150. 150 disques. Voilà, pas moins. Un nouveau record. Plusieurs raisons à cette surenchère. La première, et pas la moindre, c'est que j'ai enfin mis un terme à l'absurde ghetto que représentait le top des albums de métal, à part du reste. Les frontières étant souvent plus que floues (Soul Glo ? Métal ou pas ? Nova Twins ? Fleshwater ? Witch Congregation ?), c'était déjà difficilement tenable. C'était aussi le risque de voir ce classement totalement occulté par certains d'entre vous, ce que je comprends bien. Maintenant vous ne pouvez plus y échapper, même les pochettes ne pourront pas forcément vous aider à passer outre (OK, pour Autopsy, vous saurez sans mal à quoi vous attendre, tant mieux d'ailleurs, c'est de la bonne).
Un classement aussi ample offre au moins une bonne nouvelle à tous les amateurs de zizique : il y a de quoi faire. Un an d'écoutes et de découvertes que je vous partage, bam, d'un coup ! Vous avez des journées entières à passer ici, si vous souhaitez donner sa chance à tout le monde.
Comme toujours, ces classements sont idiots. Pourquoi untel à la 77e place plutôt qu'à la 85e ? Ca ne fait aucun sens, sauf si on est plusieurs à voter (et encore). Ici, je numérote tout seul, c'est encore plus ridicule. Comme d'habitude, quand on arrive dans le haut du classement, on peut estimer qu'ils ont tous gagné et que les places sont plus interchangeables que jamais.
Il y a des surprises (j'espère) et des choses que vous ne connaissez pas (sans doute). Il y a des absents, plein, plein, c'est normal. Malgré 150 citations, j'ai laissé de côté des disques plus que corrects. Il y a des omissions par manque de temps, il y a des omissions parce que, franchement, hein, ça a beau avoir du succès critique/public, c'est vraiment médiocre/nul.
Autant que possible, j'ai glissé de petits extraits de chaque disque dans ma mise en page rustique. Bon, trêve de blah-blah, place au classement.
Le top chansons est ici.
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150
Phoenix - Alpha Zulu
Désormais plus proche du musée que de la nouveauté ultra tendance, le groupe de synth rock français, emblématique d'une époque, ne se repose pas vraiment sur ses lauriers avec son septième album. C'est à la fois un retour aux sources, avec tout ce qu'on a pu apprécier dans United et Wolfgang Amadeus Phoenix, et une très bonne collection de nouvelles chansons accrocheuses. |
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149
Static Abyss - Labyrinth of Veins
Du bon vieux death metal par deux vétérans (passés par Death et Autopsy, on peut faire pédigrée moins engageant). C'est classique, certainement, et c'est ce qu'on réclame parfois. De la nourriture rassurante pour les oreilles. Enfin, dans le genre gore cracra, avec les guitares qui tranchent et la batterie qui t'assomme, bien sûr.
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148
Caterina Barbieri - Spirit Exit
La compositrice italienne poursuit ses expérimentations synthétiques avec d'amples arabesques électriques. C'est son album le plus accessible, notamment grâce à l'ajout de parties chantées. Une merveille. |
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147
Ashley McBryde - Lindeville
Pour ceux qui viennent écouter de la country avant tout pour les histoires (d'accord, on vient souvent à la country surtout pour les histoires), ce concept-album déploie, en un temps fort bref, un petit univers très vivant. |
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146
Demi Lovato - Holy Fvck
L'ex ado star, passée par Disney, la drogue et les troubles psy, revient en mode vénère. C'est son disque gothique, bien dans l'air du temps. Avec les cris et les grosses guitares. La provoc libératrice. Contre toute attente, c'est vraiment bien. De la pop qui fait du bruit, malpolie comme il faut. |
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145
Cult of Luna - The Long Road North
Le post-métal à tendance doom de Cult of Luna n'est jamais rien moins que monumental. C'est de la musique grandiose, par sa durée, par son ambition sonore. Le titre de l'album annonce sans problème la couleur : on vient pour un périple, une épopée, on n'est pas déçu. |
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144
Andrew Bird - Inside Problems
Depuis le temps, on le connaît bien Andrew Bird. C'est un peu toujours le même album, avec quelques nuances ici et là. Celui-là est réussi, rien à redire, ça s'écoute avec beaucoup de plaisir. |
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143
Mizmor & Thou - Myopia
Un grand nom du black/drone s'associe avec un grand nom du sludge pour une collaboration austère. Éprouvant et remarquable. |
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142
Stella Donnelly - Flood
Le pop rock piquant et charmant de Stella Donnelly continue son petit bonhomme de chemin sur un album plein de chansons accrocheuses. |
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141
Immolation - Acts of God
Grands anciens du death metal, auteurs d'une tripotée de classiques, dont l'incontournable Close To A World Below, les musiciens d'Immolation taillent toujours des morceaux denses mais accessibles. Le dernier opus en date est d'une grande qualité, généreux dans sa technique et ses accroches. |
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140
Zeal And Ardor - Zeal And Ardor
Toujours à part dans le monde du métal, le projet Zeal and Ardor n'a jamais cessé de s'amuser avec les étiquettes. Ce nouvel album est sans doute le plus éclectique, débutant par un morceau d'électro industriel bien gothique pour mieux rebondir plus loin entre deathcore et black métal. Les changements de style ne plairont pas à tout le monde, mais dans le genre "touche à tout", c'est un fleuron du moment. |
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139
Bill Callahan - YTI⅃AƎЯ
L'inimitable voix de Bill Callahan nous emporte dans un nouveau recueil de chansons au long cours. Plus d'une heure de poésie délicate et d'arrangements discrets et somptueux. Offrez-lui votre attention pleine et complète, c'est toujours magnifique. |
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138
Ripped to Shreds - 劇變 (Jubian)
Du gros death métal qui ne fait pas de quartier, vous savez à quoi vous attendre. Ca va vite, ça grogne et les guitares sonnent comme des tronçonneuses. Ceux qui savent, savent. Les autres vont avancer sagement dans le classement. |
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137
Pool Kids - Pool Kids
Pop rock à guitares, fort classique au demeurant mais particulièrement bien interprétée et fortement attachante. |
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136
Primitive Man - Insurmountable
Un des grand noms du doom crado de notre époque. Primitive Man est réputé pour être un des groupes les plus "heavy" du moment, ce n'est pas usurpé. C'est lourd, sale et méchant, avec une atmosphère ténébreuse à couper au couteau. Envoûtant et maléfique, sans doute, délicieux pour les amateurs. |
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135
Horsegirl - Versions of Modern Performance
Indie rock au féminin, très classique, mais il n'est pas toujours nécessaire de bouleverser une recette pour faire un plat délicieux. |
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134
Working Men's Club – Fear Fear
Un peu inclassable, la musique du groupe picore chez la synthpop, le post-punk, le rock et l'électro pour clubs. Le mélange est souvent détonnant et pas toujours facile d'approche. Mais quand les chansons font mouches, c'est du caviar. |
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133
Ty Segall - Hello, Hi
Un tout petit album de folk rock gentiment psychédélique sur les bords, débordant de charmes. Une sorte d'interlude, dans la carrière de Ty Segall, et dans la journée musicale de l'auditeur. Réconfortant. |
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132
Esoctrilihum - Consecration of the Spiritüs Flesh
Grand nom français du black métal dissonant, Esoctrilihum est aussi connu pour sa production foisonnante. Au moins un disque de plus d'une heure chaque, si ce n'est deux, chaque année. Ah, il faut suivre, surtout qu'ils sont aussi excellents les uns que les autres. Après, à vous de tenter l'expérience de cet univers plus qu'unique, maelström sonore entêtant. |
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131
Candy - Heaven is here
Métal, hardcore, punk, on est ici à deux doigts du grindcore pur et dur. Les tempos sont sans doute trop variés pour cela. Mais la durée des morceaux (deux minutes en moyenne et une punition de bruit insoutenable de 10 minutes en conclusion) est bien celle du grindcore. C'est d'une violence inqualifiable, un des albums les plus extrêmes de 2022. A offrir autour de vous pour les fêtes de fin d'année, bien sûr. |
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130
Dry Cleaning - Stumpwork
Après le petit coup de tonnerre que représentait le premier album du groupe dans le monde du post-punk désinvolte, Dry Cleaning revient avec un quasi remake. Il n'y a plus l'effet de surprise, mais la voix et le cool de la chanteuse sont inimitables. Accessoirement, plus encore qu'avec les groupes de death metal de ce classement, on tient là la grande pochette "beurk" de l'année. |
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129
Venom Prison - Erebos
Du deathcore avec une chanteuse, mais du (très) bon deathcore avec une chanteuse. Mélodique et agressif dans le bon équilibre, avec toute la virtuosité technique qu'on est en droit d'attendre. Certains sont allergiques, on le sait, mais il faut aussi des albums accessibles dans le monde du métal. Celui-ci fait partie des grandes réussites de l'année, pour changer un peu d'Arch Enemy (tout à fait recommandable dans le même genre). |
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128
Nina Nastasia - Riderless Horse
De la country dépouillée, à fleur de peau, au fil de chansons très courtes, autant de petites vignettes inoubliables. |
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127
Ghost - Impera
Ah, ce n'est pas forcément facile pour moi. Sur le papier, c'est du tout cuit, on me dit ça ressemble à Queen, ça ressemble à ABBA, deux de mes groupes favoris. Mais ça ressemble aussi BEAUCOUP à du hair metal bien gras. On n'est pas loin de Bon Jovi, là. Alors il y a la petite touche de provocation, les débuts vaguement satanistes, qui lorgnaient vers le Black Sabbath des années 80. Bon, c'est loin tout ça, maintenant c'est de la pop, pure et dure, et plutôt pas mal, de sacrés refrain là-dedans, à apprécier une fois accepté le kitsch incroyable du groupe et de sa musique. |
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126
Daniel Avery - Ultra Truth
De la musique électronique à la fois pour danser et pour écouter attentivement. C'est d'ailleurs souvent si intense qu'il vaut mieux mettre ses écouteurs, s'installer confortablement et se laisser emporter dans ces vastes paysages sonores. |
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125
Julia Jacklin - PRE PLEASURE
L'indie rock de Julia Jacklin aborde toujours des sujets délicats, voire difficiles. Mais elle le fait avec discrétion, au sein de chansons accessibles. C'est en écoutant de près qu'on se retrouve dévasté. |
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124
Animal Collective - Time Skiffs
J'ai depuis longtemps fait la paix avec Animal Collective, dont le succès fou me dépassait totalement il y a déjà bien des années de cela. J'ai appris à apprécier certains de leurs albums, en particulier dans les aventures solo de ses principaux membres. Le dernier disque en date, fort accessible sans pour autant trop sacrifier une éternelle étrangeté, rappelle les meilleurs moments du groupe. |
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123
Miranda Lambert - Palomino
Miranda Lambert est une des plumes les plus affinées et affirmées de la country pop. Chacun de ses albums est une réussite du genre, mêlant la verve de la conteuse, la production clinquante, les mélodies énormes et les touches rock qui donnent du mordant. |
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122
Rachika Nayar - Heaven Come Crashing
De la synthpop instrumentale épique, c'est très vintage, parfois on dirait du vieux M83. Atmosphérique en diable. |
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121
Warpaint - Radiate Like This
La formule des quatre musiciennes de Warpaint n'a quasiment pas évolué depuis la fin des années 2000. Leur son est à la fois immédiatement identifiable et sans réelle personnalité. Ce n'est pas un reproche, quoi qu'on en pense, tant cette musique est plaisante, presque trop sans doute. C'est le rock indépendant "de confort", certes, comme un plaid chaud sous lequel on se blottit en hiver. |
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120
Imperial Triumphant - Spirit of Ecstasy
Le métal d'avant-garde du groupe new-yorkais est toujours au bord de la parodie. Certains leur reprochent le côté à la fois cérébral et un peu rigolo, bref, c'est du métal extrêmement technique mais qui ne se prend pas trop au sérieux non plus. Free jazz, black métal, death atmosphérique, un peu de tout. C'est passionnant, ludique, étrange, toujours surprenant. |
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119
Destroyer - Labyrinthitis
Dan Bejar continue dans la veine synthpop, néo-disco, déjà présente dans ses albums précédents. C'est toujours très bon, l'effet de surprise en moins. |
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118
700 Bliss - Nothing To Declare
Amateurs de dancefloor expérimental, vous avez été gâtés cette année. Un des meilleurs albums dans le style, c'est celui de 700 Bliss, qui te demande de faire travailler au moins autant ton intellect que tes gambettes. |
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117
Cave In - Heavy Pendulum
On est dans la quintessence du métal grand public, là où se retrouve les traditions qui ont fait, et font encore, les heures de gloire des grosses guitares et des batteries qui tapent dur. C'est copieux, plein de gros riffs et de punch. |
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116
Shygirl - Nymph
De la (hyper)pop (hyper)sexuelle, jusque là, rien de nouveau sous le soleil. Sauf que le bricolage sonore intrigue bien plus que les textes coquinous. C'est le son d'aujourd'hui, oui, sous ses plus beaux atours. Un peu bordélique, un peu clinquant, dansant, mordant, séduisant. |
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115
Sorry - Anywhere But Here
De l'indie rock éclectique, avec de grosses mélodies, de grosses guitares et de gros refrains. La touche d'anxiété post-adolescente est attendue mais donne de la personnalité à un album qui ne cesse de surprendre malgré son cadre sonore bien connu. |
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113
Carla dal Forno - Come Around
La chanteuse continue sur sa ligne de dream pop, flirtant avec l'ambient. Alternant chansons et instrumentaux pour créer son univers cotonneux.
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113
Aoife Nessa Frances - Protector
Pop folk épidermique par une des nouvelles chanteuses-compositrices sur lesquelles on pourra compter dans les années à venir. Super recueil de chansons habitées. |
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112
Falls of Rauros - Key to a Vanishing Future
Le mélange de post-rock et de black métal que cisèle Falls of Rauros est désormais familier, il fait toujours partie du haut du panier du (des) genre(s). Quelque part entre Enslaved (le meilleur groupe de métal de tous les temps, on le rappelle) et Darkthrone, le groupe sait se rendre accessible sans rien perdre de ses ténèbres. Cet album est aussi une splendeur pour qui aime les guitares virtuoses. Une possible porte d'entrée pour l'auditeur peu habitué au métal extrême. |
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111
The Soft Pink Truth - Is It Going to Get Any Deeper Than This?
Moitié du duo d'électronique expérimental Matmos, Drew Daniel aime se faire encore plus plaisir avec son projet solo. Les albums de The Soft Pink Truth sonnent toujours comme des moments plus ou moins extatiques, libérateurs, sans rien abandonner de l'étrangeté de leur créateur. Ce nouveau disque est peut-être le plus accessible, mêlant house, disco, ambient, jazz et questions philosophiques au sein d'un univers aussi cérébral que dansant. |
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110
Big Joanie - Back Home
De l'indie rock à l'ancienne particulièrement bien composée et interprétée avec la dose d'énergie qui fait la différence. La recette est connue, éprouvée et approuvée. La petite touche qui fait la différence, ce sont sans doute les refrains hyper accrocheurs. |
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109
Shape Of Despair - Return to the Void
Groupe légendaire du funeral doom, Shape of Despair ne change pas un iota d'une formule qui fait de chacun de ses albums un jalon du genre. C'est lent, très lent, triste, si triste, et beau, mais tellement beau. D'accord, c'est de la pure dépression musicale et il n'y a pas grand-chose de plus cathartique. |
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108
Shannen Moser - The Sun Still Seems To Move
Un disque de folk d'une délicatesse désarmante, d'une poésie magique. Faussement dépouillée, car riche d'arrangements sophistiqués, la musique de Shannen Moser n'a pas besoin d'en faire beaucoup pour nous faire frissonner. |
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107
The Orielles - Tableau
Un album ambitieux et inclassable d'un groupe qui semble vouloir s'essayer à tous les genres de la pop et du rock, en allant jusqu'au post-rock le plus abstrait. D'une grande richesse, à découvrir petit à petit. |
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106
Fleshwater - We're Not Here to Be Loved
C'est un disque pastiche, mais pas que. Des membres de l'excellent groupe de hardcore Vein rendent hommage au rock alternatif du début des années 90, un peu grunge, un peu doom, un peu noise. Le son est à l'image de la pochette, tout droit venu de 1993, c'est troublant. Ce serait juste anecdotique si les chansons n'étaient pas aussi bonnes. Un trip nostalgique, oui, mais pas que. |
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105
Astronoid - Radiant Bloom
Les puristes les détestent, ceux qui n'aiment pas le métal extrême les adorent. J'aime le métal extrême et j'aime aussi Astronoid qui font du rock épique avec une sincérité désarmante. Quand on a besoin d'un shoot d'adrénaline sans forcément avoir envie de se faire hurler dessus par le chanteur (ou la chanteuse). |
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104
Shamir - Heterosexuality
Avec sa pop d'avant-garde, Shamir trace depuis longtemps un sillon qui n'appartient qu'à lui. Le mélange des genres peut décontenancer. Le nouvel album lorgne vers les terres tourmentées de l'industriel, tout en conservant un grand sens mélodique et un amour sincère pour la synthpop la plus lumineuse. Les thèmes, comme toujours, sont personnels et militants, modernes et poignants. |
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103
Nightfell - Never Comes the Storm
Un album fort bref, seulement trois nouveaux morceaux, épiques, et trois interludes soignés. Une demi-heure de doom atmosphérique du plus haut niveau. Nightfell préfère toujours faire court plutôt que d'ennuyer. C'est une qualité rare que de savoir laisser l'auditeur avec le désir d'en entendre davantage, sans être trop frustré. |
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102
Rolo Tomassi - Where Myth Becomes Memory
Rolo Tomassi divise, comme tous les groupes qui mélangent éléments de métal extrême (grosses guitares, chant hurlé) avec des aspects très accessibles (le chant clair super joli de la chanteuse, les mélodies énormes, la production clinquante, les nombreuses accalmies). Moins deathcore que shoegaze, voire dream pop, la musique de Rolo Tomassi n'est pas là pour faire fuir l'auditeur ou pour l'éprouver, elle a un côté chaleureux, accueillant, rassurant même. Pour ceux qui veulent un mur du son où se pelotonner. |
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101
Brian Eno - FOREVERANDEVERNOMORE
Brian Eno chante. En soi, c'est un événement. La voix du musicien s'est faite rare depuis de nombreuses décennies, laissant tout le champ libre à son travail d'ambient. Ici, c'est un mélange des deux, parfois un peu plus "pop", le plus souvent atmosphérique. |
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100
Wilco - Cruel Country
Un double album de country rock à l'ancienne par un groupe qui n'a plus rien à prouver. C'est beaucoup, c'est généreux et c'est toujours fort agréable à écouter. On ne peut pas toujours demander à Wilco de révolutionner le genre. |
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Hath - All That Was Promised
Du death metal "noirci", enténébré, blackened, comme on dit. A mi-chemin entre deux genres extrêmes, Hath offre un nouvel album exceptionnel, avec des compositions de très hautes volées, pleines de nuances (si, si) et de diamants obscurs. Nettement plus accessible qu'il n'y paraît, ce disque offre le meilleur des deux (outre)-mondes. |
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98
Plaid - Feorm Falorx
Cela fait bien longtemps que les fans de Plaid savent exactement à quoi s'attendre à chaque nouvel album. Les nouveaux venus se tourneront en priorité vers les disques des années 90 et du début des années 2000. Ici, il s'agit d'un de leurs albums les plus accessibles, avec un concept de SF rigolo (un festival de musique sur une planète lointaine). C'est ludique et bizarre, avec quelques surprises (Nightcrawler, Wide I's). Toujours ce qui se fait de meilleur en musique électronique. à l'ancienne. |
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97
Yeah Yeah Yeahs - Cool It Down
Le grand retour d'un des groupes de rock clefs des années 2000. Assagi, mais pas trop. On n'espérait pas un disque aussi réussi. Re-bienvenue parmi nous. |
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96
Connie Constance - Miss Power
De l'indie pop plein de personnalité par une nouvelle star du genre. C'est assez éclectique et les mélodies dévastent tout sur leur passage. |
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95
Kardashev - Liminal Rite
Du post-métal très accessible qui arbore sa sentimentalité sans honte. Pour ceux qui ont du mal avec les aspects les plus extrêmes du death ou du black metal, une possible porte d'entrée. |
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94
Alice Boman - The Space Between
Alice Boman est une experte de la dream-pop la plus douce. Sa voix éthérée s'accompagne idéalement de compositions d'une grande pureté. Cristallin, émouvant, enchanteur. |
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93
Sigh - Shiki
Vétérans du métal bordélique, les japonais de Sigh font du bruit depuis le début des années 90. Mais attention, pas n'importe quel boucan. Celui qui mélange tout, n'importe comment. On les a vu passer par à peu près tous les genres musicaux connus (du jazz au disco, en passant par le heavy metal, le funk et la folk). En gros, on ne sait jamais sur quoi on va tomber au morceau suivant. Leur dernier album en date est un peu un retour aux sources avec une présence plus marquée du black métal vintage. Enfin, tout est relatif, en particulier sur la seconde moitié du disque où le joyeux bazar reprend tous ses droits. Incroyablement amusant. |
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92
Craig Finn - A Legacy of Rentals
La voix de Craig Finn a souvent fait sensation au sein du groupe The Hold Steady. Ses albums solo, plus apaisés, sont largement aussi recommandables. C'est en particulier le cas de ce nouveau recueil de chansons mélancoliques, un peu déprimées, un peu lumineuses. La richesse des textes est soutenue par la richesse des mélodies. Du rock indépendant à l'ancienne. très sophistiqué, d'une rare beauté. |
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91
Makaya McCraven - In These Times
Un immense disque de jazz ambient, un peu pop, aussi accessible que franchement magnifique. |
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90
Spiritworld - DEATHWESTERN
Du hardcore avec une touche de death metal qui ne se prend pas franchement au sérieux. On est ici pour s'amuser et ça marche du feu de Dieu. |
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89
Just Mustard - Heart Under
Entre noise et shoegaze, du rock de très haute volée. |
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88
Billy Woods - Aethiopes
On dit que c'est de l'abstract rap, ce qui ne veut pas signifier grand-chose, surtout quand on ne s'y connaît pas plus que cela. C'est certain, Billy Woods ne fait pas dans le tout-venant, sa musique est aussi exigeante que ses textes. On vient d'abord ici pour ces derniers. L'artiste est d'abord un poète, un conteur radical. Moins difficile d'accès qu'on ne pourrait le craindre, à écouter sans attendre. |
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87
Altars - Ascetic Reflection
Du death métal atmosphérique, dans la veine de Portal, Altarage, Gorguts et autres Ulcerate. C'est un de mes gros points faibles, ça. Donnez-moi du tourbillon sonore, de l'inidentifiable, de l'indicible, de l'indistinct. Donnez-moi le mur sonore qui se tortille comme des tentacules de monstres millénaires. Donnez-moi l'extase et l'épouvante. |
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86
Cmat - If My Wife New I’d Be Dead
Magnifique mélange de country, de folk et de pop. La jeune chanteuse a un peu la voix de Joanna Newsom, ça aide à me faire craquer. C'est super varié, très accrocheur, souvent drôle, un premier album déjà exceptionnel.
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85
Wake - Thought Form Descent
Un grand creuset bouillonnant de métal extrême qui mélange un peu tous les genres pour mieux assaillir l'auditeur. Malgré les belles mélodies qui naviguent au fond du très dense spectre sonore, le groupe n'est clairement pas là pour faire des prisonniers. Monumental. |
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84
Porridge Radio - Waterslide, Diving Board, Ladder To The Sky
Ah ce n'est pas un album facile. Porridge Radio, c'est du rock qui pique, qui martèle les sentiments, qui te met à genoux. Dur mais tendre aussi. |
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83
Doldrum - The Knocking, Or The Story of the Sound that Preceded Their Disappearance
Quelle révélation ! Pour un premier album, Doldrum a frappé très très fort. Présentée comme du black métal "hanté", ancré dans le folklore américain et l'occulte, la musique du groupe tient toutes ses promesses. Il y a ici une ambiance, une personnalité, des contre-pieds et des pièges qui sont la marque des grands disques du genre. Plus que prometteur, déjà exceptionnel ! |
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82
Dehd - Blue Skies
Pop rock un peu bizarre, un peu bruyante, un peu taquine, un peu bricolée, transcendée par des compositions qui se révèlent un peu plus à chaque écoute. Excellent. |
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81
The Ephemeron Loop – Psychonautic Escapism
Expérience sonore indescriptible, Psychonautic Escapism se présente comme "un bain d'acide auditif". Créé sur une période de 14 années, ce disque évoque en particulier la prise de conscience de la transsexualité de son auteure, sa vie d'autiste et son expérience avec les drogues. C'est un grand 8 complètement dingue qui te balance tout ce qu'il peut à la figure (trance, shoegaze, hyperpop, grindcore, death metal, house et j'en passe). C'est un portrait musical d'une rare puissance qui sait réserver des passages d'une beauté inespérée, entre ambient et dream-pop. |
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80
Wu-Lu - Loggerhead
Du hip-hop expérimental particulièrement percutant et passionnant. Le genre de disque où tu ne peux jamais prévoir où on va t'emmener. Tu restes aux aguets et tu n'es jamais déçu. |
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79
Beth Orton - Weather Alive
Pionnière de l'électro-folk avec ses deux chefs-d'oeuvre (Trailer Park et Central Reservation), Beth Orton n'a plus rien à prouver depuis longtemps, mais continue à chercher et à trouver de nouveaux sentiers musicaux. Ici, elle a décidé de surfer sur la vague Talk Talk et de verser dans une post-pop de très bon goût, pleine de jolies instrumentations. |
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78
Mournful Congregation - The Exuviae of Gods - Part 1
Allez, si on me demande de vraiment choisir, mon groupe de funeral doom favori, c'est celui-ci. Les australiens de Mournful Congregation sont la quintessence du genre. Ce ne sont pas les plus extrêmes, ce ne sont pas les inventeurs, il y a plein d'autres artistes géniaux autour d'eux. Mais ils incarnent tous les aspects que j'aime. Le grandiose, la mélancolie insondable, la poésie déchirante, la violence des sentiments, la douceur de l'abandon, la quête de la lumière. Seulement cinq albums (cinq monuments) en presque 25 ans de carrière, puis silence radio depuis 2018. Et là, un EP, trois titres, et quand-même plus de 30 minutes de musique. C'est une transition, un petit signal pour nous dire qu'ils sont toujours là. Et c'est suffisant pour frissonner comme à chaque fois. |
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77
Weyes Blood - And In The Darkness, Hearts Aglow
On a souvent plaisanté sur l'existence d'un Titanic 2 en film, Weyes Blood l'a presque fait en sortant un Titanic Rising 2, vraie-fausse suite faux-vrai remake de son précédent (sublime) album. C'est parfois à s'y méprendre (God Turned Me Into A Flower est à la limite du copier-coller de Movies). Alors, forcément, l'original était superbe, il y a encore de très belles choses dans le remake. |
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76
Angel Olsen - Big Time
La chanteuse s'offre son grand disque de country rock. La concurrence est rude sur ce terrain, mais c'est une réussite. Non seulement le son est bon, mais Angel Olsen a emmené dans son périple tout le lyrisme qui faisait la réussite de ses précédents disques. |
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75
Kendrick Lamar - Mr. Morale & The Big Steppers
Souvent qualifié, à juste titre, de plus grand rappeur américain de l'époque, Kendrick Lamar signe un nouveau disque fleuve où il se met à nu comme jamais. Plus proche de la thérapie en public que du fun pour amuser les ados, Lamar n'hésite pas à afficher ses doutes, ses blessures, ses questionnements. Très touchant de voir ainsi un artiste jouer à la fois les cadors et dévoiler ses faiblesses. |
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74 Let's Eat Grandma - Two Ribbons
Le duo cisèle toujours une synthpop lyrique qui donne autant envie de danser que de sourire. Il y a des tubes dans ce nouvel album un peu passé inaperçu. |
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73
Autonoesis - Moon of Foul Magics
Cet album d'un groupe n'ayant même pas de label, est une des sensations musicales de l'année. Car on y trouve, avec cette petite touche underground qui fait plaisir, tout ce qu'on peut aimer dans le black métal. A la fois bien mochedingue et plein de riffs accrocheurs, ultra violent et bourré de petits moments de répits tout mimi, avec des solos de guitares stratosphériques. C'est lyrique et hargneux, infiniment ludique, d'une générosité déconcertante. |
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Kevin Morby - This is a Photograph
Le rock de Kevin Morby trouve ici sa plus pure incarnation, et aussi sa plus accessible. Probablement son meilleur album. |
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Witch Fever - Congregation
Entre doom, punk, grunge et rock alternatif, Witch Fever s'avance avec un son dense qui enlumine des textes particulièrement énervés. Au diable la religion, le patriarcat et la société inégalitaire ! "Yeah, we incite this violence / Nothing ever changed in silence." Quel louable chant de ralliement. Le son, bien vintage, s'adapte sans mal aux colères d'aujourd'hui. La jeunesse, plus que jamais, emmerde les réacs. |
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Wild Pink - ILYSM
Une heure de pop rock inclassable et particulièrement émouvante. Un disque vaste qui mélange beaucoup de genres sans jamais se perdre. Remarquable. |
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Devil Master - Ecstasies Of Never Ending Night
On n'aura pas fait album de métal à l'ancienne plus fun que celui-là en 2022. Quelque part proche du pastiche, pas loin de la parodie, mais en même temps totalement sincère, composé et interprété avec une efficacité dingue, Ecstasies est simplement excellent. |
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68 Black Country, New Road - Ants From Up There
Du post-rock, post-punk à fleur de peau. On vient ici pour l'intensité, le frisson des compositions complexes et du chant habité. |
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Wet Leg - Wet Leg
C'est la sensation pop rock de 2022, un duo de petites jeunes qui emporte tout sur son passage avec des chansons faussement désinvoltes, bien vintage qui rappellent les heures de gloire des Strokes, Franz Ferdinand et autres Arctic Monkeys. Le nouveau cool adolescent. |
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Maren Morris - Humble Quest
Country pop clinquante et affutée, classique mais touchante, par une des plus grandes stars du genre. Une bonne moitié de chansons exceptionnelles. |
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Anaïs Mitchell - Anaïs Mitchell
Anaïs Mitchell c'est d'abord une voix, si familière, si rare, si précieuse. Plus de 10 ans après son précédent album de compositions originales, la chanteuse ne revient qu'avec un peu plus de 30 minutes de musique. Mais quelle musique ! Chaque seconde est précieuse, chaque harmonie est transcendante. L'archétype de "petit" disque qui passe inaperçu mais auprès duquel on ne cessera de revenir. |
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Undeath - It's Time...To Rise from the Grave
Des jeunes qui font du death métal old school, sans se prendre au sérieux une seule seconde et en cochant toutes les cases qui font qu'on apprécie le genre. Superbement exécuté, fun d'un bout à l'autre. |
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Soccer Mommy - Sometimes, Forever
Perle rare de l'indie rock, Soccer Mommy confirme son évolution avec cet album produit par Daniel Lopatin (Oneohtrix Point Never). Le compositeur d'électro apporte quelques touches inimitables, mais la chanteuse demeure la star. C'est toujours épidermique, avec de jolis moments de guitares cathartiques. |
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Special Interest - Endure
Il était donc plus que temps pour un revival du dance punk du début des années 2000. Ce n'est pas aussi bien que The Rapture, mais on n'en est pas loin. |
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Blut Aus Nord – Disharmonium – Undreamable Abysses
La France peut s'enorgueillir d'avoir plus ou moins créé le black métal dissonant au tournant des années 2000. De tous les groupes du genre, le meilleur demeure Blut Aus Nord. Depuis le premier album en 1995, on peut dire que beaucoup de chemin aura été parcouru, avec des expérimentations toujours passionnantes (la trilogie 777, en particulier). Ce nouvel album maintient le fragile équilibre entre mélodies et chaos, entre cauchemar lovecraftien et plaisir de l'auditeur. Hypnotique. |
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Calexico - El Mirador
Après 25 ans de carrière, Calexico ne change pas une formule qui a fait ses preuves. Ce qui fait la différence à chaque nouvel album, c'est l'excellence des compositions et l'affection qu'on porte toujours à cet univers si évocateur. |
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Amanda Shires - Take It Like a Man
Star de la country, violoniste virtuose du genre, Amanda Shires offre ici ce qui est probablement son meilleur album. Elle ose aller encore plus loin dans un cadre souvent étriqué. Plus sombre, plus émouvante, à la fois plus rock et plus pop, sa musique tente une vaste synthèse de la country actuelle. Et même au-delà, lorsqu'elle tente (et réussit) la ballade façon Burt Bacharach avec Lonely At Night. Même si vous n'êtes pas amateurs de country contemporaine, c'est une écoute incontournable. |
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Autopsy - Morbidity Triumphant
Légendes du death metal, qu'ils ont contribué à créer, les vétérans d'Autopsy surprennent encore. Le groupe californien, formé en 1987, offre avec son dernier opus ce qu'on peut appeler, sans sombrer dans les clichés, une véritable leçon. Il y a ici tout ce qui fait l'efficacité et le charme fort particulier du death metal à l'ancienne. Old school, certes, mais sans un seul grain de poussière. |
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Zola Jesus - Arkhon
Valeur (très) sûre de la synthpop gothique qui flirte avec l'industriel, Zola Jesus offre avec Arkhon son disque le plus varié mais aussi le plus tourmenté. Reflet des temps présents, la musique de l'artiste est aussi inspirée par ses opinions politiques engagées pour un monde meilleur, plus égalitaire et plus humain. |
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Lucrecia Dalt - ¡Ay!
Les expérimentations latines de Lucrecia Dalt se font ici plus accessibles, avec un album concept qui s'écoute comme on regarderait un film onirique des années 70, flirtant avec le surréalisme. |
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Courtney Marie Andrews - Loose Future
La country pop a son meilleur. Des chansons chaleureuses, attachantes, d'une beauté renversante. |
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Jenny Hval - Classic Objects
L'incontournable Jenny Hval poursuit dans la veine synthpop plus accessible de son précédent album. Enfin "accessible", c'est toujours aussi mordant et bizarre. Avec Jenny, on s'embarque toujours pour abattre aussi bien le patriarcat que le capitalisme. Il y a même un morceau inspiré par un film de Weerasethakul (Cemetery of Splendor). Que l'on se laisse emporter par des rythmes dansants ou par des nimbes d'ambient, chez Jenny Hval on ne remise jamais la politique au second plan. |
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Spiritualized - Everything Was Beautiful
Une sorte de very best of de Spiritualized avec de nouveaux morceaux. Tout ce qu'on aimait il y a 25 ans se retrouve dans ce disque follement dense, maniant mur du son et émotions avec la même virtuosité, d'un lyrisme à toute épreuve. |
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Soul Glo - Diaspora Problems
Du hardcore vraiment hardcore. Pas forcément à cause de la musique, certes hyperactive comme attendu, mais surtout à cause du chant, absolument dingue. Un record de mots à la minute, même les rappeurs rendent les armes. Alors, étrangement, c'est assez accessible, bien que totalement épuisant. Faut être dans la bonne ambiance, certes, mais c'est un vrai coup de tonnerre dans le genre, un nouveau jalon. |
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Blood Incantation - Timewave Zero
Un des grands groupes de death metal de l'époque fait un pas de côté et offre le plus bel album d'ambient de l'année. C'est de l'ambient spatiale, entre visions d'étoiles lointaines et ténèbres de villes tentaculaires. Vintage et faussement simple, recommandé pour les fans de films de SF des années 80. |
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Kelly Lee Owens - LP.8
Après deux premiers albums d'électro chantée très accessibles, Kelly Lee Owens radicalise son œuvre et n'hésite pas à retrouver les sonorités les plus coupantes des pionniers des années 90. Ce n'est pas du Autechre, mais presque. Parfois aride, toujours audacieux, cet album ne se donne qu'aux plus vaillants qui seront amplement récompensés.
49
Lykke Li - EYEYE
Il y a 10 ans de cela, Lykke Li a flirté avec le succès planétaire. La chanteuse ne s'est pas laissée détourner par les sirènes du grand public et a continué à faire exactement ce qu'elle aimait. Ses disques demeurent joliment personnel, à fleur de peau, avec toujours le chant magique au premier plan. Avec une production volontairement plus âpre, EYEYE retrouve les accents de son plus beau disque (I Never Learn) pour un recueil de morceaux fragiles qui vont droit au cœur.
48
Laura Veirs - Found Light
C'est le grand album "de divorce" de Laura Veirs. Comme toujours, les chansons sont magnifiques. Le niveau d'écriture, qu'il soit musical ou celui des textes, est sans pareil. C'est mélancolique et lumineux, transcendé par la voix délicate de la chanteuse qui demeure une des plus grandes songwritters américaines.
47
Chat Pile - God's Country
Du sludge avec une grande conscience politique qui avance avec sa colère et son mal-être en étendards. Ancré dans le réel, avec une crudité presque cruelle, Chat Pile fait mal là où ça fait mal. Plus accessible que d'autres violents du genre, God's Country a permis à des oreilles novices de s'aventurer dans un des genres les plus intenses du métal extrême.
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Sharon Van Etten - We've Been Going About This All Wrong
C'est l'album que Sharon Van Etten devait sortir un jour ou l'autre, celui qui fait idéalement la synthèse entre les différentes phases de sa carrière. Ici, la folk, la synthpop et le rock s'amourachent autour de compositions élégiaques. Le son est immense, on est impressionné en permanence, scotché à son fauteuil. Son chef-d'œuvre.
45
Nova Twins - Supernova
Alors, est-ce que c'est davantage du métal ou de la pop ? Pour moi c'est de la pop, de la pop métal. Le duo Nova Twins est parfaitement dans l'air du temps, c'est très à la mode de ressusciter le nu-métal pour le faire bondir sur des refrains rigolos. Poppy l'avait fait encore mieux avec I Disagree. Mais les Nova Twins ajoutent une grosse dose de girl power qui ne fait pas de prisonnier. Véhément, conquérant et ludique.
44
Duster - Together
Pour de bien tristes raisons, on a beaucoup parlé en cette fin d'année du groupe le plus célèbre (et le plus talentueux) du mouvement slowcore, Low. Mais l'année 2022 a aussi été marqué par un nouveau chapitre dans la carrière de "l'autre" grand groupe du slowcore, Duster. Après à peine deux albums en 1999 et en 2000, Duster avait disparu pendant presque 20 ans. Le retour en 2019 avait été aussi réussi que discret. Car, comme tout bon groupe de slowcore, Duster fait du bruit, mais en douceur, du boucan murmuré. Together est encore plus réussi que l'opus d'il y a trois ans. C'est une merveille de chansons à part, gravitant dans la stratosphère (le nom de leur premier album).
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Darkher - The Buried Storm
Dans la nuit à peine traversée par un rayon de lune blafard, le vent annonce la tempête. Sur la lande qui s'étend jusqu'aux falaises, un froid livide transperce toute chose. Les ombres mouvantes paraissent autant de fantômes. Les souvenirs des disparus enserrent les âmes des vivants. Des images hautement clichées et tout autant évocatrices. C'est ce que semble projeter la musique de Darkher dans chaque note, dans chaque intonation, dans chaque écho qui résonne longtemps, très longtemps au sein de cet idéal de folk noire comme le jais. La perfection gothique.
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Alvvays - Blue Rev
Un bien bon disque de power pop à l'ancienne, avec le son un peu "noise" qui fait plaisir. La critique en général a décrété que c'était génial, écrasant un peu au passage le côté vintage et finalement assez modeste d'un album hautement plaisant.
41
Kathryn Joseph - for you who are the wronged
A la fois réconfortante et toujours un peu inquiétante, la musique discrète de Kathryn Joseph s'impose à nous sans en donner l'air. On y succombe peu à peu, d'abord intrigué, puis charmé, enfin totalement conquis.
40
Sylvaine - Nova
Depuis une dizaine d'années, la norvégienne Kathrine Shepard a creusé son sillon musical en solitaire. Multi-instrumentiste ambitieuse, elle s'est peu à peu imposée dans un univers où les clichés abondent. Son blackgaze teinté d'une folk héritée des elfes du Seigneur des Anneaux peut prêter à sourire sur le papier, mais la musicienne tire le meilleur des deux mondes. Quand il faut hurler et faire du bruit, Sylvaine en remontre à tous les autres (Mono No Aware) et quand son chant cristallin monte dans les hauteurs d'une cathédrales de cristal imaginaire, c'est renversant de beauté (Nova). Entre les deux univers, elle cisèle aussi des compositions pop-rock plus qu'honorables (Nowhere, Still Somewhere, I Close My Eyes So I Can See). Ce sera toujours trop ceci et pas assez cela pour les puristes de tous les genres, on fera comme à l'habitude et on les ignorera. Nova est un excellent disque de rock contemporain.
39
Florist - Florist
Une odyssée folk faussement bricolée et improvisée. La production lo-fi ne cache pas l'attention portée au moindre détail. Les interludes sont plus nombreux que les chansons mais ils font partie de la méticuleuse atmosphère créée. Au final, c'est classique, mais la forme est si soignée qu'on se laisse aisément emporter dans ce grand disque panthéiste
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Cloud Rat - Threshold
Il est toujours remarquable de voir ce que certains groupes peuvent faire dans les cadres aussi étriqués du grindcore. Limite de temps (des morceaux entre 30 secondes et deux minutes maximum), limite d'instruments, limite de texte... Mais dans cette concision propre au genre, des artistes parviennent à créer des œuvres immenses où chaque seconde compte. C'est le cas du nouvel album de Cloud Rat, parfois qualifié de meilleure groupe de grindcore américain. On comprend l'enthousiasme provoqué par cette musique, certes difficile d'accès, si on prend le temps de vraiment l'écouter. Il se passe ici tant de choses, souvent surprenantes, qu'on est vite admiratif. Détours et pointes de vitesse, accalmies et tempêtes, on ne sait jamais où va nous emmener ce disque. Toutes les qualités de ce style bien particulier sont réunies ici.
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Dream Unending - Song of Salvation
Alors, en 2022 c'est un peu le disque de métal pour ceux qui n'aiment pas, ou du moins n'écoutent pas de métal. Il y a les bons éléments, rien à dire, le chant guttural, les grosses guitares, mais c'est beau, évidemment beau, presque trop beau. C'est facile à écouter, il en faut des disques comme ça, pour sortir le métal des clichés et du ghetto. Cela va aussi beaucoup plaire à ceux qui aiment les guitares virtuoses et les solos qui t'emmènent loin, très loin. Du doom poétique, du métal progressif onirique, c'est vraiment merveilleux.
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PUP - THE UNRAVELING OF PUPTHEBAND
L'énorme pop punk de PUP n'a jamais été aussi puissante et élégiaque. Un rouleau-compresseur sonore et émotionnel avec des refrains à reprendre en chœur pour avoir l'air super heureux tout en étant super triste. La chanson Totally Fine, probable hymne de 2022.
35
Alex G - God Save The Animals
La pop expérimentale d'Alex G n'a jamais été aussi accessible, gardant une bonne part de son mystère tout en tendant la main à l'auditeur. Indescriptible en peu de mots, donc je m'abstiens.
34
Woods of Desolation - The Falling Tide
Du black métal atmosphérique et stratosphérique par un des fleurons du genre. Maintenant que Deafheaven a rendu les armes et que Wolves in the Throne Room s'est trop assagi, Woods of Desolation est un des derniers des anciens du blackgaze a ne pas avoir dévié d'un iota de la formule magique. Est-ce dommage ? D'autres expérimentent, pas toujours avec bonheur, mais c'est parfois agréable d'avoir des musiciens au sommet de leur art qui font mieux que personne ce qu'ils ont contribué à populariser.
33
yeule - Glitch Princess
De Singapour nous provient la pop électronique et expérimentale de yeule. La musique est délicieusement étrange, mais les textes décrivent un mal-être glaçant. Cathartiques et d'une crudité quasi insoutenable, les paroles dessinent un horizon de solitude terrifiant. La dépression de la génération cyberpunk mise à nu.
32
The Smile - A Light for Attracting Attention
Le meilleur album de (presque) Radiohead depuis In Rainbows. C'est aussi plus funk, plus libre, grâce à la présence de Tom Skinner, batteur du groupe de jazz Sons of Kemet. Thom Yorke et Jonny Greenwood semblent rajeunis. Tout est plus ludique, plus dynamique, tout revigoré.
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Caroline - caroline
Le post-rock est toujours aussi vivant et vivace. Et l'influence de Talk Talk n'a jamais été aussi évidente, on ne compte plus les descendants ces dernières années. Le premier album de Caroline sort largement du lot, tant il a compris ce qui faisait la force de Spirit of Eden et de Laughing Stock. On retrouve ici en particulier cet amour pour les silences délicatement posés au sein des morceaux. On retrouve aussi l'exigence maniaque, la méticulosité dans le chaos, l'affection pour l'avant-garde et les dissonances qui ne parviennent pourtant jamais à faire s'effondrer les compositions. Exigeant, troublant, magique.
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Worm - Bluenothing
Alors, techniquement ce n'est pas un album, c'est un EP. Mais bon, 26 minutes, c'est plus long que certains albums de grindcore. Quatre morceaux, dont un de transition, c'est peu, mais, à l'instar de Foreverglade, leur précédent disque sorti l'année dernière, c'est suffisant pour offrir une merveille doom métal aussi glauque qu'évocateur. C'est un cristal sombre. Le groupe progresse sans cesse, à une vitesse fulgurante. Le chef-d'œuvre est peut-être à venir, mais c'est déjà immense.
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Charlotte Adigéry & Bolis Pupul - Topical Dancer
De la musique de clubs pour danser intelligemment, de la musique dansante à écouter chez soi pour s'évader. Comme on dit aujourd'hui, c'est "ultra woke" et revendiqué comme tel. De quoi horrifier les réactionnaires de tout poil. C'est donc génial, indispensable, pour ne pas dire vital.
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And You Will Know Us By The Trail Of Dead - XI - Bleed Here Now
Il y a plus de 20 ans, The Trail of Dead s'est imposé comme un des fers de lance du mouvement post-hardcore. Depuis ce temps, le son du groupe a évolué vers un équilibre entre post-rock et prog rock, avec des albums plus ou moins bruyants, mais, je vous le dis, presque toujours aussi excellents. Ce XIe opus est un des meilleurs du groupe qui s'abandonne totalement à ses penchants les plus épiques. C'est du monumental, une véritable odyssée sonore parsemée de compositions fleuves, tout autant que de petites perles plus mélodiques. Au milieu, la balade rock ultime, qui te fait lever un briquet imaginaire bien haut vers les étoiles : Contra Mundum. Et dans la dernière ligne droite, carrément un morceau hommage au plus grand film de Satoshi Kon : Millennium Actress.
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Belle and Sebastian - A Bit of Previous
Valeur plus que sûre de la pop raffinée, le groupe de Stuart Murdoch revient avec un album moins ambitieux que le précédent (le chef-d'œuvre Girls in Peacetime) mais qui incarne la jonction parfaite entre toutes les tendances du groupe.
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Sudan Archives - Natural Brown Prom Queen
Hip-hop, R'n'B, soul, funk, pop, il y a de tout chez Sudan Archives. Et, en tant que violoniste de formation, la musicienne n'hésite pas à emmener l'auditeur sur des chemins inattendus.
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Wormrot - Hiss
Le grindcore est un des genres les plus difficiles d'accès du monde du métal. Certains disent même que c'est le plus difficile (ce n'est pas le cas). Il faut dire que des morceaux entre 30 secondes et une minute et demi en moyenne, qui te tatanent la gueule à toute vitesse avant même que tu aies bien compris ce qui se passait, c'est compliqué. Même quand on sait à quoi s'attendre. Et il faut une oreille déjà bien apprivoisée pour savoir quand le grindcore est bon, tant le néophyte aura souvent l'impression de n'entendre qu'un groupe qui se casse la gueule dans l'escalier. Si vous voulez vous y essayez, Wormrot est un des groupes les plus brillants et surtout les plus accessibles. Leur dernier coup d'éclat allie tout ce qu'il y a de meilleur dans le genre, laissant la place à plein de détails plus ou moins imprévisibles, sans rien perdre de l'énergie tétanisante.
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Fontaines D.C - Skinty Fia
Plus posé, plus mature, dirait-on, le groupe est aussi plus touchant. Sans rien perdre de ce qui faisait de leur rock, un peu post-punk sur les bords, un des plus intéressants de la période, Fontaines D.C. semble avoir trouvé sa voix/voie avec ce qui est leur meilleur album à ce jour.
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Beach House - Once Twice Melody
Un double album et presque une heure et demie de la quintessence de Beach House. Ah, on ne fait pas mieux en matière de dream pop à l'heure actuelle. Il n'y a ici que des trésors. Mais n'est-ce pas un peu trop ? Non, point du tout. C'est toujours aussi léger, et, forcément, cela file comme un rêve.
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The Beths - Expert In A Dying Field
Miam miam miam, la power pop de The Beths est, depuis le premier album (toujours leur meilleur), un bonheur total. De l'énergie, il y en a, à revendre, ainsi que de la verve et du mordant, accompagnés par les grosses guitares et les rythmes qui galopent. Oui, ce son on le connaît bien, on l'aimait déjà terriblement il y a 30 ans. Et on le retrouve ici, idéalement interprété, sans nostalgie aucune.
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Messa - Close
Du doom métal immense, avec les rythmes lents et pesants, les guitares saturées à l'extrême et la voix puissante qui domine. Mais attention, Messa surprend et ne cesse d'ajouter des touches très personnelles. Prenez ce solo de guitares jazzy à la fin de Suspended, la cavalcade qui ouvre Dark Horse ou les touches orientalisantes qui apparaissent à la fin du même morceau. Elles se retrouvent, plus évidentes, en ouverture de la chanson suivante, Orphalese. Les italiens sont ambitieux, ouverts à toutes les influences. Leurs morceaux fleuves sont ainsi très accessibles, soulevant la pesanteur du doom vers des instants étincelants de beauté.
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Ethel Cain - Preacher’s Daughter
En cette année où, exceptionnellement, Lana Del Rey n'a pas sorti de nouvel album, la toute jeune Ethel Cain a relevé le défi en offrant une splendeur de pop gothique. Disque fleuve, tourmenté et habité, Preacher's Daughter dissèque l'adolescence étouffée par la religion au fil de compositions épiques. Une atmosphère à couper au couteau et la naissance d'une artiste qui risque de faire beaucoup parler d'elle.
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Thyla - Thyla
Ah la pop à guitares à l'ancienne ! Vous le savez peut-être, mais c'est une de mes faiblesses. Cette bonne grosse pop lyrique avec les refrains qui t'envoient direct dans les étoiles. Thyla en offre un recueil qui déborde. Généreux, oui, que ce soit au niveau des mélodies et des guitares qui t'emportent.
18
Cate Le Bon - Pompeii
Cate Le Bon, mesdames et messieurs, tout est dit, non ? Ceux qui savent, savent bien de quoi je parle. C'est un univers, oui, un petit monde par-delà la pop, où tout est familier et totalement différent. C'est Alice au Pays des Merveilles, derrière le miroir qui déforme les sons. Le miracle, c'est que de cette bizarrerie constante, de cette volonté méticuleuse de chercher des sentiers sauvages, naissent des chansons adorables. Cate Le Bon c'est de la sorcellerie, une des artistes les plus essentielles de l'époque.
17
White Ward - False Light
Le saxophone s'invite de plus en plus dans l'univers du métal extrême. Chez White Ward, il fait partie à part entière du groupe. Mieux, une trompette contribue à créer cette atmosphère de mélancolie urbaine qui n'appartient qu'au groupe. En trois albums, trois chefs-d'oeuvre, White Ward a déjà créé une discographie d'une rare puissance. Oui, c'est du black métal atmosphérique, mais c'est bien plus que cela. C'est évocateur comme un grand film (très) noir, infiniment triste, infiniment admirable.
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Spoon - Lucifer On The Sofa
"Le meilleur groupe de rock indépendant américain" ne faillit jamais à sa réputation. Oui, Spoon n'a jamais sorti un mauvais album, même le tout premier, qui est sans doute le plus mineur, n'est pas honteux. Tout le reste est recommandable, en particulier ce nouvel opus qui fait partie de leurs plus immédiatement accrocheurs. La qualité Spoon, encore et toujours.
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Daniel Rossen - You Belong There
Le premier album solo d'un des démiurges de Grizzly Bear atteint les sommets qu'on était en droit d'espérer. C'est une vaste symphonie de pop complexe, pleine de méandres et d'arrangements qui débordent de partout. Un disque où on se plonge, où on s'abandonne, qui se révèle peu à peu, toujours plus captivant.
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Hurray For The Riff Raff - LIFE ON EARTH
Après le chef-d'œuvre The Navigator, le retour de Hurray For The Riff Raff pouvait difficilement être du même niveau. Life On Earth est donc moins ambitieux, même si les thèmes sont toujours brûlants. Musicalement, c'est encore plus pop, avec toujours ces touches inattendues et ces refrains sublimes.
13
Sally Shapiro - Sad Cities
Toutes proportions gardées, le retour de Sally Shapiro, après 10 ans d'absence, n'est pas sans rappeler celui d'Annie en 2020 (n°1 dans ce même classement à l'époque). Il n'y a pas dans Sad Cities les mêmes ambitions musicales et émotionnelles que chez la chanteuse norvégienne, mais le duo suédois cisèle un monument de synthpop à l'ancienne. C'est de la danse murmurée, à la fois scintillante et baignée dans le crépuscule urbain, forcément nostalgique, mais jamais totalement déprimé. Il y a ici une joie sous-jacente, irrépressible, irrésistible.
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Tomberlin - i don’t know who needs to hear this
C'est un disque discret, si doux en apparence, si coupant avec une écoute attentive, tellement entêtant. Alchimiste subtile, Tomberlin transforme ses tourments intérieurs en or musical. Un recueil de chansons admirables, piquantes et réconfortantes dans le même temps qui contient un morceau parfait, avec une des plus belles mélodies entendues ces dernières années : stoned.
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Joan Shelley - The Spur
C'est LA plus belle voix de la folk américaine actuelle. J'ai lu, il y a déjà quelques années, que le principal défaut des disques de Joan Shelley est qu'ils sont "trop beaux". Ha ha, mais non, on ne peut pas être "trop beau". Oui, c'est presque écrasant, tant cette musique est magnifique. Elle est d'une délicatesse infinie, d'une douceur magique, d'une poésie sensible. Oui, la voix de Joan Shelley donne des frissons à chaque intonation. Est-ce que c'est trop ? Apparemment pour certains auditeurs. Mais ce n'est pas non plus insipide et insignifiant, il y a ici tant de fêlures apparentes, de thèmes douloureux, de chemins de traverse. C'est réconfortant, rassurant, mais sans jamais être niais ou facile.
10
Aldous Harding - Warm Chris
Immense bonheur que d'entendre l'inimitable voix d'Aldous Harding se poser sur des chansons qui n'ont jamais été aussi merveilleusement bizarres. Comme Cate Le Bon, la chanteuse déambule dans son petit univers qui ne ressemble à aucun autre. Et sur Warm Chris, le niveau des compositions donne le vertige. On ne sait jamais où on va être emporté, toujours surpris, toujours envoûté.
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Jockstrap - I Love You Jennifer B
Le grand disque expérimental de 2022, celui qui essaie un peu tout en cherchant le son des années à venir. Quand ça tape dans le mille (comme sur Concrete Over Water), c'est sans égal. C'est le grand fourre-tout, qui tient debout grâce à la voix de Georgia Ellery, assez incroyable, et qu'on entendra sans doute beaucoup dans les prochaines années. Pas facile à apprivoiser, et c'est tant mieux, car on préférera toujours un album de pop sauvage, un peu fofolle, à du tout-venant qui radote les échos du passé. On y revient et on découvre quelque chose de nouveau à aimer à chaque nouvelle écoute. Que demander de plus ?
8
Suede - Autofiction
Ah non, il n'est pas donné à tous les groupes de sortir leur disque le plus "rock" au bout de 30 ans de carrière. On n'est d'ailleurs pas surpris de voir Suede faire une tournée en commun avec les Manic Street Preachers. Ces deux survivants des années 90, marginaux de la britpop, n'ont jamais rien perdu de leur verve. Brett Anderson s'est ici surpassé avec Autofiction, que certains ont qualifié, un peu vite, de chef-d'œuvre du groupe. Halte donc, car Dog Man Star demeure intouchable. Mais c'est le chef-d'œuvre "tardif", comme on dit. Après quelques disques magnifiques, mais plus posés, plus crépusculaires, Suede revient aux plus grosses guitares et au plus grand lyrisme. C'est dévastateur.
7
Gwenno - Tresor
A la base, on pourrait penser à un gimmick. Gwenno chante en cornouaillais ("cornish" en VO), une langue quasi disparue. Mais cet élément, certes essentiel à son œuvre, est un élément et pas une finalité. Oui, il contribue à l'importance artistique de ses disques, oui, il contribue à l'atmosphère si magique. Mais il ne serait qu'un accessoire si les chansons n'étaient pas aussi belles. C'est de la synthpop d'orfèvre, oui, le plus grand album du genre sorti en 2022. Pourtant, la concurrence est rude sur ce terrain à notre époque, mais Tresor porte fort bien son nom.
6
Richard Dawson - The Ruby Cord
Le dernier volet de la trilogie "voyage dans le temps" de Richard Dawson me permet de réparer des omissions impardonnables. Je n'avais pas parlé ici de Peasants et de 2020, les précédents albums de ce monument de folk qui s'achève avec The Ruby Cord. Le qualificatif de monumental n'est pas exagéré lorsqu'un disque s'ouvre avec un morceau de 41 minutes (la durée du premier morceau, hein, pas de l'album entier). C'est de la post-folk, post-tout en fait, tellement riche et autre. Je ne dis pas que la musique de Dawson est facile d'accès, il faut un déclic, sans doute, avant de s'abandonner complètement. A la première écoute, on peut penser à une blague, se dire qu'on n'y arrivera pas. Ce serait bien dommage, tant la musique et les textes sont porteurs d'une intensité émotionnelle à nulle autre pareille.
5
UNRU - Die Wiederkehr des Verdrängten
Ah le black métal atmosphérique ! Le "blackgaze", comme on dit de nos jours. Personne ne l'a confectionné avec autant de talent que les allemands d'UNRU en 2022. Parce qu'ils ont poussé à leurs limites, sans les dépasser, tous les éléments qui font un grand disque de métal atmosphérique. Rien que l'intro, avec un morceau poétique qui dure plus de 7 minutes, tu sais que tu es parti pour un voyage inoubliable. Et quand le black métal s'épanche dans des motifs répétitifs et hypnotiques, que des breaks doom te font faire le grand 8, tu es déjà loin, très loin. Emporté dans des vagues électriques, la tempête traverse l'espace sonore, s'éloigne et se rapproche à nouveau. Au milieu du chaos, des mélodies sublimes veillent sur nous. C'est l'album le plus épique de l'année et aussi un des plus émouvants. C'est un disque subtil et risqué, d'une beauté fulgurante.
4
Nilüfer Yanya - Painless
Au premier abord, le deuxième album de Nilüfer Yanya semble revoir à la baisse les ambitions de son premier disque qui débordait d'idées. Mais Painless ne se donne pas à la première écoute, c'est un album qui se révèle, qui prend son temps. Oh, oui, bien sûr, il y a des morceaux qui tapent dans l'oreille tout de suite, mais les plus beaux sont ceux qui vous font revenir, encore et encore, ceux qui ne se donnent jamais totalement. C'est le disque que j'ai le plus écouté en 2022 et pourtant j'ai toujours l'impression de le découvrir. Le point d'orgue est une chanson parfaite, de celles dont on se demande comment on a fait pour vivre sans aussi longtemps : Midnight Sun. Définitivement ailleurs, dans cette perfection musicale si simple en apparence, Painless est la confirmation du talent infini d'une jeune artiste sur laquelle il va falloir compter dans les décennies à venir.
3
Rosalia - Motomami
Personne n'a porté aussi haut les couleurs de la pop cette année. Avec Motomami, Rosalia réussit le tour de force d'allier succès commercial et étrangeté radicale, d'offrir une musique expérimentale et facile d'écoute. Un grand écart réussi et rare qui produit des chansons imprévisibles où se mêlent mille influences, mille époques, dessinant ainsi, non pas les contours de la pop de demain, mais bien celle d'aujourd'hui, dans toutes ses contradictions et ses splendeurs.
2
Big Thief - Dragon New Warm Mountain I Believe In You
Diantrement prolifique, Big Thief ne cesse d'enchaîner les grands disques, sans compter les albums solos de ses membres, généralement tout aussi réussis. Les voir débarquer avec un double album, plus d'une heure de musique, et signer par le même coup leur chef-d'œuvre, ce n'est finalement pas très surprenant. Ici, c'est toute l'histoire de la musique américaine moderne qui semble conviée. Des racines de la country, jusqu'au rock en passant par le blues et la folk. C'est une œuvre gigantesque, inépuisable, qui sait aussi bien faire beaucoup de boucan et murmurer tout doucement.
1
Ashenspire - Hostile Architecture
Si Hostile Architecture est le meilleur disque sorti en 2022, au-delà de ses innombrables qualités musicales, c'est aussi, et sans doute surtout, parce que c'est un tract politique, un cri de révolte, la plus frappante description de l'état de nos États. Misères sociales, misères humaines, petites et grandes lâchetés des puissants, horreurs du capitalisme, avec comme point culminant le retour des fascistes dans nos rues et dans nos vies. "Sautez par-dessus les clôtures avant que les barbelés ne montent", c'est la dernière injonction de l'album. Un slogan coup de poing, parmi bien d'autres. Ne nous ne la cachons pas, même s'il y a des exceptions, et il y en a d'autres dans ce classement, le métal n'a pas toujours une conscience politique très marquée (ou alors carrément du côté des fascistes). Cela change, de plus en plus, de mieux en mieux. Mais il est rare de tomber sur un disque aussi franc du collier en-dehors des terres arides du grindcore (le genre "de gauche" par excellence).
Car Ashenspire ne s'élève pas au sommet sur la seule foi de ses belles intentions politiques, non, ce qui séduit en premier c'est bien la musique. Une fusion incroyable d'un nombre quasi incalculable de genre, un vaste "post-tout" qui convie avant-garde, black métal, free jazz, métal progressif et même le post-punk grâce au chant habité de Alasdair Dunn (aussi batteur du groupe). Avec de surcroît un violoniste membre à part entière du groupe et la présence d'un saxophone, le son d'Ashenspire est difficile à classer. Derrière le mur du son, le mélange n'est pas sans rappeler les cabarets des années 1920 et 1930, renforçant les échos inquiétants des périodes historiques. A un siècle d'intervalle, les crises se répondent et se répètent avec, au bout du tunnel, l'espoir d'une résolution bien différente. Car la violence musicale et la rage des textes ne sont pas là pour abattre davantage l'auditeur. Haut les coeurs ! Haut les choeurs ! Du constat nait le combat. Bientôt, ceux qui ne sont rien remporteront leur victoire et l'aurore nouvelle annoncera enfin les jours heureux.
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