Jin-Roh, la brigade des loups
de Hiroyuki Okiura
Ce nouveau chef-d'oeuvre (décidément) issu des studios
d'animation japonais. Jin-Roh, à un mois de l'an 2000, a désormais de fortes chances
d'être le meilleur film sorti en France en 1999 (même si Center Stage sort le 1er
décembre). C'était prévisible, mais c'est toujours aussi miraculeux. Okiura n'est pas
un inconnu, il a collaboré avec Otomo et Oshii (pour donner un ordre d'idées, c'est un
peu comme s'il avait été l'assistant de Kubrick et de Laughton). Jin-Roh est son premier
long-métrage en tant que metteur en scène, un dessin animé entièrement fait à la main
(mais je vais y revenir). Le scénario est de Mamoru Oshii (LE Oshii, celui de Ghost In
The Shell) et cela se remarque très rapidement. Jin-Roh est un mélange parfait entre une
ultra-complexe histoire de politique fiction (les opposants au régime totalitaire,
l'armée, la police, les paramilitaires, tout le monde se tire dans les pattes, au sens
propre comme au sens figuré) et un conte de fée. Dans De Beaux Lendemains, c'était le
Joueur de Flûte, ici c'est le Petit Chaperon Rouge. Bon, il faut l'avouer, par moment la
symbolique s'avance avec une évidence à la limite de la redondance. Mais la retenue, la
lenteur parfaitement gérée, la grâce qui habitent l'oeuvre ne laissent pas le temps de
s'arrêter sur la lourdeur de certaines images. Bien au contraire. Comme pour Ghost In The
Shell, tout semble couler de source.
En clair, Jin-Roh contient : des scènes
d'action rares, ce qui renforce logiquement leur puissance et leur magnificence
(accrochez-vous pour le final dans les égouts, vous allez être secoués). Tout le
contraire de films comme Matrix ou Star Wars 1, quand la surenchère détruit tout
émerveillement, dans Jin-Roh la moindre apparition des fameuses tenues de combat (Dark
Vador n'est pas si loin, en plus) est toujours un choc. Des scènes de dialogue longues,
complexes ou faussement anodines, limite maniérées par endroit (mais j'ai bien dit :
limite !). Une beauté formelle à tomber à la renverse. Des décors hérités de Ghost
In The Shell, toujours aussi sublimes, ainsi que des scènes qui ont déjà prouvées leur
efficacité (le tramway sous la pluie... on ne s'en lasse pas !). Une animation de folie
pure (entièrement à la main et en reproduction de mouvements d'acteurs réels). Une
musique tétanisante (le minimum, donc, le minimum maximum...). Et une progression dans
l'émotion qui se nourrit brillamment de la complexité des relations entre les
personnages principaux et des rebondissements fichtrement malins (ce n'est pas Perfect
Blue, mais presque...). Moins ambitieux que Ghost In The Shell, moins prophétique, Jin-Roh aborde néanmoins une réflexion sur l'humanité qui n'est pas loin d'être aussi
profonde que celle du film d'Oshii. Dans GITS on se demandait beaucoup : qui sommes-nous ?
d'où venons-nous ? où allons-nous ? Dans Jin-Roh la question centrale et explicite est :
pourquoi ? Un pourquoi des actes humains, un pourquoi des sentiments, un pourquoi bien
souvent sans réponse. Formidable, forcément formidable. Dans un an, Jin-Roh ne sera pas
loin d'avoir pris les mêmes proportions que Ghost In The Shell. Vous êtes prévenus, ce
film ne vous quittera jamais plus. |
Fight Club
de David Fincher
Premièrement, stoppons les idées fausses
: Fight Club n'est définitivement pas ultra-violent, loin de là, on a vu bien pire. Fight Club n'est pas dangereux, il est jouissif. Fight Club n'est pas clippé, pas mode,
au contraire, finalement c'est formellement un très beau film, qui risque de plutôt bien
vieillir une fois la mode MTV passée. Fight Club c'est du divertissement qui sort de
l'ordinaire et c'est tellement rare. (à part dans le cinéma asiatique, bien sûr)
Ce qui est vrai, par contre : Fight Club est un p***** de bon film
!
On s'amuse, de l'humour noir, de l'humour potache,
de l'humour partout. Et, c'est un grand cynique qui vous le dit, c'est un plaisir de
cynisme pur ce film, c'est l'anti-Matrix. Dans Matrix on nous balançait, sans rire :
"faut péter la société qui est illusion, faut pas hésiter à en venir au
terrorisme, la vérité est en toi, etc...", ça OK c'était dangereux. Dans Fight
Club, tout le monde est renvoyé dos à dos, c'est le bordel, et quand au final monte
lentement la voix sublime de Black Francis, on est heureux, ah le putain de bon film.
C'est ludique, c'est parodique, c'est bourrin, c'est n'importe quoi, on ne s'ennuie pas
une seconde, le message on s'en tamponne, et c'est tant mieux. Le message de Fight Club ?
Rien n'est bien, tout est pourri, Et alors ? On
rigole de l'esthétique clip, on rigole de la pub, on rigole de la mode, on rigole de tout
et même de soi-même.
Alors pour le prix d'une place de cinoche on a : du visuel, des supers
acteurs (Meat Loaf est tordant, ah le grand bonhomme), de l'action pas totalement stupide,
du pur spectacle hollywoodien ORIGINAL (et pas pompé sur le cinéma asiatique, pour une
fois !). Ah bon sang de bois, le voilà le grand film Hollywoodien plein de merchandising
de 1999. Avec une morale impeccable : tout le monde est dingue et puis c'est tout ! On se
croirait en plein Terry Gilliam.
En plus, c'est terrible, je ne sais pas si c'est à cause du
générique de fin (ah ! les Pixies,
ah que j'en peux plus, il l'a fait exprès juste pour moi Fincher) ou si c'est parce que
le film est vraiment excellent, mais je n'ai qu'une envie, c'est de le revoir. |
Une Histoire Vraie
de David Lynch
Merveilleux conte réel, The Straight Story brille par une
évidence, une pureté, une délicatesse miraculeuses. Le seul problème que l'on puisse
noter c'est qu'il n'y a rien à dire sur The Straight Story, à part : allez le voir. Ce
film va changer votre vie (peut-être pas tout de suite mais dans 20 ou 30 ans vous
comprendrez).
Ici, tout est lumineux, simple, pas de polémique possible, pas
d'interprétations délirantes. On accueille le film avec paix, avec Bonheur infini. Je me
plaignais qu'avec Lost Highway, Lynch finissait par tourner en rond. Avec Une Histoire
Vraie, il change totalement de ligne directrice, mais sans modifier son brio de mise en
scène et ses décors fétiches. Il est le seul à réussir ces lents mouvements de
caméra empreint de sérénité, il est le seul à savoir filmer ainsi les forêts et les
routes, il est le seul à magnifier l'intérieur des maisons rustiques. L'année du retour
de Terence Malick (La Ligne Rouge étant l'autre chef-d'oeuvre en état de grâce de 99),
Lynch délivre un film qui aurait très bien pu se nommer Les Moissons du Ciel. Plus
troublant encore, Sissy Spacek, qui avait trouvé chez Malick son premier grand rôle,
brille à nouveau de mille feux au cur du Lynch.
Émouvant sans la moindre once de démagogie, le film sait
éviter tous les écueils du mélo. La musique (sublime, forcément sublime) est utilisée
sciemment, la fin est géniale et même plus. Mieux qu'une histoire vraie, nous sommes en
présence d'une histoire exemplaire, au milieu du bruit et de la fureur, le metteur en
scène qui a su si bien démystifier la famille, le couple, la passion, offre ici un
message d'espoir, de paix, de grandeur d'âme, la beauté à son acme. The Straight Story traumatise par sa grâce et l'on sait pertinemment qu'avec le temps qui passe, il
deviendra un film de chevet. Une uvre pour le futur, un miracle pour la vie.
Une Histoire Vraie possède la simplicité d'un ciel étoilé
et la profondeur de ce même ciel vu par la caméra en état de grâce de Lynch. Le film
consensus de l'année 1999, sans aucun doute, mais c'est plus que mérité, c'est
évident, rien ne peut remettre en cause la réussite historique de cette uvre tout
"simplement" parfaite.
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L'Été de Kikujiro
de Takeshi Kitano
Dans nos contrées Kitano est victime d'un assez énervant
effet de mode. D'un coup toute l'intelligentsia a décrété qu'il était de bon ton
d'adôôrer Kitano (comme il est de bon ton de se pââmer devant les horreurs de la vaste
farce du Dogme danois). Je n'aime pas les effets de mode, même si, dans le cas de Kitano,
il peut sembler mériter. Premièrement cela ôte toute distance critique et la moindre
réserve sur l'Oeuvre fait passer pour un barbare. Deuxièmement, pourquoi Kitano et pas
Tsui Hark, qui le mérite tellement plus (on y arrive doucement, mais bon) ?
Troisièmement, il y a toujours un plaisir égoïste à aimer un cinéaste talentueux mais
méconnu, mais là, je chipote.
Kitano est un ancien comique potache de la TV japonaise, en
passant derrière la caméra il a délivré des films plutôt porté sur la tragédie et
la violence (Violent Cop, Kids Returns, Hana-Bi...) mais sans négliger un humour à froid
du plus bel effet. Issu d'une culture Kurosawesque, Kitano filme avec lenteur et un
magnifique sens de la contemplation. Malheureusement, parfois il est bien trop indulgent
avec lui-même et ses uvres paraissent durer le double de leur temps réel. Mais il
y a une passion et un cur chez Kitano qui transcendent même les fautes de goût (la
musique de Hana-Bi qui réussit presque à couler le film).
Avec l'Eté de Kikujiro, Kitano lorgne sur la copie de Chaplin
et de Keaton mais sous l'égide d'une sensibilité asiatique pleinement maîtrisée. On
pense aussi beaucoup à Tati (c'est un peu "l'été de mon oncle"), avec bien
évidemment une ambition et une dimension moindres, mais la finesse est la même. Je
prends des risques mais je crois que Kikujiro est son meilleur film. Car la tragédie fait
désormais corps avec l'humour et la poésie, au point que l'alchimie touche à la
perfection. Le film est diantrement drôle, délicatement émouvant, poétique en
permanence... On ne s'ennuie pas une seule seconde (c'est déjà une bonne nouvelle).
Kitano est grandiose, son personnage, que l'on imagine ancien Yakuza, est anthologique. On
sent que la majorité des situations est improvisée et cela donne une incroyable symbiose
entre perfection plastique et dérisoire apparent des scènettes. De plus, et ce n'est
vraiment pas rien, la musique de
Joe Hisaishi, compositeur fétiche de Miyazaki (rien que ça !), est tout simplement
sublime. Le thème principal étant, pour le moment, le plus beau entendu en 1999 dans les
salles obscures. Tout concours à faire de Kikujiro une pure merveille, pas très
éloignée finalement des Chefs-d'Oeuvre de Tati (enfin, au niveau des méthodes de
tournage, oui, mais au niveau de la thématique et de la sensibilité, non). Grand petit
film, futur classique.
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Star Worst, Episode 1, La Menace Fantoche
de George Lucas
J'en sors juste, ce sont mes impressions à chaud, je vous le
dis tout de suite : je suis HORS DE MOI, comme jamais je ne l'ai été à la sortie d'un
film. Ce que je vais dire sort plus que du cur, ça sort des tripes (donc ce n'est
pas joli à voir, me direz-vous). Je sais que l'on va me dire que j'y suis allé bourré
de préjugés (ce qui est totalement faux, je voulais du spectacle, je ne demandais qu'à
retrouver l'émerveillement de ce CHEF-D'OEUVRE qu'est Le Retour du Jedi (je viens de le
réévaluer en flèche). Je sais que l'on va me dire que je suis un sale élitiste, un
sale con, que je ne sais pas rêver, etc... Je sais que quoi que je dise je serais le
méchant de l'histoire. Mais je vais m'exprimer quand même.
Ce film est pourri, infâme, minable, ignoble. Si c'est vraiment
l'accomplissement de l'imaginaire de Lucas, je l'affirme, ce gars est un ABRUTI. Non je ne
me modérerais pas. Ce film ressemble à une parodie dégoûtante de tout ce qui fait la
magie Star Wars. Ici le scénario n'est que commerce et terre-à-terre, ici les monstres
ressemblent au mieux à des vermines au pire à de gros étrons. Les effets spéciaux
parfaits, incommensurables, gigantesques ne sont qu'au service d'un mauvais goût qui
dépasse l'entendement, on est rapidement plongé dans un univers de laideur absolu,
faisandé, dégoulinant, où les seuls respirations sont de très lourds clins d'oeil aux
films précédents.
Les personnages sont morts, inexistants, horripilants. Les Jedi sont
des porte-manteaux. Anakin (Ani !) est un chiard que l'on a envie d'écraser entre deux
pilons ; d'un coup, d'un seul, Lucas démystifie toute son uvre. La reine est une
bouffonne transparente, dégoulinante et pédophile (!!!). Jar Jar... ben finalement,
c'est lui qui me plait le plus (vous allez me dire que je fais vraiment de l'esprit de
contradiction, j'y peux rien si je n'ai vraiment pas "compris" ce film comme
tout le monde).
Lucas ne cesse de s'auto-plagier. Notamment dans un combat spatial
final ridicule durant lequel Ani repousse les limites du supportable en matière de
nullité sur grand écran. RIEN A SAUVER !!! Le combat entre Darth Maul et les Jedis est
expédié en quelques instants, on ne voit rien, et à part une scène correcte avec des
portes magnétiques (d'une gratuité incroyable), c'est le néant. Aucune émotion, aucune
tension, AUCUN DRAME !!!! On s'en fout, c'est cosmique. Et je ne parle même pas des
incohérences innombrables (au sein du film mais surtout par rapport à la série). Le
n'importe quoi va très loin, du style Yoda et Palpatine dans la même pièce sans que ni
l'un ni l'autre ne se remarque, du style d'un Jedi dont le corps ne disparaît pas après
la mort (adieu la poésie, bonjour la grillade), du style d'un profondément débile
"taux sanguin de Force", quand je vous disais que la magie a foutu le camp, je
dois encore être en-dessous de la vérité. Il n'y a rien à comprendre dans cette vague
histoire de complot commercial ultra-capitaliste. Tout la progression dramatique (quasi
inexistante) ne fonctionne que sur le plagiat des autres épisodes (la construction du
final est à ce titre hallucinante : le combat contre Darth Maul = le combat entre Luke et
Darth Vader, le combat des Gungdam = le combat sur Endor, le combat dans l'espace = ...
euh, le rituel combat dans l'espace (mais en 10000 fois moins impressionnant, disons,
même en pure parodie vulgaire de la première trilogie), etc... Ce film est une HONTE, un
affront, les fans devraient brûler les cinémas, c'est pas possible, mais ils sont morts
les fans ? Ils n'ont pas vu le film ? (tant mieux pour eux). Ils sont aussi abrutis que
Lucas ? Je ne comprends pas, c'est clair.
Star Wars 1, n'est pas le nouveau Flash Gordon. Car Flash Gordon était
un film drôle et VOLONTAIREMENT kitsch. Ici, Lucas dégueule de sérieux et de
sincérité, ce qui rend le tout encore plus pathétique. Les scène "drôles"
ne le sont pas du tout, les scènes "sérieuses" sont hilarantes. C'était la
parodie, c'est pas possible autrement, c'est pas possible que ce film existe et soit aussi
NUL !!! Je suis dégoûté, j'ai la haine, j'ai passé la moitié du métrage à me
remémorer le Bonheur que j'éprouvais (et éprouve encore) devant l'Empire
Contre-Attaque, et même devant les deux autres. Et là, là.... C'est ignoble.
Et je ne veux pas entendre le prétexte du divertissement ! Si vous
êtes divertis par un épisode des Tortues Ninja, soit, mais là ce sont des Tortues Ninja à un million de dollars la minute, des Tortues Ninja ambitieuses. Non, c'est affreux, Matrix, à côté, est effectivement un bon film, je comprends mieux finalement
l'engouement pour le truc avec Keanu Reeves, c'est tellement meilleur que Star Worst.
J'ai la haine, c'est clair. Quand j'aime je ne me mesure pas, quand je
n'aime pas, je fais des efforts pour me mesurer (du moins... j'essaie, mais ça ne marche
pas des masses). Mais là je craque. Je ne veux plus entendre causer de ce sitcom parodie
de Star Wars. RIEN A SAUVER, RIEN ! Même pas une simple scène !!! C'est encore plus
mauvais qu'Astérix et Obélix (je vous assure !!! Dans Astérix il y avait UNE blague
drôle !). Dégagez moi ce chiard horrible, ces Jedis démythifiés, ces méchants
grotesques (avec l'accent russe !!! mon dieu mais c'est la Guerre Froide !!!), cette
laideur visuelle gerbante, cette absence de dramaturgie, cette absence de mystère, de
rêve, de plaisir.
La Menace Fantôme est un très mauvais jeu vidéo qui n'atteint pas la
cheville d'une simple scène cinématique de n'importe quel Final Fantasy. Lucas a voulu
se mettre sur le même terrain que Squaresoft et bien c'est carrément raté. C'est Pong
Vs Zelda 64. C'est dégueulasse. Et si ce que je dis vous énerve, c'est que finalement,
vous-même, vous n'êtes pas sûr du tout que ce film soit un grand film, sinon je ne vous
toucherais pas autant. Le doute ça a du bon, parfois.
T'es qu'un enfoiré, George, tu a pourri mes souvenirs avec ton
machin virtuel, tu as profité de ton statut pour nous servir un mauvais épisode d'un
dessin-animé idiot de mercredi après-midi. Tu as falsifié la Force, les Jedis, toute
une magie qui ne méritait pas un tel traitement. Je ne comprends décidément rien à ce
film, véritable affront à la face du Cinéma. Pour sûr, dans la salle, les gamins entre
5 et 10 ans, étaient émerveillés. Émerveillés devant tant de débauche visuelle, mais
pas du tout intéressés par ce qui était censé se dérouler dans le film. C'est idiot,
Lucas tend une bougie pour que des papillons viennent s'y brûler les ailes. Une nouvelle
génération va adorer Star Wars, un Star Wars uniquement en creux, un Star Wars uniquement visuel, un Star Wars démonstratif, un Star Wars pornographique en quelque
sorte. Film déprimant, film dégoûtant, La Menace Fantôme n'est effectivement qu'un
fantôme de cinéma, un fantôme de Star Wars, un film de vieux gamin qui se fait plaisir.
Tant mieux pour lui, tant pis pour nous.
Pour moi l'affaire est close. Ceux qui viendront me dire qu'il faut
attendre la suite qui sera
vachement meilleure, n'auront décidément rien compris au film.
+ ou - une semaine plus tard :Bon, je me relis
et ça se voit que j'étais pas content. On peut expliquer une réaction aussi tranchée
par plusieurs raisons, en particulier le fait que bon nombre de films attendus de 1999 ont
été d'amères désillusions. Cube, Matrix, La Menace Fantôme, La Neuvième Porte...
Tout cela n'était pas brillant et surtout imposé à grand renfort de pub. Bon je ne vais
pas revenir sur le cas Matrix, celui-là, même six mois plus tard je n'en démord pas,
c'est un irrécupérable. Si je me suis un peu plus nuancé sur les autres, c'est que j'ai
de plus en plus tendance à être indulgent avec les pauvres metteurs en scène qui
passent tellement de temps à délivrer des trucs consternants, en toute bonne foi de
surcroît (quoique ça dépend, Jan De Bont ou Roland Emmerich, c'est pas la bonne foi qui
fait marcher leur portefeuille).
Bon, La Menace Fantôme dans tout ça ?
Et bien disons qu'une semaine plus tard j'ai déjà oublié une bonne partie du film,
c'est vraiment un produit vite vu vite dégagé. Je lis un peu partout des propos de fans
de Star Wars qui prétendent que "oui mais ce film c'est l'ouverture vers une
nouvelle saga, c'est avec les autres films qu'on commencera à l'apprécier, etc..."
Ce qui dénote une assez pathétique tentative de pirouette pour sauver les meubles.
Pirouette que j'ai assez pratiqué avec Eyes Wide Shut pour la reconnaître quand je la
vois. Le film est une déception, alors on va se la jouer sceptique et suspendre
prudemment le jugement. Bon, difficile de résister, si j'émets de doutes sur Eyes Wide
Shut, je ne peux m'empêcher de partir en envolées lyriques sur ses qualités évidentes.
Pareil du côté Star Wars, sauf que personnellement les qualités "visuelles"
de la chose m'échappent totalement. J'en viens à adhérer à une opinion que je trouvais
aberrante avant de voir la chose : le film est moche, délavé. Alors bon, le côté
kitsch de l'affaire pourrait donner un charme de Fellini de la SF (tiens, voilà, je tends
une perche aux fans, Fellini, voilà, comparez donc La Menace Fantôme à Roma (et non je
ne vous expliquerai pas qui est Fellini !)). Mais, pour ce qui est de la poésie, faudra
repasser.
J'avoue quand même que le temps
devrait résolument jouer en faveur de La Menace Fantôme (ça peut pas être pire de
toute façon). En effet, quand on regarde les gros nanars des années 50-60 avec les
varans maquillés en dinosaures, les filles en bikinis à fourrure (pas seulement celui
avec Raquel, mais tout plein d'autres), les trucs avec les martiens en carton et tout et
tout. Et bien à l'époque, on était consterné, limite si on se sentait pas insulté par
cet océan de nullité. 50 ans plus tard, on leur trouve un charme nouveau à ces nanars.
Ils sont marrants, naïfs, crétins mais attachants (pas tous, bien sûr, mais quand
même...). Et c'est ce qui risque d'arriver à Star Wars 1, ce sera le It Came From Outer
Space des années 2020. Bon, j'en viens à corriger un jugement hâtif. Le Plan Nine From
Outer Space de 1999, ce n'est pas Matrix (c'est un trop beau compliment pour une telle
bouse, Matrix c'est plutôt un truc de propagande soviétique des années 50, quoi). Le Plan Nine de 1999, c'est La Menace Fantôme ! George Lucas recyclé en Ed Wood, d'une part
ça sauve les meubles (du moins dans mon cur à moi) et d'autre part ça peut au
final assurer un charme au film. Le problème c'est que je vise à long, très long terme,
parce que pour le moment et pour quelques années encore, Star Wars 1 c'est du dégueulis
de pellicule, du ramassis de pub pour moins de 10 ans (dommage de niveler ainsi le niveau
vers les profondeurs pour une nouvelle génération de spectateurs, je suis contre le
système des films débiles pour les gosses, c'est se foutre du monde, c'est du formatage,
c'est 1984). Allez, hop, "dégage Playmobil !"
Mise à jour 15 ans plus tard : En relisant les mots, pour le moins virulents, que j'écrivais à l'époque, je reconnais surtout la prose d'un fan vexé. Mon affection pour Star Wars a bien diminué depuis, à cause en partie de cette seconde trilogie, mais aussi des changements de goûts qui s'opérent avec le temps. J'ai revu récemment cet Episode 1 qui demeure assez médiocre mais plutôt divertissant. Ce n'est même pas le pire des nouveaux films, cet honneur peu glorieux revenant à la très ennuyeuse Attaque des Clones. En sachant à quoi s'attendre, La Menace Fantôme se laisse regarder, s'oublie vite et ne déclenche plus aucune colère, aucune passion, rien. Le temps a fait son office, tout cela indiffère gentiment aujourd'hui.
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Supercop 2
de Stanley Tong
Présenté comme un film entièrement à la gloire de la
sublime Michelle Yeoh, Supercop 2 n'est pas aussi simple à cataloguer. Le véritable
centre du film réside dans le personnage de Cheng, superbe traître, qui est le principal
intérêt de cette suite à un film génial (avec Jackie Chan) qui était lui-même déjà
une suite (à la non moins géniale série des Police Story). Supercop 2 est donc une
série B au sens le plus noble du terme. De l'action impeccablement agencée (une
poursuite en voitures clouante, un final façon Die Hard correctement ficelé...), des
ressorts dramatiques mille fois usités mais dont l'efficacité n'est plus à démontrer,
une Michelle Yeoh à se damner, le cinoche dans toute sa splendeur.
Supercop 2 est offert avec la magazine HK n°12, qui nous parle
(attention les yeux), de l'Heroic Fantasy asiatique (avec comme exemples des
chefs-d'oeuvre tels que Green Snake ou The Bride With White Hair), comment les jeux
vidéos piratent le cinéma (mais depuis Wicked City de Tsui Hark on savait cela) avec
notamment Storm Riders ce fameux Final Fantasy live (si seulement...) dont la bande
annonce dégage plus que tous les Star-Matrix-Wawawes-ArmaWars de la planète et des
mangas (forcément à la mode, on est numéro un oui ou non ?) avec notamment un long
entretien avec Otomo et des photos sublimes comme s'il en pleuvait. Où chercher le
meilleur du cinéma des 20 dernières années si ce n'est chez HK ? (je sais, comme ça, ça fait un peu pub,
mais au contraire, ceci est un message d'intérêt cinéphilique)
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Eyes Wide Shut
de Stanley Kubrick
Comment aborder un nouveau film de
Kubrick qui, de plus, est l'ultime pièce de son uvre (on espère quand même une
résurrection du maître pour l'an 2001, mais finalement rien n'est moins sûr) ? Je dois
à Kubrick quelques uns de mes plus grands chocs cinématographiques et je persiste à
croire que 2001 est l'un des films du siècle (si ce n'est LE film du siècle). Eyes Wide
Shut est moins ambitieux, en apparence, que les précédents grands chefs-d'oeuvre de
Kubrick, on n'en ressort pas autant bouleversé qu'après Barry Lyndon ou Orange
Mécanique. Car Eyes Wide Shut déçoit. Après une première vision on reste marqué par
certains défauts. Nicole Kidman délivre une prestation très moyenne, voire mauvaise par
instant. Elle n'est guère aidée par un rôle caricatural et des dialogues pas toujours
à la hauteur. L'histoire en elle-même pourrait parfois se résumer à "beaucoup de
bruit pour rien". Et c'est vrai que c'est un film sur rien, ou du moins pas grand
chose. Même si au final Kubrick plonge dans le Fantastique complet en nous faisant croire
que dans la vie tout se termine bien dans l'amour et la baise (c'est beau, par instant on
dirait du Houellebecq (l'amour en plus, donc)). Et il y a de la caricature, comme souvent
chez Kubrick, les riches s'adonnent à des orgies théâtrales, les seconds rôles en font
des tonnes, pas toujours évident de concilier drame intimiste et humour décalé (voire
montypythonesque).
Mais le film est par ailleurs tout
simplement génial. Tom Cruise est splendide, crédible, surprenant, impressionnant. La
mise en scène est parfaite, forcément, certaines images sont belles à en pleurer. Le
début de la scène d'orgie, porté par l'hallucinante musique de Jocelyn Pook, est
formidable. Les errances nocturnes de Cruise sont magistrales, Kubrick triomphe autant (si
ce n'est plus) dans les extérieurs et dans un large espace que dans les chambres.
Certains moments sont bouleversants (sans que l'on sache vraiment toujours pourquoi on est
à ce point touché par ces silences ou ces cadrages). Ce qui me permet d'arriver à la
conclusion que Eyes Wide Shut est un film qui n'en est qu'au début de sa légende et
qu'il faudra de nombreuses visions pour l'apprécier à sa juste valeur (inestimable, sans
aucun doute). Après avoir détruit la planète, ouvert la porte à l'Esprit et au
Surhomme et dynamité la société, Kubrick achève son uvre sur une réflexion
dérisoire et primordiale, optimiste et triste, près de 3h d'errance physique et
psychologique, à la fois inutile et indispensable à la force d'un final qui n'en est pas
un. Et c'est peut-être cela l'ultime coup de génie de Kubrick, d'avoir laissé un ultime
film ouvert (mais pas inachevé), humble et délicat, touchant par ses maladresses,
frustrant par ses défauts et bouleversant par la simple force de son évidence. Eyes Wide
Shut n'est pas et ne sera jamais le film de l'année 1999, il est bien trop tôt pour
juger cette coda d'une partition si flamboyante. L'oeuvre de Kubrick appartient désormais
au futur.
Eyes Wide Shut 2e vision : 4
jours plus tard je suis retourné dans l'univers étouffant du dernier Kubrick. Je nuance
un peu plus mon avis précédent. Les deux scènes principales de Kidman, celle où elle
raconte son fantasme et celle où elle fait partager son "rêve", sont
peut-être les plus laborieuses à revoir. Superbement filmées, elles n'en sont pas moins
un peu trop longues et caricaturales.Autre problème qui n'en est pas vraiment un, le climax du film se situe au
milieu. La seule chose dont je sois sûr à propos de Eyes Wide Shut, c'est que
l'ouverture de la scène d'orgie qui correspond au morceau Masked Ball de Jocelyn Pook,
est déjà un moment primordial de l'oeuvre de Kubrick. La musique de Pook, moderne et
effrayante, classique et emphatique, est l'équivalent de celle de Richard Strauss dans 2001, de celle de Beethoven dans Orange Mécanique ou de celles de Haendel et de Schubert
dans Barry Lyndon. Définitivement le moment clef de Eyes Wide Shut, cette scène est
l'instant où Kubrick retrouve les joies de l'abstraction et de l'iréel. Un gigantesque
moment de cinéma qui à lui seul porte le film vers les sommets du 7e Art. Il faut revoir Eyes Wide Shut sur grand écran le plus possible, juste pour cette scène, qui s'apprécie
en salle et avec ce son si clouant. En comparaison, le reste du film, plus intimiste, plus
"dérisoire", est presque "écrasé" par cet instant qui est tellement
caricatural qu'il touche au mythique. Et finalement peu importe le reste, quand au
cur d'un film se glisse une telle scène, on peut oublier les imperfections qui
l'encadrent.De toute façon Eyes Wide Shut possède d'autres très beaux moments, en
particulier grâce à un Tom Cruise extrêmement convaincant, qui à lui seul contient
toute l'émotion du film. Kubrick n'avait que très rarement filmé une ville la nuit, il
donne aujourd'hui la version définitive de cette figure de style. Construit comme un
thriller psychologique, empreint d'un suspens qui ne se résout jamais, Eyes Wide Shut est
un film terriblement exigeant et riche, qui s'apprécie énormément sur l'instant grâce
à son phénoménal climax et qui travaille sur la durée grâce à tout le reste. Dernière remarque, la bande originale est indispensable, juste pour les quatre
morceaux de Pook, et même, on en vient à se passer en boucle la piste huit, ce Masked
Ball déjà entré dans la légende du cinéma.
Mise à jour 15 ans plus tard : J'ai eu plusieurs fois l'occasion de revoir Eyes Wide Shut et mon avis n'a cessé d'évoluer vers la déception. Ma dernière vision en date fut particulièrement négative. L'intelligence supposée du propos m'a paru très illusoire, le film ne raconte pas grand-chose d'original et ne le fait pas de manière très subtile. C'est très lourd, même visuellement. L'interprétation tire aussi vraiment l'oeuvre vers le bas, Kubrick n'a pas ici réussi à transcender des comédiens plutôt faibles. Enfin, l'oeuvre est terriblement ennuyeuse à cause de ce manque de densité. Tout le contraire de Barry Lyndon, par exemple, dont chaque scène débordait, aussi bien esthétiquement qu'intellectuellement. Difficile d'avouer une telle déception causée par un cinéaste que j'aime toujours autant, mais c'est ainsi. |
Perfect Blue
de Satoshi Kon
C'est avec la rentrée qu'est arrivé ce qui pourrait bien
être LE film de l'année 1999. Même si cet incroyable manga animé date de 1997, il ne
débarque que maintenant chez nous ; mais sur grand écran, et cela valait la peine
d'attendre. Si Ghost In The Shell révolutionnait la SF, Perfect Blue dynamite le thriller
psychologique. Je ne dévoilerais pas une seule ligne de l'histoire. Il vaut mieux y aller
sans rien connaître du film, comme je l'ai fait, et s'extasier devant ces 1h20
phénoménalement riches et intelligentes. Un scénario extraordinaire (sur des bases
classiques, pourtant), parsemé de scènes traumatisantes, dirige le film dans les
méandres d'une histoire perturbante et fascinante. Grâce à des décors sublimes et à
une musique exceptionnelle, Perfect Blue dégage une ambiance unique. Ce pur
chef-d'oeuvre
du film de genre, explose les limites du polar pour toucher aux rivages des références
tels que Psychose ou Peeping Tom. Oubliez
tout le reste, courrez voir cette merveille !
Nouvel avis 15 ans plus tard : C'est un thriller hitchcockien dans le monde des "Idols" japonaises, aujourd'hui plus connu pour avoir en grande partie inspiré Black Swan de Darren Aronofsky. Le réalisateur a d'ailleurs carrément acheté les droits du premier long-métrage de Satoshi Kon, pour mieux le découper scène après scène et le reprendre dans ses propres oeuvres. Après tout, pourquoi ne faire qu'un simple remake quand on peut facilement construire toute une filmographie avec seulement un opus du regretté cinéaste japonais ?
Bien sûr, Perfect Blue vaut bien davantage qu'une anecdote pour cinéphile. Derrière son animation un peu raide, compensée par un sens du montage hors norme, l'oeuvre déploit déjà toutes les forces de son auteur. En particulier un jeu complexe sur le réel, où toutes les perceptions peuvent être remises en question. Au point de faire exploser la narration et de perdre le spectateur tout autant que les personnages. En résulte une grande violence, essentiellement psychologique, et une réflexion plus subtile qui n'y paraît sur la célébrité et ce qu'elle suppose comme rapports entre exhibitionnisme et voyeurisme.
En ce sens, Perfect Blue fait allégeance à ses illustres prédécesseurs, qui de Psychose à Vertigo, en passant par Le Voyeur et Blow Up, ont défriché toutes ces thématiques. Mais le regard de Satoshi Kon est suffisamment novateur pour faire en grande partie oublier les références envahissantes. La naissance artistique d'un des réalisateurs les plus audacieux de notre époque.
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La Neuvième Porte
de Roman Polanski
Bon là je vais faire quelque chose qu'il ne faut PAS faire, je vais présenter
mon avis sous la forme d'un pour ou contre (j'ai la flemme de rédiger, oui, ce sont les
vacances).
Pour : Une mise en scène brillantissime. Une photographie de toute beauté (sauf
pour les extérieurs très téléfilm). Une musique impeccable. Un générique d'ouverture
anthologique. Johnny Depp. On ne s'ennuie pas, c'est un divertissement de haute tenue.
Contre : Une histoire bourrée de clichés de toute sorte (sur le satanisme,
touristiques...). Une dernière demie-heure qui vire au grotesque. Un tantinet répétitif
ce qui n'annonce rien de bon pour les visions suivantes. Des seconds rôles pas toujours
à la hauteur. Vraiment beaucoup trop caricatural. Mais sympathique au final.
En clair, c'est un film à voir, mais il ne faut pas trop en attendre.
Beaucoup de second degré, beaucoup de maîtrise technique, La Neuvième Porte est un jeu
cinématographique, très agréable à jouer mais d'une certaine futilité.
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Le
13e Guerrier
de John McTiernan
John McTiernan est, affirmons-le d'emblée, LE meilleur réalisateur de films d'action à Hollywood. Certes Cameron ne s'en tire pas mal non plus, mais ses récents virages comédie et "eau de rose" lui ont un peu coupé les pattes (sauf dans un naufrage final qui n'était pas un naufrage artistique, loin de là). Mais McTiernan est le metteur en scène de : Die Hard (sans doute le meilleur polar d'action jamais sorti des grands studios), Predator (LE film barbare suprême), Last Action Hero (la meilleure comédie parodique de ce même cinéma d'action) et Die Hard 3 (le film d'action le mieux mis en scène de ces dernières années). Ce qui n'est pas rien. Et avec ce 13e Guerrier, McTiernan déboulait avec un projet monstrueux, excessif, capable de lui offrir un terrain d'action fastueux où repousser les limites de son cinéma.
Au final, le 13e Guerrier est bien le film monstre annoncé. Il y a même des éléments imprévus qui viennent renforcer son aspect unique. En particulier la production houleuse, les frictions entre McTiernan et Crichton (tant mieux, le film ne ressemble pas à une adaptation de Crichton, hourra !), un tournage éprouvant (ça se voit à l'écran, tant mieux aussi), des pré-projections catastrophiques, un film bien trop barbare pour Disney (producteur à la base), un titre (Eaters Of The Dead) trop explicite, un remontage boucherie. Ce remontage infâme qui nous donne maintenant ce film charcuté qui tire bizarrement une grande aura de sa mutilation. Le début du film semble se dérouler en avance rapide, la frustration est immense. Et à la fin on en prendrait bien pour 1h de plus (si ! si !). Avec 1h40, remplie à ras-bord de pur spectacle génial, le 13e Guerrier est bien trop court ! Espérons que la version DVD nous rendra les scènes perdues.
Après ces quelques remarques préalables il faut parler du film en lui-même. C'est un monument, un monument épique, barbare, lyrique, bigger than life. Car c'est cela qui marque dans le 13e Guerrier, ce sont des images d'une beauté unique car photographié "à l'ancienne". Pas de mise en scène clippée, pas d'effets tocs et modes. Non, McTiernan sait exactement quelle figure de style il doit employer au bon moment. Pour preuve, les scènes de bataille jamais filmées de la même façon. Pour preuve des mouvements tournoyants qui créent le vertige. Pour preuve le plus beau film d'action depuis... Die Hard 3. Une beauté brute, les décors sont filmés en lumière naturelle, ils sont très rarement retouchés, ils sont froids, impressionnants, vivants.
Non, qu'est-ce que je raconte ? Le 13e Guerrier n'est pas un film d'action. C'est un film épique, comme l'étaient Excalibur et Conan, c'est un film qui fait revivre les guerriers et leur mythe, c'est un film historique qui lorgne vers l'Heroic Fantasy, c'est un film qui annonce The Lord Of The Rings. C'est clair, Jackson filmera son Seigneur des Anneaux comme McTiernan, ils ont tous les deux ce talent pour faire bouger leur caméra comme personne. Pas d'esbroufe, juste du spectacle.
De plus c'est un film intelligent, crédible, exigeant même. C'est l'antithèse de Matrix et de son spectacle propre sur lui, lobotomisé, aseptisé, uniformisé, informatisé. Non ! Le 13e Guerrier c'est un film de boue, d'eau glacée, de feu, de pluie, de sang. Et cela fait rudement plaisir à voir. Pour preuve, le phénoménal combat final (malheureusement bien trop rapide), peut-être le plus splendide de l'histoire du cinéma barbare. Filmé au ralenti (comme un film HK mais avec l'imagerie occidentale), beau à en mourir, brutal, sans concession, bouleversant.
Les acteurs sont crédibles et c'est bien là le principal. Banderas y trouve son meilleur rôle et de très loin ! Car voilà un autre bon point, le film est sérieux, pas second degré du tout, pas de clin d'oeil, pas de "c'est rien que du cinéma", pas de tubes ados pour vendre la BO (magnifique par ailleurs), pas de gnan-gnan. Imaginez le combat final de Predator répété plusieurs fois dans un même film ! Et bien c'est cela le 13e Guerrier. Du cinéma "vérité" où la souffrance, le froid, la peur sont palpables. Un cinéma où les éléments sont mis en valeur comme jamais. L'eau bien sûr, avec la pluie et les torrents. La terre avec la boue et la grotte. Le feu, omniprésent, effrayant, magnifique. Et l'air avec le froid et surtout le brouillard tellement photogénique (on le sait depuis Murnau).
Attention dans ce paragraphe je risque de révéler quelques éléments de l'histoire. Certaines scènes ont tout pour faire date. Les 3 grandes scènes de batailles, évidemment. Chacune possèdent son propre "charme". La première est abstraite et fait un peu penser à The Bride With White Hair. La deuxième est monstrueuse, toute de flamme et de brouillard, elle s'achève sur l'image extraordinaire d'un Banderas en pleine folie barbare qui frappe le vide avec rage. La troisième est tout simplement sublime, les images ralenties et les sons très travaillés en font une œuvre d'art guerrière magique. La descente dans la tanière des "démons", vaut son pesant de claustrophobie, et, même si elle est un peu trop expédiée, la rencontre avec la Reine ne déçoit pas, bien au contraire. Tous les décors naturels possibles sont exploités au maximum, on a même droit à une très rapide incursion en forêt où plane l'ombre du Predator. Et ceux qui critiqueront en sortant des énormités du style : "McTiernan est un bon réalisateur mais ce film est nul", ceux là n'auront vraiment rien compris au film (c'est le cas de le dire).
Un cinéma primitif et terriblement moderne. Un cinéma novateur au service d'une histoire de guerriers luttant contre la préhistoire. Une idée géniale pour un traitement réussi, même si l'on aurait aimé avoir un peu plus peur à certains moments. McTiernan se rattrape par son utilisation magistrale de la lumière et des figures mythiques. Vikings grandioses, néandertaliens à la fois présents mais toujours mystérieux, l'ambiance est à la limite du fantastique mais le film ne quitte jamais les rivages du genre épique. Dommage, mille fois dommage, qu'il soit si court. C'est une fresque qui semble bien souvent stoppée dans ses élans géniallissimes.
Bien sûr, il y a énormément d'hommages (plagiats ?) à Kurosawa et aux inégalables Sept Samouraïs. Cette fameuse bataille finale sous la pluie fait immédiatement penser à celle du Kurosawa. Mais finalement il est assez difficile de comparer les deux films. Le Kurosawa dure 3h15, prend le temps de développer au maximum des personnages naviguant au-delà de tous les clichés et s'avère extrêmement émouvant. Le McTiernan ne dure que 1h40, développe très peu les personnages préférant les figés dans des postures mythiques et ne vise que très peu la carte de l'émotion (quelques instants fort puissants à la fin, mais sans plus). Une dernière chose quand même, Kurosawa est mort et depuis on prend son plaisir où on le peut. Le 13e Guerrier est à des années lumières du moindre Kurosawa épique, mais en cette fin de siècle c'est pourtant ce qui se fait de mieux en matière de cinéma à grand spectacle. Alors il ne faut pas passer à côté de cet immense plaisir.
Mais peu importe ce qui manque, ce qui nous est donné à admirer est à la hauteur des espérances. Du cinéma qui prend des risques, qui va à contre courant des modes, qui ose sans se trahir, qui avance sans lorgner sur la copie du voisin. De la violence cruelle, physique, parfois abstraite, souvent très graphique. Du visuel fastueux, un univers vivant, perceptible. Des acteurs qui vont au bout d'eux-mêmes. Une bande originale de Goldsmith grandiloquente mais efficace. Une volonté de respect historique des plus louables. Du sérieux, un minimum de concessions (mais vraiment de toutes petites concessions, le traitement de l'amourette est impeccable). Du spectacle total, le cinéma tel qu'on le rêve. |
Mon voisin Totoro
de Hayao Miyazaki
Certes ce film a déjà quelques
années, certes il a déjà été diffusé ici ou là, mais je profite innocemment de sa
ressortie chez TF1 Vidéo, dans une vf des plus correctes, pour m'étendre sur son cas.
Tout ce que je vais dire est non seulement vrai mais aussi bien en deçà de la réalité.
Premièrement, Totoro est, jusqu'à preuve du contraire, le plus beau dessin animé de
l'histoire du cinéma (esthétiquement encore plus beau que Porco Rosso, c'est dire). Il
semblerait que le déjà légendaire Princesse Monoke du même génial Miyazaki, soit
encore plus exceptionnel et soit carrément, lui, le meilleur dessin animé du siècle
(encore plus mieux que Porco Rosso et Ghost In The Shell, si si !). Mais il faudra encore
patienter (trop) longtemps avant de le découvrir sur grand écran (en version intégrale
par pitié, ne mutilez l'ultime chef-d'oeuvre). Enfin, revenons à Totoro, monument
poétique indescriptible qui approche, mieux que l'intégrale de tous les Disney, cette
fameuse magie de l'enfance dont on découvre l'existence une fois seulement qu'on l'a
perdue. Film phare sur l'enfance, Totoro est aussi le plus beau film sur les nuages et sur
les arbres. En voyant les images phénoménales de Miyazaki vous serez obligé de
réaliser que vous n'aviez finalement jamais "vu" de nuages (enfin si, si vous
avez vu Porco Rosso, vous connaissez déjà ces nuages là, mais je crois qu'ils sont
encore plus formidables dans Totoro). La majorité des séquences sont marquantes, voire
littéralement traumatisantes de beauté. Ce sont les noiraudes s'envolant au clair de
lune, c'est l'intérieur de l'arbre géant, c'est cette scène incroyable de l'arrêt
d'autobus, c'est la pousse ultra rapide d'un arbre géant, c'est un vol nocturne qui
explique d'où vient le vent, etc... Tout est magique, tout est innocence, et le drame qui
se noue en arrière-plan peut paraître dérisoire il est finalement bouleversant. C'est
une histoire d'un autre monde, d'un autre temps, un pur conte qui nous décrit des
peluches qui font pousser les plantes et qui provoquent les bourrasques. Cela pourrait
être niais, ce n'est que poésie pure. A l'image du chat-bus ou des grands yeux si
expressifs d'un Totoro entre gros nounours et bon génie. Cela pourrait être niais ce
n'est que sublime. Un rêve tout en images que l'on peut revivre un nombre incalculable de
fois, un miracle d'une finesse inouïe et surtout d'une beauté visuelle qui coupe
littéralement le souffle. Un indispensable terriblement vital à toutes, mais alors
TOUTES les vidéothèques dignes de ce nom. |
Le Sens du Devoir 3
de Brandy Yuen et Arthur Wong
Tout ce que Matrix n'est pas et ne sera
jamais. Le Sens du Devoir, troisième du nom, a tout pour lui ou presque. Certes ce n'est
qu'une série B, un film de genre, un film de "divertissemment", comme Matrix.
Mais c'est de la série B au sens le plus noble du terme. Tous les clichés sont là, tous
les plaisirs aussi. Une héroïne formidable (l'extrêmement belle Cynthia Khan, pas
toujours avantagée par un rôle un peu nunuche mais qui délivre des scènes de kung fu
phénoménales), des méchants très très méchants (le "Couple Infernal",
très érotiques, très cruels, très durs à cuire, tout ce qu'il faut comme il le faut),
des seconds rôles impeccables (des comiques, des tragiques...), du drame très classique
mais qui fait toujours mouche car sans aucune prétention. Et puis du spectacle, encore du
spectacle, du spectacle qui émerveille avec un minimum d'effets spéciaux. Des gun fights
barbares, des scènes en apesanteur, des combats à mains nus de folie. Certes on a déjà
vu cela et mieux, mais on ne s'en lasse pas. Ce n'est pas The Killer, ce n'est pas Crime Story (loin de là), c'est un "petit" film de série mais c'est une bombe
jouissive au possible. |
Matrix
des frères Wachowski
A priori j'avais peur du plagiat mais je
pensais qu'il y aurait du spectacle pour sauver le tout. Résultat : l'un des pires films
qu'il m'ait été donné de voir.
Enfin... J'y suis allé avec un pote et on était mort de rire pendant toute la séance,
donc ce n'est pas si nul que cela. Tout est grotesque au mieux, totalement débile au
pire. Comme dirait mon pote au moment où Reeves sort de son bac d'incubation : c'est un
monument kitsch ce film.
Tout est nul. A part les effets spéciaux, mais jamais les effets spéciaux n'ont fait un
grand film. Et encore ! Parfois les SPFX sont limites. Surtout qu'ils ne sont pas aidés
par une photographie vert dégueulis qui rend l'ensemble très laid.
Dès qu'une scène d'action arrive (et elles ne sont pas nombreuses, je préviens, le film
est horriblement ennuyeux), une musique techno hyper ringarde vient tout plomber (c'est
flagrant dans le gun fight dans l'entrée de l'immeuble à la fin). Matrix est un film
ringard 6 mois juste après sa sortie. C'est la Fièvre du Samedi Soir des années 90. Et
je ne parle même pas de la fin d'où surgissent les has-been absolus de Rage Against The
Machine. Tout sombre dans la faute de goût totale. Dans 5 ans on regardera ce film comme Zardoz, un monument kitsch top bab.
Alors certes les petits malins de frères Wachowski ont mis un beau mec et une belle fille
en cuir. Ce qui a dû toucher la libido des ados de tous sexes. Certes Carrie-Anne Moss
est très belle (et encore, on est loin de Ghost In The Shell), mais son rôle est
lamentable. Ohlala, l'amour qui ressuscite et tout et tout, même Besson n'oserait plus
faire cela. Titanic à côté c'est le Silence des Agneaux.
Tiens en parlant de Ghost In The Shell, le plagiat est pire que je ne le
pensais. C'est HORRIBLE ! Le générique : copié. Les sauts : copiés. L'esthétique de Trinity :
copié. Les machines indépendantes : copié sans finesse aucune. Les combats en
apesanteur : copiés, etc....
Mais parfois c'est hilarant. En particulier grâce aux méchants les plus grotesques
depuis fort longtemps. Des sortes de Men In Black remixés Dumb and Dumber. Caricatural en
diable.
La musique est nulle, je l'ai déjà précisé. Les monstres de la matrix sont pas mal du
tout. Mais alors le fou rire mutuel au moment de la vision des "champs de culture
d'humains". A se rouler par terre. Reeves est hilarant d'un bout à l'autre du film,
il n'a qu'une seule expression en tout et pour tout.
Les combats sont pathétiques, sans la grâce, ni la magie, ni l'extravagance des combats
des films HK. L'horreur, la honte...
J'ai oublié de parler des personnages plus caricaturaux les uns que les autres :
les méchants sont très bêtes et très méchants, aucune personnalité, nuls mais
drôles (et sous les lunettes du méchant en chef on reconnaîtra un des héros de
l'excellent Priscilla Queen Of The Desert, il est évidemment directement sympathique et
ne fais pas peur durant une seule seconde).
Reeves est grotesque, si c'est lui le sauveur, pitié laissez moi crever.
Carrie-Anne Moss est transparente, aucune personnalité, aucun drame, une potiche digne de
Basinger dans le premier Batman. Certes elle tient un flingue et fait des sauts au
ralenti, mais on s'en fout.
Fishburne, le pauvre, obligé de s'auto-parodier. On se demande même comment il fait pour
ne pas éclater d'un rire nerveux lorsqu'il dit très sérieusement à Keanu (visez bien
la mèche rebelle top craquante de ce dernier) qu'il est l'Elu.
Le traître, qui a tellement la gueule de l'emploi que c'en est indécent (et horriblement
prévisible).
Les seconds rôles qui se font débranchés à tour de bras dans l'indifférence
générale.
J'oubliais aussi : une scène de boîte de nuit tellement kitsch qu'on dirait du
Tony Scott. Des références indignes d'un film qui se veut représentatif d'un
"cinéma du futur" : l'Elu, l'Oracle, le Destin, la dictature de la pure
conviction, la régression au primitif, toutes les bases d'une religion sectaire,
ignoble et bien plus dangereux que tous les films gores de la planète. Une
morale à gerber : la technologie = bad bad bad ! On est à des années lumières de Ghost In The Shell, oui je compare tout
le temps les deux films mais je viens de les voir tous les deux d'affilés (avec eXistenZ au milieu) sur grand écran, et Matrix est vraiment un affront à l'un des plus beaux
films du monde. Trouvez moi dans Matrix une scène aussi belle que la plongée de Motoko
ou la traversée de la ville sur la musique mirifique de Kawai et on en reparlera.
Enfin bon bref, je vais m'acharner comme c'est pas permis, mais Matrix n'est
même PAS un bon divertissement, c'est aussi nul qu'Independence Day mais
le pire et surtout c'est qu'il y a de la prétention derrière cette bouse. La
technique = bad bad bad ! Oui,
c'est ça, on lui dira. La vérité est en toi ptit ado ricain lobotomisé ! Bien sûr,
mais trop tard ! Wild Wild West sort dans pas longtemps, il faut déjà se préparer à
changer sa liste des meilleurs films du monde.
Et après on ose comparer Matrix à Robocop ou même à 2001,
mon dieu vite que les machines nous réduisent en esclavage, on ne mérite pas
mieux !
Absolument rien à sauver de ce nanar plaqué or. Déjà un film culte de la nullité sur
grand écran, le Plan Nine From Outer Space des années 90. (vous voyez que je suis
capable de faire des compliments au final !).
Mise à jour 15 ans plus tard : J'ai revu deux fois Matrix. Mon exaspération fut moins grande, mais mon ennui encore plus intense, qu'à l'époque où je rédigeais ce texte qui resta (fort modestement) dans la légende. Mon principal problème c'est que j'ai aimé, et même adoré, les oeuvres post-Matrix des Wachowski, d'abord Speed Racer et surtout Cloud Atlas, film sublime s'il en est. Je me retrouve donc avec un désir intrigué de revoir la trilogie Matrix, pour savoir si je ne suis pas passé à côté de quelque chose, au moins des germes des réussites qui ont suivies. Et aussi, il est vrai, je souhaite vérifier mes prophéties. Est-ce que la ringardise a fait son travail ? Est-ce que Matrix c'est toujours aussi nul aujourd'hui ? Moins nul ? Des réponses à ces questions, bientôt, j'espère. |
Cube
de Vincenzo Natali
Carrément nul ! Mais qu'est-ce qui
s'est passé avec cette daube que tout le monde a aimé ?... ou presque.... Parce que
franchement moi j'ai rarement été à ce point déçu par un film. D'une part parce qu'il
a remporté le Grand Prix du Festival de Gérardmer ; ensuite parce que les critiques
étaient unanimes pour annoncer un grand, un bon film ; enfin parce que, a priori, tout
était fait pour me plaire. On me promet un film à petit budget (comme je les aime), un
vrai film de genre, de la bonne vieille SF qui fait à la fois peur et réfléchir, un
suspens psychologique bourré de morceaux de bravoures, original et tout et tout.... Au
final je me retrouve avec un film de Rohmer pas marrant. Cube c'est du rien très ennuyeux
et ridicule pendant 1h30. La scène d'ouverture, très classique et prévisible
néanmoins, peu faire illusion. Le générique de début et la musique pompée sur Suspiria aussi. Et puis après c'est la débandade. Personnages stéréotypés,
prévisibles, antipathiques et/ou ridicules. Dialogues taillés au burin, aucune
réflexion, aucune métaphysique, aucune psychologie. TOUT EST GRATUIT ! Soit, l'idée de
départ (le huis-clos déroutant), le lieu (les cubes en mouvement) et les pièges
(accrochez vous on en voit 3 et demi dans tout le film) sont quasi enthousiasmants. Le
résultat est désespérant. Au bout de 15 minutes on n'en a plus rien à faire du coup de
la porte qui fait pssscchhh et de la lumière qui change. Petit budget OK, mais il faut
compenser par des idées. Ben là, rien, que dalle. Même la mise en scène est ridicule,
on dirait du Schumacher, et vlan que je te colle un gros plan pour faire du suspens, et
vlan que je te fais des tournoiements pour faire de la claustrophobie, et vlan que je fais
bouger n'importe comment pour faire croire qu'il y a de l'action. Et avec le montage à la
Michael Bay en prime, à certains moments on croirait voir Armageddon version minimaliste.
On n'y comprend plus rien et on en rien à secouer (c'est le cas de le dire). Le pire, ce
sont quand même les personnages, vraiment inintéressants et ridicules. La palme a
l'arrivée très gratuite (comme toujours) de l'autiste. Premier éclat de rire nerveux.
Et puis, tiens comme c'est bizarre, il est fort en maths, l'autiste (truc hyper
prévisible, amené pendant 5 minutes comme un mauvais gag, aie aie aie). Ah oui faut
quand même que je vous dise que le suspens est fondé sur des calculs mathématiques, qui
n'exciteront que les spécialistes de la chose.
Et puis il y a la fin. Ouhlala... La fin
de Cube... Elle restera exemplaire. Comme le modèle de ce qu'il ne faut PAS faire. La
chose à éviter ABSOLUMENT ! Le gars il sait plus comment faire finir son film très
chiant alors il expédie tout n'importe comment avec des situations invraisemblables (le
retour du méchant, par génération spontanée, je veux bien que l'on ne cherche pas de
raison mais là, s'il arrive par derrière tout le monde le voit débarquer, donc
apparemment il arrive par en bas, mais merde les mecs, en bas il y a pas de pièces vu
qu'ils sont dans la passerelle ! Non franchement je veux bien tout, même Armageddon, mais
là c'est trop, on dirait un épisode de Baywatch). Et puis la toute fin, le final, le
réalisateur semble nous dire : "ahaha, bien fait, je me suis foutu de votre gueule,
vous avez eu peur pendant 1h30 pour des clopinettes, nananèreu !". Insupportable !
Et puis dans le cas d'un film comme cela, soit on explique rien, soit on explique tout.
Là, on est perpétuellement le cul entre deux chaises, on sait que le cube a été
construit par des hommes (adieu le métaphysique) mais on n'en sait pas plus (bonjour la
frustration, au revoir la série B). Résultat on finit par croire que c'est une sorte de
Intervilles sadique (enfin... encore plus sadique quoi), un Rollerball en forme de jeu de
piste. C'est The Truman Show en version cul-bénit (ah la lumière finale, jusqu'à la
dernière seconde j'ai cru qu'il y avait un piège derrière (et slaaaash ! ça aurait
presque sauvé le film). Mais non... Heureux les simples d'esprit, le royaume des cieux
leur est ouvert... Autre morale : Méfiez vous des effets de mode, vous risqueriez d'en
avoir pour votre argent. La belle arnaque de ce milieu d'année. On retournera voir Mad
Max, Evil Dead ou Bad Taste, premiers films fauchés, vrais films de genre, vrais coups de
génie. Mais ce Cube est à éviter à tout prix. |
Babe, un Cochon dans la Ville
de George Miller Le premier Babe était une fabuleuse réussite du "film animalier" et du même coup un classique du film pour
enfants. Un film qui plait d'ailleurs tout autant (si ce n'est plus) aux adultes qu'aux
enfants. Succès critique et public, Babe ne demandait pas forcément une suite, et
pourtant, d'après moi, cette séquelle est supérieure à l'original. George Miller (oui,
oui, celui de Mad Max) n'est plus seulement producteur, il est aussi metteur en scène et
cela se voit. Babe 2 est un film plus violent, plus sombre, plus profond que son
prédécesseur (si si !). Plus "réaliste" aussi, même si l'ensemble fait
toujours figure de conte (pour preuve l'esthétique de la "Ville"). Le film est
aussi encore plus beau, c'est même une uvre magnifique dans laquelle chaque plan
est un Bonheur total. Mais clairement, cette fois, le film ne sait quel public viser. Trop
dur, trop morbide, trop plein de références qui échappe aux enfants, Babe 2 est un film
pour adultes, pour cinéphiles et un peu pour les petits aussi (mais pas beaucoup). Mais
il ne fait pas l'ombre d'un doute que la réussite est totale et certaines scènes sont
purement anthologiques. Pour exemple l'hallucinante parodie du Dôme du Tonnerre à la fin
du film ou l'exceptionnelle poursuite entre le pitbull et Babe. Une perle. |
La Ligne Rouge
de Terrence Malick
Juste un peu plus bas sur cette page je
chante les louanges du sublime Saving Private Ryan de Spielberg, et bien à peine quelques
mois après cette claque monstrueuse, Terrence Malick revient, 20 ans après ses
magistrales Moissons du Ciel, pour placer la barre encore plus haut. Au jeu des
comparaisons on pourrait faire un parallèle entre Saving Private Ryan et Apocalypse Now
(emphase visuelle, dénuement scénaristique, ultra violence des combats) et entre The
Thin Red Line et The Deer Hunter (Voyage au Bout de l'Enfer) pour la finesse,
l'intelligence, la poésie et la tristesse infinie qui les imprègnent (et pas seulement
pour la présence de John Savage). The Thin Red Line n'est pas LE film de guerre
définitif. Il ne fera jamais oublier J'accuse, La Grande Illusion, Les Sentiers de la
Gloire, Johnny Got His Gun ou The Deer Hunter, mais il acquiert sans problème sa place
aux côtés de ces chefs-d'oeuvre absolus. Le film de Malick ressemble à du Kubrick,
c'est très clair, que ce soit dans la perfection plastique que dans l'utilisation de la
durée, mais il échappe aussi à cette comparaison difficile par le traitement des
personnages. Dans The Thin Red Line il n'y a pas de personnage principal (cela étant dû
autant au scénario qu'aux caprices de Malick), les voix off passent, se mêlent, se
contredisent, se poursuivent, se complètent. Les clichés sont abolis (c'est la grande
force du film de Malick sur le film de Spielberg). Il n'y a pas de héros, il n'y a pas de
"méchants", tout le monde est sur un pied d'égalité, tout le monde a ses
propres motivations, ses propres rêves, tous les personnages sont attachants, humains,
décrit avec une finesse incomparable.
Même les scènes imposées échappent aux clichés
en vigueur à Hollywood. Les combats sont filmés avec recul, avec poésie, avec
originalité. Pour preuve cette scène incroyable d'attaque de camp japonais où le son
des combats est remplacé par la lente montée de la phénoménale musique de Hans Zimmer.
C'est aussi puissant que les cruelles boucheries du Soldat Ryan. Malick filme aussi la
nature comme personne, le décor est peut-être le personnage central du film. Les
plantes, les arbres, les animaux, voilà ce qui unit tout le film en une longue
contemplation poétique. The Thin Red Line est plus un hymne à la nature qu'un film de
guerre, un genre détourné comme Kubrick avait détourné la SF pour faire 2001. Les
nuances d'émotion qui parsèment cette merveille sont extraordinaires, entre les scènes
de combat d'une grande violence, les souvenirs, les rêves, l'attente, l'angoisse, la
fatigue, le doute, The Thin Red Line est d'une richesse inépuisable. Un film qui
s'apprécie au fil des visions, qui ne se dévoilent que très progressivement, envoûtant
comme un Barry Lyndon. Visuellement hallucinant, musicalement tétanisant, interprété à la perfection (Sean Penn
ne surjoue pas, miracle !), passionnant dans le moindre instant de ces 2h50, The Thin Red
Line est LE chef-d'oeuvre de ce début d'année. |
Seul contre tous
de Gaspar Noé
Un film à voir, franchement, un film
quasiment à ne pas manquer. Certes il faut préciser que pour une fois l'interdiction aux
moins de 16 ans est plus que méritée, entre les répliques d'une vulgarité et d'une
violence incroyable, les scènes coup de poing bien trash et les images hard de film X en
plein au milieu de l'écran, Noé n'a pas fait dans la dentelle. Le film est très drôle,
volontairement grâce aux répliques d'une méchanceté hallucinante ou d'un cliché
aberrant de l'ex-boucher, involontairement (??) grâce à sa musique totalement burlesque,
ses effets de mise en scène top mode en particulier les panneaux entre les scènes (la
palme au compte à rebours un peu avant la fin, hilarant). Seul Contre Tous est à voir
parce que c'est un film français original et ça c'est génial. L'interprétation est
grandiose. La mise en scène parfois efficace. L'avant-dernière séquence du film est
phénoménale et il est bien dommage qu'elle ne soit qu'un fantasme du personnage
principal et que le film ne s'achève pas là. On s'interrogera quand même sur la morale
du film. On peut y percevoir une lourde charge contre les extrêmes (gauche et droite)
mais néanmoins le final avec la "rédemption" du boucher dans l'inceste et la
pédophilie, le tout sans recul, au contraire, est franchement infâme. Noé a voulu
choquer au maximum, pour une fois c'est réussi. Après c'est au spectateur de juger, un
spectateur adulte de préférence (dans tous les sens du terme). |
Astérix et Obélix contre César
de Claude Zidi
"Film" pas drôle, très laid,
prétentieux, mal interprété, musicalement nul, horripilant, franchouillard, appelé à
faire un gros succès (non je ne parle pas du nouveau Besson, quoique là on pourrait
confondre avec un avis sur le 5e élément), enfin bon bref, Astérix et Obélix est pire
que la Soupe Aux Choux ou les Sous-Doués, films tellement crétins qu'ils en devenaient
drôles et sympathiques. Non, bourré de fric mal employé, le Zidi est antipathique au
possible. Le spectateur se moque éperdument de ce qui se passe à l'écran. Le casting
ferait passer les Grosses Têtes pour le lieu le plus hype d'Europe, Clavier est
lamentable, Depardieu est ridicule, Begnigni surjoue plus qu'il est humainement permis,
Galabru fait de la figuration, Casta est aussi expressive qu'une vache (dont elle a le
physique) et encore... etc... etc... Certes on appréciera de croiser Daniel Prévost
inénarrable en devin escroc (pléonasme) et Claude Piéplu (même s'il n'a rien du
"vrai" Panoramix). Une chose est claire après la vision harassante de cette
chose, on réévalue en flèche les dessins animés tant décriés en leur temps. Les 12
Travaux d'Astérix, j'ose l'affirmer, est un Classique du cinéma français et ce n'est
pas ce machin bourré de pognon et de vide qui prouvera le contraire. |
Il faut sauver le soldat Ryan
de Steven Spielberg Force est de reconnaître qu'avec ce film Spielberg a
une nouvelle fois frappé très très fort. Après le plantage total du Monde Perdu et le
moyen Amistad, Spielberg s'est rattrapé en beauté en signant l'un de ses meilleurs
films. Clairement Saving Private Ryan rentre dans le top 5 des plus grandes réussites du
prolifique ex-Wonder Boy d'Hollywood. Il y dans cette uvre magistrale le même
souffle, la même humanité, la même dureté empreinte d'espoir que dans Empire du Soleil et la Liste de Schindler (encore et toujours des films de guerre, Spielberg est finalement
un admirable cinéaste barbare). Saving Private Ryan brille par son ultra réalisme
(beaucoup de sang, beaucoup de bruit, une mise en scène épileptique mais éblouissante),
par son casting magnifique (en particulier Tom Hanks, comme d'habitude serais-je tenté
d'ajouter
), par son scénario finalement très classique mais d'une rare cruauté.
On pense beaucoup à Kurosawa, bien sûr, en nettement moins brillant, bien sûr aussi,
mais quand même. En clair un nouvelle uvre bouleversante et proche de la perfection
à l'actif du grand Steven. |
Jackie Brown
de Quentin Tarantino
Tarantino fut ces dernières années l'objet d'un
très énervant effet de mode. Tout le monde "adorait" son Pulp
Fiction et redécouvrait son
admirable Reservoir Dogs (pas impérissable non plus mais doté d'instants exceptionnels).
Et finalement l'effet, le style Tarantino reposait vraiment sur l'engouement de la presse
et d'un certain public. Quentin Tarantino m'a donc plus qu'agréablement surpris en
prenant quatre longues années pour donner une suite à sa carrière de metteur en scène
et surtout en délivrant au final un film humble, émouvant, sublime. Prenant le
contre-pied de la mode qu'il avait lui-même (involontairement) lancé, Tarantino a
réalisé un film lent, basé sur une seule histoire primordiale, doté de personnages
attachants magiquement développés. Sans pour autant se renier car on retrouvera dans Jackie Brown les numéros d'acteurs aux dialogues incroyables, l'humour noir délicieux,
la bande son absolument fabuleuse, la virtuosité de la mise en scène, etc
Mais il
y a dans Jackie Brown ce qui faisait cruellement défaut aux deux précédents films de
Tarantino, la profondeur, l'émotion et le temps qui passe. Une uvre réellement
extraordinaire qui prouve que la carrière de Quentin Tarantino est belle et bien devant
lui et qu'il risque de nous pondre chefs-d'uvre sur chefs-d'uvre dans les
années à venir. A noter, outre la musique du film d'une qualité irréprochable, la
performance magistrale de Pam Grier dans le rôle titre, la réussite du film repose aussi
en grande partie sur ses épaules. |
Las Vegas Parano
de Terry Gilliam
Si un film attendu a reçu un
accueil lapidaire cette année c'est bien celui-là. Et pourtant, il ne fait pas l'ombre
d'un doute que le dernier Terry Gilliam est l'uvre cinématographique la plus
hilarante de 1998. En adaptant l'inadaptable livre de Hunter S. Thompson, narrant les
déboires de ce journaliste hors normes, perdu dans Las Vegas au début des années 70 et
testant toutes les drogues possibles et imaginables, Gilliam n'a pas choisi une voie
facile, bien au contraire ! Tout auréolé du succès critique et (enfin) public de son
film précédent (l'Armée des 12 Singes), Gilliam s'est franchement suicidé
commercialement avec Las Vegas Parano. On y voit Johnny Depp se payer un trip à l'acide
dantesque dans un hôtel classieux, on y voit Benicio Del Toro vomir en gros plan après
un abus de Méthadone, on y voit les deux compères visiter une fête foraine après avoir
passablement inhalé de l'éther sur un mouchoir au couleur du drapeau américain, on y
voir encore Johnny Depp (crâne rasé, casquette fluo, short et mimétisme troublant avec
M. Hulot (30 cm de moins quand même) sniffer de la coke en plein congrès de la police
des stupéfiants, etc.... Et le pire (du moins le meilleur) c'est que tout cela est
irristiblement drôle, voire totalement hilarant. Bien sûr l'ensemble du film est loin de
donner envie de se droguer (très loin même) et l'état des personnages après leur abus
de substances bizarres est assez effrayant. De plus le film se double d'un regard
nostalgique mais sans concession sur une époque vraiment dingue (la nôtre à côté
c'est du gâteau). La mise en scène est hallucinante, Gilliam passant en revu tous les
mouvements de caméra et filtres possibles, visuellement c'est un bonheur de tous les
instants. La musique composée de grands classiques de l'époque est tout simplement
merveilleuse. En clair c'est un film géniallissime et réjouissant. Un classique, non !
mieux ! Un film culte ! |
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