Ah le bon vieux rock. Le bon vieux rock qu'on aime. Celui qui nous rappelle un peu tous les artistes dont on a été fan, sans jamais vraiment les imiter. On a cité tellement d'influences à propos de Car Seat Headrest qu'il est sans doute temps de les laisser voler de leurs propres ailes. A l'écoute d'un hymne aussi évident que Drunk Drivers/Killer Whales, on ne pourra que célébrer la naissance de nouvelles stars.
9
Oranssi Pazuzu - Värähtelijä
Du black métal psychédélique progressif qui parfois ressemble à Swans. Ou pas. Ou tout autre chose, dans un monde parallèle inquiétant qui s'ouvre soudain sur des gouffres sonores terrifiants. Oranssi Pazuzu est définitivement ailleurs, par-delà beauté et laideur, en train de défricher des territoires musicaux inconnus.
8
Leonard Cohen - You Want It Darker
Que dire ? Que lorsqu'il s'agit de faire sa propre oraison funèbre qui était mieux placé que Leonard Cohen, lui qui a écrit une grande partie de son oeuvre à l'ombre des spectres. Mais, au-delà de l'aspect testament, You Want It Darker contient quelques unes des plus belles compositions de l'artiste, au moins depuis les années 80. C'est suffisant, bien sûr, pour en faire un des plus grands disques de 2016.
7
Emma Pollock - In Search of Harperfield
Désormais solitaire, la chanteuse des Delgados a offert en 2016 un album de "chamber pop" d'une grâce infinie. Tout en nuances et en changement de tons et d'une classe absolue.
6
Julianna Barwick - Will
Magie de l'ambient de Julianna Barwick dans laquelle sa voix angélique rencontre des nappes électroniques exigeantes et des fantômes de rythmes. Will ne diffère pas très sensiblement de ses précédentes oeuvres mais révèle une évolution aussi subtile que sa musique.
5
Kate Jackson - British Road Movies
Un album de pop-rock à l'ancienne, nostalgique mais pas poussiéreux. Avec celle dont j'ai cru un jour qu'elle serait la plus grande rock star de la planète. Malgré les aléas, Kate Jackson nous est revenue, avec son talent toujours intact.
4
Emmy The Great - Second Love
Une merveille, une perle et tous les superlatifs du répertoire. Un album de coeur brisé et d'espoir, et avant tout, surtout, un recueil de mélodies incroyables. Et une voix, évidemment, une voix unique, mélange de force et de vulnérabilité, qui transcende tout ce qu'elle approche.
3
Sophie Ellis-Bextor - Familia
Oui, j'insiste. Sophie Ellis-Bextor mérite le podium avec ce qui est, de très loin, le meilleur album de sa carrière. C'est une divine surprise, et quelque part un soulagement, d'entendre enfin cette voix sublime secondée par des compositions à sa hauteur. Elle le méritait, Sophie, qu'on lui rende justice, que toutes ces années où on lui réclamait un nouveau "Murder on the Dancefloor" n'aient pas été en vain. Il y a ici un nouveau Murder (Come With Us), mais il n'est qu'un fragment de la réussite de l'ensemble. Et ce sont les morceaux les plus nuancés (Unrequited, Don't Shy Away, Here Comes The Rapture, Crystallise) qui volent la vedette.
2
case/lang/veirs - case/lang/veirs
Ah je l'aime tellement cet album qui s'inscrit directement dans les classiques des collaborations folk. Trois immenses artistes qui se mettent mutuellement en valeur. A tel point, d'ailleurs, que c'est Laura Veirs, probablement la moins connue du trio, qui se taille la part du lion en interprétant les plus belles chansons de sa carrière (Song For Judee, The Greens of June, Best Kept Secret, I Want to be Here, Georgia Stars). Mais Neko Case et K.D. Lang sont loin d'être abandonnées sur le bas-côté. En particulier, et évidemment, Neko Case, avec quelques chansons qui tutoient les astres (Delirium, Supermoon, Behind the Armory, Down I-5). Un album extrêmement touchant, en particulier lorsque les chanteuses évoquent l'amitié et leur amour de la nature.
1
Haley Bonar - Impossible Dream
Pour justifier cette première place qui pourra en surprendre plus d'un, il suffit de faire la liste de ce que contient Impossible Dream : des mélodies magnifiques, une voix qui fait frissonner, des guitares qui crissent et qui caressent, de l'émotion, des aspérités, de la douceur, de la colère, des chansons pop-rock probablement parfaites.
L'album de Haley Bonar a tout pour être un classique et tout pour passer inaperçu. Il ne fait pas assez de bruit, il n'est pas assez dans l'air du temps, c'est sans doute en cela qu'il paraît aussi intemporel. Il ne demande pas à être décortiqué en tout sens, à être étudié en détail, à être porté aux nues et aux unes des magazines. Et pourtant on ne peut s'empêcher de l'écouter en boucle, d'être toujours aussi surpris d'arriver à son terme, comme s'il ne durait qu'un quart d'heure. Combien d'albums, si longs, trop longs, sortis en 2016, peuvent simplement se targuer de paraîtres trop courts ?
Cette fausse simplicité et cette évidence ne sont pas les signes d'une œuvre mineure, bien au contraire. Impossible Dream est un grand disque, un très grand disque. On pourra trouver en 2016 je ne sais combien d'albums "plus importants", mais c'est celui-ci qui mérite la première place. Ici et probablement nulle part ailleurs. Raison de plus.