Pour soutenir cette épopée parodique il fallait un maître de l'orchestration déjantée, donc il fallait Danny Elfman. Après la courte période de "brouille" entre Burton et Elfman qui eu pour résultat l'apparition de Howard Shore au générique de Ed Wood, Mars Attacks ! signe de grandioses retrouvailles. Certes il faut remarquer que la BO de la comédie cruelle de Burton n'est pas aussi agréable à écouter sans les images que celles du Nightmare Before Christmas, d'Edward Scissorhands ou de Batman Returns. Néanmoins elle comporte un bon nombre de moments anthologiques et s'avère évidemment plus que recommandable à toute bonne discothèque.
Mars Attacks ! est assez atypique dans la discographie commune Burton/Elfman. Pas de musique de cirque ici, ni de grandes envolées lyriques. Au contraire par moment on croirait entendre la musique de... Ed Wood... Sans doute parce que Mars Attacks ! est bel et bien un film de Ed Wood avec des moyens et du talent. Mais Elfman transcende les anciennes sonorités et fait preuve d'une inventivité à toute épreuve.
Introduction : dès le début du film on est en plein film de SF des années 50. Un thème lointain fait office de prémisse à la très impressionnante scène du troupeau en flamme. Elfman fait dans le déluge orchestral dissonant comme souvent lors des scènes d'action. Une ouverture grandiose.
Main Titles : encore plus grandiose, le générique de Mars Attacks ! fait partie des plus beaux de l'oeuvre de Burton. Le thème principal du film est une marche orchestral d'une grande richesse où se côtoie emphase symphonique et sonorités obsolètes. Sans oublier des cœurs encore plus magistraux que d'habitude. Une luxueuse musique de guerre. Beaucoup de grands effets et un souffle épique indéniable. Clouant.
First Sighting : toujours une musique de film de SF antédiluvien. On croirait entendre la BO d'un Ed Wood oublié. Sauf bien sûr quand les chœurs arrivent, seul Elfman sait faire de telles prouesses avec des chœurs.
The Landing : la plus longue pièce musicale d'un BO essentiellement composée de courts morceaux. Le début est très impressionnant grâce à la musique martiale du thème principale. Essentiellement narratif ce morceau est une belle montagne russe. A la fois ludique et majestueux en diable lors de l'arrivée de la soucoupe volante. On réalise finalement à quel point Elfman a composé une musique de film d'épouvante déjanté.
Ungodly Experiments : un passage très court mais empreint de sonorités mystérieuses.
State Address : nous sommes toujours aux abords d'une musique de film de guerre. Burton s'est inspiré de Docteur Folamour pour les images et les situations, Elfman s'en est inspiré pour la musique. Musique toujours aussi narrative il faut le noter, c'est pourquoi je disais plus haut qu'elle est assez indissociable des images.
Martian Madame : un des moments les plus exceptionnels du film et Elfman s'en donne à cœur joie avec cet easy listening symphonique. Un peu de mystère, quelques sons exotiques, et voici la démarche de Lisa Marie métamorphosée en sommet de l'irréel. Et par moment on croirait entendre le thème de Catwoman, comme quoi...
Martian Lounge : encore plus easy listening, encore plus décalé, ce Martian Lounge est un des moments les plus originaux de la BO. Superbe instrumentation, une musique d'ascenseur martien. Et quelques chœurs encore plus étonnants que d'habitude (c'est dire !). Et le tout s'achève avec une nouvelle musique de film d'épouvante quand la martienne révèle son vrai visage.
Return Message : une pièce narrative d'une simplicité seulement apparente, il semble que Elfman invente (ou redécouvre) de nouveaux instruments pour chaque nouveau morceau.
Destructo X : la musique de guerre des martiens, le thème principal du film, toujours aussi impressionnant. L'une des pièces les plus fastueuses de l'oeuvre de Elfman pour le cinéma.
Loving Heads : une sorte de love theme aussi décalé que la situation qu'il décrit. Le seconde moitié du morceau est de toute beauté et annonce les élans lyriques du final.
Pursuit : une parfaite musique de film d'action (plutôt de guerre dans la situation qui nous concerne). Débauche de cuivres et d'explosions orchestrales. Efficacité redoutable en particulier grâce aux rythmiques toujours inventives.
The War Room : c'est toujours la guerre dans ce passage très narratif (à noter les notes cristallines symbolisant la "bombe" des martiens).
Airfield Dilemma : enchaînement direct avec la scène de l'aérodrome. Nous sommes toujours en pleine narration et en plein suspens.
New World : la guerre est finie, Elfman peut enfin sortir les violons mélodiques. Cela reste très grandiose et martial. Avec quelques pointes de chœurs légers pour montrer les petits zoizeaux venir dire bonjour à Tom.
Ritchie's Speech : le final du film, comme toujours très soigné. Peut-être moins elfmanien que d'habitude dans son début. L'utilisation faite des cuivres est finalement assez originale pour Elfman plus spécialiste des violons (présent vers la moitié du morceau, eux). Et bien sûr la grande scène hilarante du "retour du héros" est souligné par une débauche symphonique toujours aussi enthousiasmante.
End Credits : finalement encore plus luxueuse que la musique du générique du début, cette conclusion est le meilleur morceau du disque (quand je vous disais de ne JAMAIS partir avant la fin du générique). Reprise du thème principal mais avec l'inclusion de mille et une variations. Une cloche incroyable ici, un mixage de folie là, des chœurs en délire tout le temps. Et puis la lente vampirisation du Indian Love Call dans la dernière partie du morceau, qui reste parmi les compositions les plus originales de Danny Elfman.
Indian Love Call de Slim Whitman : la country tueuse de cerveaux. Évidemment si ce n'était pas un morceau définitivement entré dans la légende, je n'irais pas écouter ce genre de chose. Il faut dire que les sonorités aiguës risquent de rendre votre chat assez malheureux. Et je suis sûr que c'est plein d'ultrasons :-)
It's Not Unusual de Tom Jones : LE tube de Tom Jones (avec She's A Lady, c'est vrai) et aussi l'un des symboles les plus marquant de Mars Attacks ! On sait que Tim Burton est fan de Tom Jones (qui n'est pourtant pas très "dramatique") et on le comprend à l'écoute de ces deux minutes extrêmement ludique. Bon ben il n'y a pas grand chose à dire sur It's Not Unusual, on adore c'est tout.
Musique de Danny Elfman
Produit par Danny Elfman, Steve Bartek et Ellen Segal
Orchestration : Steve Bartek
disque disponible chez Atlantic Recording.