c'est le plus gros tube de 2023 so far. Sortie il y a déjà une blinde de mois, Flowers occupe encore les premières places de tous les tops. Il remonte même, que ce soit en France ou aux USA. C'est le gros gros gros carton pour Miley Cyrus qui avait un peu besoin d'un gros gros carton à ce stade de sa carrière. Son dernier album est d'ailleurs tout à fait correct et probablement son meilleur. Flowers, c'est très bien, un hymne gentiment féministe qui a l'air de parler à tout plein de monde. C'est certainement opportuniste et calculé de A à Z par les requins de studio habituels, mais ça va, ça passe, parce que niveau chanson pop ça s'écoute sans douleur. Par contre le clip nous renvoie mille ans en arrière avec du soft porn à deux balles où le suspens est "va-t-on voir sa poitrine, oui ou non ?". Pour une chanson féministe, on sait quel est l'argument : "elle assume son corps, elle fait ce qu'elle veut, elle se met à poil pour elle et rien que pour elle". Sauf que ça, c'est la théorie. En pratique, tout le monde vient se rincer l'oeil, voir se tirer sur la nounouille ou se faire reluire la craquette pour les plus motivé(e)s. 471 millions de vues en quatre mois, vous allez pas me faire croire que ce ne sont que des visionnages innocents les deux mains posées sur la table. Ces clips, on les connaît, ils sont vieux comme la pop elle-même, hein, c'est pas nouveau, c'était pas pire dans les années 80, c'était pareil. Tout ce qui a changé, c'est le discours "derrière". Et encore, quand Madonna se dénudait en 1985, c'était déjà "pour le pouvoir de la femme forte", hein. Bah on se touchait déjà la nouille sur Like a Virgin, girl power ou pas. Business is business, as usual. Mais la chanson est sympa, c'est déjà ça.
(n°2 en France)
Ah ouais, OK.. Encore un morceau d'il y a 15 ans. Donc, en gros, on n'a rien changé depuis que Kanye West a blindé son rap de vocoder et d'auto-tune. On est encore sur le rap auto-tune. Enfin, là c'est du reggaeton, parce qu'il y a une rythmique dépouillée à mort, mais vaguement reggae. C'est de la musique de club ou de fête où personne n'écoute la musique et danse sur n'importe quoi d'un peu rythmé. A écouter chez soi, seul, devant son ordinateur c'est... comment vous dire ?
(n°3 aux Etats-Unis)
Le clip est un hommage au film de Tarantino, forcément, c'est le titre de la chanson. Alors, c'est bien, très bien même. Étrangement c'est extrêmement britannique dans le style musical. C'est un peu plus "rappé" que du Joy Crookes, mais on m'aurait dit que c'était du Joy Crookes, ça ne m'aurait pas du tout surpris. Le point bonus, c'est l'ultraviolence des textes et du clip, assumée avec une désinvolture rafraîchissante. Seul bémol, le final du clip qui nous refait le même coup que chez Miley Cyrus, avec une partie bondage à poil, qui n'a rien à voir avec le film de Tarantino pour le coup et qui n'est là que pour qu'on se rince l'œil et qu'on se tire sur la nouille. C'est encore un sommet de féminisme, sans doute, qui fait progresser la cause auprès des ados en train de se tirer la nouille devant le clip. Mais la musique est bonne et la chanteuse aussi, tout ça, tout ça.
(n°3 en France)
Allez, encore du mumble auto-tuné jusqu'à la gueule. Tu ne comprends RIEN à ce qu'il raconte. Un mot par-ci par-là, et encore. Alors le rap quand on ne comprends rien, punaise, c'est l'enfer. Enfin, parfois, il vaut mieux ne rien comprendre, je sais. Ah, je viens de comprendre une phrase "elle a mon sperme dans le gosier" et après "on ramasse ta sœur et ta cousine". Le gros bolide allemand en question, je ne veux même pas savoir, c'est peut-être un truc en hommage à la panzer division et à sa proverbiale finesse. Bref, ce n'est pas, mais alors pas du tout pour moi. Je veux bien beaucoup de choses, hein, je suis ouvert à tous les genres, au moins par curiosité, mais là, pffff... Voilà, c'est pas pour moi, ni la musique, ni les textes, ni l'imaginaire qui va avec. Ce n'est pas composé pour moi, d'accord, et ça ne fait rien pour essayer de me faire entrer dans ce monde haut en couleurs. Vu que ça cartonne, ça doit, là aussi, parler à tout plein de gens, c'est cool.
(n°3 au Royaume-Uni, n°4 aux Etats-Unis, n°13 en France)
Alors, j'aime beaucoup les deux derniers disques de Selena Gomez (Rare et Revelacion). Là, c'est juste un feat sur un morceau de reggaeton, donc ce n'est pas vraiment une chanson de Selena Gomez. Musicalement, ça n'a rien de spécial, hein, c'est pas Rosalia, faut pas trop en demander. Mais c'est bien ensoleillé, franchement, c'est pas mal. Le refrain made in Selena n'est pas stratosphérique, mais ça va, hein. Le clip est sobre et Selena Gomez reste raisonnable sur le côté "féministe-sexy-avec-décoletté-plongeant-intersectionnel-tirez-vous-sur-la-nouille-de-manière-progressiste-les-kids". C'est mignon et ça se présente comme le probable tube de l'été 2023, on a connu bien pire.
C'est l'heure de la pause.
C'est ça d'avoir l'envie d'être super éclectique et de reconnaître ses limites. Le mumble rap auto-tuné jusqu'à la gueule qui se vante de ses exploits sexuels, c'est pas pour moi. Par contre, un bon vieux morceau de Brutus, avec un écho de dingue, voilà, c'est mon doudou de réconfort. Je m'enroule dans ce clip comme dans une couverture de sécurité. Là, là, tout va bien. Je recharge un peu mes batteries et je replonge. Vous connaissez Brutus ? C'est un groupe belge de post-hardcore. C'est la batteuse, Stefanie Mannaerts, qui chante. Ça sera jamais dans aucun top mainstream, mais c'est tellement bien.
(n°4 en France)
Ah, lui on l'a déjà entendu un peu plus haut. Déjà, direct, je vous le dis, c'est vraiment bien. A l'ancienne, sans auto-tune, super brutal. Et la musique un peu gothique au fond, ça me rappelle (toute proportion gardée), un de mes rappeurs préférés (Vince Staples). Y a un poil d'auto-tune à la fin, mais ça reste raisonnable. Ça ne dure que deux minutes et vingt secondes. Bref, ça vient, ça cogne et ça s'éternise pas. Après, on est toujours dans l'imaginaire bling-bling gangster ultra-ringard, mais c'est difficile de tout avoir. Au moins musicalement, ça va.
(n°4 au Royaume-Uni, n°32 en France)
Alors lui c'est un ancien de boys band, si je ne me trompe pas. Il a beaucoup de succès. C'est pas du tout sur mon radar, pardonnez-moi. J'aime pas sa voix, ça va être dur. C'est encore un crooner qui essaie de me faire croire qu'il peut faire du pop-rock comme j'aime, c'est ça ? Franchement, boarf... Pourquoi j'irai écouter ça alors que Phoenix a sorti un disque très sympathique en 2022 ?
(n°5 au Royaume-Uni)
Alors, voyons, ça sent le club londonien dès le départ. Oui, c'est bien ça. Mais là on est carrément dans l'Eurodance. Y a encore le piano de Robert Miles, le putain de piano de Robert Miles, que tu entends PARTOUT dans ces innombrables morceaux de néo-Eurodance. Le point à sauver c'est la chanteuse Ella Henderson, qui fait bien le travail. Mais ça ressemble à l'affreux album de Rihanna, là, celui où elle a les cheveux rouges, pardonnez-moi d'oublier le titre. C'est encore de la musique pour aller guincher, à écouter chez soi c'est duraille.
(n°6 en France)
Alors crois-le ou non, cher lecteur, chère lectrice, c'est la première fois que j'écoute Jul. Je ne connais que sa réputation, très peu flatteuse. Mais le gars est toujours là, donc c'est que ça plaît. Alors, allons-y. Bon, bah c'est pareil que le reste. Auto-tune partout, musique nulle part. Bon, je déconne pour le bon mot, y a plein de morceaux génial avec de l'auto-tune. Juste là, c'est pas le cas. C'est rien. Il y a un accent rigolo, ça le fait sortir de l'ordinaire. C'est super drôle en fait, un morceau rap auto-tuné, hyper cheap, avec l'assent. En plus, on sent qu'il a pas le niveau, le drôle. Il a l'air de galérer sur son flow. Sincèrement, j'ai pas envie d'être méchant, c'est plus drôle qu'autre chose. Avec l'assent. Par contre, ça dure 5 minutes, c'est pas DU TOUT raisonnable. C'est deux fois trop long pour une novelty pareille. Plot twist : Jul a dit que la réforme des retraites de l'autre pitre, là, qui nous "gouverne", c'était de la crotte. Vive Jul !
(n°7 au Royaume-Uni)
Je sais que c'est le crooner du moment que tout le monde aime détester. Mais bon, ça vend, ça vend, hein, y en a qui adore, apparemment. Le putain de piano est là. Et la voix... ouhlala... Dès qu'il commence à crier c'est vilain, bon sang, c'est hyper vilain. Je veux pas dire, mais pour le coup la haine est justifiée. Quelle horrible petite balade fauchée. Avec le clip mélo à fond pour accompagner les paroles ringardes. Y a rien qui va.
C'est l'heure de la pause.
Petit réconfort avec le dernier single en date de Caroline Polachek, le merveilleux Smoke. J'aime toutes les chansons de son album, Desire, I Want To Turn Into You, parfois je préfère certaines à d'autres, mais ça change à chaque écoute. Smoke, située juste avant la fin du disque, c'est un coup de génie parmi plein de coups de génie. La manière de relancer ton album parfait dans la dernière ligne droite avec la chanson pop qui tue. Ça dure moins de trois minutes, ça t'emporte dès les premières secondes et ça ne te lâche plus. Tout l'album est comme ça, un tourbillon de ce que la pop peut offrir de meilleur. Il y a un clip assez sobre, surtout en comparaison du très Kate Bushesque Welcome To My Island, mais il illustre parfaitement la chanson. Surtout, il y a Caroline Polachek, dans tous les plans. Pardonnez-moi ce léger écart de conduite, mais c'est un peu beaucoup la chanteuse la plus sexy de la planète, hein, donc, voilà quoi. Le volcan, la fumée, la lave en fusion, c'est que dalle par rapport à Caroline qui fait tout fondre sur son passage. Après, c'est Edwood vs la Musique ici, c'est mon safe space où je peux écrire que quand Caroline Polachek danse, le réchauffement climatique s'aggrave de manière alarmante.
(n°5 aux Etats-Unis)
Allons bon, c'est quoi ça encore ? Y a un refrain chipmunk au début, c'est quoi le projet ? Et après c'est du sous-Drake avec... de l'auto-tune. J'attends le refrain et je sens que ça va dégager, j'en peux déjà plus. Bon, c'est nase.
(n°7 en France)
Ah mais en fait c'est une série de morceaux. Celui-ci dure aussi deux minutes et se conçoit comme la deuxième partie, ça entre, ça tape et c'est déjà dehors. C'est un peu moins direct, plus doux. Cela reste correct, sans fioriture, efficace.
(n°6 au Royaume-Uni)
Alors, je viens de comprendre pourquoi les morceaux retrouvent les durées des tubes des années 60 (moins de trois minutes), c'est à cause de Tik Tok. Je ne sais pas trop comment ça fonctionne, mais apparemment, plus c'est court plus c'est taillé pour le réseau social du moment (probablement déjà ringard, j'en sais rien). Donc, là, encore un truc de club, vaguement Eurodance, poum-poum-poum-poum, 2 Unlimited dans la place, bienvenue à Dance Machine édition 2023, etc.
(n°8 en France)
Bon, ça va pas être possible. C'est toujours le même morceau, à quelques nuances près, depuis le début. Les jeunes n'écoutent plus qu'un seul morceau en France, ou bien ? Un truc de rap auto-tuné, donc, même flow, même texte, le même morceau depuis 15 ans. Qu'est-ce que je peux dire ? Même les clips sont les mêmes. Demain, c'est loin qu'il dit, oui, d'autres l'ont déjà rappé en mieux, au siècle dernier.
(n°9 en France)
AUTO-TUNE ! Pardon, j'ai crié, là, non ? Non mais ça commence à bien faire. Je peux deviner à quoi va ressembler chaque morceau du top français. J'ai rien à dire, là, y a rien à dire, là.
(n°10 en France)
Ah, au moins c'est une chanteuse. Laissons-lui sa chance. C'est du reggaeton. Bon. Et... euh... rien de spécial. Franchement, qu'est-ce que vous voulez que je raconte de rigolo là-dessus. Sur le refrain elle parle de brocolli (je vous jure), c'est tellement comique que je n'arrive même pas à en rire.
(n°8 aux Etats-Unis)
Ah lui je sais que c'est la superstar du genre. Il a des super notes sur Pitchfork. Tu entends bien que c'est un peu plus sophistiqué que le tout-venant du reggaeton. Y a plus de moyens. Je respecte le travail bien fait, mais c'est pas Rosalia quand-même (air connu).
(n°10 en France)
Bah décidément, c'est la plus grande star française de l'époque, ce Ninho, si j'en crois le top des ventes de singles. Le mec est quatre fois dans le top 10. Dingue. C'est les Beatles à lui tout seul. Elvis Presley ! Bref, c'est... euh... du rap auto-tune. Mais gentil. Le morceau mignon. Le morceau insipide aussi. Enfin, j'en sais rien, ça me dépasse, vous l'avez bien compris. J'apprécie juste que le chanteur se nomme Gaulois, ça doit encore énerver quelques vieux connards sur un quelconque plateau de CNews.
(n°9 au Royaume-Uni)
Ah, de la pop, de la synthpop à l'ancienne, le truc gentil, tu vois, pépère. Ça n'a rien de spécial, du tout, ça entre par une oreille, ça sort par l'autre. Tu imagines très bien que ça servira de bande-son à une quelconque comédie romantique et puis voilà. Je découvre avec le clip qu'en fait c'est un girl-group de K-Pop qui chante ça, bah franchement, sans les images tu n'aurais jamais deviné. Le clip est à l'image de la chanson, à l'ancienne, sympathiquement ringard.
(n°11 aux Etats-Unis)
Essayant de prolonger la durée de vie du médiocre Midnights, Taylor Swift vient de sortir une édition spéciale de l'album, The Till Dawn Edition. Fidèle à sa réputation d'artiste prolifique, la chanteuse rajoute plus d'une dizaine de "nouveaux" morceaux à un album qui n'en réclamait pas tant. Qui aime bien, châtie bien, hein, dit le méchant proverbe. Je ne me prive donc pas pour répéter que, franchement, Midnights ça ne casse pas trois pattes à un canard. Il y a de bonnes choses dessus, dont Anti-Hero, aisément le meilleur morceau. Mais, rien de nouveau dans la galaxie Taylor Swift qui nous a déjà chanté ça mille fois, et souvent bien mieux. Le clip est top, dans la veine habituelle auto-dépréciative rigolote.
(n°8 au Royaume-Uni)
Le plus fidèle des faiseurs de soupe de notre époque ne déçoit pas en matière de potage avec son nouvel album. Je peux vous sortir toutes les métaphores et comparaisons à base de bouillons, mais vous avez compris l'idée. C'est même pas du velouté, c'est un truc bien clair et sans saveur. A peine de l'eau chaude avec trois bouts de carottes et deux bouts de poireaux qui barbotent.
(n°17 au Royaume-Uni)
Le début du morceau fait un peu peur, tu ne sais pas à quelle sauce tu vas te faire manger. Un gros drop d'infrabasse et boum ton dubstep à l'ancienne ? Un gros boum-boum d'Eurodance ? Ouhlala, la chanteuse crie très très fort. Et vlà le rythme qui s'emballe, ça va mal finir. Ah non, ça reste sobre, juste le petit poum-tchak pépouse. Deuxième refrain, ça tape davantage, mais ça reste dans la veine Rihanna dance tsoin tsoin. Rien de nouveau sous le soleil. Au moins ça réveille. Point anecdote : ça a gagné l'Eurovision pour la Suède en 2023. Cela fait bien longtemps que je ne sais plus ce qu'il se passe à l'Eurovision, on va dire que c'est un gagnant correct et ça explique le côté un peu vintage du truc.
(n°rien du tout en France)
Puisque je parle de la gagnante de l'Eurovision 2023, je suis quand-même allé voir la candidate de la France. Généralement, c'est nul ce qu'on propose et on vient pleurer qu'on finit avant-dernier. L'entame est bien grandiloquente, on dirait la musique d'un RPG médiéval, ça part bien. Ah, c'est du néo-disco by the numbers. La chanteuse a une voix très correcte et un physique à tomber à la renverse (points bonus pour les griffes qui font un peu peur). Franchement, c'est pas la honte du tout. Mais, malgré les cordes qui donnent un chouia d'ampleur, ça manque un peu de punch. Normal que Loreen ait envoyé valser ça avec son Eurodance qui pulse. Enfin, pour une fois, la France avait une candidate avec un peu de classe.
(n°9 aux Etats-Unis)
Ah, c'est une balade flan. Le machin mollusque qui dégouline à deux à l'heure. Y a le petit passage rap inévitable. Et puis ça repart en dégoulinant. La rythmique un peu plus pop, c'est signé The Weeknd, ça, on commence à connaître. Bah, écoutez, s'il y a plein de gens qui ressentent des choses super intenses en écoutant ça, tant mieux pour eux. On a le droit d'aimer les flans, y a de bons flans.
(n°18 aux Etats-Unis)
Pendant une fraction de secondes, je me suis dit que ça avait un rapport avec le Fast Cars des Buzzcocks, une des mes entames de chansons préférées. Ah les Buzzcocks, les rois du riff qui dépote. Mais non, c'est pas Fast Cars, c'est juste Fast Car, mais j'ai quand-même l'espoir que ça décoiffe un peu, vas-y Luke Combs, fais-moi rêver.... .... .... Ha ha ha, c'est une balade de country pop super molle du genou ! La violence de l'absence de violence, je vous dis que ça. On va attendre le refrain, il va peut-être s'énerver. Ha ha ha, il te dit que ça roulait tellement vite dans la bagnole qu'il avait l'impression d'être ivre, le tout sur la même rythmique hyper pépère. Je vais pas trop me moquer, j'écoute beaucoup de country rock/pop. Juste que là c'est pas très intéressant. Des morceaux comme ça, y en a des millions, rien de particulier qui t'accroche.
(n°12 au Royaume-Uni)
Sacrée Taylor. Donc là c'est une relecture d'un des multiples morceaux bof de Midnights, avec la rappeuse à la mode. Le clip commence directement sur un plan d'une des 150 versions colorées du vinyle de Midnights, que Taylor a un peu de mal à écouler (spoiler : il finira à 10 balles dans les bacs à soldes, comme le vinyle d'Adele). On voit le genre de message qu'on veut te faire passer. Bon, comme souvent avec Taylor, le clip est meilleur que la chanson. Ça pue le fric de partout, des tonnes d'effets visuels super gratuits, partout. Je ne veux même pas aller chercher le budget du truc, ça va m'écœurer. Tu aurais pu sauver l'intégralité de la population d'un pays de l'hémisphère sud de la famine avec le budget de ce clip. Après c'est super joli, hein, je dis pas, l'argent est à l'écran, ça n'a pas servi qu'à payer les pleins de super 95 du jet privé de TayTay. Cette "nouvelle version" de Karma est identique en tout point ou presque à celle de Midnights. A part pour la présence ultra discrète d'Ice Spice. Franchement, tout ça pour faire du stream en plus. L'intérêt est donc bel et bien dans le nouveau clip, aussi kitsch que fastueux, complètement ridicule et presque attendrissant. Pour supporter, il faut avoir une certaine affection pour Taylor Swift, cette multimillionnaire de la pop actuelle, cette reine dont nous ne sommes que les sujets soumis. Une part de moi crie "A mort la royauté !", bien sûr, et une autre part est sous le charme, manipulée en pleine conscience. Oui, moi aussi je souffre, souvent, de dissonance cognitive. Je devrais détester, j'y arrive pas, même quand la musique est très bof. Au moins je le reconnais, je suis un bad swiftie : tout ce que pond Taylor n'est d'or.
(n°12 en France)
Je vous préviens, si c'est encore de l'auto-tune je... euh... je ne sais pas, je fais grève pendant un paragraphe... OK, ça aura pris 15 secondes.
Donc, ce paragraphe est en grève et nous allons y parler de cinéma. Voyons, hum, j'ai enfin rattrapé le dernier film du duo Benson/Moorhead, Something in the Dirt. C'est toujours tout ce que j'aime. Encore une histoire SF-Fantastique alambiquée, avec une grosse dose d'auto-parodie. C'est rempli jusqu'à ras-bord, c'est passionnant pendant presque deux heures, alors que c'est un quasi huis-clos (conçu pendant la pandémie). Benson et Moorhead mettent en scène, écrivent et interprètent, comme d'habitude, et tout ce qu'ils font est stratosphériques. C'est écœurant de talent. T'as pas le droit d'être bon en tout comme ça. Dans mon monde idéal, ils seraient au moins aussi connu que les Daniels. Ça rappelle qu'un bon film, c'est pas une question de budget, même un film de genre. Du talent, du talent, et encore du talent. C'est pas donné à tout le monde, loin de là, y a des exceptions, des miracles. L'œuvre de Benson et Moorhead, ça relève de ça, du coup de bol, une chance sur des millions. Cette chance, c'est la nôtre en tant que spectateurs.
Bref, je reprends le travail et donc on en était à Tek Tek. Du reggaeton, avec un passage rap. Musicalement, y a pas grand-chose. Y a un gimmick, répété à l'envie, avec le tek-tek tek-tek (tic-tac tic-tac). C'est pas nul, hein. Franchement, on a entendu pire depuis le début.
(n°14 en France)
Auto-tune ? Auto-tune ! Est-ce qu'on a eu un morceau sans auto-tune dans le top français depuis le début ? Miley Cyrus ? Et encore, elle doit bien y mettre un petit coup ici ou là dans les angles, mais c'est moins flagrant. Donc, sinon ? Bah c'est toujours la même chanson. Un truc de reggaeton, vaguement rap, toujours chanté pareil. Je comprends bien qu'il y ait des fans du genre, ça va, hein, j'écoute des trucs dont tout le monde trouve que tout se ressemble (grindcore, anyone ?)
(n°17 en France)
Ouille, le choc post-traumatique. C'est Louane, celle que j'avais découverte dans l'infâme La Famille Bélier. Apparemment, elle est surtout connue en tant que chanteuse, elle a fait de la télé réalité, je sais plus trop. Elle est toujours là. 17 millions de vues sur Youtube pour ce morceau là. Je le sens pas, mais j'espère me tromper. Attendez, aaaattendez... C'est de l'auto-tune ou c'est moi qui ai les oreilles niquées ? Ou alors elle chante comme si c'était avec de l'auto-tune, sans auto-tune (ce qui serait une nouvelle étape dans l'horreur, avouons-le). Ah c'est pas beau, ça. Le piano est insignifiant, l'accompagnement musical sert juste de cosmétique. La star c'est la voix, mais je n'aime PAS DU TOUT la manière dont elle chante. Et puis bam, jurisprudence Adele, la rythmique patapouf débarque à la fin. Sauf que le chant suit pas. Et hop, c'est "déjà" fini. Y. a. rien. qui. va.
(n°11 au Royaume-Uni)
Ça en fait du monde pour moins de trois minutes. Surtout que le morceau ne commence vraiment qu'au bout d'une minute. Hop, le vieux truc jungle à l'anglaise. On connaît, c'est confortable, c'est la vieille pantoufle de la discothèque. Bravo, merci les britons, c'est rassurant, les années passent et votre top 40 ne change pas.
C'est l'heure de la pause.
La musique de Dawn Ray'd, c'est du black métal à l'ancienne, avec une petite touche folk. Là aussi, c'est du roudoudou musical pour moi. Ce n'est pas le cas pour tout le monde, je sais, ça va, pas la peine de vous plaindre. Le plus important ici, c'est que le groupe est une figure de proue du RABM (Red Anarchist Black Metal), celui qui fait tellement de bien au genre, gangrené par le NSBM (National Socialist Black Metal, les gros nazis nases). Là on est dans un safe space où on ne craint pas de découvrir que le groupe ou un de ses membres est en fait un faf plus ou moins honteux. On est chez les camarades, loin du bruit des bottes qui résonnent de plus en plus forts dans toutes les rues de la planète. On est surtout là pour leur rappeler qu'aujourd'hui comme hier et, bien sûr, comme demain, ils ne passeront pas. Points bonus pour le clip qui inclut des petits rappels instructifs pour aller en manif en ces temps obscurs où descendre dans la rue pour faire entendre une juste colère expose à la violence quasi immédiate de l'État aux abois.
(n°19 au Royaume-Uni)
J'avais soigneusement et consciencieusement évité de parler de son album Renaissance. Je me doutais qu'on ne pourrait pas l'éviter ici. Quand faut y aller, faut y aller. J'ai pas envie, tiens. Je crois que je vais encore me mettre en grève. Donc, Beyoncé a voulu faire du néo-disco. Sauf que d'autres sont se jetées sur le genre ces dernières années, avec beaucoup, beaucoup, beaucoup plus de réussite. Quand tu passes de Jessie Ware ou Roisin Murphy à Beyoncé, ça fait un choc, hein, la grosse dégringolade, boum. Je dis pas, tu entends que c'est du blockbuster, ils se donnent du mal. T'as le budget qui va avec le nom. Mais ça manque de tout. Très bon exemple avec Cuff It, qui manque de panache, qui manque de vie, qui manque de mélodie, qui manque même de groove, c'est du disco plombé. Après, le petit business Beyoncé, qui, si elle le pouvait, déposerait le terme "féminisme" pour empêcher quiconque de l'utiliser sans lui payer des royalties, je crois que j'avais déjà écrit tout le mal que j'en pensais, je ne vais pas revenir dessus. Là, c'est vraiment le capitalisme le plus décomplexé qui ingurgite et régurgite les combats et contre-cultures du moment pour faire tourner la machine avec la décontraction la plus cynique. Tant que ça marche, hein.
(n°11 aux Etats-Unis)
Encore un blockbuster qui sonne comme un blockbuster. C'est une ballade d'amûûûûr, formatée de partout, y a rien qui dépasse. La seule chose qui accroche, comme d'habitude avec The Weeknd, c'est le clip sexy-gore bien glauque.
(n°13 aux Etats-Unis)
Ah c'est une pub pour bagnoles. Ah non, c'est le nouveau clip de Miguel. C'est forcément du R'n'B avec un clip soft porn. Alors, j'aime bien la voix de Miguel, chacun ses faiblesses. La chanson n'a rien de révolutionnaire, c'est du travail bien fait, comme plein d'autres choses dans ces tops. On sent le pro qui déroule tranquillement son savoir-faire. Mais j'aime bien sa voix.
(n°14 aux Etats-Unis)
Latinos en force. Reggaeton latino en force, forcément, c'est encore Bad Bunny. Enfin, là il fait juste un petit feat avec un minimum d'auto-tune. C'est sympa, rien de spécial, mais pas du tout détestable. T'entends ça à la radio, tu zappes pas en urgence.
(n°15 aux Etats-Unis)
Alors je voudrais pas dire, mais y a quand même une tendance à, entre les noms à rallonges des artistes et des feats, et les noms de morceaux bordéliques, à ce que les top d'aujourd'hui ressemble à un tracklisting de groupe de rock progressif des années 70. Je ne m'en sors pas à taper ça, je vous le dis.
Bref, la chanson vaut quoi ? Crois-le ou ne le crois pas, lecteur, lectrice, j'aime bien ça. Les voix des deux artistes se complètent super bien. Le morceau a une fraîcheur assez désarmante. Par contre, ça va pas du tout la culture Tik Tok, là. Parce que c'est la deuxième partie d'un morceau sorti en début d'année. Qui était identique, à part pour la présence d'Ice Spice dans la "suite". Et ça durait déjà 2 minutes. Ça ne ressemble plus à rien. Parce que c'est bien, mais c'est, pour le coup, trop court. Dans les années 60, il y avait aussi plein de tubes de deux minutes, je ne dis pas le contraire, mais là il y a un vrai goût d'inachevé. Dommage, j'aime bien.
(n°16 aux Etats-Unis)
C'est Drake, il a dominé le monde de la pop pendant que je vivais tranquillement loin de sa musique. J'aime pas du tout ce morceau. Y a rien qui va. Musicalement c'est nase, et c'est quoi ce rap pourri ? Après je sais que c'est un chanteur avant d'être un rappeur. Bah vas-y, chante pépère ! Il chantonne un peu sur la deuxième partie du morceau, mais ça reste follement médiocre. Mais bon, c'est Drake, il peut sortir n'importe quoi, ça va direct aux sommets des charts.
(n°17 aux Etats-Unis)
Reggaeton ou country ? Avec un nom comme ça, c'est de la country. OK, ça loupe pas. La petite balade country pop. C'est... mignon ? Oui. Mignon. Le clip fait maison est plein de jolis paysages. C'est un peu sou-soupe sur les bords, hein, me faites pas dire ce que je n'ai pas dit.
(n°23 au Royaume-Uni)
Évidemment, vous ne me ferez jamais écrire du mal de Kylie. Même quand c'est juste bon, comme avec ce premier single de son nouvel album. Jamais je ne vais dire du mal. C'est Kylie, quoi, un de mes premiers grands amours d'enfance. J'ai le sentiment qu'il manque quelque chose sur le refrain, plutôt très bon, mais qui rate de peu d'être génial. Le clip choisit d'aller à fond dans le rouge. Kylie, teint pâle comme la mort, a un côté gothique assez infernal. Je ne sais pas trop ce qu'ils ont essayé de faire, mais j'aime bien. Et sinon, bon sang, même Kylie doit se plier au diktat de Tik Tok, ça ne dure que 2 minutes et 45 secondes et ça ne va pas du tout. Allez directement sur un extended mix, y en a plein sur Youtube, ils sont presque tous supérieurs. Ceci dit, cela s'avère payant, vu que je ne cesse de voir des articles célébrant l'énième résurection de la chanteuse et ses nouveaux (très) jeunes fans glânés sur Tik Tok. Tant mieux pour elle, pour sûr.
(n°18 en France)
Aïe, revoilà l'autre avec sa grosse allemande, là. Deuxième chance, donc. Bon, c'est super classique. J'ai les textes qui défilent sous les yeux, y a des trucs qui font sens. Amusante sa passion pour le "100 moins huit", ça fait 92, OK. C'est les Hauts-de-Seine, ça change du 9-3. On sait que c'est pas les Hauts-de-Seine de Sarko et Balkany, hein, c'est plutôt ceux de Nanterre et Clichy. Mais ça change. Après, y a rien de nouveau sous le soleil. Et vous avez vu ? J'ai pas parlé de l'auto-tune ! Ah si, merde...
(n°19 en France)
Depuis le temps que j'entends parler de lui, on va enfin savoir à quoi ça ressemble. Ça commence avec le piano vénère qui te promet que ça va envoyer du lourd. Vas-y, je t'attends. Oui, en gros, va y avoir que le piano de vénère... Le chant, là, ça va pas du tout. Donc, c'est le texte qui doit percuter. C'est une histoire de cœur, OK, la pop c'est des histoires de cœurs de toute façon. Oui, bon, le texte est classique, t'as tous les clichés. Mais la voix ça va pas du tout. Le pauvre est super passe-partout. Y a rien qui accroche là. C'est de la variété française en fait, je m'attendais pas à ça. On me promettait un truc cool et je me tape Pascal Obispo.
(n°24 au Royaume-Uni)
Non mais sérieusement, dans le genre occasion ratée, celui-là il me reste encore en travers de la gorge. C'est d'ailleurs parfaitement incarné par le clip où les deux méga stars ne sont jamais ensemble. Chacune a tourné sa partie de son côté. Bah ça s'entend dans la chanson, où Lana ne fait pas grand-chose. Tout ce qui donne un peu l'impression d'avoir une collaboration, c'est que Taylor sort plusieurs "fucking". Sauf qu'elle avait déjà lâché du "f word" dans folklore, donc le côté "wow" est largement éventé. La fusion ne fonctionne pas. C'est trop Taylor pour être du Lana. Et Lana fait juste des petits chœurs au fin fond du mix. Dans le clip, elles sont super mignonnes toutes les deux, avec Taylor version ensablée et scrappy cool et Lana version glamour yeux de velours. Tu restes pour le clip, en gros, mais la zizique te passe dessus sans faire de vagues.
C'est l'heure de la pause.
Alors, sincèrement, je m'attendais à croiser, au moins dans le top britannique, Jessie Ware dans les classements. That! Feels Good! c'est le disque fun, cool, magique, par excellence, probablement le meilleur album de 2023. Un chef-d'œuvre néo-disco, du même niveau que le précédent album de la chanteuse, What's Your Pleasure? Depuis qu'elle s'est réinventée en diva disco, Jessie Ware ne cesse de tutoyer les étoiles. Pour l'instant, Begin Again, c'est la chanson n°1 dans mon petit top 2023 personnel. Un pastiche 60s, qui swing, qui groove, qui te fait le mambo dans les hanches, qui t'envoie le disco dans les jambes, qui te rappelle mille choses que tu aimes et qui les transcende, hop, comme ça, avec une facilité telle que tu te laisses emporter sans réfléchir. Avec le clip qui fait la part belle à la danse, parce qu'on est là pour ça, avec une classe de dingue. Oui, c'est de la musique pour danser, mais contrairement à l'Eurodance tsoin tsoin, tu peux écouter ça chez toi tout seul devant ton ordinateur et tu te sens bien, tu te sens heureux, le cœur léger, un truc magique, je vous le dis. C'est donc ça, le bonheur ?
(n°16 au Royaume-Uni)
On élimine l'éléphant dans le couloir : oui, il a de super tatouages. Il n'a pas fait les choses à moitié. Par contre, ça trompe sur la marchandise. Parce qu'avec de tels tatouages, tu ne t'attends pas du tout à la petite chanson pop de mignon minet qui miaule. C'est un truc de charmeur de ses dames (et messieurs, soyons modernes). Tu me dirais que c'est un petit chouqui de boys band qui fait son single solo, je te crois sans mal. Décalage total entre le look, entre rappeur trash et métaleux gore, et la musique. Puissant effet comique, surtout quand il sautille pour faire semblant de danser.
(n°20 au Royaume-Uni)
C'est un des morceaux de la BO du film Barbie de Greta Gerwich. Bon, le film, je suis plein de perplexitude. Pas à cause du sujet, moi je veux bien tout, même Barbie. Les films Lego étaient top. C'est juste que je ne suis pas du tout convaincu par Gerwich en tant que réalisatrice, que je trouve pleine de bonnes intentions mais un peu plan-plan. Là elle a l'occasion de péter un peu les plombs. Les bandes-annonces sont très prometteuses et le casting est génial (Margot Robbie, je la veux partout, tout le temps, si vous me passez l'expression). Par contre, cette chanson n'est pas super bon signe, dans le sens où sur le papier, c'est parfait. Dua Lipa c'est bien, c'est même souvent très bien. J'ai mis un peu de temps à entrer dans Future Nostalgia, mais c'est un excellent disque. Sauf que là, bah c'est bof. Néo-disco dans l'air du temps, d'accord, mais sans grande saveur.
(n°27 au Royaume-Uni)
Lana, Lana, Lana, tu fais partie de ces artistes dont on a l'impression qu'ils ont la trouille de disparaître s'ils ne sortent pas au moins une chanson tous les trois mois. Pourtant ça t'avait fait du bien de faire une mini pause (mais vraiment mini) entre deux albums. Le dernier est super. Te presse pas, prends ton temps, on ne va pas t'oublier si tu prends deux ans de vacances, hein. Après, si tout ce qu'elle sort est génial, on va pas se plaindre. Là, franchement, ça casse pas trois pattes à un canard. C'est pas nul, hein, c'est rarement nul chez Lana. Mais on pourrait faire sans, ça ne changerait pas grand-chose. Après, elle avait envie de sortir cette chanson, elle le fait, cool pour elle. Points malus pour la pochette en prière qui donne l'impression que c'est une chanson de culcul bénit alors que pas du tout. C'est juste Lana qui te dit, comme d'habitude, que si tu lui fais des câlins tu seras direct au paradis, la coquine.
(n°21 en France)
Ah bah voilà, la dernière partie, un peu plus longue. Vas-y, montre nous ce que tu sais faire. Faut pas que je regarde le clip en même temps par contre, j'en peux plus de leurs bagnoles et de leurs fantasmes bling-bling ultra méga ringards. Le morceau est en faux départ. Le beat fait semblant de tomber et ne tombe qu'à moitié. C'est pas mal. C'est minimal, mais bien minimal. Sur l'ensemble des trois parties, ça se tient bien. Sec, précis, réussi.
(n°24 en France)
Allons bon, c'est quoi ça encore ? C'est la variétoche patapouf. Il en faut, hein, on aime aussi ça en France, on a une grande culture de la variétoche patapouf. Il faut protéger notre belle variétoche bien eud'chez nous. L'exception culturelle, tout ça, tout ça...
(n°28 au Royaume-Uni)
Direct tu sais que tu es dans le top 40, là, dans le pays qui a décidé, à raison, que Burial serait, pour les décennies à venir, l'horizon à atteindre. Donc voilà, cette rythmique c'est l'hymne national d'outre-Manche. Pas un problème à mes oreilles. C'est classique et c'est bien. Jorja Smith tu sens que c'est un niveau au-dessus du tout venant. Après son premier album très recommandable, j'ai bon espoir pour le prochain. Le clip avec les petites interviews sur les petites choses que les gens aiment chez autrui, c'est plaisant. De la musique de club, avant tout, mais qui s'écoute bien même une fois rentré à la maison.
(n°89 aux Etats-Unis)
Ah, la chanteuse vraiment pour ados du moment. Enfin, tout est pour les ados dans ces tops, hein, on le rappelle. Mais là c'est vraiment pour quand tu as 14 ans. Ohlala, c'est tous des gamins là-dedans. Qu'est-ce que je fous là moi ? J'ai l'âge d'être leur père. En plus la musique est nulle. Je vais aller au club de scrabble rejoindre les personnes de mon âge, tiens.
(encore) L'heure de la pause
Alors, après avoir passé plusieurs semaines aux côtés du nouvel album de Susanne Sundfor, j'estime qu'il est moins essentiel que le précédent, le divin Music For The People In Trouble (n°1 du classement de fin d'année sur ce site à l'époque, hein, pas rien). Pour l'instant, blomi est dans mon top 5 de 2023, hein, pas rien non plus. C'est un disque absolument magique. Avec une poignée de chansons d'une beauté folle. La qualité Susanne Sundfor, quoi. L'exemple typique c'est le "tube" de l'album, alyosha. C'est tellement beau que t'as les larmes aux yeux et tu sais même pas pourquoi, c'est le choc esthétique qui te fait ça. Le refrain t'assassine direct, il n'a aucune pitié. C'est trop plein d'amour et de grâce, quel massacre émotionnel ! Bref, après cette hécatombe de bonheur, on retourne à nos petits tops.
(n°58 en France)
Eurodance, eurodance, eurodance. J'en peux plus. Ça va, j'étais ado à l'époque de Top DJ et Dance Machine, j'ai donné, hein, bon sang. Et ça prouve, s'il en était besoin, que toutes les chansons du nom de Superstar ne sont pas des merveilles.
(n°22 au Royaume-Uni)
Ha ha ha ha ! Mais non ! Mais quoicoubeh ! Mais gros sayer ! Ça va pas bien la tête ! Grands malades. L'apocalypse. Fallait FORCEMENT que je me tape un morceau comme ça, sinon ça ne serait pas vraiment Edwood vs la Musique. Donc, OK, c'est la guerre, la vraie, la totale. La convention de Genève piétinée, l'ONU humiliée ! Ils sont allés chercher I'm Blue, tube toxique d'il y a une vingtaine d'années. Pour en faire... Pour en faire quoi en fait ? Une tentative moisie de tube de l'été ? Y a tout ce que j'aime pas. Guetta derrière ses platine et une bimbo qui hurle. Ohlala, c'est moche. Avec tous les plans incitatifs pour que les ados se tirent bien fort sur la nouille. Et la musique atroce. C'est terrible, thermonucléaire, une pandémie sonore, un plan secret des reptiliens pédo-satanistes du laboratoire caché du fils Biden à Wuhan, dirigé par Tom Hanks et Lady Gaga (si j'ai bien tout compris, c'est pas toujours très clair).
(n°28 au Royaume-Uni)
Une chanson réussie sur le thème de la dépression. Franchement, ça détonne un peu et paradoxalement ça fait du bien. Après, même si la musique est assez légère, entre les paroles et le clip, ça met bien le cafard.
(n°30 au Royaume-Uni)
Alors eux, je croyais qu'ils faisaient du pop-rock à peu près correct, mais depuis qu'ils ont touché le jackpot, c'est parti en vrille. C'est nul. Ohlala, c'est de la grosse bouillie bien bien moche.
(n°32 au Royaume-Uni)
Là tu sais tout de suite que c'est anglais. Rien que l'accent jamaïcain, tu peux pas te tromper. T'as aussi le côté un peu 60s. Classique, écoutable.
(n°32 aux Etats-Unis)
Bon, ça va pas du tout, c'est le signe qu'il faut que j'arrête bientôt. Je commence à confondre les morceaux. Celui-là je viens pas juste de l'entendre ? La balade country nase, là ? Celle-là est super gratinée. Le petit couple béat qui remercie dieu pour service rendu à leur amour. Mais. Au. Secours. Je vous préviens, encore une comme ça et je vous colle un morceau ABOMINABLE (pour vous) dans ma minute de pause.
(n°50 en France)
Alors, les fans le répètent assez, c'est la chanteuse française actuelle qui vend le plus à l'international. Elle se débrouille évidemment très bien en France aussi. Alors, reggaeton ? Oui. Un peu hip-hop sur les bords aussi. Pile l'air du temps, normal, ça vendrait pas autant sinon. Alors, y a de bonnes choses chez Aya Nakamura. La Machine, par exemple, j'adore. Y a des morceaux, je ne peux pas, c'est au-dessus de mes capacités sonores. Je ne vais pas encore faire le numéro de "c'est pas Rosalía", non, c'est pas Rosalia, y a qu'une Rosalía, on ne demande pas à ce que tout le monde soit Rosalía. On aimerait juste que ce soit un chouia plus original, sans doute, un minimum de prises de risques. Là, y en a zéro. C'est bien fait, pour sûr. Légèrement accrocheur, même. Elle a fait mieux. Ah, par contre si vous espériez que je conchie, non, c'est raté, c'est pas mal. En disant cela, je fais problement partie de la cinquième colonne de l'anti-France, hein, c'est comme ça, faudra faire avec, mes loulous.
(n°52 en France)
Je descends un peu dans le classement parce qu'il paraît que les affreux italiens de Maneskin sont actuellement les représentants du rock auprès du grand public. Ha ha ha ha, mais que dalle, bordel ! Pardon d'être vulgaire, mais paye ta ballade rock dégueulasse. C'est quoi ce machin ? Bon Jovi a appelé, même lui il a honte. Te dire. Même cette crotte de Jon Bon Jovi a honte de votre balade dégueu. Je sais que Maneskin a des morceaux plus rock. Encore plus nuls. Mais vraiment nuls. Tous plus ou moins copiés sur un vieux tube des White Stripes. Purée, si c'est ça le rock en 2023, mais qu'il crève le rock ! Mais crève le rock ! On veut du reggaeton et de l'auto-tune, plein d'auto-tune ! Non mais regardez-moi ce qu'ils me font écrire, ces idiots là !
(n°57 en France)
On parle beaucoup de The Weeknd en ce moment à cause de sa série glauquissime The Idol. On a l'impression que plein de gens découvrent que l'univers du chanteur est méga glauque. Bah non, c'est pas nouveau. Suffit de mater ses clips, hein. Après, c'est un producteur efficace qui se prend pour Michael Jackson. Problème : les chansons ne sont jamais à la hauteur. Il y en a de mieux que d'autres, mais franchement, c'est pas ça. Même son dernier album, adoré par plein de gens, j'ai essayé, plein de fois, c'est pas horrible, hein, mais ça n'a rien de fou-fou. Bel exemple avec ce morceau surproduit, avec un clip Stranger Things pété de thunes, mais qui te glisse dessus sans laisser de traces.
(n°39 au Royaume-Uni)
Connais pas, mais y a des moyens. Qu'est-ce que c'est que ça ? Une reprise de Take On Me ? C'est le beat de Take On Me, non ? J'suis pas convaincu par la voix, mais y a quelque chose. C'est de la synthpop rigolote et la chanteuse est mimi. Tiens, c'est encore une suédoise, comme son nom l'indique. Vive la Suède ! Enfin, pour sa musique pop, hein, pas pour sa politique, vous l'aurez deviné.
(n°40 aux Etats-Unis)
J'avais prévenu. Malgré le chanteur tatoué comme Post Malone, c'est encore une balade country, un chouia plus rock. Mais vous allez vous prendre le morceau plein de haine quand même.
Là, na ! Je vous avais prévenu. Et encore, j'ai eu pitié de vous. A la base j'étais parti sur Pig Destoyer. Immortal Bird, c'est bon, très très bon, mais n'en mangez pas, la musique ça ne se mange pas. Sinon, oui, c'est une chanteuse qui vous crie dans les oreilles, au cas où vous ne vous poseriez pas la question. J'adore la pochette qui assume pleinement le fait que plein d'auditeurs inconscients vont avoir la même réaction que la fillette.
(n°72 aux Etats-Unis)
Elle était là il y a 10 ans, elle aussi, quand je rédigeais le dernier Edwood vs la Musique. Bah ça s'est pas arrangé. Musicalement c'est pas bon du tout et l'étalage corporel n'a pas baissé d'un iota, il a même probablement augmenté. Ça déborde de partout et il n'y a plus de budget pour le clip, les ventes doivent être en baisse. A qui s'adresse tout ce spectacle (à part aux ados qui se tirent sur la nouille, oui, je sais) ?
(n°65 en France)
A force d'en parler, hein, la voilà, Rosalía. Avec des chansons bonus post-Motomami. C'est du bonus, c'est moins bien que ce qu'il y a sur l'album, on ne va pas lui en vouloir. C'est déjà mieux que ce que Taylor nous a refilé pour Midnights. Faut dire que Motomami, c'était la crème de la crème de l'année dernière (n°3 du top de fin d'année ici-même, n'est pas passé loin de la première place). Le son de l'époque, à fond, mais avec une inspiration assumée vers le folklore d'avant et les oreilles grandes ouvertes sur les sons de l'avenir. Je vous le jure, et je suis bien sûr loin d'être le seul à le faire, mais c'est génial comme musique. Là, c'est beaucoup plus classique, mais tu sens quand-même le savoir-faire d'une artiste qui te cisèle un tube avec trois fois rien. Trois minutes, taillé pour la génération Tik Tok, mais t'as un style, une manière de chanter, un truc, une mélodie, un je ne sais quoi qui fait la différence.
(n°78 en France)
Un autre morceau bonus. Très court, juste un truc rigolo pour Tik Tok. C'est minimal, y a pas grand-chose là-dedans. Mais elle arrive à faire beaucoup en deux minutes et trente secondes, un rythme simple et des fragments de mélodies. Tu sens qu'elle est une ligue au-dessus des autres, même de Bad Bunny, il ne lui arrive pas à la cheville. En théorie, tous les autres sont dans le même genre. C'est du reggaeton. Mais là tu entends la différence entre une artiste qui maîtrise le genre dans tous ses recoins et qui défriche en même temps. Les autres courent après, comme ils peuvent. Il y a un clip qui va avec. Là aussi, c'est trois fois rien, c'est Rosalía et ses potes à la plage. Ca repose juste sur le charme de la chanteuse. Mais comme son charme est infini, bah, franchement, c'est... charmant.
(n°89 en France)
Ah mince, je m'attendais à un truc qui groove, mais c'est un truc tristoune. C'est quoi, ça ? Une sorte de pop country fantasmée par des européens, non ? Elle est arménienne, c'est pas trop l'Europe (enfin, je crois, j'ai plus trop suivi qui est dans l'Europe ou non actuellement). Le duo First Aid Kid sont les meilleures dans le genre, actuellement. C'est de l'appropriation culturelle, non ? Je ne sais plus, dans le doute on annule.
(n°64 en France)
T'as un morceau qui porte le même nom que le chef-d'œuvre de Kraftwerk, tu sais que je vais pas te louper. Ohlala, c'est horrible. Un rap-reggaeton énervé avec un clip fétichiste des formules 1 qui font vroum-vroum.
(n°68 en France)
Là c'est pas Take on Me qui sert d'inspiration, mais un peu tous les tubes de synthpop qui pulsent, genre It's Raining Men, mais en version un chouia anestésiée. Points bonus pour Lizzo qui n'en fait pas trop avec sa voix et qui fait des étincelles dans un clip assez rigolo.
(n°85 en France)
Ha ha ha, le nom de l'artiste et le titre du méfait vendent du rêve. Vas-y mon pote, envole-moi ! Ah, c'est abominable ! Tout est radioactif ! Le pire c'est la voix, le chant, au secours, envoyez une équipe de sauvetage, tout de suite, viiiite ! Je suis coincé sous les décombres de la variété française de 2023. Un truc si horrible qu'on ne peut s'empêcher de regarder. En plus, je me retiens, vous le savez, on a dit pas (trop) le physique, mais c'est pas possible. Le minet avec sa coupe au bol, c'est un pousse au crime. Faut pas, faut pas, faut pas. Je suis woke, j'aime tout le monde. Tolérance, acceptation, vous êtes tous merveilleux, petits monstres que vous êtes. Mais là, non, c'est trop, j'ai éclaté de rire, je me suis moqué. Je vais m'isoler dans un coin pour expier. J'emporte juste un disque pour me tenir compagnie.
Puni, au coin, j'écoute :
Sophie, aaaah, Sophie. De retour avec un nouvel album, après avoir sauvé la planète de la pandémie de Covid à elle seule (ses soirées disco en direct de sa cuisine, si vous n'avez pas vécu ça, vous avez raté votre confinement). Suivant la ligne musicale merveilleusement élaborée avec Familia, le nouveau disque, Hana, est presque aussi bon. Il contient notamment le tube de l'été de mon monde idéal. Lost in the Sunshine, c'est la perfection Ellis-Bextor. Encore un doudou sonore pour moi, vous le savez probablement. C'était vrai il y a plus de 20 ans, ça l'est encore davantage aujourd'hui, j'entends la voix de Sophie, je me sens bien. C'est le pansement pour les tympans. Le clip est à l'avenant, juste Sophie estivale, en imagerie 60s. Elle a ressorti une robe de son tout premier clip en solo, celui de Take Me Home, juste pour te mettre la honte et montrer qu'elle rentre encore parfaitement dedans après cinq accouchements et plus de 20 années passées.
(n°83 aux Etats-Unis)
Ah oui, la rappeuse du moment fait du Tik Tok à fond. Là ça dure deux minutes, on est vraiment dans le mini mini tube. Y a quasiment rien là-dedans. Elle fait beaucoup quand-même avec pas grand-chose, je dis pas. Mais on peut trouver ça un peu vide.
(n°76 en France)
Ouhlala, le titre promet du lourd. Le clip neuneu aussi. "Si tu savais comme je l'aime, ton petit coeur à la crème" ? ! ? ! ? Au premier degré, je vous jure. LA. FOLIE. J'ai éclaté de rire. C'est de la grosse, mais de la très grosse variétoche kouglof. Un truc dégoulinant avec un accompagnement musical insipide au possible et une voix sans intérêt. Restent donc les paroles, en particulier le petit coeur à la crème qui va me faire glousser comme un idiot pendant encore quelques minutes.
(n°37 et 38 aux Etats-Unis)
L'enchaînement de ces deux morceaux dans le top US me semble très savoureux. On rappelle que Chris Brown a battu Rihanna comme plâtre (elle lui a pardonné, donc ça va, il paraît) et surfe depuis avec grand succès sur son image de bad boy (qui bat les femmes, c'est cool les bad boys qui cognent les femmes, on en sait quelque chose en France). Donc, oui, l'Amérique a l'air d'avoir un problème et pas qu'un seul d'ailleurs. Et pas seulement l'Amérique, bien sûr, comme je le disais plus haut. Le drapeau qui symbolise le morceau de Kendrick et Beyoncé est composé de munitions. Sur la base du titre, on se dit que ça va causer armes à feu et qu'il faudrait les supprimer une bonne fois pour toutes. Ouais, avec nous les bourgeois ! Bah non, même pas, je te jure. Ça cause de cul. Oui. Avec une bonne dose de personal branling (j'ai un sac à main qui coûte le salaire de 2000 smicards et une bagnole qui vaut trois fois plus que ton existence de gueux). Il paraît que ça évoque les ravages de la drogue aussi, mais comme la drogue sert de métaphore cool pour l'addiction au cul-cul, ça tombe complètement à plat. Et les munitions c'est pour dire que Kendrick va mitrailler le gros derrière de Beyoncé comme Tony Montana avec sa sulfateuse. Je. Te. Jure. Donc t'apprends que Beyoncé va te faire patienter une bonne semaine avant de t'envoyer au 7e ciel avec son derrière. Et puis voilà. Le drapeau avec les munitions c'est juste de l'opportunisme un peu provoc, de la récup pour le business as usual. C'est de l'imagerie et de l'imaginaire d'armes à feu pour causer de cul. C'est pire que nul, c'est minable.
(n°34 au Royaume-Uni)
J'aime bien le refrain et l'accent. Le clip est classique et rigolo. Ça va, c'est de la musique Tik Tok cool.
(n°33 aux Etats-Unis)
Je ne me remets pas des chansons Tik Tok qui durent 2 minutes, la pop est donc en train de faire un grand retour sur elle-même et de revenir à ses origines. Ce morceau là reprend les oripeaux du tube de Clipse, là, Grindin, le truc dont on fait la rythmique en tapant sur les tables. Ça n'a rien perdu de son efficacité tribale. J'aime vraiment le côté primitif, complètement dépouillé, il y a presque rien là-dedans (encore une fois), mais c'est imparable. Kali déborde de charisme et devrait être, sans surprise, la nouvelle sensation du genre dans les mois qui viennent.
(n°94 en France)
Oui, oui, la chanson tartignole de McCartney et Michael Jackson, remixée Eurodance. C'est ni fait, ni à faire.
(n°77 aux Etats-Unis)
Oh, ils sont mignons les deux là. Ils font une chanson et un clip pour dire au monde entier qu'ils sont jeunes, beaux, riches et amoureux. Normalement, je devrais être très méchant, surtout que c'est juste un peu de reggaeton plan-plan, loin de ce que Rosalía sait faire de mieux en solo. Mais j'accorde un passe-droit, parce que je suis chez moi et que je fais ce que je veux.
(n°1 sur The Web's Worst Page)
Ha ha ha, je vous ai bien eu. Y en a pas un qui y a cru, c'est dommage. Allez, on se fait plaisir avec l'épatant single du groupe le plus percutant du moment. Même qu'on pourrait dire qu'elles font un peu peur avec leur girl rock qui te kick dans les dents. Diantre, c'est tout ce que j'aime !
(n°34 aux Etats-Unis)
En gros c'est le chouchou du moment chez les américains. C'est non, vraiment non, j'aime pas. C'est super insipide. J'en peux plus de ces balades pseudo country toutes nases. Attention, si ça continue, je vais couper la lumière et vous laisser dans le noir avec de la musique qui fait peur, hein, attention...
(n°55 en France)
*baille, pense à autre chose*
Tout finit par se ressembler. Il va être temps d'arrêter.
(n°85 en France)
Un peu plus vénère que les autres, celui-là. Ça rappelle certains vieux NTM. C'est génial, parce que c'est ce qu'on écoutait quand j'étais au collège et apparemment les collégiens d'aujourd'hui écoutent exactement la même chose. C'est les mêmes textes à peu de choses près, en plus. 1993, 2023, toujours pour un nouveau massacre. Le fossé des générations n'est donc pas passé par là.
(n°96 aux Etats-Unis)
La nouvelle future Taylor Swift ? Elle a bien commencé en chantant des trucs insipides, hein, TayTay. Elle en chante encore, me direz-vous... Bon, là, la chanteuse est toute chouquinette, mais y a du chemin à faire sur la musique.
(n°29 au Royaume-Uni)
Doit y avoir une raison pour qu'une vieille chanson de Florence recartonne dans le top anglais, je n'ai pas cherché à savoir. Bon, toujours le même problème, elle est super intense Florence, mais la musique ne me semble pas vraiment à la hauteur de cette intensité. Elle donne tout, hein, ça chante haut et fort, mais ça reste bien lisse malgré tout.
(n°37 en France)
Forcément, ils sont toujours là eux. Avec le même opportunisme sans foi ni loi. La musique latino cartonne, qui c'est qui fait de la musique latino, comme ils ont pu faire du rap ou de la pop plastique quand c'était la mode ? Ce sont de grands Artistes qui savent s'adapter à leur époque et vampiriser les sons du moment, non ? Ce sont les David Bowie du XXIe siècle, non ? Comme presque à chaque fois, ils ne font que reprendre et tourmenter un mégatube déjà existant. Hein, pourquoi faire des efforts, bande de minables ? Ce coup-là c'est le Scatman qui passe à la moulinette des affreux en chef. Ça date un peu, bien sûr, le XXe siècle, qui s'en souvient ? Mais l'original on aime encore, parce que c'était Scatman John, un vrai musicien, profitant miraculeusement de la vague Eurodance pour étaler son talent à la face du monde. Un bègue qui a su retourner son handicap pour devenir une star. Chez les Black Eyed Peas, malgré les décennies de savoir-faire en matière de trucs HORRIBLEMENT PRISES DE TÊTE, ça devient abominable. On ne va pas se mentir, on est entre nous, ce qu'il y avait de mieux dans les grandes/pires heures du groupe, c'était Fergie. Et Fergie est partie. Il ne reste que les trois autres pignoufs, là. Ils continuent à démouler des tubes, comme d'autres démoulent des bronzes. Mais nous, on sait. My Humps, I Gotta Feeling, Boom Boom Pow, c'était affreux, mais il y avait Fergie. Même dans le Mal (aux oreilles) absolu, il faut savoir faire une gradation.
(n°66 aux Etats-Unis)
Ha ha ha, mais non ! C'est le pire de tout ce que j'ai subi. Il fait du country rock avec une sorte de teinte reggaeton, c'est l'enfer. Je savais qu'à force, on allait tomber sur un truc comme ça. La fusion des genres dominants vers ce terrible concept de monogenre. Un concept qui ne cesse de changer tout le temps, comme tous les concepts fumeux et fumistes qui veulent tout dire et ne rien dire (ne me lancez pas encore sur le wokisme, c'est l'heure d'aller dîner). Donc, pour la peine, non seulement ça suffit pour cette fois et on verra si j'ai le courage de me refarcir les classements d'ici l'année prochaine. Mais en plus, je vous laisse avec un dernier cadeau, bien fait pour vous !
"No. No. No. This is beautiful. This is art."
Ça vous a plu, vous en voulez encore ?
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