Un groupe peut-il figurer dans toutes les discothèques idéales pour seulement une chanson ? Evidemment, bien sûr, oh combien ! Dans le cas de Saint Etienne, ce serait réducteur de limiter un trio aussi respectable et influent à un morceau unique. Pourtant, il y a une symphonie de poche, la miniature pop ultime, l’une des plus belles chansons du monde. Avenue. Un peu plus de 7 minutes logées au cœur de leur meilleur album (So Tough). Un idéal de musique, le miracle dont rêve tous ceux qui se sont un jour engagés sur la voie de la composition. Tout est là. Absolument tout. En résumé. Tout ce qui fait qu’on aime les Beatles, les Beach Boys, les productions Phil Spector, les Kinks, Abba, Pulp et j’en passe. Tout semble concentré dans Avenue. Les gimmicks, les interludes, les textes, la joie et la mélancolie, l’amour et la solitude, les souvenirs et les songes.
« Young heart », murmure Sarah Cracknell sur le refrain le plus simple et le plus accrocheur de l’histoire de la pop. Sa voix à la Deborah Harry est pour beaucoup dans le charme de Saint Etienne, mais gloire soit rendu au duo derrière cette musique : Bob Stanley et Pete Wiggs. Pas toujours parfaitement inspirés quand il s’agit des arrangements (des lourdeurs dance supportant mal le poids des ans), les deux compères savent généralement préserver les mélodies et la fraîcheur des chansons. Leur travail est essentiel et sans cesse redécouvert.
Et vous savez le meilleur ? Sur So Tough, Avenue est immédiatement suivi par You’re In a Bad Way, encore un chef-d’œuvre. Puis par Hobart Paving, toujours un sommet de la musique moderne. Trop ? Plongez-vous dans les compilations majeures (Too Young To Die et Smash The System) au milieu de choses un peu anodines ou ayant mal vieillies, les trésors scintillent de partout. Culte Saint Etienne ? Evidemment, bien sûr, oh combien !