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La vengeance de King Tsui

 

      Dans notre petit monde occidental il ne nous en faut pas beaucoup pour être impressionné. Regardez, ne lisez-vous pas ici ou là, n'entendez-vous pas ici ou là, que Star Wars est la plus grande saga de l'histoire du cinéma, que Le Seigneur des Anneaux par Peter Jackson est le plus beau film du monde, que le grand spectacle se nomme Spielberg, que le cinoche qui dégage c'est Michael Bay, Joel Silver & co et même que Matrix est un super film ? Sans ôter les qualités indéniables de certaines œuvres (enfin... pas Matrix quand même), on en connaît un, loin de notre univers, qui se poile doucement. Cet homme (euh... ce super-héros, pardon), vient d'une autre galaxie et ce n'est pas Capitaine Flam, il travaille 25 heures par jour, possède facilement 20 chefs-d'œuvre absolus dans sa filmographie (non ce n'est donc pas Kubrick), peut enchaîner 3 merveilles en un an (non ce n'est vraiment pas Kubrick) et il est l'heureux papa du plus grand film de tous les temps de l'histoire du cinéma de partout de l'univers entier pour toujours (The Lovers, si vous n'aviez pas suivi). Son nom n'est pas Personne, mais c'est bien Tsui Hark. L'homme qui filme plus vite que son ombre tout en produisant-dirigeant cinq projets parallèles en même temps. C'est objectivement le réalisateur le plus doué de notre époque et subjectivement le vrai géant actuel du 7e art.

 

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        On s'est beaucoup gaussé de son escapade aux USA (deux vandammeries très très drôles et pas si indignes que cela), le King Tsui n'était pas content. Il avait failli. Et un Dieu, et même un demi-Dieu, ne faillit jamais. Il s'était laissé tenté par les sirènes de l'occident. Et il avait refusé (inconsciemment sur Double Team et parfaitement consciemment sur Piège à Hong-Kong) de se laisser happer par l'uniformisation du "style HK" qui nous a donné des films aussi mignons que totalement vains (voire franchement nases) tels que Volte Face, Tigre et Dragon ou The One. La revanche de King Tsui (monsieur est susceptible comme tous les génies (et mesquin aussi, forcément)), allait être terrible. Et elle le fut au-delà de toutes les espérances. L'autre bonne nouvelle, c'est qu'elle n'est pas finie.

 

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        Tsui Hark revient à HK en claquant la porte derrière lui. Il rumine un peu. Et quand on lui annonce que Lucas reprend du sévices (service, pardon) et que Peter Jackson prépare LA saga que le cinéma occidental attend depuis toujours, il déploie ses ailes titanesques, fait retentir son rire démoniaque (en particulier à la vision de la Menace Fantoche), enfile sa vieille paire de lunettes noires et prépare la fessée déculottée que le cinéma mérite. Les rumeurs sont alors aberrantes : Zu 2, Black Mask 2, The Blade 2, etc... Tout est vrai. Des suites, certes, mais finalement Star Wars et le Seigneur des Anneaux c'est encore moins original. Et ce n'est pas que ça va faire mal, non, ça va être pire. L'Apocalypse maintenant, tout de suite, sans plus attendre. Enfin, si, il faut attendre, car l'occident ne veut pas d'une telle humiliation. Car Legend Of Zu écrase tout. Legend Of Zu de monsieur Hark, couplé au Avalon de monsieur Oshii, et tout s'effondre, tout s'écroule, plus rien n'existe, les tops de nerds sont chamboulés, personne ne veut comprendre, personne ne peut résister, tout est trop, et monsieur Tsui, oui, sans complexe, comme ça, en claquant des doigts (ou presque) vient de signer le film le plus "trop" de l'histoire du cinéma. Et pan. Et toc. Et zou ! (hum...) Et hop ! Etonnant, non ? Et bien non. C'est du Tsui Hark. Alors, forcément...

 

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        On va me dire que je suis bien brutal et conquérant dans ma présentation de Legend Of Zu, c'est vrai, mais ce film est une telle baffe. En son temps, le premier Zu était une réponse à Star Wars et il demeure un spectacle hallucinant, trop rapide, trop spectaculaire, trop fou, trop inhabituel, divertissant et épuisant. Le nouveau Zu, finalement c'est la même chose, mais en beaucoup plus. Beaucoup beaucoup plus. Time and Tide c'était la balle dans la tête pour bien rappeler au monde qui est le Patron. Legend Of Zu c'est le monument terrifiant qui sera plagié à qui mieux-mieux dans 10 ans. Les frères Wachowski sont encore en train d'essayer de comprendre et d'imiter les menus du DVD de Legend Of Zu, et c'est pas gagné.

 

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        Et donc ? Et bien Legend Of Zu c'est une fresque épique d'environ neuf heures, condensées en 1h40. Ca donne une certaine idée de la chose. Et visuellement ? Du sublime absolu qui explose dans tous les coins et qui va plus vite que la lumière. Malheureusement, CGI obligent, le tout baigne souvent dans un gris-bleu un peu tristounet. Mais parfois ce sont les roses et les oranges qui miroitent et là on en pleure de bonheur. Le casting est parfait, en particulier la toute belle Cecilia Cheung et une Zhang Ziyi quasi figurante, à laquelle Hark offre cependant un bref combat de sabre qui vaut à lui seul tous ceux de Tigre et Dragon. Sammo Hung en "maître gros sourcils" est tout aussi génial que Cecilia Cheung en Enigma et que Ekin Cheng en King Sky. La musique, très épique, colle parfaitement aux images, elle est "trop".

 

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        Mais un simple avis à l'emporte-pièce comme le mien est bien minuscule face à Legend Of Zu. Aux côtés de The Blade et de Green Snake, ce film prend logiquement sa place. Et après Time and Tide, il nous rassure définitivement sur la pêche de Tsui Hark. Il est toujours le meilleur, le plus fort, le plus dingue, le plus génial. Et ce n'est pas près de changer. On s'incline ! Et plus bas que cela ! Et vite ! Hop ! Hop ! J'en vois un là-bas qui n'a pas mis genou à terre ! Sûr qu'après avoir vu quatre fois d'affilées Legend Of Zu, il n'aura même plus la force de se relever. On pourrait parler de miracle en évoquant ce film, mais il n'en est rien, ce n'est pas un miracle, bon sang, c'est un film. Mais quel foutredieu de diantre de mazette de film !

 

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