1996
L'ultime concert d'Oingo Boingo est aussi le premier à avoir été filmé et à avoir été édité en vidéo. Il était temps ! Présenté sous la forme d'un coffret double cassette, de plus de 200 minutes, ce concert phénoménal est encadré par une très rapide rétrospective de l'histoire du groupe, des séquences backstage et de deux clips (le premier clip du groupe et le tout dernier). En fait ce testament sur bande magnétique est in-dis-pen-sa-ble ! D'une part parce qu'il est la seule trace visuelle encore facilement (mais plus pour longtemps) dénichable du groupe et surtout parce qu'il s'avère d'une qualité exceptionnelle.
Les 23 minutes documentaires en début de programme sont particulièrement frustrantes. De très courts extraits de clips et surtout de spectacles des Mystic Knights Of Oingo Boingo s'enchaînent à toute vitesse. Le plus cruel ? Un extrait de The Forbidden Zone, le film mythique et quasi introuvable (sauf à prix prohibitif) de Richard Elfman. En tout cas on réalise à la vue de ces images qu'Oingo Boingo est bien un groupe hors du commun, qui a débuté comme une troupe de cirque avant de plonger dans une carrière musicale hallucinante et provocatrice. Et pendant les 3h30 de la vidéo on a du mal à croire que le Danny Elfman du Boingo est bien le même que le Danny Elfman compositeur de la BO d'Edward Scissorhands. Et pourtant, c'est bien lui ! C'est bien lui, le Diable de The Forbidden Zone ! C'est bien lui le maniaque du clip de Little Girls ! C'est bien lui le dingo qui en 1995 fait encore n'importe quoi sur scène ! Après le documentaire, on a droit à quelques images du backstage de ce concert d'adieu. Les commentaires sont à la fois très potaches et très nostalgiques par moment (même si pour certains c'est plutôt une délivrance).
Le concert en lui-même comporte deux chansons qui ne sont pas sur le double CD (Nothing To Fear et Ain't This The Life). Et au final, la vidéo donne une idée bien plus précise de ce que pouvait être le groupe sur scène : un groupe de punks, un groupe d'une énergie phénoménale. J'ai rarement vu un concert aussi violent, au moins dans le public. Quoique, il faut voir Elfman bousculer ses musiciens et se rouler par terre pour comprendre que Boingo sur scène ce n'est pas du prog rock, ni de la techno pop, au contraire. La majorité des tubes du groupe est passée en revue, tout respire le dynamisme bon enfant et le désir d'efficacité maximum. Que dire de plus ? Insanity est toujours aussi impressionnant (en ouverture du concert, évidemment). Little Girls est un classique punk, c'est clair. Cinderella Undercover, oh diantre ! je ne comprendrais jamais pourquoi cette chanson ne fut qu'un single et ne figura sur aucun album, c'est pourtant l'une des meilleures du groupe. Burn Me Up, qui ne figure pas sur Boingo, est un morceau d'une violence incroyable, formidable ! No One Lives Forever est toujours un Chef-d'Oeuvre et en live c'est encore plus magnifique. Hey ! est génial mais on le savait déjà. La reprise de I Am The Walrus est fédératrice et écrase totalement la version d'Oasis. Piggies, une chanson manquant aussi à l'appel de Boingo, est un délice, un pur délice. Mary est sublime. Can't See est sublime aussi, enfin tout ce qui sort de Boingo (ou qui aurait du en faire partie) est Sublime.
On passe à la deuxième vidéo. Et on reprend en beauté avec Helpless, titre bonus sur la version cassette de Boingo, bon sang mais cette chanson est GENIALE !!! Heureusement qu'ils l'ont joué en live, sinon elle aurait disparu corps et biens. I'm So Bad, tirée du premier ep du groupe est nostalgiquement bourrine (si si !). Change, en version courte, est une pure merveille, l'une des meilleures chansons du groupe qui prend une nouvelle dimension sur scène. Just Another Day et Stay sont aussi excellentes en concert que sur album, c'est dire ! Who Do You Want To Be !!! Who Do You Want To Be !!! Foulala, déjà que sur album cette chanson concoure pour être la plus dynamique de tous les temps, en live c'est APOCALYPTIQUE, impossible à suivre... Dead Man's Party est évidemment un moment clef du concert (avec décors spéciaux et images du clip, qui n'est pas sans rappeler The Nightmare Before Christmas... 10 ans avant). On commence les rappels, Elfman tombe le t-shirt, ça va faire mal (encore plus mal !). Nasty Habits est excellentissime. No Spill Blood est phénoménal !!! Et on achève sur Only A Lad, le premier classique du groupe, qui reste indémodable. Fabuleux.
Ensuite, on a droit à quelques images de backstage en plus (et notamment l'intervention d'un Elfman très ému). Et surtout les deux clips en bonus. Celui de Little Girls (extrait du premier album du groupe et qui plaisante avec la pédophilie, oui je sais le Boingo n'a jamais fait dans la dentelle, le clip est hallucinant, c'est clair, Elfman peut jouer le diable sans maquillage). Et le dernier clip du groupe, pour Insanity, extrait de Boingo. C'est une version écourtée de cette sublime chanson qui est présentée. Mais cela n'altère en rien la beauté de l'ensemble, au contraire. Le clip est très malsain, et relativement violent et effrayant (le genre de chose qui ne passera jamais sur MTV). Disons que c'est une sorte de cauchemar à base de poupées mutilées qui s'agitent dans un univers déliquescent, entrecoupé de plans d'un Elfman incarnant impeccablement la folie pure.
En clair cette double vidéo est vital à tout fan du groupe, forcément. Tout est impeccable, on en a vraiment pour son argent, c'est historique, c'est dynamitant, c'est génial.
