Traci Elizabeth Lords (de son vrai
nom Nora Louise Kuzma) bien qu'ayant arrêté ses activités dans le milieu depuis 1987,
reste et restera sans doute encore longtemps associée aux films X. Sa courte carrière
dans le porno (1984-1987) est surtout connue car la demoiselle n'avait pas l'âge légal.
Après saisi de tous ses films et diverses histoires plus sordides les unes que les
autres, elle se reconvertit dans le cinéma "normal" avec plus ou moins de
bonheur (plutôt moins que plus) et aussi la musique lors d'un 1000 Fires anthologique. Il
n'y a donc en fait pas grand chose à raconter sur Traci Lords, la plupart de ses
oeuvrettes X ayant disparu de la circulation et sa carrière mainstream étant assez
foireuse, il ne reste plus qu'à admirer le physique légendaire de cet ange déchu.
Née en 1968 dans un petit village de
l'Ohio, elle passe une enfance heureuse avec ses 3 soeurs. Jusqu'à ce que son propre
père, un ouvrier alcoolique, la viole alors qu'elle n'avait à peine 10 ans (cet
événement traumatique est abordé de manière magnifique sur la chanson "Father's
Field", sur son album 1000 Fires). A l'âge de 14 ans, sa mère divorça et emmena sa
famille en Californie. Dès l'âge de 14 ans Traci abandonna les études et devint accro
à la cocaïne et à l'alcool. Elle s'enfuit à 16 ans. Elle prend le nom de Traci Lords
et commence à poser nue (en prenant bien soin de cacher son âge véritable), elle est le
modèle du mois dans le Penthouse d'Octobre 1984. Elle enchaîne en commençant sa très
prolifique carrière d'actrice X. Et c'est durant l'été 1986 que le FBI mit fin à ses
activités lorsqu'il fut révélé que Traci n'avait pas l'âge légal pour tourner dans
des pornos. Après un dernier film en 1987 lorsqu'elle eut atteint l'âge requis, elle
quitta définitivement l'industrie du X.
Son premier film "tout
public" fut une production Roger Corman (le plus célèbre producteur de séries B/Z
du monde). Not Of This Earth, sorti en 1988, est un nanar purement Z. En 1990, le génial
John Waters lui offrit un véritable rôle dans son Cry Baby, aux côtés de Johnny Depp.
Le film est réussi et offre l'occasion à miss Lords de prouver qu'elle pourrait être
une véritable actrice si on lui en donnait l'occasion. Elle enchaîne avec des
téléfilms plus ou moins foireux (dont les Tommyknockers d'après Stephen King, où elle
joue le rôle d'une... nymphomane) et autres pseudo séries B d'action, ridicules dans
leur ensemble. Mais la carrière cinématographique de Traci est surtout une succession
d'occasions manquées. Elle a participé au casting de Dick Tracy (Madonna lui sera
préférée, quelle erreur !), Cool World (Kim Basinger l'emporta, dommage), Dracula (là,
on lui préfèra Sadie Frost... pourquoi pas ? Le film est raté de toute façon) et
surtout Casino. Scorsese était prêt à l'embaucher pour son premier véritable rôle,
qui lui aurait permis de faire oublier sa carrière X. Malheureusement au dernier moment
ce fut Sharon Stone qui l'emporta. Triste.
A cette époque Traci Lords se
consacre à une possible carrière musicale. Après une collaboration anthologique avec
les Manic Street Preachers, elle enregistre tout un album "Dance/Techno" : 1000
Fires. Et c'est une véritable réussite. Bien sûr la chtite Traci est diantrement bien
secondée par entre autres : Ben Watkins, Babble, Mike Edwards, Keith Fernley, etc....
Mais ses textes et sa voix font vraiment beaucoup pour la réussite de cet album
délicieux. Le premier morceau, l'épique Control, est ni plus ni moins que le meilleur
morceau dancefloor de la décennie (à égalité avec le What Time Is Love de KLF), une
irrésistible fusion techno/dance survolée par une Traci telle qu'on en rêve ("Let
me control your soul. Let me control"). Le reste de l'album mélange les genres et
les influences (percussions tribales, ambiances latinos, ambient, trip hop avant l'heure
sur le sublimissime Father's Field, etc....) L'ensemble donne un album très riche, très
varié et pas ennuyeux une seule seconde, emplit de tubes en puissance (Outlaw Lover, Say
Something, le géniallissime Okey Dokey qui conclut l'album au même niveau que son
début...). Osant aller au bout de son image tout en mettant pour une fois bien plus que
son corps à nu, avec les sublimes Fallen Angel ("You're drowning in excess Thoughts
of suicide Like a mirror You can't hide Fallen Angel") et Father's
Field, elle transcende son image. En clair Traci Lords réussit là où on l'attendait le
moins.
Malheureusement cet essai réussi qui
demandait une suite ne semble pas vouloir donner lieu à un retour en beauté de l'organe
vocal de la miss. Dommage. Car pour l'instant Traci cachetonne toujours dans d'obscurs
téléfilms pour le câble qui apparaissent directement en vidéo dans nos contrées (ou
carrément dans les Hollywood Nights de TF1). Du gachis évidemment. Comme si elle ne
pouvait pas se débarrasser de son image de nymphette du porno. Pour sûr les talents
d'actrice de la miss sont loin d'être évidents, mais un grand réalisateur tel que
Scorsese (qui avait réussi à rendre Sharon Stone supportable) aurait pû lui donner un
rôle anthologique. Traci Lords en femme d'affaire qui connait bien le côté obscur du
business semble gérer au mieux son image, un peu en voie d'oubli sur cette fin de
décennie. Mais le nombre de sites web qui lui sont dédiés, ainsi que son Mythe toujours
vivace (même pour ceux qui n'ont jamais vu un seul de ses films) révélent l'importance
tenue par le nom de Traci Lords dans l'imagerie collective de cette fin de siècle (il
faut quand même le faire de pondre une phrase finale digne d'une thèse d'agrég sur un
tel sujet...)
Depuis le début des années 2000, Traci nous a offert une apparition réjouissante dans la scène d'ouverture du
très amusant Blade. En vampirette technoïde, elle nous prouve une nouvelle fois toute
l'étendue de son charisme. Tsui Hark l'a ensuite engagée pour
incarner la méchante du rigolo mais médiocre Black Mask 2. Merci monsieur Hark. Puis c'est une autre apparition, auto-parodique, dans la comédie Zack et Miri tournent un porno. Traci poursuit aussi doucement sa carrière de comédienne à la télévision.
Elle a publié son autobiographie en 2003. Fin 2007 elle accouche de son premier enfant. Elle continue à faire des apparitions dans divers projets cinématographiques, de la série Z Princess of Mars en 2009, jusqu'au plus intéressant Excision en 2012.
|