Avec The Lovers de Tsui Hark, on touche à quelque chose d'unique et de primordial au cur d'un spectateur. Chaque cinéphile possède un film particulier qu'il place consciemment ou inconsciemment au-dessus des autres. Un film plus culte que ses films cultes, une uvre dont la simple évocation provoque de profonds souvenirs. Chaque cinéphile a un film qui pour lui représente le 7e Art, un film qui lui évite toute forme de déprime lorsqu'il se dit : "demain est un autre jour et je pourrais revoir une nouvelle fois ce film, LE film". Un film que l'on garde bien souvent le plus possible pour soi, un film dont on parle peu, un film que l'on a bien du mal à présenter, à raconter. Un film expérience, un film univers, un film qui change la vie et dont l'on sait pertinemment que, peu importe le temps qui passe et qui fait changer les goûts d'un instant, on aimera toujours. Un film qui vous accompagnera jusqu'à la mort. Et bien pour moi, ce film c'est The Lovers. Et comme je le disais plus haut j'aurais bien du mal à en parler. Quelques notes de la musique, quelques images, quelques souvenirs, c'est cela qui demeure de manière indélébile après une unique vision de cette uvre qui ne se compare à aucune autre. Et le revoir est une expérience extraordinaire, toujours différente, toujours aussi forte. Pour moi The Lovers est le plus beau film du monde, le plus émouvant aussi, le plus parfait, le plus puissant. Car il touche à ces fameux sentiments dont l'on dit bien souvent qu'ils sont inexprimables. Tsui Hark en adaptant la légende des Amants Papillons, en reprenant la musique d'un fabuleux opéra, en faisant preuve de la plus pure innocence et de la plus grande délicatesse sans pour autant sombrer dans l'académisme. En mettant en scène un film indémodable car hors du temps, Tsui Hark a non seulement signé le chef-d'oeuvre de ses chefs-d'euvre mais a aussi porté le 7e Art a son apogée. Alors, bien sûr, je pourrais relater plus ou moins bien combien les acteurs sont fabuleux (et combien Charlie Young est la belle femme du monde), combien la photographie est unique, combien la musique est mirifique, combien le film est drôle et tragique tout à la fois, combien il est parfait donc. Mais finalement cela ne reviendrait qu'à sortir des banalités et cela serait, de toute façon, très réducteur. Car The Lovers parle de choses indicibles (paradoxe... paradoxe...) et qu'il en devient par là même une expérience indicible. Une uvre trésor, la perle d'une vie d'amoureux du cinéma. |
The Lovers (Liang Zhu) - Mis en scène par Tsui Hark - Avec Charlie Young, Nicky
Wu, Zheng Tonglai, He Run Ton, Carrie Ng, Lau Shun - Scénario de Tsui Hark et Sharon Hui
- Montage de Mak Chi Sin - Photographie de Chung Chi Man - Décors de William Cheung -
1994 - 104 min |