"Please understand. We don't want no
trouble. We just want the right to be different. That's all."
Après juste 20
ans d'existence (dont près de 10
ans de galère et d'insuccès), et au moment où ses membres se séparent
(provisoirement ?), Pulp est enfin reconnu comme l'un des plus grands groupes de
pop de ces dernières décennies.
Il y a un style Pulp. Il y a une magie
Pulp. Mais tout cela repose en très grande partie sur le charisme, l'intelligence et le
talent du leader Jarvis Cocker, seul membre présent depuis la création du groupe en
1983. Jarvis Cocker est le "working class hero" dans toute
sa splendeur. Débarqué de sa petite ville de Sheffield pour trouver
le succès par la musique, il connaîtra des heures plus que noires avant de toucher la
gloire au début des années 90.
La force de Pulp ce n'est pas seulement
une musique originale (pas tant que cela, car l'héritage de la pop anglaise est
omniprésent), sombre ou lumineuse, c'est aussi et finalement surtout les textes fabuleux
de Jarvis. Ils sont tous d'une ironie mordante, voire cruelle. Petites histoires bourrées
de détails cyniques ou émouvants, hymnes nostalgiques, lumineuses envolées empruntes de
tristesse, murmures revanchards, explosions d'énergie pure, etc... Le style Pulp est
d'une belle richesse, même si reconnaissable en quelques secondes. Tous les albums du groupe
possèdent
leur propre charme. Et ce sont tous des disques "difficiles" qui se dévoilent au
fil de nombreuses écoutes, mais qui une fois appréhendés dans leur richesse ne
lâcheront plus leur auditeur.
En tant que pur fan du groupe j'avoue
n'avoir jamais été déçu. Si j'ai très rarement accroché à une chanson de Pulp dès
la première écoute, je reconnais pourtant n'en avoir jamais croisé de complètement
mauvaises au fil de leur discographie. Même les plus simples face B s'avèrent être de
véritables perles.
Mais le mieux est encore de proposer une
discographie commentée, albums, singles, vidéos, mais non exhaustive, de ce groupe fascinant,
bouleversant et indispensable.
Sommaire
Discographie
It - album
- (1983)
01 - My Lighthouse
02 - Wishful Thinking
03 - Joking Aside
04 - Boats And Trains
05 - Blue Girls
06 - Love Love
07 - In Many Ways
Le tout premier album d'un Pulp plus que balbutiant. Jarvis Cocker, qui
ne sera que le seul "survivant" de la formation en place sur It, n'a pas encore
son inimitable voix. Face it ! Jarvis was Young ! Il serait facile de dénigrer ce
premier et préhistorique très court album et pourtant il y a déjà une indéniable
patte Pulp. Une magie toute cockerienne, même si les textes sont loin d'être aussi
travaillés qu'ils le seront par la suite. My Lighthouse est néanmoins une petite
merveille légère et folk (!). Wishful Thinking est une perle, si si ! Et le reste de
l'album est un peu sur le même ton. Calme presque paisible. Triste mais sans cynisme
exacerbé. Le gracieux Blue Girls est le chef-d'oeuvre de ce premier disque
bourré de promesses (c'est
facile à dire avec le recul, mais c'est ainsi).
01 - My Lighthouse (remix)
02 - Looking For Life
Ce single n'apporte rien à la belle chanson qu'est My Lighthouse. La
pochette est néanmoins fort belle.
01 - Everybody's Problem
02 - There Was
Cette chanson, assez introuvable aujourd'hui, possède le même charme que
celles de It. |
Little Girl (With Blue Eyes) - single - (1985)
01 - Little Girl (With Blue Eyes)
02 - Simultaneous
03 - Blue Glow
04 - The Will To Power
Le premier "tube" de
Pulp. Ou du moins la première fois que
l'on entend parler du groupe. La chanson titre ayant été bannie des radios à cause de
ses paroles ("little girl with blue eyes there's a hole in your heart and one between
your legs. you've never had to wonder which one he's going to fill in spite of what
he said"). Et c'est la première véritable trace des textes percutants, mordants,
cyniques et tristes de Jarvis (Little Girl étant une chanson parlant de sa mère !). Les
3 autres chansons sont aussi des perles. Je vous rassure tout de suite ce single
étant introuvable depuis longtemps tous les morceaux ont été réédités sur
l'indispensable compilation Masters Of the Universe. Simultaneous débute comme un titre
tout droit sorti de It, mais se perd par moments sur le violon effrayant et déjanté de
Russell Senior. C'est d'ailleurs le moment de noter que c'est à partir de ce single que
Pulp acquiert la plupart de ses membres permanents. Russell Senior, le bras droit de
Jarvis, guitariste et compositeur génial qui sera l'un des principaux éléments de la
réussite du groupe. Et Candida Doyle, la discrète et fidèle pianiste, source
vive des plus belles mélodies pulpienne. Blue Glow est un
pur morceau psychotique typique du Pulp première période, le violon de Russell y fait
des merveilles. Et The Will To Power est une chanson qui dérangera les fans les plus
récents du groupe. Russell y chante de manière relativement effrayante des paroles
totalement dingues ("1933 where are you know ? where's the fanatiscism ?
where are truth and beauty ?"). En
tout cas ce single annonce le chef-d'oeuvre Freaks.
01 - Dogs Are Everywhere
02 - Mark Of The Devil
03 - 97 Lovers
04 - Aborigine
05 - Goodnight
Nouveau single indispensable (et réédité dans son
intégralité sur Masters of the Universe, heureusement). Dogs Are Everywhere est l'une
des meilleures chansons de Pulp. Sans aucun doute. Monument de lyrisme, Jarvis y chantant
de manière fabuleuse, ce morceau est le premier grand classique du groupe. Mark of the
Devil est un délice rythmé où le violon de Russell fait encore une grande part du
boulot. 97 lovers est une chanson emphatique assez impressionnante. Aborigine est encore
plus incroyable, une montée progressive vers un étonnant enfer qui une nouvelle fois
surprendra tous ceux qui ne connaissent Pulp que depuis His'n'Hers. Goodnight est
une "ballade" psychotique une nouvelle fois étonnante. Grandiose, ce single est
une nouvelle étape vers Freaks. |
They Suffocate At Night - single - (1987)
01 - They Suffocate (LP version)
02 - Tunnel
Ce single issu de Freaks en possède la perfection en très
condensée.
Et c'est surtout la face B, Tunnel qui bouleverse et impressionne. Une longue dérive
entre psychose et hystérie qui n'a vraiment rien à voir avec un Disco 2000. Original et
dérangeant, Tunnel est la face B idéale pour le très beau They Suffocate At Night.
Freaks - album - (1987)
01 - Fairground
02 - I Want You
03 - Being Followed Home
04 - Master Of The Universe
05 - Life Must Be So Wonderful
06 - There's No Emotion
07 - Anorexic Beauty
08 - The Never-Ending Story
09 - Don't You Know
10 - They Suffocate At Night
Le premier véritable album de Pulp et le premier
chef-d'oeuvre. Et aussi le
premier des indispensables du groupe. La perfection de la première période de
la bande à Jarvis. La pochette et le titre annoncent la couleur : folie, souffrance,
désespoir, cynisme et violence. Sans aucun doute le disque le plus dur et sombre de Pulp.
Et l'accroche directement imprimée sur la pochette est claire "Ten stories about
power, claustrophobia, suffocation and holding hands". Et cela commence fort avec un Fairground effrayant porté par la voix de Russell.
"As the signs outside proclaimed, nature sometimes makes a mistake", la couleur
est donnée sur fond de ricanements et d'Atrocity Exhibition (Joy Division n'est pas loin).
I Want You est un chanson lyrique et emphatique où Jarvis donne une performance
magistrale. Being Followed Home transpire la paranoia et l'angoisse, la musique semble
toute droit sortie d'un film à suspens et propose une montée dans la tension typique du
style Pulp, mais qui est ici véritablement sombre et torturée. Master of the Universe est
peut-être LA merveille de l'album, la voix de Jarvis y est démoniaque, la musique est
proche d'une certaine perfection, c'est l'apogée de la première période de Pulp, sombre
et violente ("i am the master of the universe and i've got so big it hurts"). Un
choc. Life Must Be So
Wonderful est une pause triste et douloureuse. Délicatement superbe. There's no Emotion
rappelle It, mais le cynisme l'emporte, impressionnant. Mais la chanson suivante avec
Russell en lead vocals est encore plus traumatisante. Anorexic Beauty est une perle noire
de folie pure. The Never-Ending Story poursuit sur le chemin de la psychose pure, une
chanson hallucinante, violente et déjantée parmi les meilleures du groupe. Don't you
Know est moins marquante musicalement mais les textes restent magnifiques. Sur une
mélodie presque guillerette qui annonce le futur de Pulp, Jarvis y va de son ironie
féroce habituelle. They Suffocate At Night est la merveille qui conclut ce disque parfait
sur une dernière note de lyrisme désespérée. Classique absolu qui ne semble pas
vouloir vieillir, original et douloureux, Freaks est le Dark Side of the Pulp. Il faudra
attendre This Is Hardcore pour retrouver de telles accents de désespoir et de violence.
Bien plus qu'indispensable.
Master Of The Universe - single - (1987)
01 - Master Of The Universe (sanitised version)
02 - Manon (new version)
03 - Silence
La chanson titre étant l'une des plus
extraordinaires de Pulp il
fallait une face B à la hauteur. Et en fait Jarvis prend tout le monde de court avec un
hommage à son idole Gainsbourg sur un Manon hallucinant. Non seulement Jarvis y chante un
français de folie ("Je vous renonce Manon" avec l'accent du Cocker ça vaut son
pesant de cacahuètes) mais le morceau en lui même est une incroyable ballade qui enfonce
Gainsbourg sur son propre terrain. Grandiose ! Quant à Silence, tout le monde
le considère comme ce que le groupe a produit de plus consternant. C'est assez
loin d'être vrai, même si la chanson est effectivement assez...
particulière... |
My
Legendary Girlfriend - single - (1990)
01 - My Legendary Girlfriend
02 - Is This House?
03 - This House Is Condemned
Après 7 ans d'undeground et d'échecs à répétition, Pulp est au bord du gouffre. La
noirceur de Freaks n'a touché qu'un très petit public. Et Pulp va chercher une ultime
voie avant le split. Et c'est ce son qui est en mûrissement sur My Legendary Girlfriend
et sur l'album suivant : Separations. Jarvis commence à jouer de plus en plus avec sa
voix (et notamment avec ses souffles rauques et ses circonvolutions si particulières).
Les textes sont toujours cyniques et proche de la perfection mais un poil moins cruels et
sombres. La musique est tout simplement plus disco et kitsch. Ce qui deviendra le style
pulpesque pour le début des 90's. Le style du succès.
Countdown - single -
(1991)
01 - Countdown (radio edit)
02 - Death Goes To The Disco
03 - Countdown
Pulp Goes Disco. Et s'approche du succès avec ce single tubesque et réjouissant. Le
brouillon d'un futur Common People. Textes réussis, musique sautillante, face B
délectable. Il y aurait dû y avoir succès. Mais c'était une nouvelle fois raté.
Dommage mais le groupe allait heureusement persister.
O.U. (Gone, Gone) - single - (1992)
01 - O.U. (Gone, Gone)
02 - Space
03 - O.U. (Gone, Gone) (radio edit)
Nouvelle tentative d'acquérir le succès. O.U. est une parfaite petite chanson
pulpienne. Et Space est une face B étrange et prenante.
Separations - album
- (1992)
01 - Love Is Blind
02 - Don't You Want Me Anymore?
03 - She's Dead
04 - Separations
05 - Down By The River
06 - Countdown (LP version)
07 - My Legendary Girlfriend
08 - Death II
09 - This House Is Condemned
Le son est plus discoïde, c'est le nouveau Pulp en marche. Un album de
transition renfermant de pures perles, entre Freaks et His'n'Hers. Un disque à réévaluer
au plus vite. Countdown et My Legendary Girlfriend sont deux tubes en puissance. Mais le
fantastique Don't You Want Me Anymore aurait pu porter à lui seul l'album vers les
sommets. Lyrique, accrocheur, moins étouffant que la période Freaks, ce morceau est à
l'image de l'album : délicieux. Les textes n'ont rien perdu de leur force, même si l'on
est loin d'un Master of the Universe. Il reste pourtant des coups de poings
inatendus
comme ce She's Dead étonnant et mélancolique. Down By The River est lui aussi
particulièrement réussi, avec sa ritournelle presque sortie du Troisième Homme et ses
choeurs fous. Un album indispensable. Comme tous les albums de Pulp. |
Babies - single - (1992)
Première sortie public de ce qui sera l'un des premiers gros succès de Pulp.
Malheureusement ce Babies "prématuré" passera assez inaperçu, mais Pulp
entame avec brio la dernière ligne droite vers le succès. Belle pochette.
Razzmatazz - single - (1993)
01. Razzmatazz
02. Inside Susan " A Story In Three Songs..."
a) Stacks
b) Inside Susan
c) 59 Lyndhurst Grove
Les dernières hésitations avant le triomphe. Razzmatazz prépare le terrain pour
His'n'Hers et éveille les oreilles du public. Mais le nom de Pulp est encore plus
qu'underground. Dommage ce single magistral méritait la gloire ! Car il
contient peut-être la chanson la plus efficace de toute la carrière du groupe
(oui ! plus encore que Common People et Babies !) ainsi que la meilleure de
toutes leurs faces B. Rien que cela. Si l'on ne devait finalement retenir qu'un
seul single emblématique de Pulp, ce serait celui-là.
Pulp Intro - compilation - (1993)
01 - Space
02 - O.U. (Gone, Gone)
03 - Babies
04 - Styloroc (Nites Of Suburbia)
05 - Razzmatazz
06 - Sheffield Sex City
Inside Susan: A Story in 3 songs
07 - Stacks
08 - Inside Susan
09 - 59 Lyndhurst Grove
Première compilation de Pulp regroupant les singles les plus récents et post Freaks,
un indispensable pur les belles face B de Babies et O.U. et surtout pour le Inside Susan
qui volait la vedette à Razzmatazz. Si Space est effectivement un morceau
assez... "space", O.U. cache bien son jeu et devient rapidement très
familier. On ne présente plus Babies. Quant à Styloroc c'est une chanson
méconnue à redécouvrir. Sheffield Sex City est une longue errance
passionnante. Quant à Inside Susan, les trois chansons qui le composent sont
parmi les meilleures de l'histoire du groupe. Le morceau titre, Inside Susan,
synthétise tout Pulp en 5 minutes. Peut-être leur plus bel accomplissement. |
Lipgloss - single - (1993)
01 - Lipgloss
02 - Deep Fried In Kevin
03 - You're A Nightmare
Et c'est ainsi que Pulp 90's acquis sa nouvelle vie. Lipgloss est le premier single du
Pulp connu de la plupart des auditeurs de radios. Le Pulp un peu cartoonesque, sautillant et "grand
public". La production y est pour beaucoup. Flamboyante ! La formule magique est
trouvée. Elle sera utilisée durant deux albums entiers. Les chansons vont suivre
toujours un peu le même format : début calme, refrain survolté et emphatique, break
(Jarvis reprend son souffle) et final grandiose. La pop des 90's a trouvé sa perfection.
Une Pop intelligente dopée par des textes formidables et le charisme du gars Cocker. Deep
Fried In Kelvin est une face B très originale notamment dans son errance du milieu et
fait un contre-poid idéal au primesautier Lipgloss (le riff vaut son pesant de
cacahuètes). Fascinant. You're Nightmare n'est pas sans rappeler le Pulp des débuts,
mais la production métamorphose l'ensemble (les échos seront un des instruments de la
magie His'n'Hers), une magnifique ballade déprimée. Il faut toujours lire avec attention
les notes de pochette des disques de Pulp, mais celle de Lipgloss vaut la peine : "Welcome To The
New Era", on ne pouvait pas être plus clair.
Do You Remember The First Time ? - single - (1994)
01 - Do You Remember the First Time ?
02 - Street Lites
03 - The Babysitter
LE classique ! Le premier succès ! La résurrection de Pulp, non en fait
carrément la naissance de Pulp pour le grand public. LE tube inimitable (mais
souvent imité) qui restera le
morceau le plus célèbre de His'n'Hers. Et c'est plus que logique. La chanson titre est
parfaite. Divine. Sublime. Et les face B sont du même niveau. Street Lites culmine sur un
refrain léger et qui semble littéralement couler de source, le son est déjà
reconnaissable entre mille. Pulp a tout pour réussir et le prouve. Jarvis est toujours
entre murmure et envolée lyrique, confidences et hurlements, chant parfait et discussion
avec l'auditeur(trice). The Babysitter est une autre petite perle dynamique et
cartoonesque (le début ressemble à la musique d'un dessin animé), lorsque le rythme se
calme on se retrouve en présence d'une pure ballade pulpienne discoïde, franchement
réussie... et la rythmique s'affole de nouveau, semblant commenter une historiette comme
seul Jarvis sait les écrire. Beau.
His 'n' Hers - album - (1994)
01 - Joyriders
02 - Lipgloss
03 - Acrylic Afternoons
04 - Have You Seen Her Lately ?
05 - Babies
06 - She's A Lady
07 - Happy Endings
08 - Do You Remember The First Time ?
09 - Pink Glove
10 - Someone Like The Moon
11 - David's Last Summer
L'album du succès (pas encore le phénomène de société que
sera Different Class mais enfin LE succès mérité). His'n'Hers est un chef-d'oeuvre de
la seconde période de Pulp. La période plus grand public, plus cartoonesque, plus
légère mais toujours aussi parfaite dans son style. His'n'Hers est vraiment une merveille d'un bout à l'autre et
semble inépuisable dans ses méandres mélangeant kitsch et pop avec une réussite
absolue. Joyriders est un démarrage sur les chapeaux de roues justement. Et prend le
contre-pied de la formule Pulp. Ici ce sont les couplets qui sont boostés et le refrain
revient au calme. Parfait. Lipgloss est une certaine idée de la perfection Pop. Mais
c'est le morceau suivant qui propulse l'auditeur au coeur de la dimension Pulp et de la
dimension Jarvis. Acrylic Afternoons est un peu la profession de foi du groupe, la chanson
parle des après-midis où les enfants jouent dehors en attendant que leurs mères
finissent avec leur amant et les appellent pour le thé. Et ce morceau fascinant et
magique est la perfection du genre purement cockerien du "single mothers and
sex". Have You Seen Her Lately débute sur une mélodie très cartoonesque, mais prend
un envol vers les frontières infinies de l'espace avec un refrain hallucinant (la
production est incroyable). Sublime. Babies est un délice. Les paroles sont vraiment
splendides et la musique est encore une perfection "poppy" délectable. She's a Lady est une
errance discoïde relativement sombre mais surtout d'une fabuleuse richesse mélodique.
Happy Endings est une balade toute en finesse. Do You Remember The First Time ? est le
tube évident et irrésistible, son succès en est plus que logique. Pink Glove
enchaîne
en douceur mais en préservant la magie de l'album. Someone Like The Moon est l'un des
plus beaux morceaux de Pulp, une ballade triste et lyrique, purement magique. Enfin David's
Last Summer conclut l'album avec un brio incroyable. Une longue description qui débute
comme une comptine d'été pour finir dans les tourments de l'approche de l'hiver.
Fascinant et émouvant, et qui transforme le sans faute en chef-d'oeuvre du genre.
Indispensable (air connu).
The Sisters - ep single - (1994)
01 - Babies
02 - Your Sister's Clothes
03 - Seconds
04 - His 'n' Hers
Il fallait un écrin de choix pour la ressortie en fanfare du merveilleux Babies. C'est
chose faite avec ce Ep de toute beauté. Your Sister's Clothes présentée comme une suite
à Babies quelques années plus tard est une chanson purement pulpienne donc vraiment
magique et énergique. Superbe. Mais la perle totale de ce single vital est ce Seconds
expliquant que les gens parfaits sont aussi les plus ennuyeux, le refrain est hallucinant
et Seconds aurait sans problème eu sa place sur His'n'Hers. D'ailleurs la chanson portant
le titre de l'album est sur ce single. Et elle aussi aurait eu sa place aux côtés d'un
Pink Glove et d'un Lipgloss. Morceau complexe et étonnant ce His'n'Hers est tout en
retenu et en dissonances originales. Et complète la réussite totale de ce ep aussi
indispensable que l'album.
Masters Of The Universe - compilation - (1994)
01 - Little Girls (with blue eyes)
02 - Simultaneous
03 - Blue Glow
04 - The Will To Power
05 - Dogs Are Everywhere
06 - The Mark Of The Devil
07 - 97 Lovers
08 - Aborigene
09 - Goodnight
10 - They Suffocate At Night
11 - Tunnel
12 - Master Of The Universe
13 - Manon
Une compilation purement et simplement
vitale ! Évidemment il y a deux titres
que l'on trouve déjà sur Freaks. Mais tous les autres morceaux issus des singles
désormais introuvables valent plus que largement l'investissement. Tous les
classiques sont là. Little Girl, The Will To Power, Dogs Are Everywhere, The Mark Of
The Devil, Aborigene, Tunnel (je tiens d'ailleurs à m'insurger contre les
"fans" de Pulp qui n'aiment pas Tunnel. Ce morceau Velvetien en diable est l'une
des perles de faces B du groupe), Manon.... |
Common People - single - (1995)
Version Day :
01 - Common People (single version)
02 - Underwear
Version Night :
01 - Common People (single version)
02 - Razzmatazz (acoustic version)
03 - Dogs Are Everywhere (acoustic version)
04 - Joyriders (acoustic version)
Deux versions pour la chanson qui fit de Pulp
le seul groupe susceptible de concurrencer en
Angleterre les mastodontes de l'époque Blur et Oasis. (depuis Oasis est momifié, Blur
est undergroundisé, Radiohead est anesthésié et toutes les cartes restent dans les
mains des deux outsiders originaux et énergiques de l'époque : Supergrass et...
Pulp). La version Night de ce single fut mon premier achat de Pulp et mon coup de foudre
immédiat. Common People même dans sa version courte reste une profession de
foi du
groupe. Et les 3 versions acoustiques de 3 grands classiques de Pulp sont simplement
incroyables. Razzmatazz se fait plus personnel. Dogs Are Everywhere, pur chef-d'oeuvre
lyrique dans sa version originale semble tout droit sorti de Nebraska de Springtseen (non
j'exagère là). Joyriders devient une comptine à murmurer au coin du feu. Bref du tout
bon !
Mis-shapes / Sorted For E's & Wizz - single
- (1995)
01 - Mis-Shapes
02 - Sorted For E's & Wizz
03 - P.T.A. (Parent Teacher Association)
04 - Common People (Live At Glastonbury)
Ce single double face A (conçu pour faire passer Sorted (chanson causant de drogues)
à la radio) est une réussite et un indispensable. Les deux face A sont donc superbes.
P.T.A. est franchement excellente et dynamique. Et surtout la version épique de Common People, dans un concert
anthologique au festival de Glastonbury, vaut à elle seule l'emplette. Jarvis s'y donne à
fond et offre une performance parfaite pour une chanson qui ne l'est pas moins (parfaite).
Et la pochette est tout bonnement réjouissante (avec les tailles vestimentaires de tous
les membres du groupe)
Different Class - album - (1995)
01 - Mis-Shapes
02 - Pencil Skirt
03 - Common People
04 - I Spy
05 - Disco 2000
06 - Live Bed Show
07 - Something Changed
08 - Sorted For E's & Wizz
09 - F.E.E.L.I.N.G.C.A.L.L.E.D.L.O.V.E.
10 - Underwear
11 - Monday Morning
12 - Bar Italia
L'album le plus connu et le plus vendu de Pulp. Après le succès de His'n'Hers, la
bande à Jarvis poursuit et améliore la formule magique (quitte à
l'épuiser).Transcendé par la production de Chris Thomas (le producteur des Sex Pistols), Different Class est le digne successeur de His'n'Hers. Moins kitsch, plus
"moderne", mais tout aussi magique. Il pourra sembler un peu trop semblable à
son prédécesseur pour les non fans, mais il ne faut pas s'y tromper, Different Class est
un album qui fonctionne par lui-même. Et c'est celui qui transforma Pulp en phénomène
de société en Angleterre et permis enfin à Jarvis Cocker de devenir la Star qu'il
devait être. Cet album (le premier que j'ai acheté) est génial et c'est un euphémisme.
Mis-Shapes est une déclaration de guerre sans concession de la part des "common
people" ("we want your house, we want your life" "we use the one thing
we got more : that's our minds"). Un monument énergique et délicieux. Pencil Skirt
est encore une chanson de revanche où Jarvis y parle d'adultère sans complexe (le thème
revient sans cesse dans ses textes). Common People est LA chanson culte et fantastique
(qui se vendit mieux que le nouveau Michael Jackson de l'époque, à la grande surprise du
groupe qui se retrouvait numéro 2 du top anglais du jour au lendemain). La perfection du
Pulp cartoonesque, un Monument que je visite toujours avec autant de plaisir ("you'll
never live like common people, oh yeah !"). I Spy est la perfection du Jarvis cynique
et cruel, fascinant. Disco 2000 (dont le thème ressemble beaucoup à celui de la plus
belle chanson des Clash, Lost In the Supermarket... est un délice
incroyable. Les paroles sont magiques et nostalgiques. La musique est un monument pop
rarement égalé dans les 90's.
Live Bed Show avec ses paroles désabusées
enchaîne à la
perfection. Something Changed, l'une des plus belles chansons de Pulp, est aussi l'une des
plus belles chansons d'amour de tous les temps, simple et divine, émouvante et légère,
magique tout simplement. Sorted For E's And Wizz parle de drogue avec humour sur une
musique originale et entêtante. F.E.E.L.L.I.N.G.C.A.L.L.E.D.L.O.V.E. est une prise de
risques passionnante où la voix de Jarvis fait des miracles dans le but de faire partager
cet étrange "feeling". Underwear est un monument "poppy" amusant et ironique
d'une grande perfection mélodique. Monday Morning n'est pas loin de la noirceur
d'antan.
Sur une rythmique ska-pop Jarvis décuple l'énergie de son groupe. Bar Italia est une
ballade finale totalement magnifique. La fête est finie et avec le recul on réalise
combien cette chanson sensible annonçait This Is Hardcore et le dur retour à la
réalité.
Sorted For Films & Vids - videos
compilation - (1995)
Compilation de clips. Celui de Do You Remember The First Time ? est anthologique. En
plus le documentaire Do You Remember The First Time ? dans lequel Jarvis par demander aux
gens de la rue s'ils se souviennent de la première fois, est inclus dans cette cassette,
malheureusement beaucoup trop courte et opportuniste.
Disco 2000 part 1 - single
- (1995)
01 - Disco 2000 (7" Mix)
02 - Disco 2000
03 - Ansaphone
04 - Live Bed Show (extended)
Cette première partie d'un double single (la manie du double single allait devenir une
mauvaise habitude chez Pulp) est de loin la plus indispensable. Juste pour une seule
chanson (à part le génial Disco 2000, déjà dispo sur l'album) : Ansaphone. Le genre de
morceau que Pulp aime à glisser en face B pour rendre leurs singles indispensables. Une
perle. Le 7" mix de Disco 2000 ne casse rien (il ne change rien aussi,
d'ailleurs). La version extended de Live Bed Show n'apporte pas plus à la chanson. La
pochette est délicieusement kitsch, directement issue du superbe clip.
Disco 2000 part 2 single (1995)
01 - Disco 2000
02 - Disco 2000 (7" Mix)
03 - Disco 2000 (Motiv 8 Discoïd Mix)
04 - Disco 2000 (Motiv 8 Gimp Dub)
Cette seconde partie est donc largement dispensable. Le 7" mix est toujours aussi
inutile (encore plus si l'on a déjà la part 1). Les deux autres mixes sont fatigants et
ne font que rendre Disco 2000 encore plus kitsch et ... disco.... Superbe pochette
néanmoins (la seule raison d'acheter le disque d'après moi)
Countdown 1992-1983 - compilation - (1995)
01 - Countdown
02 - Death Goes To The Disco
03 - My Legendary Girlfriend
04 - Don't You Want Me Anymore
05 - She's Dead
06 - Down By The River
07 - I Want You
08 - Being Followed Home
09 - Master Of The Universe
10 - Don't You Know
11 - They Suffocate At Night
12 - Dogs Are Everywhere
13 - The Mark Of The Devil
14 - 97 Lovers
15 - Little Girl (With Blue Eyes)
16 - Blue Glow
17 - My Lighthouse
18 - Wishful Thinking
19 - Blue Girls
20 - Countdown (extended version)
Une compilation un peu gênante. Tous les titres présents sont excellents mais sont
aussi disponibles sur les albums. En fait si l'on considère que Freaks est un pur
indispensable et que Masters of the Universe l'est presque autant et que Separations n'en
est pas loin aussi, on se retrouve dans une situation assez embarrassante. Une telle
compil peut intéresser ceux qui découvrent Pulp et qui ne sont pas sûr d'aimer les
débuts. Elle peut aussi intéresser ceux qui n'ont pas les moyens de tout acheter. Enfin
je ne sais pas trop. Parce que franchement pour le même prix autant se jeter sur Freaks
et ensuite si l'on n'aime pas ou pas beaucoup, ensuite donc, on peut se rabattre sur cette
compil. Mais si l'on aime Freaks, il n'y a pas à hésiter c'est Masters Of The Universe,
puis Separations, puis It et Intro.
Something Changed - single - (1996)
(les versions Girl & Boy ont le même track listing)
01 - Something Changed
02 - Mile End
03 - F.E.E.L.I.N.G.C.A.L.L.E.D.L.O.V.E. (The Moloko Mix)
04 - F.E.E.L.I.N.G.C.A.L.L.E.D.L.O.V.E. (Live from Brixton Academy)
Ce single est bizarre pour une simple et bonne raison : ses deux versions. L'idée
d'une version Girl et d'une version Boy aux mêmes track listing pour illustrer l'une des
plus belles chansons d'amour de tous les temps est excellente. Mais en fait elle part d'un
principe étrange. La version Boy montre des détails vestimentaires et anatomiques
masculins et l'inverse dans la version Girl. Ce qui fait que logiquement, en tant que mec
j'ai acheté la version Girl (normal, il suffit de jeter un oeil à la pochette au-dessus
pour comprendre), et je ne l'ai pas regretté, car l'intérieur est encore plus beau que
l'extérieur... Enfin tout cela pour dire que c'est la
plus belle pochette du groupe juste derrière celle de l'album This Is Hardcore. Parlons
musique ! La chanson titre est toujours aussi extraordinaire. Mile End est la chanson
utilisé pour la BO de Trainspotting et elle est simplement géniale. Le remix de
F.E.E.L.I.N.G. est assez réussi (bon point donc) mais c'est surtout la version live
(celle que l'on peut entendre sur la vidéo) qui vaut le coup d'oreille. Un single
indispensable (choisissez la version qui vous botte, vous ne serez pas déçu).
Simply Fuss Free - singles
collection - (1996)
Une compilation des singles de His'n'Hers et de Different Class. Pour les non fans et
les gens pressés c'est parfait.
F.E.E.L.I.N.G.C.A.L.L.E.D.L.I.V.E.
- live - (1996)
Un live anthologique qui concluait la tournée Different Class à la Brixton Academy à
Noël 95. Le concert privilégie les titres de Different Class (seul Do You Remember The
First Time, Babies et le magnifique Acrylic Afternoons proviennent de His'n'Hers). Mais
les interprétations fabuleuses de Disco 2000, Common People, Monday Morning.... valent
largement l'investissement, surtout que Jarvis est un performer hallucinant et que le
concert est entre-coupé d'images volées durant la tournée mondiale du groupe (et avec
les commentaires de chacun des membres) et finissent de classer cette vidéo dans le rayon
des... (tous en choeur !) indispensables !! |
Help The Aged - single - (1997)
01 - Help The Aged
02 - Tomorrow Never Lies
03 - Laughing Boy
Le retour très très attendu de Pulp après le succès fulgurant de Different Class.
Annonciateur d'un album fabuleux, ce premier single est un petit chef-d'oeuvre. La chanson titre,
dont je parle plus longuement dans le détail de l'album, est un délice très pulpien mais
aussi assez original. Tomorrow Never Lies (Pulp avait été un temps pressenti pour faire
le générique du James Bond Tomorrow Never Dies, tâche qui échoua à Sheryl Crow qui
pondit l'un de ses plus mauvais morceaux) est une véritable réussite, un peu trop
classique néanmoins. Laughing Boy posséde le charme des face B de His'n'Hers (et Jarvis
y joue au Peter Kingsberry avec talent).
This Is Hardcore part
1 - single - (1998)
01 - This Is Hardcore
02 - Ladies' Man
03 - The Professional
04 - This Is Hardcore (End Of The Line Remix)
LE Monument ! This Is Hardcore étant l'une des meilleure chanson du groupe, il fallait
un single à la hauteur. Et c'est chose faite, ce disque étant l'un des meilleurs simples
sortis par Pulp (si ce n'est le meilleur). Bon je parle de la chanson titre dans le
détail de l'album donc je n'insisterais pas sur la force, la beauté, l'émotion, la
perfection de celle-ci (et puis si ! après tout ! on n'insiste jamais assez sur ce genre
d'Oeuvre). Ladie's Man posséde un charme et un son typiquement seventies (très
discoïde) mais dégage aussi une certaine nostalgie, culminant dans un refrain de toute
beauté. The Professional est une merveille qui aurait eu sa place sur l'album. Entre deux
craquements, sur une mélodie déjantée Jarvis y va de son auto-portait/auto-critique
("I'll give you just what you come for, just another song about single mother and
sex"). Une perle. Enfin le remix de This Is Hardcore, qui n'en est pas vraiment un
(c'est en fait la partie symphonique à la fin de la chanson), est une merveille
d'une grande pureté et d'une véritable émotion. Trop court malheureusement
(alors que d'habitude les remixes sont toujours trop looooongs).
This Is Hardcore part 2 - single - (1998)
01 - This Is Hardcore
02 - This Is Hardcore (4 Hero Remix)
03 - This Is Hardcore (Swedish Erotica Remix)
04 - This Is Hardcore (Stock, Hausen and Walkman's Remix)
Les remixes et Pulp c'est rarement le grand amour. Mais miracle ! Pour la plus belle
chanson du groupe les remixes sont réussis. Enfin presque.... le 4 Hero Mix est
franchement insupportable et anodin. Par contre les deux suivants rendent le single
indispensable. Le Swedish Erotica Remix part dans tous les sens et bruisse de sons
délirants. Dantesque ! Et le dernier est encore plus hallucinant. Une sorte de cartoon de
folie qui métamorphose totalement la chanson de départ, une boucherie pour une fois
totalement délicieuse et originale. Grandiose !
This Is Hardcore - album - (1998)
01 - The Fear
02 - Dishes
03 - Party Hard
04 - Help The Aged
05 - This Is Hardcore
06 - TV Movie
07 - Little Soul
08 - I'm A Man
09 - Seductive Barry
10 - Sylvia
11 - Glory Days
12 - The Day After The Revolution
LE chef-d'oeuvre absolu de Pulp ! Le 3e et le plus indispensable des indispensables du
groupe ! Le début d'une nouvelle période. Finis les cartoons, fini Russell Senior, fini
les concessions, fini le cholestérol (ah non ça c'est The Day After The Revolution....).
This Is Hardcore est un album fabuleux, riche et bouleversant. La noirceur de Freaks est
de retour sans que pour autant les années plus kitsch soient totalement oubliées. De
cette symbiose naît un monument impressionnant et magique. Tout Pulp est à son plus haut
niveau. Jarvis y délivre ses meilleurs textes, il y chante de manière parfaite, la
musique est variée, l'ensemble mélange toutes les émotions. This Is Hardcore, l'album,
est à la fois triste et plein d'espoir, nostalgique et tourné vers le futur, violent et
tendre, réaliste et rêveur, sombre et lumineux, ironique et sérieux, humain et cynique,
douloureux et salvateur... Un des plus grands disques de cette fin de siècle, et toc !
En
détails cela donne une ouverture tétanisante avec un The Fear formidable, du niveau de
Freaks (et la production de Chris Thomas est toujours aussi clouante). La chanson est
dure, le refrain est emphatique et torturée, les sons plus froids, le ton est donné
("You're Gonna Like It, But Not A Lot"). Dishes est une ballade simple et tout
repose sur Jarvis qui chante divinement bien, mais qui délivre avant tout quelques unes
de ses meilleures répliques ("I am not Jesus though I have the same initials",
"i am the man who stays home and does the dishes").
Party Hard est facilement
comparable à du Bowie (Jarvis en donnant une troublante imitation) mais c'est surtout un
pur morceau Rock/Disco boule d'énergie. L'album est lancé en douceur et enchaine sur la
trilogie parfaite, carrément trois des meilleurs morceaux du groupe.
Help The Aged (et
son riff proche de celui de Creep de Radiohead... on peut avoir pires références...) est
un délice pop/rock qui nous rappelle qu'un jour nous aussi serons "vieux"
("In the meantime we try to forget that nothing lasts forever", "funny how
it all falls away"). Superbe.
Vient le monument de l'album, la plus belle
chanson de Pulp (à égalité avec Inside Susan), This Is Hardcore. Une pièce montée d'une richesse infinie, d'un lyrisme
hallucinant, grandiose et émouvant. Impossible de décrire cette merveille entièrement
fondée sur différents climats qui se mélent et se percutent pour former l'une des plus
sublimes chansons qu'il m'ait été donné d'entendre.
TV Movie est une ballade triste,
simple en apparence mais d'une complexité mélodique passionnante. En fait c'est un peu
la suite émouvante et réaliste de Something Changed, même simplicité, mais ce n'est
plus la rencontre qui est racontée, c'est la séparation et l'absence ("why prentend
any longer ? cause i need you here with me" "is it a kind of weakness to miss
someone so much ?" toutes les paroles sont à citer). Bouleversant car intemporel.
A
Little Soul est une confidence d'un père à son fils, là aussi l'émotion fait beaucoup
("you look like me but you're not like me at all", "wish i could show a
little soul"), la musique est simple mais efficace. Beau.
I Am A Man est le seul tube
"cartoonesque" de l'album (et d'ailleurs il ne sortira même pas en single, This
Is Hardcore étant un pur suicide commercial), les paroles sont excellentes (encore et
toujours) ("Can I ask you just why we're alive ? Cause all that you do seems such a
waste of time" "and if you hang around too much you'll be a man"
"that's what i am") et le refrain est gros comme un Disco 2000. Délicieux.
Seductive Barry est une longue chanson risquée, très 70's (John Barry n'est pas loin...
Barry White non plus...), peut-être le seul point faible du disque.
Sylvia est encore un chef-d'oeuvre, très émouvant, les paroles rappellent celles de Disco 2000 mais la
musique est encore plus magique. Nostalgie, tristesse et espoir font de cette Sylvia un
classique instantané ("Keep believing and do what you do, cause i know that you
deserve better." "I'm sorry Sylvia"). Grandiose !
Glory Days est aussi un
monument de nostalgie lumineuse (l'album devenant plus positif vers sa fin). Jarvis fait
un constat sur son passé, l'âge de raison est loin derrière, il est temps d'évoluer.
Tout l'album est là. Les choses changent. Et Pulp aussi.
The Day After The Revolution est
là pour le confirmer. La Révolution a eu lieu, en direct dans nos conduits auditifs.
Cette chanson entre douceur pulpienne période Different Class et refrain période Freaks
fait la liaison entre toutes les époques du groupe pour démontrer la nouvelle voie
empruntée par la bande à Jarvis. Pulp est Grand, très Grand et Jarvis Cocker est son
prophète. Et c'est sur des paroles fabuleuses ("Irony is Over, Cholesterol is over,
etc...") que s'achève ce qui restera un des plus grands moments de la décennie
musicale et qui surtout qui donnait à espérer de futurs nouveaux immenses chefs-d'oeuvre
de la part du meilleur groupe pop anglais de son temps. Inutile donc de préciser une nouvelle
fois que This Is Hardcore est un disque indispensable à toute discothèque digne de ce
nom.
A Little Soul part 1 - single - (1998)
01 - A Little Soul
02 - Cocaine Socialism
03 - Like A Friend
Etonnant choix de nouveau single avec l'un des titres les moins évidents du déjà
difficile This Is Hardcore. Avec le temps on réalise évidemment combien ce A Little Soul
est touchant et personnel, mais sa sortie single est dans la direction de "suicide" commercial
prise par le groupe. Les deux face B sont évidemment exceptionnelles. Cocaine Socialism
est musicalement une variation sur Glory Days mais vaut surtout par ses paroles féroces
envers Tony Blair (Jarvis étant un des plus grands déçus du "socialism"
generation next). Mais c'est l'hallucinant Like A Friend qui fait de ce single un pur
indispensable. Enregistré pour coller parfaitement à l'une des scènes du film (raté)
Great Expectations, la chanson fonctionne bien mieux toute seule. La première partie est
une pure balade lyrique pulpienne mais la seconde moitié du morceau est une soudaine
accélération saisissante digne d'un Common People anthologique. Une pure merveille qui
aurait eu sa place sur l'album.
A Little Soul part 2 - single - (1998)
01 - A Little Soul
02 - A Little Soul (Lafayette Velvet Revisited Mix)
03 - That Boy's Evil
A part l'excellente chanson titre ce deuxième single s'avère moyen et largement plus
dispensable que la première partie. Le remix de Kid Loco est très bof, dommage. Par
contre That Boy's Evil est un délire original et dynamique qui rappelle certaines folies
des premières face B de Pulp. Pour ce simple morceau le single s'avère fort
recommandable.
Party Hard part 1 - single - (1998)
01 - Party Hard
02 - We Are The Boyz
03 - The Fear (The Complete And Utter Breakdown Version)
La chanson titre est une réussite dynamique et
envoûtante, sans problème, mais ce
n'était pas le single le plus évident de l'album. Il est donc normal que Pulp dans sa
logique d'anti-succès l'ait sortie en single. We Are The Boyz chanson figurant sur la BO
de Velvet Goldmine est elle aussi une perle de Rock Pulpien. Par contre la nouvelle
version de The Fear n'apporte rien à l'originale déjà parfaite. Un single dispensable
mais réussi grâce à We Are The Boyz.
Party Hard part 2 - single - (1998)
01 - Party Hard
02 - Party Hard (Stretch 'n' Verns Michel Lombert Remix)
03 - Party Hard (I Hardly Part Mix)
Une nouvelle preuve que les remixes et Pulp font souvent 2 (si ce n'est plus). En fait
les deux mixes sont honorables. Surtout le deuxième par les All Seeing I. Mais ils sont
assez dispensables. Juste pour les fans.
The Park is Mine - video live - (1998)
Après la réédition de This Is Hardcore augmenté d'un deuxième disque comportant
des titres lives frustrants (bah oui, quand on a déjà l'album on est obligé de
l'acheter en double), cette vidéo live arrive comme une bénédiction. Et c'en est une.
Enregistré à Finsbury Park devant un public phénoménal et motivé, ce live est...
(suspens).... INDISPENSABLE ! Très long, une bonne heure et demie. Magnifiquement filmé. Le groupe est
au top de sa forme. Les titres joués sont tous fabuleux, en fait c'est la quasi
intégralité de This Is Hardcore qui y passe. Seuls quelques morceaux des deux disques
précédents se faufilent dans le colosse Hardcore (un sorted for e's & wizz
provocateur en diable, un do you remember the first time impressionant, un common people
hallucinant comme d'habitude en live et au final un something changed magique). Le reste
c'est du Hardcore pur et dur et très rock. Si si ! Pulp Rocks !!! La guitare sur The Fear
donne le ton en entrée de jeu, c'est du Pulp sérieux, du Pulp Hardcore. Et la suite est
purement extraordinaire. Un Seductive Barry à la tombée de la nuit, un TV Movie tout en
finesse, un Help The Aged de folie, un This Is Hardcore qui dépasse les mots... C'est
vital, bien sûr. |
The Trees / Sunrise - single - (2001)
01- The Trees
02- Sunrise
03- The Trees (Felled by I Monster)
Le single
annonciateur de l'album We Love Life. Une double face A de toute beauté. The
Trees est une chanson qui met en avant la production du grand Scott Walker.
Quant à Sunrise, véritable testament du groupe, c'est un monument épique qui
donne envie de sauter dans tous les sens. Superbe pochette. Remix inutile, comme
toujours.
Sunrise / The Trees - single - (2001)
01- Sunrise
02- The Trees
03- Sunrise (Fat Truckers/Scott Free Mix)
Le même single que précédemment
ou presque. Sunrise et The Trees sont justes inversés dans l'ordre des pistes.
Le remix est tout aussi indigent. La pochette est encore une fois superbe. Quant
aux chansons titres, elles se passent de mes mots.
Bad Cover Version part 1 - single - (2002)
01- Bad Cover Version
02- Yesterday
03- Forever In My Dreams
Le single d'adieu de Pulp pourrait
être l'un de leurs plus faibles, s'il n'y avait pas les faces B. En effet Bad
Cover Version manque grandement de l'énergie et de la créativité d'antan. Il
reste une jolie mélodie (de Candida). Mais ce sont les bonus qui font tomber à la renverse.
Yesterday est une très belle chanson pleine d'espoir. Mais c'est surtout
Forever In My Dreams qui sonne comme les mots d'adieu de Jarvis. Simplement
bouleversant. Single vital.
Bad Cover Version part 2 - single - (2002)
01- Bad Cover Version (Video Mix)
02 - Disco 2000 (Nick Cave)
03- Sorted ? (Roisin Murphy)
La mauvaise version de Bad Cover
Version. Des sosies chantent en lieu et place de Jarvis. C'est hilarant, mais
c'est juste un gag. Humour encore avec Nick Cave reprenant en valse molle du
genou l'ultra dynamique Disco 2000. Drôle mais ennuyeux. Sorted ? ne tient pas
les promesse folles d'une rencontre entre Pulp et Moloko. Roisin Murphy chante
à peine et c'est bien dommage. La partie dispensable du dernier single du
groupe. Achetez Forever In My Dreams !
Bad Cover Version - DVD - (2002)
01 - Bad Cover Version
02- Bad Cover Version (Video)
03- Making The Video
Unique DVD single de la carrière
du groupe, Bad Cover Version propose le clip hilarant accompagnant la sortie du
single. Des sosies de stars de la musique se suivent pour le meilleur et pour le
rire. Certains moments sont à se rouler par terre. En particulier un David
Bowie en transe, un Meat Loaf troublant de réalisme et un gag avec Cher
particulièrement savoureux. A ne pas manquer : l'apparition finale de Jarvis en
Brian May. Grandiose. Le making of, par contre, est totalement frustrant.
We Love Life - album - (2001)
We Love Life de Pulp est le meilleur album de l'année 2001.
Voilà.
J'avais rédigé une longue chronique
ayant pour but de comparer cet album avec le reste de
la discographie du plus grand groupe de rock anglais (Pulp, donc, faut suivre les enfants
!). Mais oui, mais non. J'en ai vraiment marre de radoter toujours la même chose. A force
de hurler au Chef-d'uvre à tout bout de champ, à mettre des 20/20 partout (euh...
4 disques 20/20 sur un an ? Finalement c'est pas tant que ça), à force de superlatifs et
de références pour nerds, j'ai dû lasser tout le monde. Et là il faut être
raisonnable et direct :
We Love Life de Pulp est le meilleur album de
l'année 2001.
Et c'est un chef-d'uvre.
Dedans il y a l'énergie folle de
Weeds, l'errance réaliste et fascinante de Origin of the Species, la douleur nue de
Minnie Timperley, la poésie gracieuse de The Trees, les souvenirs bouleversants de
Wickerman, la puissance traumatisante de I Love Life, la légèreté jouissive de The
Birds In Your Garden, la magie de Bob Lind, la magnificence pop de Bad Cover Version, la
souffrance sublime de Roadkill et le final hallucinant et génial de Sunrise. En clair, il
y a un This Is Hardcore (le duo tétanisant Wickerman/I Love Life), il y a un Something
Changed (Roadkill), il y a un Disco 2000 (Bad Cover Version), il y a des murmures (Origin
Of The Species) et des histoires lyriques (Wickerman)... Tout ce qu'on aime chez Pulp est
dans We Love Life. Et Dieu sait que l'on aime Pulp. Le groupe le plus cher à notre
cur, le groupe à jamais à part, incomparable, unique.
Et les rumeurs ont tort,
définitivement tort. Ce n'est pas le dernier album de Pulp. Ca ne se peut pas. Jamais
Jarvis ne nous laissera tomber, de toute façon. Le meilleur parolier (et de loin) de la
planète ne pourra jamais nous laisser orphelin. Il nous a offert 11 textes d'une force
extraordinaire, 11 chansons qui sont toutes (toutes !) des sommets et qui parviennent
toutes (toutes !) à être émouvantes d'une façon ou d'une autre. Affolant, trop grand,
trop fort, ah zut ça y est je repars dans les superlatifs. Mais enfin ! Cet album est
produit par LE Scott Walker (Tilt !!), 53 minutes qui semblent n'en durer que 15, il y a
des cordes, des churs, des riffs hénaurmes, des rythmiques irrésistibles, de
l'humour et des larmes. Il y a Jarvis Cocker, sa voix, ses paroles, son charisme, sa vie.
Tout simplement.
Pulp a toujours été une
"different class" des autres, de tous les autres. Avec cet album aussi bon que
leurs précédents (il suffit de se rapporter à ma page dédiée au groupe pour bien
comprendre), ils nous offrent une nouvelle échelle vers le paradis. Presque du niveau
de This Is Hardcore (qui était une échelle vers l'enfer), We Love Life (titre choisi après les
attentats du 11 septembre) est aussi bien que cela. Les mots d'Edwood ne sont pas à la hauteur. We
Love Life est un disque vital. Vous pouvez ne plus me croire, après tous les torrents
d'enthousiasme que j'ai déjà déversé à tort et de travers. Mais si vous passez à
côté du meilleur album depuis au moins trois ans (depuis... hum... This Is Hardcore),
j'en suis plus que désolé pour vous.
Wickerman déverse la rivière de la
mémoire, la rivière de la vie, dans les enceintes. On se sent minuscule, on se sent
protégé, on se sent en compagnie d'un ami si cher, on se sent bien. Au moment où le
monde semble s'effondrer dans la guerre, le malaise généralisé, la violence, la
bêtise, le cynisme, la déprime, We Love Life est la lueur au bout du long, long, long
tunnel. Oui monsieur Cocker, on se battra jusqu'à la mort pour avoir le droit de vivre
notre vie. |
Hits
- compilation - (2003)
Le
meilleur groupe anglais des années 90, qui détient, d'après moi, bien sûr,
un nombre de records musicaux assez impressionnants (meilleur vidéo clip pour
This Is Hardcore, meilleur single pour Common People, meilleur chanson pop-rock
des 90's pour Razzmatazz, meilleur album de la seconde moitié des 90's pour
This Is Hardcore, meilleur textes de tous les temps, meilleure chorégraphie
d'un chanteur, etc...), quitte Island, la maison de disques qui l'hébergeait
depuis Intro. En quittant Island, Pulp quitte aussi et pour le meilleur,
Universal Music, mais risque aussi, pour le pire du pire, de nous quitter définitivement.
Ne le cachons pas, ce "Hits" sent le sapin, la dernière liquidation
avant fermeture. Même si on connaît toutes les chansons du disque par cœur
jusqu'à l'overdose pour certaines d'entre elles (à part l'inédit et
emphatique Last Day Of The Miner's Strike), Hits nous permet de faire le bilan
des dix années chez Island et de s'offrir un merveilleux voyage dans le temps.
Il n'y a pas à
dire, les débuts de Pulp chez Island correspondent à une explosion créatrice
incroyable. De la période Intro et His'n'Hers, il n'y a rien à jeter.
Absolument rien. La moindre face B enfonce tous les albums pop-rock concurrents.
C'est à la fois dynamique et mélodique, cynique et émouvant, cruel et drôle.
Toutes les chansons tiennent du miracle et sont des classiques indémodables.
Sur Hits, les quatre singles présents, du mythique Babies au non moins mythique
Do You Remember The First Time en passant par l'hallucinant Razzmatazz et le
spectorien Lipgloss ; ces quatre singles touchent les étoiles sans la moindre
faiblesse. On peut danser dessus, on peut rire dessus, on peut pleurer dessus,
on peut réfléchir dessus, on peut chanter dessus, on peut tout faire avec ces
chansons. A cet instant, Pulp est bien LE plus grand groupe de la planète.
La période
suivante est celle de Different Class et aussi celle de la consécration
publique, critique (déjà bien entamée avec His'n'Hers et son Mercury Prize)
et universelle. Common People, sans doute la chanson la plus connue du groupe,
bat le Scream de Michael Jackson dans les charts anglais et devient l'hymne
d'une époque, voire d'une génération. Un monument historique qui n'a rien
perdu de son efficacité à tous les niveaux. La pop la plus parfaite doublée
de textes ironiques, justes, intelligents, touchants. Mais que demander de plus
? Sorted For E's & Wizz fit scandale en son temps, à l'intérieur du single
on apprenait comment réaliser une pochette à acide. En même temps, la chanson
ne laisse pas beaucoup de place au doute. Jarvis Cocker parle de la drogue et
des "techno parties" qui peuplaient les 90's, avec un humour qui dératise
et une profondeur qui ne se cache que pour mieux frapper dans le mille. On
notera l'absence du jumeau de Sorted, Mis-Shapes, que Jarvis n'aime plus. Tant
pis. De toute façon il faut acheter tous les albums. Disco 2000, sous ses
aspects de Lost In The Supermarket discoïde est transcendé par des paroles
d'une nostalgie ironique comme seul Jarvis peut en écrire (et en chanter).
Quand le "tube" devient la synthèse entre Il Etait Une Fois En Amérique
et Ed Wood. Aussi désespérant que joyeux. La perfection. Et je ne vous parle même
pas des clips, les plus réussis de l'histoire du média, car le DVD sort en décembre.
Enfin, la ballade qui assassine sur place, le gracieux Something Changed, vient
achever l'état de grâce du groupe.
La chute
n'en est que plus douloureuse. Finie la pop aussi triste que gaie, la descente
se nomme This Is Hardcore et devient l'un des disques les plus sombres et
douloureux de la Création. Le premier single, le monstrueux Help The Aged, dopé
par un riff qui cisaille, nous dit, toujours avec le même humour à froid, que
tout vieillit et que tout disparaît. Le début de la fin pour le groupe à
Jarvis. Le single suivant, le bien nommé This Is Hardcore, est aussi le chef-d'œuvre
de Pulp. Mais contrairement aux singles de His'n'Hers, ici rien de dansant ou de
pop. This Is Hardcore est une fresque complexe, étouffante, violente, qui fait
mal. Peut-être la meilleure chanson des 90's. Rien que ça. Ouf. Sous des
dehors plus légers, les deux autres singles de l'album, A Little Soul et Party
Hard, n'en sont pas moins excessifs. En particulier le humain, trop humain, A
Little Soul qui ne cesse de rappeler que l'album aussi se nomme This Is
Hardcore. La légèreté du groupe s'est enfuie, l'introspection devient la
norme, aie ouille, aie aie aie. Mais le génie demeure, inaltérable.
We Love
Life est un testament tardif qui, rétrospectivement, n'est pas à la hauteur de
ce qui a précédé. En particulier le single Bad Cover Version, qui, s'il n'y
avait pas le clip hilarant, aurait presque fait tache dans la discographie du
groupe. C'est du Pulp auto-parodique, mais sans sa verve (aussi bien au niveau
des textes que de la musique) légendaire. Jarvis fait son Sleepy Hollow, il
fait ce que les gens attendent de lui et met en pratique ce qu'il dénonçait
avec un talent clouant sur la face B, The Professionnal. Par contre The Trees
demeure un bel exercice aérien et poétique. Quant au fastueux Sunrise, il
sonne comme un adieu d'un lyrisme tel que l'on ne peut que rester admiratif et
reconnaissant pour le restant de nos jours. L'inédit Last Day Of The Miner's
Strike persiste et signe dans la veine grandiose de We Love Life. C'est une pièce-montée
qui résume les dernières orientations du groupe et parvient une nouvelle fois
à nous faire vibrer. Et oui, c'est peut-être un testament.
Il est
possible que Pulp continue et il serait de toute façon étonnant que Jarvis se
taise. Mais la fin du contrat avec Island correspond à une période de remise
en question pour le groupe. We Love Life n'avait pas tenu toutes ses promesses
et depuis This Is Hardcore, Pulp est un groupe blessé qui n'arrive plus à
retrouver la formule magique pop et acide de Razzmatazz. La douleur des grands
artistes peut nous donner This Is Hardcore, mais elle ne peut pas nourrir éternellement
la plume. Bien sûr, sur We Love Life il y avait des chefs-d'œuvre qui
rivalisaient sans problème avec le passé. Comment ne pas considérer
Wickerman, I Love Life et Sunrise comme des monuments personnels et d'une sincérité
renversante ? Mais Pulp a tout dit et tout fait. Il leur reste maintenant à se
réinventer. Car pour rester le plus grand groupe du monde il faut se remettre
en question à chaque fois que l'on saisit le micro et que l'on monte le volume.
Hits permet de vérifier
à quel point Pulp a marqué, voire changé, une époque. Sans doute peu en
dehors des frontières de l'Angleterre, mais finalement, les Clash des 90's ce
furent eux. Vous devez acheter les albums, bien sûr, ce Hits ne servira qu'aux
feignants et aux complétistes (car l'inédit vaut de l'or). Mais l'essentiel
est de pouvoir évoquer Pulp, encore et toujours, le groupe qui à chaque fois
que l'on met leur disque dans la platine (c'est à dire à peu près tous les
jours), change le monde, change la vie, rend plus triste, plus heureux, plus
intelligent, plus humain, plus pulpesque.
Anthology - DVD - (2003)
Les rues
de Paris ne sont plus sûres, pour citer, encore, du Desproges. En effet, on ne
peut plus y flâner en paix sans risquer d'y tomber nez à nez avec un Jarvis
Cocker en liberté, en plein shopping avec Madame. Ce qui est arrivé à votre
serviteur pas plus tard que cette semaine. Outre le choc émotionnel qui conduit
forcément au bord de l'évanouissement, voilà qui prouve par l'expérience que
Jarvis a bel et bien quitté son Angleterre natale pour rejoindre nos riantes
contrées. Pulp n'existe plus, à cet instant, début 2003, c'est indéniable.
Mais on a du mal à y croire. Croire que l'éternel "loup des steppes"
qu'est monsieur Cocker vient juste de se marier et s'apprête à devenir un père
fort digne. Le temps des histoires de mères célibataires et de sexe semble,
peut-être, révolu. Mais qu'importe ! Il nous reste 20 ans de discographie
pulpienne et en cadeau final cet incroyable DVD qui regroupe presque toutes les
images connues du groupe.
Tout est
là. Tous les clips (manque à l'appel Like A Friend, dont on voit pourtant
quelques extraits du making of dans les Home Movies), beaucoup de bouts
hilarants d'apparitions TV, des images volées par l'un ou l'autre des membres
du groupe, les documentaires mythiques, des lives, des bonus, plein, plein,
plein de choses pour plus de trois heures et dix minutes de la plus belle
musique pop du monde. Quand on se retrouve face à tout cela, à tous ces
souvenirs, à toutes ces émotions, à tout ce talent qui vous met le cul par
terre en permanence, on se dit que le meilleur groupe encore en activité ne
peut pas mettre la clef sous la porte. Que va-t-il nous rester, à nous les
"pulp fans" ?? Où allons-nous trouver la verve unique des Razzmatazz
et des Help The Aged ?? Où ? Vers qui nous tourner ?? Allons-nous pouvoir
survivre à écouter, réécouter, encore, encore, encore, tous ces disques que
nous connaissons par cœur, mais qui pourtant s'offrent à nous à chaque fois
sous un jour nouveau.
Le cri
d'amour se fait hurlement, tant il sonne comme un adieu. Anthology est une
grande braderie avant fermeture. L'univers de Pulp se donne à nous comme
jamais, mais peut-être aussi pour la dernière fois. Une ultime nuit de passion
folle sans lendemain. Alors, oui, il y a dans ce DVD les plus beaux clips du
monde. Le tournoiement, éternel recommencement, de Do You Remember The First
Time ; la petite histoire banale et exceptionnelle de Disco 2000 ; le sublime
cinématographique et philosophique de This Is Hardcore ; l'humour un peu
potache de Bad Cover Version. Oui, il y a les plus fantastiques chansons du
monde. L'énergie nostalgique de Babies, la perfection acerbe de Razzmatazz,
l'efficacité culte de Common People, la grâce de Something Changed, l'éveil
de Sunrise... Tout cela servi par des personnalités hors normes. De la classe
vraiment différente de Jarvis Cocker au sourire triste et doux de Candida
Doyle.
Ce DVD
synthétise tout ce que l'on aime en Pulp. Et Dieu sait que j'aime ce groupe. En
même pas dix ans, il est passé de mon coup de cœur de la saison au statut de
groupe favori. Ca y est, les dés sont jetés, tout le monde s'en fiche mais les
Pixies sont dépassés, Pulp est le groupe préféré d'Edwood. Il aura fallut
une décennie, mais c'est au bord de la tombe que se construisent les mythes. Et
si Jarvis, je le confirme, est bien vivant, le chemin de Pulp vers la légende
commence dès aujourd'hui. Mais bon, vous n'êtes pas obligés d'être aussi
atteint que moi, hein, faut le dire. Mais vous pouvez toujours acheter ce DVD,
non, quand même, parce que ce serait dommage de passer à côté. Ou alors vous
n'avez rien à cirer de la musique pop. Mais Pulp c'est bien plus que de la
"pop", c'est un mode de vie, un style, une philosophie, que dis-je une
philosophie ! C'est une pulsion de vie ! Mais je n'ose pas imaginer que vous ne
puissiez pas aimer Pulp. Non, non, je ne l'imagine pas. Et si c'est le cas, une
bonne cure de Inside Susan (la plus belle chanson de tous les temps, enfin, au
moins pour ce soir), trois fois par jour pendant une semaine, devrait arranger
votre état. |
Pulp Ultimate Live - compilation live - (2005)
After You - single - (2013)
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