Toute la décennie musicale en un seul disque ? C'est possible avec les Fiery Furnaces, qui parviennent même à faire rentrer tout le rock en une seule chanson. Davantage d'idées en une seule minute de Blueberry Boat que dans les albums entiers de tous les autres. Disque de la décennie, haut la main.

Tout ce que les Fiery Furnaces n'ont pas pu loger dans leur œuvre somme, The Knife s'en charge. Il manquait de l'effroi ? Il manquait des gags ? Il manquait des effondrements technoïdes et des rêveries électroniques ? Ouvrez le coffre aux trésors. Ces gens font cohabiter Like a Pen, Forrest Families et One Hit au sein du même disque. Sont pas biens dans leur tête et c'en est miraculeux.

La mélancolie technologique, un thème qui n'est pas neuf, mais qui aura trouvé l'une de ses plus belles incarnations à l'aube de cette décennie. Devançant tout le monde sur la tristesse écologique et les rêves de civilisation qui s'écroule doucement, Grandaddy a signé un album vraiment bouleversant.

Le rock pas mort ! Tout ce que l'on peut faire avec une guitare, une basse, une batterie et des hurlements féminins orgasmiques. Let's call it love ? Et même bien davantage !

Celui que tout le monde aime. Le Dark Side of the Moon de la décennie, le The Joshua Tree, le Sergeant Pepper, à chérir pour les générations future. Fédérateur et sublime.

Le grand disque pour les hypocondriaques, pour ceux qui ont envie de rire avec la mort. Des comptines trébuchantes pour mieux exorciser les squelettes dans les placards. Le bonheur.

De la pop, de la pop scandinave, de la pop "pure", donc, comme on dirait d'une drogue. Juste des chansons, rien que des chansons, avec des mélodies immenses, des refrains de dingue et des idées tout partout. C'est adorable.

Le bricolage sonore, la vraie "tendance" de la décennie. Celle que l'on aura entendu partout, aussi bien chez Beyoncé que chez Radiohead (dont le Kid A est numéro 1 partout ailleurs). Mais qui aura porté l'art du sample vers des horizons aussi mignons et bizarres mieux que The Books ? Et à force de copier/coller, d'assemblages fragiles, naissent au milieu des cliquettements des chansons magiques.

Cela va devenir une habitude. Les Flaming Lips aiment à conclure les décennies avec un album définitif. Un truc qui n'appartient qu'à eux, gros best of de ce qui s'est fait avant, mais en forme d'ouverture vers le futur. Avec Embryonic, c'est déjà 2019.

S'il avait fallu à Pulp deux albums pour résumer les 90's (Different Class et This is Hardcore), peut-être qu'un seul disque aura été suffisant pour englober les années 2000, dès leur commencement. Tout est là, en particulier sur cet hymne qui renaît sans cesse de ses cendres : Sunrise.