25
Une place d'honneur dans le top album, compensée par la haute présence de Sprawl II dans le classement des meilleures chansons. Il faut avouer qu'à part ce moment de grâce, The Suburbs ne tient pas la distance et s'essouffle bien plus rapidement que les deux premiers albums du groupe. Il n'en demeure pas moins un opus remarquable.
Mention spéciale : et si on écrivait un disque entier pour une seule chanson ?
24
The Books - The Way Out
Pas de vraie surprise sur ce nouvel opus de The Books, mais la continuité dans un style qui a fait date. Plus aventureux et ludique que Lost and Safe, The Way Out est un petit bonheur.
Mention spéciale : découpage, collage, de l'amusement pour tous les âges
23
Laura Marling - I Speak Because I Can
Laura Marling a offert en 2010 un grand moment de folk rock dans la veine la plus classique. Exécuté au millimètre, I Speak Because I Can se veut dans la tradition de Neil Young (qui s'est un peu égaré en solitaire avec Le Noise). La personnalité de miss Marling donne à cet album le surcroît d'émoi qui aurait pu lui manquer.
Mention spéciale : feu de camp et chamallows grillés
22
Evolution en douceur pour Antony et ses Johnsons. Quelques arrangements inattendus, des errances plus soutenues, une poésie en gamme mineure. Et bien sûr une classe unique en son genre.
Mention spéciale : the voice of love
21
Best Coast - Crazy For You
Le nez collé à la pop des années 60, Best Coast célèbre l'évangile selon les Beach Boys et les Beatles de 1964. Mignon tout plein à défaut d'être révolutionnaire.
Mention spéciale : pochette la plus kitsch de l'année ?
20
Zola Jesus - Stridulum Ep
Pas suffisamment convaincant sur scène en première partie de Fever Ray, Zola Jesus s'offre la séance de rattrapage en disque. Avec panache. Grâce à la voix de Nika Roza, on jurerait une bande-annonce pour un album inespéré de Siouxsie and the Banshees. Structures classiques, gentilles maladresses, mais aussi une poignée de morceaux épiques (Night, I Can't Stand, Run Me Out). Prometteur.
Mention spéciale : Creeeeeaaaaatures of the niiiiiight....
19
Big Boi - Sir Lucious Left Foot
Janelle Monae - The Archandroid
Cela tombe bien, les deux aventuriers du hip-hop perdu ont enregistré un duo. L'occasion de les célébrer en choeur, avec leurs albums monumentaux qui se rêvent en synthèse de toute la musique populaire de notre temps. Si Big Boi fait joujou avec le rap, Janelle Monae embrasse la variété de l'ère Itunes en un grand maelstrom démentiel. Epuisant et revigorant dans le même mouvement.
Mention spéciale : réhabilitons le rap et le r'n'b
18
Deerhunter - Halcyon Digest
Le psychédélisme a encore de beaux jours devant lui à présent qu'il est libéré du joug du rock progressif. Chez Deerhunter on fait croustiller les rêveries, on concasse les comptines, on torture la dream pop. Charmant.
Mention spéciale : qui a piqué la pochette d'Antony ?
17
Caribou - Swim
En se promenant plus librement sur les dancefloors, Daniel Snaith aura séduit les derniers réticents à sa musique d'électron libre. Pour aller guincher intelligent, Swim est la meilleure adresse en ville.
Mention spéciale : zim-boum, zim-boum tchak, zim-boum, zim-boum, tchak tchak, c'est la fête !
16
Broken Social Scene - Forgiveness Rock Record
Dans leur grande bataille qui les oppose (mais seulement sur ce site) à Arcade Fire, Broken Social Scene aura enfin tiré son épingle du jeu en mouchant la bande à Win Butler sur le terrain du rock épique générationnel. La partition est classique, mais exécutée avec une énergie époustouflante et quelques envolées lyriques irrésistibles.
Mention spéciale : les kids se portent pas mal
15
En ajoutant une bonne dose d'électronique claudiquant à ses pièces-montées, Sufjan Stevens relance sa créativité. Les flots d'invention submergent l'auditeur mais aussi les chansons elles-mêmes.
Mention spéciale : mieux que la messe en latin
14
Au milieu de tous ces petits jeunes qui réinventent la musique, les vieux de la vieille d'Autechre poursuivent leur oeuvre sans se perdre et en améliorant toujours leurs recettes. Fastueux festin que cet Oversteps, baigné à la fois par les vagues de la nostalgie et les feux de la création.
Mention spéciale : s'il n'en reste qu'un, ils seront deux
13
James Blake - Klavierwerke Ep
La musique pop comme flou de la mémoire. Des squelettes de chansons, des fantômes de mélodies. La modernité de How to Dress Well et de James Blake se situe dans leur faculté à résider dans un ailleurs indéfini. Leurs compositions existent à peine, noyées dans les réverbérations, les silences, les cassures. Sans cesse interrompues, inachevées, vibrantes comme une route nocturne, comme une image subliminale sur un écran de cinéma. Des splendeurs spectrales, doucement inquiétantes.
Mention spéciale : Michael Jackson not dead
12
Un opéra électronique dédié à Charles Darwin. L'acte artistique suprême de 2010, qu'on imagine à la fois esthétique et politique. Repousser les limites de la musique pour évoquer celui qui a soigneusement remis l'humanité à sa juste place dans l'univers. De la vie naissant au fond des océans jusqu'à nous, venant y replonger ; l'ambition de Tomorrow, in a Year donne le vertige. Plus qu'un divertissement, on peut parler d'oeuvre philosophique en musique, de traité scientifique et poétique, comme aux plus belles heures de Lucrèce ou de... Darwin. Immense.
Mention spéciale : Evolutionnisme power !
11
Tribalisme et rock'n'roll, Hidden est un disque qui veut en découdre (We Want War, Attack Music). These New Puritans ne sont pas là pour rigoler, ils sont là pour composer la bande son d'une époque de crise, de terrorisme et de doutes. Excessif, peut-être, mais libérateur, certainement.
Mention spéciale : affutez les poignards
10
Ariel Pink's Haunted Graffiti - Before Today
Curieux pari a priori de vouloir concilier les Ramones et Depeche Mode sur un même disque, voire au sein de la même chanson. Une manière de souligner la filiation entre le punk et l'electro pop des années 80. La réussite de Before Today tient dans la richesse des compositions soigneusement liées par une belle cohérence sonore.
Mention spéciale : ce soir Joey Ramones chante Abba
9
La démarche de James Murphy avec le nouvel opus de LCD Soundsystem est voisine de celle d'Ariel Pink. Se blinder de références, souvent évidentes, et essayer de mélanger les genres pour voir ce que cela donne. Mais l'expérimentation ne serait rien sans de bonnes chansons, proposées ici dans des durées épuisantes mais hypnotiques. This is Happening se bonifie avec le temps, enivrant et succulent.
Mention spéciale : ce soir Brian Eno reprend les grands succès de Lou Reed et David Bowie.
8
La sucrerie de 2010. Une petite anglaise qui crée le lien entre la sophistication des Sundays et la gourmandise de Sophie Ellis Bextor. Comme si Kylie Minogue abandonnait ses vilains synthétiseurs et ses boîtes à rythme fauchées pour la grâce du clavecin et la sainte Trinité basse/guitare/batterie. Il suffit alors de conter des histoires d'amour tristes (Star/Stop/Synchro) ou bienheureuses (le divin May Holiday) et l'auditeur entre en extase.
Mention spéciale : musique de chambre pour fantasmes auditifs
7
Scout Niblett - The Calcination of Scout Niblett
Ecouter la musique de Scout Niblett c'est plonger dans un processus alchimique revendiqué. Il s'agit là du Grand Oeuvre d'une artiste dont le sixième album est aussi le plus dépouillé, le plus épidermique et le plus sublime. Le chant se fait incantation, la musique se fait sortilège. La guitare scie les silences, la batterie scande les litanies. Et Scout Niblett déroule ses peurs et ses désirs, hurle son être, murmure ses cauchemars, en revendiquant les tourments de Kurt Cobain ou les circonvolutions de Sonic Youth. Mais dans une nudité primitive, proche de l'essence du Blues, avec une verve acérée et une intensité bouleversante.
Mention spéciale : "Faites monter l'arsenic..."
6
Il s'en est fallu d'un cheveu de blonde suédoise que Robyn n'offre l'album pop parfait. Malheureusement un peu trop répétitif et claudiquant sur quelques morceaux discutables (Love Kills, We Dance to the Beat), Body Talk frôle le chef-d'oeuvre. Il n'empêche, en son sein on retrouve quelques unes des meilleures chansons de l'année, dont certaines feront date (Dancing on my Own, Indestructible, Hang with Me, None of Dem...). Que le grand public vive encore sous la dictature de Lady Gaga, Katy Perry et autres Rihanna, alors que Robyn est prête à le prendre dans ses bras et à l'entrainer jusqu'au bout de la nuit ; voilà probablement la terrible injustice de 2010.
Mention spéciale : long live the dancing queen !
5
On ne sait plus trop comment présenter Sleigh Bells. Est-ce le futur du rock ? Ou du R'n'B ? Ou du disco ? Ou du rap ? Ou du heavy métal ? Du grindcore, peut-être ? Evidemment, Treats représente l'avenir de tous ces genres à la fois, mixés et remixés dans une grande marmite festive. Le secret ? Equilibrer le bruit par le charme, aigreur allant avec douceur. Plus les guitares seront monstrueuses, plus la voix d'Alexis Krauss se fera séduisante. Ce qui ne devrait être qu'inécoutable se transforme en tubes obsédants. En à peine plus d'une demi-heure, Sleigh Bells nous a surpris (tour de force, s'il en est) et a repoussé les limites de notre amour pour le rock.
Mention spéciale : "Infinity guitars, go 'head"
4
Derrière une pochette d'une laideur ébouriffante se cache un rêve d'album pop. Les deux petits gars de MGMT convoquent l'aura de Brian Eno pour mieux dérouler des chansons échevelées. Trop plein d'idées, trop plein d'ambitions, trop plein d'énergie, les compositions débordent, s'étirent, s'effondrent, partent en vrille, s'écrasent et rebondissent. Une telle générosité ne peut que ravir.
Mention spéciale : mieux vaut trop que pas assez.
3
La musique de Belle and Sebastian semble immuable. C'est une de ses forces, mais c'est aussi une illusion. Car elle change, évolue doucement, sans rien perdre de sa personnalité qu'on reconnaît en dix secondes au début de chaque morceau. Les chansons, justement, belles à se damner, et qui semblent résumer toute la carrière du groupe en un album. Il s'agit d'ailleurs de leur troisième indispensable, après l'intouchable If You're Feeling Sinister et la résurrection pyrotechnique de Dear Catastrophe Waitress.
Mention spéciale : cela devrait être interdit d'être aussi mignon.
2
Kanye West - My Beautiful Dark Twisted Fantasy
Le rockeur et le rappeur à poil(s). Deux disques ultimes en leur genre. D'un côté un manifeste rock, toujours au bord de la caricature et pourtant au-delà de toute forme de classicisme. De l'autre, une extase "hip-pop", l'album de rap pour ceux qui n'aiment pas le rap, ancré dans l'essence du style. Et derrière, deux artistes qui n'hésitent pas à se mettre à nu, avec leurs obsessions, leur vulgarité, leurs faiblesses et leur génie. Au final, deux exutoires qui remettent la catharsis sur le devant de la scène. Monumental !
Mention spéciale : les mecs ne pensent vraiment qu'avec leur queue...
1
Have One On Me se limiterait à son premier disque, il obtiendrait quand même la première place de ce classement. En enchaînant (dans le désordre), les six plus belles chansons de 2010, Joanna Newsom ne laisse aucune chance à la concurrence. Et la donzelle se permet d’ajouter deux autres albums, loin d’être des bonus, à écouter à la suite ou, plus sagement, chacun à tour de rôle. Son précédent opus, le spectaculaire Ys (4e du classement 2006 de ce site) contenait aussi ce qui reste la plus parfaite composition de miss Newsom (Emily). Mais Have One On Me est à la fois plus accessible et plus riche, offrant tout ce que l’on pouvait attendre : la meilleure chanson de Kate Bush depuis le dernier album de St Vincent (’81), tout Ys en résumé (Kingfisher) et bien davantage (Good Intentions Paving Company, Does Not Suffice). Certes, il s’agit d’une musique exigeante, qui ne se donne pas à tout le monde et qui, en retour, se transforme en une véritable corne d’abondance. Il faut des jours pour en déceler la grâce, des mois pour s’extasier devant sa beauté, et, probablement, des années plus tard, on y reviendra, à la fois pour les doux souvenirs et pour y découvrir des détails que l’on n’avait jamais aperçu. Profusion de l’écriture, avalanche des images, des sentiments et des sensations, le tout enveloppé par la harpe et la voix de l’elfe (nettement plus affirmée et plaisante depuis son opération des cordes vocales en 2009). Le plus réjouissant est que Joanna, qui a tout d’une star, du talent artistique au charme physique, peut encore faire bien mieux.
Mention spéciale : "I only want for you to pull over and hold me, 'till I can't remember my own name...." |